Le carnaval de Jacmel

Grande effervescence cette semaine dans les rues de Jacmel à l’approche du carnaval national. Carnaval célébré cette année le dimanche 31 janvier – sept jours exactement, comme le veut la tradition, avant celui de la capitale.

Carnaval qui ailleurs au pays se déroule sous haute tension, vu le récent report des élections présidentielles, le mécontentement de la population envers les autorités et les manifestations, parfois violentes, qui secouent plusieurs régions d’Haïti.

Dans les rues de la vieille ville de Jacmel cependant, au cœur du quartier des artisans, les habitants accueillent les visiteurs avec le sourire, comme cette jeune femme, rencontrée rue Ste-Anne, mercredi matin…

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Jeune femme, accompagnée de deux de ses quatre enfants, rue Ste-Anne, à Jacmel, le mercredi 27 janvier.

Les artisans qui fabriquent dans leurs ateliers les masques et les figures en papier mâché, éléments essentiels du carnival de Jacmel, sont à l’ouvrage depuis plusieurs jours. Ils mettent, mercredi matin, la dernière touche à leurs créations…

Près de la rue du Commerce, dernières touches de peinture aux masques du carnaval, en papier mâché.
Près de la rue du Commerce à Jacmel, ultimes finitions de peinture aux masques en papier mâché.

En se promenant dans les rues de la vieille ville, on ne peut que constater, encore une fois, l’immense décalage qui existe entre ce qu’impriment et diffusent les médias, basés à Port-au-Prince, et la réalité qu’on observe tous les jours dans les villes de province comme Les Cayes ou Jacmel.

D’un côté, on entend, à la radio notamment, les propos incendiaires de députés ou de sénateurs qui, devant les micros à Port-au-Prince, s’agitent et parlent de « guerre civile » en Haïti.

De l’autre, on mesure, on admire la grande dignité des Haïtiens qui mènent en province, auprès de leurs familles, une existence calme et paisible. En affrontant au quotidien leurs défis, leurs épreuves, avec courage et détermination.

Avenue de la liberté, Jacmel, mercredi 28 janvier...
La grande Rue, à Jacmel, le mercredi 27 janvier. Jacmel a connu jadis son heure de gloire, grâce au commerce du café. Plusieurs anciens entrepôts existent toujours, aux alentours du bord de mer.

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Grand ciel bleu le dimanche 31 janvier, jour du carnaval!

La Fête va commencer!

L’artère principale de la ville, l’Avenue Barranquilla, est bondée! On a construit toute la semaine, le long du parcours du défilé, des échafaudages de fortune afin d’accueillir résidents et visiteurs. Des participants au défilé, costumés, retardataires, courent en riant rejoindre leurs groupes, rassemblés le long du bord de mer. Il est 11 heures. Le grand défilé du carnaval doit débuter à midi…

Jacmel, dimanche 31 janvier.
Quelques minutes avant le coup d’envoi du carnaval, à Jacmel, le dimanche 31 janvier 2016

Quelle incroyable célébration!

Pendant plus deux heures, nous avons eu le grand bonheur d’assister dans les rues de Jacmel à un spectacle prodigieux, ahurissant!

c1Un festival de danse et de musique… conjugué à un somptueux ballet aux couleurs tropicales.

La parade du carnaval se déroule dans une ambiance surchauffée de kermesse, de réjouissance, de liesse populaire, de fête indescriptible!

Fête portée par les rires, les cris, le rythme des tambours et le son assourdissant des trompettes…

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L’avenue Barranquilla, à Jacmel, le dimanche 31 janvier 2016

Voici, en quelques photos, le résumé d’une journée i-n-o-u-b-l-i-a-b-l-e!….

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Ambiance Ambiance dans les rues de Jacmel!

c2Le carnaval met en scène différentes figures du folklore de la culture haïtienne.

Les participants de certains groupes sont enduits de peinture...
Les participants de certains groupes sont enduits de peinture…

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Jacmel, dimanche 31 décembre
Jacmel, le dimanche 31 janvier

Des groupes communautaires profitent également de l’événement pour faire passer, en marge du cortège, des messages de sensibilisation reliés à la santé, au sida, au choléra.

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Défilé de l'hôpital Saint-Michel de Jacmel
Défilé de l’hôpital Saint-Michel de Jacmel

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Le carnaval s’est poursuivi une grande partie de la nuit dans les rues de Jacmel, à ma connaissance, sans incidents…

Marchande de Jacmel, Grande rue, dimanche 31 janvier
Marchande de Jacmel, Grande rue, le dimanche 31 janvier

Excursion jusqu’à Belle Anse

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Douze heures de route (a-r) en moto entre Jacmel et le village de Belle-Anse, sur la côte sud d’Haïti!

On m’avait depuis mon arrivée plusieurs fois mis en garde : la route jusqu’à Belle Anse, située à une soixante de kilomètres à l’est de Jacmel, n’est pas en bon état. « Prévoir, en moto, au minimum, deux heures… », m’avait-on dit. J’étais prévenu…

Une fois passées les plages de Jacmel, comme celle de Kabic, ci-dessus, le paysage, en allant vers l'est, change radicalement...
Une fois passées les plages de Jacmel, comme celle de Ti-mouillage, ci-dessus, le paysage, en allant vers l’est, change radicalement…

Je tenais quand même absolument à explorer la région et, têtu, je suis donc parti, le jeudi 28 janvier, accompagné d’un chauffeur recommandé par l’hôtel, en direction de Belle Anse, petit village posé sur la côte sud, à mi-chemin entre Jacmel et la frontière avec la République dominicaine…

Entre Marigot et Belle Anse, jeudi 28 janvier
Entre Marigot et Belle Anse, le jeudi 28 janvier
Mon chauffeur, Bernardin, la quarantaine, père de deux enfants, ancien militaire et grand amateur de "borlette", la loterie haïtienne...
Mon chauffeur, Bernardin, la quarantaine, père de deux enfants, ancien militaire et grand amateur de « borlette », la loterie haïtienne…

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Voyage épique!

Il nous a fallu presque douze heures – et trois crevaisons – pour rejoindre Belle-Anse et revenir à Jacmel, à la nuit tombée, fourbus, trempés, les vêtements pleins de boue…

À l'est du village de Marigot et, ci-dessous, première crevaison...
À l’est du village de Marigot et, ci-dessous, première crevaison…

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Quelle aventure!

Comme l’indiquent les cartes, après le village de Marigot, la route goudronnée disparaît et est remplacée par du gravier puis par un chemin de terre rouge qui monte lentement dans les mornes… À mesure que l’on progresse, vers l’est, première surprise : sur le chemin, nous rencontrons une jeune fille qui, en plus du créole, parle, comme seconde langue, non pas le français mais l’espagnol. C’est l’un des nombreux enfants, m’explique-t-on plus tard, issu de familles haïtiennes ayant longtemps vécu en République dominicaine… dont il sera question dans quelques instants.

Nous poursuivons notre route vers Belle Anse...
Nous poursuivons notre route vers Belle-Anse… en croisant des marchandes et, ci-dessous, des enfants sur le chemin de l’école…

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Deuxième constat, la route est dans un état lamentable, et Bernardin murmure quelque chose que j’ai souvent entendu pendant mon séjour ici: la comparaison entre Haïti et la République dominicaine. Pourquoi, me demande Bernardin, les Dominicains peuvent-ils, chez eux, construire des routes, bâtir des écoles, gérer leur pays d’une façon convenable, alors qu’en Haiti la situation ne s’améliore pas, ou si peu…

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Le chemin culmine parfois à plus de 1800 mètres d’altitude et nous traversons, dans le brouillard ou en plein soleil, des régions magnifiques où l’apparition d’un étranger en moto semble être toujours un sujet d’étonnement… La terre est fertile; on cultive ici des poireaux, du maïs, du riz, du chou, des carottes, des oignons, des pommes de terre… À quelques dizaines  de kilomètres, au nord-est, il y a des champs de café, près du village de Thiotte, à proximité du Parc National Forêt des Pins….

Arrivée à Belle Anse, sur la côte, à l'horizon...
Après cinq heures de route, destination enfin en vue, sur la côte, à l’horizon… Ci-dessous, le port et le petit village de Belle-Anse…

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C’est vraiment le bout du monde, Belle-Anse! L’unique hôtel du village est fermé, et je m’installe à la terrasse d’un petit café, au bord de la route, en attendant que Bernardin revienne avec une nouvelle chambre à air. Ah, le bonheur du voyage! Heureusement, les habitants sont ici très accueillants. Ils préparent, me disent-ils, une fête, pour le soir même, la Fête des Philosophes. Je suis invité. Je dois malheureusement décliner, nous devons absolument rentrer à Jacmel avant la tombée de la nuit. Pari perdu, mais nous aurons, sur la route du retour, deux nouvelles crevaisons!

"Impossible de ne pas souffrir" affiche la devise de ce bateau qui assure la navette entre Belle Anse et Anse-à-Pitres, à la frontière de la République dominicaine...
« Impossible de ne pas souffrir » affiche la devise de ce bateau qui assure la navette entre Belle-Anse et Anse-à-Pitres, à la frontière de la République dominicaine…

Je débute ce matin lundi la dernière étape de mon voyage : trois jours dans le village de Seguin, perché à près de 2000 mètres d’altitude au cœur du Parc National la Visite. Je serai logé à l’auberge du même nom. L’accès à l’internet sera limité ou inexistant. Retour prévu à Jacmel mercredi en fin d’après-midi, avant de prendre jeudi matin le bus pour Port-au-Prince, et l’avion vendredi matin pour Vancouver.

Dans le jardin de mon hôtel à Jacmel...
Dans le jardin de mon hôtel à Jacmel…

Cela a été une grande joie de revoir Haïti. Malgré le chaos qui règne parfois dans les rues, les incertitudes, les inégalités, les tensions sociales, voyager, sac à dos, de façon indépendante en Haïti, est une expérience incroyable, fabuleuse, qui laisse des traces – et pas seulement celles laissées par les moustiques!

Le pays m’appelle, et je reviendrai.

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Bord de mer, Jacmel, février 2016.
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Rencontre avec Yanick Lahens, à l’Alliance Française de Jacmel, le vendredi 15 janvier. J’étais dans la région des Cayes et à l’Île-à-Vache à ce moment-là… Quel dommage, j’aurais tellement aimé assister à cette rencontre!…

L’Île-à-Vache

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La plage de l’Anse Dufour, à l’île-à-Vache, dans le grand sud d’Haïti, le vendredi 22 janvier.

Pour le voyageur sensible aux inégalités, il n’est pas si simple de partir séjourner à l’Île-à-Vache, une petite île située dans la mer des Caraïbes, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville des Cayes…

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Encerclée en jaune, l’Île-à-Vache, située au large de la ville des Cayes
Abaka Bay, anse Dufour.
Bungalows et plage (ci-dessous) à l’Anse Dufour

Dans un pays aussi pauvre qu’Haïti, comment justifier passer presqu’une semaine au bord de plages magnifiques, nourri et logé dans un hôtel confortable, alors que partout ailleurs, sur l’île, les habitants, les enfants, les pêcheurs, survivent, avec trois fois rien…

Maison de paysans nichée au milieu des cocotiers et, ci-dessous, un des chemins qui mène au village de Madame Bernard, le jeudi 21 janvier.

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Longue d’une quinzaine de kilomètres, l’île-à-vache a connu une histoire turbulente, changeant maintes fois d’allégeance, au fil des ans, entre les couronnes espagnoles, françaises et britanniques…

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Ancienne carte de lÎle-à-Vache

Du 16è au 18è siècle, l’île sert de repaire aux nombreux groupes de pirates, corsaires et flibustiers qui écument la mer des Caraïbes.

Le plus célèbre d’entre eux, Henry Morgan, à la recherche de recrues pour une nouvelle expédition, s’installe sur l’île pendant plusieurs mois. En 1670, à la tête d’une armée de 1800 hommes, il quitte l’Île-à-Vache et s’empare de Panama…

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Henry Morgan,1635-1688

(Malgré son passé sanglant, Morgan sera plus tard anobli et nommé, par la couronne britannique, gouverneur de la Jamaïque…)

Port-Morgan, Île-à-Vache.
Port-Morgan, Île-à-Vache.

Aujourd’hui beaucoup plus paisible, l’île compte environ 20 000 habitants répartis sur une quinzaine de communes, aux noms enchanteurs: Cocotier, Bois Breton, La Fortune, Gros Morne…

Le village le plus important, Madame Bernard, accueille, le lundi et le jeudi, un grand marché.

Village de Grand Sable, en route pour Madame Bernard
Village de Grand Sable, à mi-chemin entre l’anse Dufour et Madame Bernard

En allant à la rencontre des habitants et en lisant des documents sur l’histoire de la région, on apprend que l’île doit son nom aux pirates qui décidèrent d’y laisser vivre des animaux en liberté….

Ceux-ci, à l’abri des prédateurs, se reproduisirent…

Ainsi, lorsque pirates et boucaniers souhaitaient faire dans la région une halte réparatrice, ils s’arrêtaient sur l’île et savaient qu’ils y trouveraient à manger…

Chèvre (« cabri » en créole) sur l’Île-à-Vache
Jerson, troisième d'une famille de neuf enfants. est né et a grandi sur l'île-à-vache
Jerson, troisième d’une famille de neuf enfants, est né et a grandi sur l’île-à-vache

Accompagné d’un guide, Jerson, j’ai voulu aller voir, jeudi matin, à quoi ressemblait le marché de Madame Bernard, situé à une heure trente de marche environ de l’hôtel…

Route entre l'anse Dufour et le village de Madame Bernard, jeudi 21 janvier
Route entre l’anse Dufour et le village de Madame Bernard, le jeudi 21 janvier

L’île est magnifique! On se déplace ici à pied, à dos d’âne ou en moto.

Hormis trois hôtels, tous regroupés près du village de Kaycoq, à l’ouest de l’île, il existe très peu d’infrastructures pour les visiteurs…

Aucune voiture ne circule sur l'île-à-vache...
Aucune voiture ne circule sur l’île-à-vache…

En fait, phénomène curieux, à mesure que l’on se déplace vers l’est de l’île, l’accueil semble moins chaleureux et les sourires sont plus brefs.

Les marchandes, les paysans dévisagent l’étranger avec un brin d’agacement…

On se méfie aussi beaucoup des appareils photos….

Comment expliquer, dans cette partie de l’île, le changement d’attitude envers le voyageur?

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Jérôme, dans la cour de sa maison où il offre aux touristes un hébergement simple et des repas créoles

Jérôme, jeune entrepreneur installé dans le village de Kaycoq, m’explique que le développement de l’Île-à-Vache a, logiquement, pris naissance dans la  partie ouest de l’île, à proximité de la ville des Cayes…

Les habitants de l’est de l’île, plus isolés, ne sont, selon lui, toujours pas habitués à la présence des étrangers…

Il y a aussi peut-être une autre raison…

Document du gouvernement haïtien

Le gouvernement veut construire ici un immense complexe touristique (avec casino, boîtes de nuit, piscines et terrain de golf) destiné à une clientèle internationale fortunée…

Déjà, près des Cayes, un aéroport exclusivement destiné à l’Île-à-Vache est en construction….

Un processus d’expropriation de terrains est en cours, et les habitants de l’île sont en colère.

L’un d’entre eux, dit-on, a été arrêté, mis en prison et est toujours détenu à Port-au-Prince, sans jugement… J’ignorais complètement ces informations avant de venir jusqu’ici…

Marché de Madame Bernard, jeudi 21 janvier...
Marché de Madame Bernard, le jeudi 21 janvier…

Déception en arrivant au marché de Madame Bernard, il n’y a presque rien sur les étals… Nous sommes apparemment arrivés un peu trop tôt… Seule, la vente de petits animaux semble attirer quelques clients…

Marché de Madame Bernard...
Marché de Madame Bernard…

Il faut déjà repartir, et regagner l’hôtel, par un autre sentier cette fois…

Écoliers devant leur école...
Avant la cloche du matin, écoliers devant leur établissement…

En arrivant près de Port-Morgan, où a été construit un hôtel de luxe, le contraste est encore une fois saisissant entre le faste des yachts et des bateaux de plaisance ancrés dans la baie, et l’immense pauvreté qui règne aux alentours…

Plusieurs bateaux battent pavillon canadien…

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La baie de Port-Morgan.

C’est là l’un des nombreux paradoxes d’Haïti, et c’est difficile de réconcilier, et d’accepter, tout cela!…

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Plage de l’Île-à-Vache, près du « Village Vacances »

Deux mots et quelques images avant de terminer:

1. – Immense soupir de soulagement après l’annonce, le vendredi 22 janvier, du report des élections présidentielles et législatives prévues pour le 24 janvier. Haïti aura, pendant les prochains mois, un gouvernement de transition.

2. – Après trois heures de route depuis les Cayes, je suis maintenant installé, comme prévu, dans la ville de Jacmel, dans le département du sud-est. Le carnaval débute ici vendredi. SVP voir Le carnaval de Jacmel.

3. – Ci-dessous, quelques-uns des merveilleux plats dégustés pendant mon séjour sur l’Île-à-Vache:

Préparation du petit-déjeuner…
Poisson grillé, plat de bœuf, riz aux pois et salade
Poisson grillé, bananes pesées, plat de bœuf, riz aux pois, pommes de terre et salade
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La cuisine haïtienne à son meilleur
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préparée par une formidable équipe…
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Plats de poisson et de viande accompagnés de riz blanc
Déjeuner composé de bœuf, de riz et d'une salade
Déjeuner composé de bœuf, de riz, d’une salade de légumes et de bananes pesées

Après six jours, il faut déjà songer à quitter l’île-àVache…

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L’anse Dufour
Au-revoir l’Île-à-Vache! Ci-dessous, en route pour les Cayes et Jacmel, dans le département du sud-est, le samedi 23 janvier…

Au-revoir Île-à-Vache, en route pour les Cayes et Jacmel...

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Dans la baie du port des Cayes, janvier 2016
Il est difficile de trouver aujourd’hui une carte détaillée de l’île-à-vache. En voilà deux, approximatives, qui situent les principales communes de l’île.
Reproduction ci-dessus d’une carte touristique reçue à Port-Morgan. Au nord-ouest de l’île, la commune de Kaycoq située à proximité des quelques infrastructures touristiques de l’île. À l’est et au sud-est, les villages de Cocotier, Bois Breton, La Fortune, presque inaccessibles, font rêver…

Haïti

Troisième voyage en Haïti en un peu plus de cinq ans.

Après un premier séjour, en juillet 2010, dans la région de Port-au-Prince, du Parc La Visite, et de Jacmel, et un second voyage, en mars 2011, dans le département de la Grande Anse, à Jérémie et aux Abricots, me voici cette fois-ci dans le grand sud du pays, avec un objectif bien précis: explorer, à partir de la ville des Cayes, la région où je suis né, il y a bientôt soixante ans.

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Halte à Camp-Perrin, une petite municipalité située à trente minutes de moto au nord de la ville des Cayes, le vendredi 15 janvier.

Ce n’est pas facile de voyager en Haïti, surtout sans véhicule privé. Comme d’habitude, avant mon arrivée à l’aéroport de Port-au-Prince, le 12 janvier, tous mes déplacements ont été soigneusement planifiés, confirmés avec mes hôtes et interlocuteurs.

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Ernso (à gauche) propriétaire de l’excellente guesthouse Eucalyptus, avec deux membres de son équipe, dans la cuisine.
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La guesthouse est nichée, loin de la circulation, dans un immense écrin de verdure, à deux pas de l’aéroport.

Premières impressions de voyage?

Route entre Port-Salut et Port-à-Piment, département du sud, samedi 16 janvier.
Route entre Port-Salut et Port-à-Piment, département du sud, le samedi 16 janvier.

D’après ce que j’ai pu voir en une petite semaine, le pays semble avancer – mais au ralenti.

Dans certains domaines, comme la construction ou le transport, il semble y avoir de réels progrès. Les chantiers pullulent le long des routes et au cœur des villes que j’ai traversées. On reconstruit après le tremblement de terre survenu en janvier.

Le développement du transport routier des passagers est lui aussi en plein essor. De nombreuses compagnies privées – Transport Chic, Le Voyageur, Grand Sud – ont vu le jour. Leurs véhicules sillonnent le pays en transportant les passagers dans des fourgonnettes ou des minibus confortables et climatisés. 500 gourdes (environ 9$ ou 7 euros) pour le prix d’un trajet entre Port-au-Prince et les Cayes.

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Compter quatre heures de route environ en minibus/camionnette entre Port-au-Prince et Les Cayes (soulignée en rouge), ma première destination après la capitale. L’étape suivante me mènera à l’île à Vache, au large des Cayes.

D’un autre côté, sur plusieurs fronts, Haïti semble reculer.

L’insécurité, partout, se répand. Il y a tous les mois, en moyenne, cinquante morts par balles dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. La plupart de ces attentats sont reliés au trafic de la drogue ou à des règlements de comptes entre groupes rivaux. Les particuliers ne sont pas épargnés. Dans les rues de la capitale, l’atmosphère est tendue.

L'un des deux candidats au second tour des élections présidentielles...
L’un des deux candidats au second tour des élections présidentielles…

Le processus électoral est aussi déficient. Le second tour des élections présidentielles, prévu pour le 27 décembre, a été reporté plusieurs fois, et le vote est maintenant annoncé pour dimanche prochain, le 24 janvier. Chaque jour amène son lot de nouvelles rumeurs, les radios s’emballent, et nul ne sait comment vont se dérouler ces élections, si élections il y a…

Grande Rue, Les Cayes, jeudi 14 janvier
Grande Rue, Les Cayes, janvier 2016

Après une nuit passée à Port-au-Prince, arrivée dans la ville des Cayes le mercredi 13 janvier, après un voyage mouvementé.

Notre bus, comme des dizaines d’autres, a été bloqué sur la route nationale, au sud de la ville de Miragoâne (voir la carte plus haut), vers 11 heures du matin, à la hauteur du village de Chalon.

Une soixantaine de manifestants protestaient contre la nomination d’un commissaire de police récemment affecté dans la région. Deux ou trois voitures de police sont arrivées. Les manifestants leur ont lancé des pierres et ont maintenu leur barrage. Notre chauffeur a prudemment mis notre bus à l’abri, dans un petit chemin.

La confrontation a duré une heure environ avant que les manifestants ouvrent de nouveau la Nationale 2 à la circulation.

Entre Miragoane et Chalon, mercredi 13 janvier
Entre Miragoane et Chalon, le mercredi 13 janvier

Il n’est pas facile de se déplacer à pied aux Cayes.

La ville est beaucoup plus étendue que je ne me l’imaginais et, en plus de la chaleur, la circulation – motos, voitures, camions de transport et de passagers, tap-taps – est intense…

Centre-ville des Cayes
Quelques-unes des rues
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très animées
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du centre-ville des Cayes
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à la mi-janvier 2016.

Sur les conseils de la réception de l’hôtel, j’ai donc très vite embauché un chauffeur de moto, Dorléans, fiable et ponctuel, qui travaille à l’hôtel Méridien des Cayes… depuis vingt-cinq ans.

Dorléans, 42 ans, père d'un adolescent de quatorze ans, né à Coteaux, au nord de Port-Salut.
Dorléans, 42 ans, père d’un adolescent de quatorze ans, né à Coteaux, au nord de Port-Salut.

Je voulais dès mon arrivée dans la ville essayer de retrouver la maison, avenue des Gabions, où je suis né. Défi supplémentaire: mon acte de naissance, estampillé, en novembre 1956, à la mairie des Cayes, ne fait malheureusement aucune mention du numéro de la maison.

Comment faire, après toutes ces années?

Oncles, tantes, cousins et cousines ont depuis longtemps quitté les Cayes, et nous n’avons plus de famille ici.

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Deux quartiers des Cayes
Les Cayes
en janvier 2016

J’ai eu la bonne idée de commencer mes recherches à l’hôtel Concorde, situé avenue des Gabions justement, l’hôtel Concorde où je voulais loger initialement mais qui n’avait jamais répondu à mes nombreux messages. Je voulais en avoir le cœur net, et savoir pourquoi.

Avenue des Gabions, les Cayes.
Avenue des Gabions, Les Cayes. L’hôtel Concorde est en rénovation et n’accueille pratiquement plus de clients.

Quelle surprise en arrivant à l’hôtel, jeudi matin, de rencontrer la propriétaire – Madame Michele Condé Delbeau – qui me dévisage longuement, et me demande mon nom.

« Oh, dit-elle, vous êtes le fils de Scherer, j’ai très bien connu votre père, il était notre médecin de famille, j’ai aussi connu votre mère »

Nous avons parlé, chaleureusement, une vingtaine de minutes. Elle n’a pas voulu se faire photographier.

Madame Condé Delbeau m’apprend que la maison avenue des Gabions où habitait notre famille, à deux pas de l’hôtel, a été rasée. Sur le terrain trône maintenant… un petit hôpital, un dispensaire plutôt, spécialisé dans les problèmes de la vue.

Terrain qui autrefois abritait la maison où mes frères et moi sommes nés.
Terrain, avenue des Gabions, qui abritait autrefois la maison où mes frères et moi sommes nés…

En prenant congé, madame Condé Delbeau me donne une foule de détails sur la vie de nos parents, elle se souvient du cabinet médical de notre père, situé près de la cathédrale, elle se souvient même, enfant, de notre grand-père, Emmanuel, et de notre grand-mère, qui partageait le même nom de jeune fille (Hall) que sa meilleure amie.

Hôpital Général des Cayes,
Entrée principale de l’hôpital Général Immaculée Conception des Cayes,

Seconde étape de mon pèlerinage aux Cayes: l’hôpital général de la ville où travaillait jadis notre père en tant qu’administrateur et médecin gynécologue.

Service de maternité
Le service de maternité

Beaucoup d’émotion en rentrant dans l’enceinte de l’hôpital, propre et bien tenu… C’est ici qu’a débuté la remarquable carrière de notre père, avant son départ, au début des années 60, pour l’Afrique

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En compagnie de Dorléans, j’ai passé les deux jours suivants à arpenter et explorer, en moto, le sud du pays. Nous avons dû faire près de 200 kilomètres, à l’intérieur des terres entre les Cayes et Camp-Perrin, et le long de la côte entre les Cayes, Torbeck, Port-Salut, et jusqu’à Roche-à-Bateau, sur la route de Port-à-Piment.

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Encerclée en vert, la région du grand sud d’Haïti que j’ai explorée en moto, accompagné de Dorléans. Je me rendrai aussi à l’ile à Vache. Voir l’article suivant.
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Jour de marché à Camp-Perrin
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le vendredi 15 janvier
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Retour en moto vers Les Cayes

La journée de samedi a été particulièrement réussie… avec une longue balade jusqu’aux plages de Port-Salut…

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Port-Salut

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Pêcheurs sur la plage de Port-Salut...
Pêcheurs sur la plage de Port-Salut…

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Nous sommes loin ici de la tension qui règne dans les rues de Port-au-Prince. La vie est douce et tranquille sur la côte sud… avec, en prime, chaque jour, au retour à l’hôtel, la merveilleuse cuisine haïtienne…

Plat de griot (porc grillé) accompagné de bananes pesées, de sauce et de riz.
Plat de griot (porc grillé) accompagné de bananes pesées, de sauce et de riz.
Poulet en sauce accompagné de riz à pois
Poulet en sauce accompagné de bananes pesées et d’un plat de riz à pois collés.

… servie avec le sourire par le personnel adorable de l’hôtel…

Marie-Ange

Petite leçon de créole avant de terminer? Comprenez-vous l’information écrite sur cette affiche?

Réponse: Autobus Voyageur - Part pour Port-au-Prince chaque dimanche à 4 heures du matin. C'est toujours le même service.
Réponse: Autobus Voyageur. Part pour Port-au-Prince chaque dimanche à 4 heures du matin. C’est toujours le même service. – La très grande majorité de la population en Haïti parle uniquement le créole.

Départ ce matin en bateau, comme prévu, pour l’Île-à-Vache… J’y passerai une grande partie de la semaine, avant mon retour aux Cayes, samedi après-midi.

Bon mois de janvier, et bon début d’année à tous!

Courage à ceux et celles qui habitent la région de Montréal… il ne reste que quelques mois avant l’arrivée du printemps…

Petites maisons accrochées aux "mornes" entre les Cayes et Port-Salut
Petites maisons accrochées aux « mornes » entre les Cayes et Port-Salut

Venise, Florence et la Toscane

Mes neveux et nièces ont décidément très bon goût.

Après le mariage de ma nièce le mois dernier à Strasbourg, me voilà pour quinze jours en Italie afin d’assister à un second mariage, celui de mon neveu et filleul, célébré le 10 septembre, à Florence.

J’y reviendrai.

Car c’est par Venise que je veux commencer. Venise où je suis arrivé le 13 septembre, en début d’après-midi… un peu inquiet, car on m’avait gentiment mis en garde: «Pour chaque vénitien de souche et authentique, il faut compter environ 300 touristes», m’avait-on dit…

Les mauvaises langues avaient tort.

Dès mon arrivée à la gare Santa Lucia, à deux pas du pont Scalzi et du Grand Canal, j’ai été littéralement transporté, exalté, enivré presque par la beauté de la ville.

Du pont Scalzi, première impression de Venise, dimanche 13 septembre 2015.
Première impression de Venise, du pont Scalzi, dimanche 13 septembre 2015.

Entre la gare et mon hôtel, situé à quinze minutes de marche dans le quartier Dorsoduro, j’ai dû prendre une trentaine de photos. Au moins. Je n’arrêtais pas de cliquer sur mon appareil comme si j’avais peur que la ville disparaisse…

Et quelle ville!

Sestieri Cannaregio
Sestieri Dorsoduro

Venise est divisée en quartiers, qu’on appelle ici « sestieri ». Comme le nom l’indique, il y en a six. Certains sont très connus, comme San Marco par exemple où sont situées la place et l’église du même nom. D’autres, beaucoup moins.

Les six quartiers – Cannaregio, Castello, San Marco, San Polo, Dorsoduro et Santa Croce – sont très distinctement disposés autour du Grand Canal qui serpente au cœur de la ville. Pendant cinq jours, j’ai arpenté chacun des quartiers, me pinçant tous les quinze mètres pour m’assurer que je ne rêvais pas…

Le Grand Canal avec, à gauche, la tour Campanile qui domine la place Saint-Marc.
Le Grand Canal avec, à gauche, la tour Campanile qui domine la place Saint-Marc.

La ville ne ressemble à aucune autre. Venise est posée sur l’eau comme une belle carte postale qui a jauni un peu au fil du temps.

En fait, les bâtiments et les églises, nous apprend-on, ont été construits sur des centaines de petits îlots dont le sol instable a été renforcé par la pose de millions de pilotis. Des résidences somptueuses, des églises, des palais ont été construits pendant les heures de gloire de la ville (du Moyen Âge à la Renaissance) et émergent, triomphants, des eaux de la mer.

La Basilique Santa Maria della Salute construite en 1630 en action de grâces pour marquer la fin de l'épidémie de peste qui avait à l'époque décimé une grande partie de la population de la ville.
La Basilique Santa Maria della Salute construite en 1630 en action de grâces pour marquer la fin de l’épidémie de peste qui avait, à l’époque, décimé une grande partie de la population de la ville.

Quelle animation sur les canaux! À longueur de journée, les vaporetti (les bus locaux), les taxis, les gondoles, les bateaux en tous genres, sillonnent les canaux et la lagune. Le spectacle est ahurissant. Sur chacun des trois ponts qui enjambent le Grand Canal – les ponts Accademia, Scalzi et Rialto – les touristes se pressent, appareils-photos à la main.

Le Pont Accademia, en arrière-plan.
Le Pont Accademia, en arrière-plan.

Derrière la carte postale cependant, les défis ne manquent pas.

Vingt-cinq millions de touristes sont attendus cette année à Venise. Trente millions l’an prochain. Devant l’afflux, l’invasion des visiteurs, de nombreux résidents et commerçants n’hésitent plus à dire : « Trop, c’est trop ».

C’est ce que m’a confirmé ce couple, propriétaire d’un petit café situé dans une rue tranquille du quartier Santa Croce. « Les touristes? On peut très bien vivre sans eux », m’a dit le mari, « les touristes ne font que deux choses ici : manger et jeter des ordures dans les rues ». Ce sentiment, s’il n’est pas partagé par tous, semble gagner du terrain.

Les mouvements d’humeur se multiplient – des deux côtés. Plusieurs visiteurs se plaignent de la double tarification en place dans la cité, un prix pour les résidents, un autre pour les touristes.

Une anecdote? Après dix jours de voyage, j’avais quelques vêtements en quête d’une bonne lessive. Mon hôtel n’offrant malheureusement pas un service de buanderie, le réceptionniste m’a conseillé d’aller voir, à deux pas, une petite blanchisserie qui pourrait me dépanner.

J’arrive au magasin avec quatre items dont deux t-shirts. Une dame m’accueille avec un grand sourire, inspecte et soupèse mon petit sac, pianote sur son tiroir-caisse, et m’annonce que mon linge sera prêt le lendemain, avant midi. Avant de repartir, je demande, par prudence, le prix du service, pour le lavage uniquement, aucun repassage n’étant requis.

Le prix? 20 euros, plus de $29, pour quatre items.

La montée des eaux, sestieri Cannaregio
La montée des eaux, sestieri Cannaregio

Venise a des défis encore bien plus grands à relever. La ville est engagée dans une course contre la montre pour essayer de freiner la montée des eaux, « acqua alta », dit-on ici, « les hautes eaux ».

Plusieurs quartiers – celui de Cannaregio en particulier, plus exposé aux éléments – sombrent peu à peu dans la lagune. Des sommes considérables ont été investies (par l’Unesco notamment) afin de ralentir ce qui semble être un phénomène inexorable. Déjà dans certains quartiers, le rez-de-chaussée des bâtiments a été condamné.

Sestieri Cannaregio
Bâtisse perdue, sestieri Cannaregio

Dans quel état sera la ville dans trente ou quarante ans?

Sestieri San Marco...
Sestieri San Marco…
Sestieri Cannaregio.
Sestieri Cannaregio.

Deux choses encore m’ont frappé à Venise.

La mendicité d’hommes sans abris venus d’Afrique. La main tendue, le visage fermé, postés aux abords des ponts ou près des stations de vaporetto, ils semblent compter sur la générosité des passants afin de poursuivre un voyage ou une route qu’eux seuls connaissent. Curieusement, ils ne semblent pas inquiétés par les caribinieri qui patrouillent la ville.

Combien parmi eux arriveront au bout du chemin?…

Autre observation, l’incroyable ballet quotidien du transport des marchandises et des bagages sur les canaux, sur les quais et dans les ruelles de la ville. Partout, des hommes, enfants du pays, parlant haut et fort, transportent avec brio, sur des bateaux ou sur des chariots, d’énormes boîtes de provisions et des caisses destinées aux commerces des différents quartiers. Ils doivent souvent gravir ou descendre des escaliers, franchir des ponts, esquiver les groupes de touristes dans les ruelles étroites. Ce sont de véritables héros.

Transport de bagages, sestieri San Polo.
Transport de bagages, sestieri San Polo.
Sestieri San Marco
Sestieri San Marco
Fondamenta Tolentini, quarier Santa Croce
Fondamenta Tolentini, quarier Santa Croce

Je pourrais encore écrire longtemps sur Venise. C’est un de mes plus beaux souvenirs de voyage, et c’est une ville où je reviendrai, absolument. Une ville sans voitures, sans motocyclettes, où les habitants se déplacent exclusivement à pied ou en bateau, une ville dont je commence à peine à percer les secrets.

Cinq jours à Venise, c’est bien peu. Il faut revenir.

« Arrivederci, Venezia! Mille Grazie! »

Florence, septembre 2015.
Florence, septembre 2015.

C’est à Florence que j’ai débuté, le 8 septembre, mon voyage en Italie. Florence où il règne une atmosphère toute particulière. L’ancienne ville de la famille des Médicis accueille, au bord de l’Arno, des étudiants du monde entier venus apprendre l’italien ou perfectionner leur maîtrise de la langue. D’autres viennent s’inspirer ici de la tradition et de l’expertise des artisans florentins dans des domaines très variés, comme la maroquinerie ou l’orfèvrerie.

Florence, quartier du marché San Ambrogio, septembre 2015
Florence, quartier du marché San Ambrogio, septembre 2015

J’ai ainsi rencontré dans mon quartier, situé près du marché San Ambrogio, une artiste de Recife au Brésil qui étudie à Florence le dessin et l’art de la confection des bijoux. Une fois rentrée au pays, elle espère ouvrir une boutique. Une autre jeune femme, inscrite à un programme de maîtrise à San Francisco, m’explique très sérieusement, entre deux bouchées de bocconcini, qu’elle étudie en Toscane, pendant plusieurs mois, la relation entre la consommation du vin et la mobilité sociale.

Salade de thon, dégustée à une table commune au marché San Ambrogio
Salade de thon, dégustée à une table commune au marché San Ambrogio de Florence

En plus de la simplicité et de la grande qualité de la gastronomie, j’ai également été conquis à Florence par le calme de certains quartiers haut perchés, reculés, où poussent encore des rangées d’oliviers…

Sur les hauteurs de Florence, quartier Monte Alle Groci, septembre 2015.
Sur les hauteurs de Florence, quartier Monte Alle Groci, septembre 2015.
Florence au petit matin, mercredi 9 septembre
Au bord de l’Arno, Florence, au petit matin, le mercredi 9 septembre. À l’arrière-plan, le Ponte Vecchio.

J’ai eu la chance de terminer mon séjour à Florence par une grande excursion d’une journée dans trois villes de la Toscane.

La Piazza del Campo, à Sienne (Siena), le samedi 12 septembre.
La Piazza del Campo, à Sienne (Siena), le samedi 12 septembre. 

1 – Sienne. C’est à la Piazza del Campo que bat le cœur de la ville, célèbre pour ses dix-sept quartiers (« contrade »), farouchement rivaux.

Deux fois par an, le 2 juillet et le 16 août, se déroule ici le « Palio delle Contrade », une course effrénée de chevaux où chaque cavalier représente un des quartiers de la ville. Le vainqueur rapporte à son « contrade » gloire, honneur et fierté. L’événement est précédé d’un grand défilé où les participants déploient solennellement les couleurs et le drapeau de leur paroisse.

Drapeau de quartier à Sienne.
Drapeau de quartier à Sienne.

Une autre anecdote? Florence et Sienne ayant toujours été grandes rivales, les Florentins, encore aujourd’hui, raillent parfois les habitants de Sienne en se moquant du fait que les Siennois – à cause du « Palio » qui se déroule depuis des siècles en juillet et août – ne peuvent pas quitter la ville et prendre leurs vacances pendant l’été comme la plupart des Italiens…

2. – Pise. Passage éclair à Pise pour voir et admirer la Tour Penchée.

La Tour penchée de Pise.
La Tour penchée de Pise.

3. – San Gimignano. Une merveille, un bijou d’architecture médiévale miraculeusement préservé au cœur de la Toscane…. Visite au pas de course, malheureusement.

San Gimignano
San Gimignano

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Je suis arrivé à Rome hier après-midi – quatre heures de train depuis Venise – et je termine mercredi ce beau périple en Italie. Au programme dans les prochains jours: la visite du Vatican et de nombreuses promenades dans les quartiers de la capitale, y compris à « Trastevere ».

Si vous connaissez Rome, vos suggestions sont aussi les bienvenues.

Cela va être difficile de retrouver dans quelques jours l’architecture triste et froide de l’Amérique du Nord!

Bonne rentrée à tous!

28 degrés à Rome aujourd'hui, 21 septembre.... Ai décidé de louer un vélo dans le "centro historico"....
Vingt-huit degrés à Rome, le lundi 21 septembre. Après la visite du Vatican et du quartier Trastevere,  j’ai décidé de louer un vélo dans une petite boutique du « Centro Storico »….
... et de partir pour une longue balade le long de la piste cyclable qui longe le Tibre.... Ici près du pont Emanuelle II...
… et de partir pour une longue balade le long de la piste cyclable qui longe le Tibre… Ici près du pont Vittorio Emanuele II…
Une bonne adresse à Rome...
Une bonne adresse à Rome…

Au Pays basque

St Jean-Pied-Port, vendredi 24 juillet.
Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque.

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Quel bonheur de vivre, depuis bientôt trois semaines, au Pays basque!

Nous sommes depuis le 11 juillet installés, au pied des Pyrénées, dans une petite maison située dans le village de Saint-Jean-Pied-de-Port, à quelques kilomètres de la frontière espagnole, au cœur du País Vasco.

Rue de la Citadelle, St-Jean-Pied-de-Port.
Rue de la Citadelle, Saint-Jean-Pied-de-Port.

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Tous les matins, au réveil, nous nous émerveillons de la grande beauté du lieu et de l’exceptionnelle qualité de vie dont jouissent ici les habitants. Depuis les ruelles pavées de la vieille ville, partout, des sentiers, des chemins mènent à la montagne, à des vignobles, à des paysages magnifiques!

Sentier le long de la rivière La Nive.
Chemin le long de la rivière La Nive.

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Vignes du côté d'Ispoure, village voisin de St Jean-Pied-de-Port
Vignes du côté d’Ispoure, village voisin de Saint-Jean-Pied-de-Port

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Dès sept heures du matin, à cinq minutes de marche de la maison, journaux et guides de la région sont disponibles à la maison de la presse. Quelques pas plus loin, croissants, baguettes et pains au chocolat nous attendent à la boulangerie du quartier…

La boulangerie Lebeak et,, ci-dessous, Solina, à l'œuvre derrière son comptoir...
À côté du bureau de poste, la boulangerie Lebeak et, ci-dessous, la souriante Soline, à l’œuvre, derrière son comptoir…

Solina

Sur la place du village, deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, un grand marché accueille visiteurs et résidents autour de tables garnies de produits frais de la région: pipérade (sauce à base de poivrons et de tomates), jambon de Bayonne, piment d’Espelette, saucissons, fromages de brebis ou de chèvre…

Marché, St Jean-Pied-de Port, jeudi 23 juillet.
Marché, Saint-Jean-Pied-de Port, le jeudi 23 juillet.

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Jambon de Bayonne
Jambon de Bayonne
Table basque: vin (corsé) de Navarre, saucissons au chevreuil, à la chèvre, et aux figues...
Table basque: vin de Navarre, saucissons au chevreuil, à la chèvre, et aux figues…

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Saint-Jean-Pied-de-Port est aussi l’un des points de départ (ou de passage) des pèlerins du Chemin de St-Jacques-de-Compostelle. Tous les jours, ces pèlerins, de tout âge, venus du monde entier, convergent, sac au dos, vers les gîtes de la vieille ville en quête de repos, d’un peu de nourriture et d’un lit où passer la nuit.

Après une courte halte, ils repartent le lendemain afin d’entreprendre une des étapes les plus célèbres et les plus difficiles du Chemin de Compostelle – les 27 kilomètres qui relient, par les cols des Pyrénées, Saint Jean-Pied-de-Port à Roncevaux, en Espagne.

J’ai voulu moi aussi parcourir cette étape mythique!

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Prudent, j’ai d’abord effectué, avec Diana, une première randonnée, de reconnaissance, d’environ 15 kilomètres (aller-retour)…

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Nous sommes partis vers 9 heures, le mardi 14 juillet, jour de la Fête nationale…

Premiers kilomètres du tronçon du Chemin de St Jacques de Compostelle entre St-Jean-Pied-de-Port et Ronceveaux...
Premiers kilomètres du tronçon du Chemin de St Jacques de Compostelle entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux…

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Après avoir franchi les limites du village, le chemin monte abruptement…

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… jusqu’au refuge de Honto (480 mètres d’altitude) et celui d’Orisson (810 m) où, après deux heures de marche, nous nous sommes arrêtés pour une halte bien méritée…

Refuge d'Orisson, mardi 14 juillet, et dégustation, ci-dessous, d'un plat de boudin noir accompagné de pipérade...
Refuge d’Orisson, mardi 14 juillet, et dégustation, ci-dessous, d’un plat de boudin noir accompagné de pipérade et d’un sandwich au chorizo…

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Second départ, dimanche 26 juillet...
Second départ, le dimanche 26 juillet…

Carnet

Le repérage ayant été concluant, rassuré, et muni de mon Carnet de Pèlerin, je me suis lancé, le dimanche 26 juillet, seul cette fois, à l’assaut de cette étape légendaire du Chemin de St-Jacques de Compostelle.

Parti de Saint-Jean-Pied-de-Port un peu avant six heures, j’ai rejoint Roncevaux (Roncesvalles, en espagnol, Orreaga, en basque) à une heure de l’après-midi.

Sept heures de marche. Une journée inoubliable. Une expérience presque mystique. Et l’un des moments les plus forts que j’ai vécu.

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Une randonnée extraordinaire, que j’ai essayé de résumer, ci-dessous, en quelques photos…

Très peu de pèlerins sur la route ce dimanche 26 juillet... Ici, deux kilomètres environ après le refuge d'Orisson, et à dix kms de St-Jean-Pied-de Port...
Très peu de pèlerins sur la route ce dimanche 26 juillet… Un couple espagnol, un trio allemand, quelques marcheurs solitaires… Ci-dessus, deux kilomètres environ après le refuge d’Orisson. Ci-dessous, le Camino, autour du Km 12…

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Kilomètre 15... Au loin, un pèlerin allemand...
Kilomètre 15… Au loin, un pèlerin allemand…
Chevaux, moutons, boucs et brebis accompagnent les pèlerins le long du chemin...
Des chevaux vivent en semi liberté dans la montagne… Moutons, boucs et brebis accompagnent également les pèlerins le long du chemin…
Kilomètre 18, au-dessus de la Croix, rejoint par un jeune pèlerin Coréen...
Kilomètre 18, au-dessus de la Croix Thibault, rejoint par un jeune pèlerin Coréen…

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Sommet du col de Leopoeder (altitude 1410 mètres), point culminant du tronçon. On peut apercevoir Ronceveaux, à 5 kms, en bas de la vallée...
Kilomètre 22, sommet du col de Lepoeder (altitude 1429 mètres) point culminant du tronçon. On peut apercevoir Roncevaux, à 5 kilomètres plus bas, dans la vallée…
Arrivée à Ronceveaux... et, ci-dessous, rappel du long chemin qui reste à parcourir...
Après sept heures de marche, moment particulièrement émouvant: l’arrivée à Roncevaux, en territoire espagnol. Ci-dessous, le rappel du long chemin qui reste à parcourir pour les pèlerins qui vont jusqu’au bout…

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Après une bonne nuit de sommeil à l’Hôtel Roncesvalles, j’ai pris, lundi matin, le bus pour St-Jean-Pied-de-Port. Longueur du trajet? 45 minutes!…

(Pour ceux que cela intéresse, il existe, le long des principales étapes du Chemin, une chaîne d’auberges et d’hôtels qui offre aux pèlerins en quête de confort une halte princière dans la grande tradition des haciendas d’autrefois…)

Sur le chemin de Ronceveaux...
Sur le chemin de Roncevaux…

J’ai aussi eu la chance de vivre trois autres belles aventures pendant ce séjour au Pays basque…

La Basilique de Lourdes, et ci-dessous, les nombreux pèlerins, certains handicapés, venus prier devant la grotte de Massabielle, mercredi 15 juillet.
La Basilique de Lourdes. Ci-dessous, les nombreux pèlerins, certains handicapés, venus se recueillir devant la grotte de Massabielle, le mercredi 15 juillet.

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1. – Lourdes (Hautes-Pyrénées)

Le mercredi 15 juillet, lors d’un pèlerinage dans la ville de Lourdes un petit miracle s’est produit…. puisque le même jour (sans que je le sache) la ville accueillait… le Tour de France!!!

Un groupe de 4 échappés devance le peloton d'une quinzaine de secondes à l'entrée de la ville de Lourdes, mercredi 15 juillet
Un groupe de quatre échappés devance le peloton d’une quinzaine de secondes à l’entrée de la ville de Lourdes, le mercredi 15 juillet

Les coureurs sont passés en un éclair dans les rues du centre-ville – le défilé du peloton n’a duré environ que 50 secondes! – à 13 heures pile, quelques minutes seulement avant le départ de mon train de 13h20 pour Saint-Jean-Pied-de-Port!!

Le peloton, juste derrière, dévalant une des pentes du centre-ville...
L’arrivée du peloton, juste derrière, dévalant une des pentes du centre-ville…

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... Et c'est déjà fini!... Le Tour 2015 est passé...
… Et c’est déjà fini!… Le Tour 2015 est passé… Moins d’une minute, chrono en main…

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2. – San Sebastian (Pays basque espagnol)

Le lundi 20 juillet, court séjour à San Sébastian, au Pays basque espagnol, rejoint en train, en deux heures 30 environ, depuis St-Jean-Pied-de-Port, via les gares de Bayonne et de Hendaye. Comme tous les visiteurs, coup de foudre en découvrant l’immense plage de sable blanc au centre de la ville…

Playa de la Concha, San Sebastian, lundi 20 juillet
Playa de la Concha, San Sébastian (Donostia, en basque), lundi 20 juillet

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… et les bars de tapas de la vieille ville….

Tapas dans un bar de la vieille ville, San Sébastian, mardi 21 juillet.
Tapas dans un bar de la vieille ville, San Sébastian, mardi 21 juillet.

3. – Repas basque sous le signe de l’amitié

Le mardi 28 juillet, soirée exceptionnelle passée en compagnie des propriétaires de notre petite maison, Monsieur et Madame L.

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… qui nous ont généreusement accueilli, chez eux, avec le sourire, dans un cadre magnifique, autour d’un repas somptueux. Au menu: olives, palourdes, pâté maison, asperges blanches, poulet aux girolles, pommes de terre au beurre, fromages de la région, gâteau basque maison, le tout arrosé d’un vin blanc du pays et d’un excellent Bordeaux…

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Conversation chaleureuse et à bâtons rompus pendant toute la soirée! Merci infiniment Monsieur et Madame L. d’avoir partagé avec nous votre belle et fière culture basque! Nous n’oublierons pas ce moment mémorable! Ce fut notre plus belle soirée au Pays basque!

L'église Madeleine dans le bourg de St-Jean-le-Vieux
Le clocher de l’église dans le bourg de Saint-Jean-le-Vieux. Le village, situé sur le chemin de Compostelle, est à environ 4 kms de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Au-revoir Pays basque! Nous reviendrons!

Retour à Paris. Petit-déjeuner dans notre jardin à Belleville, en compagnie de ma soeur et de son mari, dimanche 2 août.
Retour à Paris. Petit-déjeuner dans notre jardin à Belleville, en compagnie de ma soeur et de son mari, le dimanche 2 août. Nous partons le jeudi 6 août pour Strasbourg afin d’assister, en famille, au mariage de ma nièce et de son futur époux, d’origine alsacienne…

Paris – Sorbonne

Place Saint-Michel
La place Saint-André-des-Arts, dans le 6è arrondissement de Paris, le mercredi 1er juillet 2015

Cela fait si longtemps que je rêve d’étudier à la Sorbonne, et me voilà inscrit à l’université d’été de cette vénérable institution, fondée en 1257 par Robert de Sorbon, et dirigée au 17è siècle par Richelieu.

Tous les ans, pendant quatre semaines, au mois de juillet, la Sorbonne accueille des étudiants du monde entier!

Des cycles de cours, d’une semaine chacun, regroupés par thèmes, sont proposés aux étudiants. Des visites, des conférences sont aussi offertes, les après-midis ou le soir.

Visite de la Sorbonne et de la Cour d'honneur, 2 juillet
Visite de la Sorbonne et de la Cour d’honneur, ci-dessous, le jeudi 2 juillet.

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Les cours, d’une durée de 3 heures, sont dispensés à la Maison de la Recherche, une des nombreuses annexes de l’université, située rue Serpente, à deux pas de la place Saint-Michel, au coeur du Quartier latin.

Quartier latin, 3 juillet 2015.
Le Quartier latin, le vendredi 3 juillet 2015.

En ce début de session, nous ne sommes que quatre, venus de l’Espagne, du Brésil, de l’Australie et du Canada, à être inscrits au cycle 3, « Engagements et Résistance« , un survol des différentes formes d’engagement de la fin de l’Antiquité aux révoltes populaires du 16è au 18è siècle. Le cours comprend aussi un volet sur l’engagement, au théâtre, chez les femmes et chez les intellectuels, aujourd’hui. Le sujet est passionnant.

Camarades de classe, Silvio, de Sao Paulo, et Francisco de Madrid
Camarades de classe, Silvio, de Sao Paulo, et Francisco, de Madrid.

Vu la température – le thermomètre est monté mercredi à Paris jusqu’à 39 degrés – l’ambiance, dans les classes, est décontractée; chaque professeur distille, à sa façon, son enseignement.

Certains, raides et concentrés, parlent rapidement derrière le micro sans trop se soucier si les étudiants suivent ou non leurs propos. Ils sont, heureusement, minoritaires. Les autres, souriants, avenants, prennent le temps de partager et invitent, encouragent les étudiants au dialogue et aux échanges.

Le contenu des cours est très riche, le niveau remarquable.

Merci à Nathalie Duval, Sophie Marchand et Catherine Helbert, vos cours ont été exceptionnels!

Paris, jeudi 2 juillet
Paris, le long des quais, le jeudi 2 juillet

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Cela passe vite, une semaine!

Étudiants regroupés dans le hall de la Maison de la Recherche, vendredi 3 juillet, avant la remise des
Les étudiants, regroupés dans le hall de la Maison de la Recherche, le vendredi 3 juillet, avant la remise des « diplômes »…

La première session de l’université d’été a pris fin vendredi. Autour d’une table bien garnie, chacun des étudiants a reçu un certificat attestant de sa participation au programme.

Cela a été une belle expérience, et je reviendrai!…

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D’ici là, retour à Belleville… avant de partir, le 11 juillet, pour trois semaines, au Pays basque et dans les Pyrénées…

En montant vers Belleville…

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Notre jardin à Belleville, lundi 6 juillet.
Notre jardin dans le quartier de Belleville, le lundi 6 juillet.

Dans les rues de Rangoun…

Rangoun (point rouge, « Yangon » en anglais), la ville principale de la Birmanie – rebaptisée Myanmar par les autorités militaires en 1989. En 2005, Naypyidaw est devenue la capitale administrative du pays.
Yangon, janvier 2015
Une rue dans mon quartier de Rangoun, en janvier 2015
yjan2015
Une partie de l’extérieur de l’immense pagode Shwe Dagon à Rangoun. La pagode est l’un des lieux les plus saints du pays et contient, selon la légende, des reliques de Bouddha…
Tous les jours, dès l’aube, des centaines de pèlerins se pressent à l’intérieur de la pagode…

Après un voyage de plusieurs semaines au Vietnam et en Birmanie – et avant de rentrer dans quelques jours à Vancouver – longues heures de marche, début janvier, dans les rues de Rangoun…

Moment de repos, centre-ville de Yangon.
Moment de repos dans une allée du centre-ville de Rangoun
Yangon
Rangoun, janvier 2015

Lors de mes deux séjours dans la ville, à la mi-décembre et au début du mois de janvier, j’ai observé tous les matins, dans les rues de mon quartier, « Pazundaung », le même rituel…

Dès le lever du soleil, les rues du quartier, à l’est du centre-ville, se transforment… en un immense marché!

Les vendeurs, hommes et femmes de tout âge, affluent sur les trottoirs. Ils ont de grands sacs dans les mains. Certains, chargés de paquets, circulent en vélo. Sans perdre de temps, ils choisissent sur la chaussée un petit périmètre et déballent adroitement leurs marchandises. Ils s’installent. Sur des planches de carton ou des couvertures posées à même le sol, les clients trouvent de tout: téléphones portables, montres, piles, stylos, calendriers, vêtements pour enfants, bijoux de pacotille, fruits et légumes…

La ville entière semble, dès le point du jour, se donner rendez-vous dans la rue…

On lève les yeux. Autour de cuisines ambulantes, installées aux carrefours, des riverains, venus de différents quartiers, sont rassemblés. Assis en petits groupes, ils avalent en bavardant des plats épicés, odorants, qui mijotent sous de grandes bâches. Il est à peine sept heures. La ville s’éveille.

Allons donc, sans tarder, faire un tour… dans les rues de Rangoun!…

Yangon, le matin, quartier Pazundaung
Rangoun, tôt le matin, début janvier, dans les rues du quartier Pazundaung. Sur la gauche, quelques cuisines ambulantes.

Marchés de Yangon

Yangon, Anawranta Rd et 29th Street. Partout au pays, les femmes (et les enfants) s'enduisent le visage de thanakha, une pâte qui protège du soleil et éclaircit la peau...
Mahabandoola Road et 29th Street. Partout au pays, les femmes (et les enfants) s’enduisent le visage de « thanakha« , une pâte qui protège du soleil et éclaircit la peau…
Anawratha Road
Anawrahta Road, Rangoun. La ville compte près de cinq millions d’habitants. 80% de la population est de confession bouddhiste.
Ruelle au centre-ville, près du Strand
Ruelles du centre-ville, près du quartier du Strand.

Marchés de YangonÀ mesure que progresse la journée, le bruit, la chaleur et l’effervescence montent dans les ruelles de la ville… Le cri des vendeurs, appelant les clients, se fait plus pressant…

Tous les matins, des milliers d'employés, de travailleurs gagnent la capitale via la rivière Yangon...
Tous les jours, des centaines de travailleurs gagnent ou quittent la ville en empruntant une des nombreuses navettes qui dessert la rivière Rangoun…

yangon river

Fait peu connu, Rangoun est la ville d’Asie du sud-est qui compte le plus grand nombre d’édifices datant de la période coloniale…

Ancienne Cour de Justice, Yangon
Ancien bâtiment des douanes, Rangoun

Malheureusement, la plupart de ces bâtiments, construits entre 1886 et 1937, ont été négligés pendant la longue période de la dictature militaire et sont aujourd’hui, souvent, dilapidés…

Rue
Pansodan Street

Afin de réhabiliter ce patrimoine architectural, unique et fabuleux, le Yangon Heritage Trust a vu le jour en 2012.

Objectif: essayer de préserver et rénover le plus grand nombre possible de bâtiments historiques et les intégrer, de façon harmonieuse, dans le développement de la ville.

La tâche est immense et, malgré quelques promesses des autorités, loin d’être une priorité pour le gouvernement…

À partir de bureaux élégants situés dans un vieil immeuble du centre-ville, l’organisation, dirigée par le Dr. Thant Myint-U (petit-fils de U-Thant, ancien directeur général de l’ONU), propose, plusieurs fois par semaine, des visites guidées du Rangoun colonial…

Cour de Justice, Yangon
La Cour de Justice, à Rangoun
La Tour de l'ancien Secrétariat, siège du pouvoir colonial en Birmanie. C'et dans ce bâtiment qu'a été assassiné en 1947 le général Aung San, père de Aung San Suu Kyi.
La tour et le dôme du « Secrétariat », l’ancien siège du pouvoir colonial britannique en Birmanie. C’est dans ce bâtiment qu’a été assassiné, en 1947, le général Aung San (père de Aung San Suu Kyi) considéré ici comme l’un des héros et pères de la nation…
Ancienne école, Anawrahta St.
Ancienne école, Anawrahta Street

À proximité de ces bâtiments historiques, la grande majorité des habitants de Rangoun vit, malheureusement, dans une très grande pauvreté…

J’ai pu apercevoir tous les matins dans mon quartier, à l’est du centre-ville, des hommes, de confession musulmane pour la plupart, à moitié nus, partageant dans la rue de grands bidons d’eau afin de se laver… Situation dramatique pour eux et pour les milliers de miséreux et sans-abris que compte la ville…

Immeubles résidentiels typiques de Yangon...
Immeubles « résidentiels » typiques des quartiers populaires de Rangoun…
… immeubles bien souvent insalubres…
Yangon, quartier Pazundaung, janvier 2015
Petits singes près du quartier Pazundaung.. Ci-dessous, un moment de calme dans la ville…

Marché en banlieue de Rangoun

L’une des meilleures façons de découvrir les faubourgs de Rangoun est de prendre l’un des trains – the Yangon Circle Train – qui fait plusieurs fois par jour le tour de la ville et de la grande banlieue. Le trajet dure environ trois heures. Prix du billet? 500 Kyats (50 cents ou 35 centimes)

Dépaysement garanti.

Marchands sur le quai d’une gare dans la grande banlieue de Rangoun, en janvier 2015

Avant de terminer, un mot, et des images, sur les repas délicieux savourés pendant mon séjour en Birmanie.

De Rangoun à Kalaw, de Hsipaw, en territoire Shan, à Pyin Oo Lwin, plus au nord, sans oublier Mandalay, j’ai eu l’immense plaisir de goûter un peu partout au pays à des mets succulents, préparés avec soin, souvent dans une petite cuisine familiale…

Voici donc le palmarès des huit meilleurs repas dégustés pendant mon séjour en Birmanie…

 8. – Mandalay – Restaurant Thaï, angle 27th Street et 63rd Street.

Plat de poulet et légumes au curry vert, riz blanc
Plat de poulet et de légumes au curry vert, accompagné de piments et de riz.

 7. – Rangoun – Restaurant Nilar Biryani, No. 216, Anawratha Road, Pabedan Township.

Plat de riz assaisonné de légumes au curry
Plat de riz assaisonné de légumes au curry. Le prix? 1365 kyats, (Can$1.30, moins d’un euro)

6. – Pyin Oo Lwin – Restaurant Aung Padamyar, No. 44, Zay Thit Street, 28 Thumingalar

Plat de légumes au curry, accompagné de riz blanc et d'une soupe aux pois. Prix: 2500 kyats (Can$2.50)
Plat de légumes au curry, accompagné de riz et d’une soupe aux pois. 2500 kyats (Can$2.50, 1euro 60)

5. – Pyin Oo Lwin – petit déjeuner à l’hôtel Royal Park View, No. 107, Lanthaya St.

Petit déjeuner indien à l'hôtel: chapatis avec, au centre, pommes de terre épicées au curry
Petit déjeuner indien à l’hôtel: chapatis avec, au centre, pommes de terre épicées au curry.

4. – Kalaw – Everest Nepali Food Centre, Aung Chan Thart St.

Condiments de cuisine népalaise accompagnant un plat simple de riz blanc et de légumes
Condiments de cuisine népalaise accompagnant un plat simple de riz blanc et de légumes

3. – Kalaw – Restaurant de montagne, tenu par une famille népalaise

Déjeuner
Déjeuner « al fresco » dégusté lors de ma longue randonnée dans les montagnes de Kalaw. Chapatis, pommes de terre au curry et soupe népalaise à base de légumes et de gingembre. Une salade d’avocats, préparée par mon guide Mung Lan (ci-dessous), est arrivée un peu plus tard…

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2. – Kalaw – Restaurant Thu Maung, Union Hwy (NH4)

Plat de poulet et légumes accompagné de piments verts et rouges de la région. Prix: 3500 kyats, (Can$3.50)
Plat de poulet et légumes accompagné de piments verts et rouges de la région. Prix: 3500 kyats, (Can$3.50, 2 euros 25)

1. – Pyin Oo Lwin – Family Restaurant, Mandalay-Lashio Road.

Un repas mémorable! Huit différentes assiettes de condiments qui accompagnent un plat de légumes au curry. Une expérience remarquable. Le prix? 1800 kyats, Can$1.80!!!
Un repas mémorable! Sept différentes assiettes de condiments, une salade et une soupe accompagnent un plat de légumes au curry. Une expérience remarquable. Le prix? 1800 kyats, $1.80 ou 1.10 euros! Qui dit mieux?

Mon périple de huit semaines au Vietnam et en Birmanie se termine…

Je reprends ce soir, via Saïgon, l’avion pour Vancouver.

Merci à tous ceux et celles qui m’ont rejoint par courriel depuis mon départ le 17 novembre.

Prochaine destination probable en Asie? Le Népal, que je rêve de connaître maintenant, après avoir rencontré, dans les marchés et les restaurants à Kalaw, à Pyin Oo Lwin, à Hsipaw et Rangoun, tant de familles népalaises, souriantes et accueillantes…

Yangon, livraison de journaux...
Rangoun, livraison de journaux…

Un tout dernier mot.

Nous sommes ici très loin des événements qui ont secoué cette semaine la région parisienne. Mais je veux renouveler aujourd’hui (comme je l’avais écrit à mon retour du Rwanda, où la presse est muselée, baillonnée, tout comme elle l’est au Vietnam d’ailleurs, et en Birmanie) mon soutien à la liberté de parole et d’expression, partout dans le monde.

Je serai de tout coeur avec les manifestants qui défileront cet après-midi à Paris, et dans d’autres villes de France, pour défendre la liberté et dénoncer l’obscurantisme.

Retour à Dalat, au Vietnam, pour mes derniers jours de voyage avant de reprendre l’avion, à Saïgon, pour Vancouver… Ici (et ci-dessous) au village Lac Duong, à l’extérieur de Dalat, achat de souvenirs dans une boutique tenue par une famille de montagnards

Commune Lac Duong