Mes neveux et nièces ont décidément très bon goût.
Après le mariage de ma nièce le mois dernier à Strasbourg, me voilà pour quinze jours en Italie afin d’assister à un second mariage, celui de mon neveu et filleul, célébré le 10 septembre, à Florence.
J’y reviendrai.
Car c’est par Venise que je veux commencer. Venise où je suis arrivé le 13 septembre, en début d’après-midi… un peu inquiet, car on m’avait gentiment mis en garde: «Pour chaque vénitien de souche et authentique, il faut compter environ 300 touristes», m’avait-on dit…
Les mauvaises langues avaient tort.
Dès mon arrivée à la gare Santa Lucia, à deux pas du pont Scalzi et du Grand Canal, j’ai été littéralement transporté, exalté, enivré presque par la beauté de la ville.
Entre la gare et mon hôtel, situé à quinze minutes de marche dans le quartier Dorsoduro, j’ai dû prendre une trentaine de photos. Au moins. Je n’arrêtais pas de cliquer sur mon appareil comme si j’avais peur que la ville disparaisse…
Et quelle ville!
Venise est divisée en quartiers, qu’on appelle ici « sestieri ». Comme le nom l’indique, il y en a six. Certains sont très connus, comme San Marco par exemple où sont situées la place et l’église du même nom. D’autres, beaucoup moins.
Les six quartiers – Cannaregio, Castello, San Marco, San Polo, Dorsoduro et Santa Croce – sont très distinctement disposés autour du Grand Canal qui serpente au cœur de la ville. Pendant cinq jours, j’ai arpenté chacun des quartiers, me pinçant tous les quinze mètres pour m’assurer que je ne rêvais pas…
La ville ne ressemble à aucune autre. Venise est posée sur l’eau comme une belle carte postale qui a jauni un peu au fil du temps.
En fait, les bâtiments et les églises, nous apprend-on, ont été construits sur des centaines de petits îlots dont le sol instable a été renforcé par la pose de millions de pilotis. Des résidences somptueuses, des églises, des palais ont été construits pendant les heures de gloire de la ville (du Moyen Âge à la Renaissance) et émergent, triomphants, des eaux de la mer.

La Basilique Santa Maria della Salute construite en 1630 en action de grâces pour marquer la fin de l’épidémie de peste qui avait, à l’époque, décimé une grande partie de la population de la ville.
Quelle animation sur les canaux! À longueur de journée, les vaporetti (les bus locaux), les taxis, les gondoles, les bateaux en tous genres, sillonnent les canaux et la lagune. Le spectacle est ahurissant. Sur chacun des trois ponts qui enjambent le Grand Canal – les ponts Accademia, Scalzi et Rialto – les touristes se pressent, appareils-photos à la main.
Derrière la carte postale cependant, les défis ne manquent pas.
Vingt-cinq millions de touristes sont attendus cette année à Venise. Trente millions l’an prochain. Devant l’afflux, l’invasion des visiteurs, de nombreux résidents et commerçants n’hésitent plus à dire : « Trop, c’est trop ».
C’est ce que m’a confirmé ce couple, propriétaire d’un petit café situé dans une rue tranquille du quartier Santa Croce. « Les touristes? On peut très bien vivre sans eux », m’a dit le mari, « les touristes ne font que deux choses ici : manger et jeter des ordures dans les rues ». Ce sentiment, s’il n’est pas partagé par tous, semble gagner du terrain.
Les mouvements d’humeur se multiplient – des deux côtés. Plusieurs visiteurs se plaignent de la double tarification en place dans la cité, un prix pour les résidents, un autre pour les touristes.
Une anecdote? Après dix jours de voyage, j’avais quelques vêtements en quête d’une bonne lessive. Mon hôtel n’offrant malheureusement pas un service de buanderie, le réceptionniste m’a conseillé d’aller voir, à deux pas, une petite blanchisserie qui pourrait me dépanner.
J’arrive au magasin avec quatre items dont deux t-shirts. Une dame m’accueille avec un grand sourire, inspecte et soupèse mon petit sac, pianote sur son tiroir-caisse, et m’annonce que mon linge sera prêt le lendemain, avant midi. Avant de repartir, je demande, par prudence, le prix du service, pour le lavage uniquement, aucun repassage n’étant requis.
Le prix? 20 euros, plus de $29, pour quatre items.

La montée des eaux, sestieri Cannaregio
Venise a des défis encore bien plus grands à relever. La ville est engagée dans une course contre la montre pour essayer de freiner la montée des eaux, « acqua alta », dit-on ici, « les hautes eaux ».
Plusieurs quartiers – celui de Cannaregio en particulier, plus exposé aux éléments – sombrent peu à peu dans la lagune. Des sommes considérables ont été investies (par l’Unesco notamment) afin de ralentir ce qui semble être un phénomène inexorable. Déjà dans certains quartiers, le rez-de-chaussée des bâtiments a été condamné.
Dans quel état sera la ville dans trente ou quarante ans?
Deux choses encore m’ont frappé à Venise.
La mendicité d’hommes sans abris venus d’Afrique. La main tendue, le visage fermé, postés aux abords des ponts ou près des stations de vaporetto, ils semblent compter sur la générosité des passants afin de poursuivre un voyage ou une route qu’eux seuls connaissent. Curieusement, ils ne semblent pas inquiétés par les caribinieri qui patrouillent la ville.
Combien parmi eux arriveront au bout du chemin?…
Autre observation, l’incroyable ballet quotidien du transport des marchandises et des bagages sur les canaux, sur les quais et dans les ruelles de la ville. Partout, des hommes, enfants du pays, parlant haut et fort, transportent avec brio, sur des bateaux ou sur des chariots, d’énormes boîtes de provisions et des caisses destinées aux commerces des différents quartiers. Ils doivent souvent gravir ou descendre des escaliers, franchir des ponts, esquiver les groupes de touristes dans les ruelles étroites. Ce sont de véritables héros.
Je pourrais encore écrire longtemps sur Venise. C’est un de mes plus beaux souvenirs de voyage, et c’est une ville où je reviendrai, absolument. Une ville sans voitures, sans motocyclettes, où les habitants se déplacent exclusivement à pied ou en bateau, une ville dont je commence à peine à percer les secrets.
Cinq jours à Venise, c’est bien peu. Il faut revenir.
« Arrivederci, Venezia! Mille Grazie! »
C’est à Florence que j’ai débuté, le 8 septembre, mon voyage en Italie. Florence où il règne une atmosphère toute particulière. L’ancienne ville de la famille des Médicis accueille, au bord de l’Arno, des étudiants du monde entier venus apprendre l’italien ou perfectionner leur maîtrise de la langue. D’autres viennent s’inspirer ici de la tradition et de l’expertise des artisans florentins dans des domaines très variés, comme la maroquinerie ou l’orfèvrerie.
J’ai ainsi rencontré dans mon quartier, situé près du marché San Ambrogio, une artiste de Recife au Brésil qui étudie à Florence le dessin et l’art de la confection des bijoux. Une fois rentrée au pays, elle espère ouvrir une boutique. Une autre jeune femme, inscrite à un programme de maîtrise à San Francisco, m’explique très sérieusement, entre deux bouchées de bocconcini, qu’elle étudie en Toscane, pendant plusieurs mois, la relation entre la consommation du vin et la mobilité sociale.
En plus de la simplicité et de la grande qualité de la gastronomie, j’ai également été conquis à Florence par le calme de certains quartiers haut perchés, reculés, où poussent encore des rangées d’oliviers…

Au bord de l’Arno, Florence, au petit matin, le mercredi 9 septembre. À l’arrière-plan, le Ponte Vecchio.
J’ai eu la chance de terminer mon séjour à Florence par une grande excursion d’une journée dans trois villes de la Toscane.
# 1 – Sienne. C’est à la Piazza del Campo que bat le cœur de la ville, célèbre pour ses dix-sept quartiers (« contrade »), farouchement rivaux.
Deux fois par an, le 2 juillet et le 16 août, se déroule ici le « Palio delle Contrade », une course effrénée de chevaux où chaque cavalier représente un des quartiers de la ville. Le vainqueur rapporte à son « contrade » gloire, honneur et fierté. L’événement est précédé d’un grand défilé où les participants déploient solennellement les couleurs et le drapeau de leur paroisse.
Une autre anecdote? Florence et Sienne ayant toujours été grandes rivales, les Florentins, encore aujourd’hui, raillent parfois les habitants de Sienne en se moquant du fait que les Siennois – à cause du « Palio » qui se déroule depuis des siècles en juillet et août – ne peuvent pas quitter la ville et prendre leurs vacances pendant l’été comme la plupart des Italiens…
#2 – Pise. Passage éclair à Pise pour voir et admirer la Tour Penchée.
#3 – San Gimignano. Une merveille, un bijou d’architecture médiévale miraculeusement préservé au cœur de la Toscane…. Visite au pas de course, malheureusement.
Je suis arrivé à Rome hier après-midi – quatre heures de train depuis Venise – et je termine mercredi ce beau périple en Italie. Au programme dans les prochains jours: la visite du Vatican et de nombreuses promenades dans les quartiers de la capitale, y compris à « Trastevere ».
Si vous connaissez Rome, vos suggestions sont aussi les bienvenues.
Cela va être difficile de retrouver dans quelques jours l’architecture triste et froide de l’Amérique du Nord!
Bonne rentrée à tous!

Vingt-huit degrés à Rome, le lundi 21 septembre. Après la visite du Vatican et du quartier Trastevere, j’ai décidé de louer un vélo dans une petite boutique du « Centro Storico »….
Merci de partager tes impressions de voyage. Ta prose est toujours aussi bien ciselée. Tes prochains projets de voyage?
Un autre de nos neveux vient de se fiancer. Peut-être l’occasion de nous visiter à Montréal… Bonne rentrée à toi aussi.
Merci, Alix. Le prochain voyage aura lieu, en principe, entre novembre et janvier, en Amérique du sud (Équateur et Colombie), mais après presque trois mois de déplacements continus cet été, j’ai envie de souffler un peu et profiter d’une plage de temps libre à la maison. On verra. On verra aussi où et quand aura lieu le prochain mariage dans la famille. Après Strasbourg et Florence, notre neveu peut lui aussi, peut-être, choisir un lieu qu’on n’attend pas… Amitiés à V.
Grazie, Max. Io sono ipnotizzato…raccontare storie, esperienze, e le vostre fotografie!!!
Ciao. Viaggio sicuro.
Mille Grazie, HG!
Milesker anitz Max de nous faire partager vos magnifiques voyages.Cela nous donne vraiment envie de découvrir l’ Italie….
Merci aussi à vous, Monique, de partager avec nous la belle langue et culture basque. Nous évoquons très souvent notre séjour à St-Jean-Pied-de-Port, toutes les découvertes que nous avons faites. Nous n’oublions pas la chaleur et la convivialité des habitants du village. Amitiés à vous, à votre mari et à toute votre famille.
Super billet Max! C’est toujours un plaisir de voyager à travers tes descriptions et tes impressions des lieux que tu visites. Tu m’as vraiment donné envie d’aller à Venise! Un prochain voyage peut-être… Bises
Merci, Manue! Cela a été une grande joie de te revoir avec M à Strasbourg et à Florence cet été. Tu es vraiment devenue la grande sœur, calme, responsable, affectueuse, de tous les neveux et nièces de la famille. Nous sommes fiers de toi Manue, et de tous tes beaux succès. Nous espérons t’embrasser et te revoir très bientôt.
Salut Max, beau récit de voyage, comme toujours je me sens transporté sur place. Sienne, on a adoré. Et si tu retournes en Toscane, il faut connaître Volterra et son musée des Étrusques. À bientôt,
Ian
Merci, Ian! Ai bien noté tes conseils sur le musée à Volterra. Ce sera pour une prochaine fois…
Si vous revenez à Florence, venez nous trouver , au-delà à apprendre l’Italien, nous faisons des excursions à Pisa, Fiesole, Siena … Venez nous voir 😉
Votre blog est très intéressant !