Tubuai & Rurutu

Une jeune femme explore la plage « Tavana », située à deux pas de notre pension, sur l’île de Tubuai, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française, le dimanche 14 mai. Le climat aux Australes est plus frais que dans les autres archipels. La température oscille, en mai, entre 21 et 26 degrés. 

Un peu plus loin, le dimanche 21 mai, promenade à « la Baie Sanglante« . C’est dans cette baie qu’ont eu lieu, en mai 1789, les premiers combats entre les insulaires et les mutins du HMS Bounty. Malgré tous leurs efforts (et la construction d’un fort – le fort George), les révoltés du Bounty n’arriveront jamais à s’implanter à Tubuai. Ils devront quitter l’île (pour Tahiti puis Pitcairn) en septembre 1789. Photo – Freddy.

Chaude ambiance le vendredi 20 mai dans la cuisine de notre pension, à Tubuai. Au menu du souper ce soir-là: carpaccio de thon, salade de chou et vermicelles chinois. Autour de Diana, rayonnante, Poe, Imelda et Nadine (en bleu) entourée de ses nièces, étudiantes au collège de Tubai.

Montés par d’intrépides cavaliers lors des grandes courses des fêtes traditionnelles du « Heiva » en juillet, des chevaux gambadent près du village de Anua, à l’ouest de l’île… 

Sous le regard attentif de Teddy, pêcheur et agriculteur, installé à Tubuai depuis plus de trente ans. Teddy, 53 ans, cultive ce matin-là, près des chevaux, son champ de pandanus, un arbuste dont les feuilles sont utilisées…

… dans la vannerie et la chapellerie, sources importantes de revenus pour les habitants des Australes. Ci-dessus, chapeaux et paniers, typiques de l’archipel, entièrement faits à la main, exposés dans une boutique de Tubuai

Promenade familiale au village de Avera, à l’ouest de l’île de Rurutu, le lundi 22 mai.

Nous avons vécu une autre splendide aventure pendant ces quatre semaines passées dans les îles Australes!

La visite de ce quatrième archipel en Polynésie française a confirmé ce que nous avions ressenti lors de notre premier voyage aux Îles de la Société, aux Tuamotu, aux Marquises.

L’accueil, partout sur le territoire, est chaleureux.

Les sourires, généreux, éclatants.

Les gens ici, souvent, vous aiment et rient avec les yeux.

Seul regret, notre séjour s’est terminé beaucoup trop vite!

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Diana en compagnie de Maimiti et d’Imelda à notre pension à Tubuai, le samedi 20 mai

Quelques repères, pour les férus d’histoire.

L’archipel des Australes – composé de sept îles dont cinq sont habitées – portait autrefois le joli nom de « Îles Tubuai », Tubuai étant la plus grande île de l’archipel.

Tubuai est aujourd’hui la capitale administrative et économique des Australes.

7000 habitants environ vivent dans l’archipel. 

Après notre séjour à Raivavae, nous avons fait halte à Tubuai puis à Rurutu. Les deux autres îles habitées de l’archipel sont Rimatara et la petite île de Rapa, à l’est – que je rêve de visiter!! Rapa est la « petite soeur » de Rapa Nui, le nom polynésien de l’île de Pâques, située beaucoup plus à l’est. 

James Cook est le premier navigateur européen à « découvrir » Rurutu, en 1769 lors de son voyage initial dans le Pacifique. Il sera aussi le premier à mentionner Tubuai huit ans plus tard, en 1777, lors de son troisième (et dernier) voyage.

Tubai passe sous protectorat français en 1842, Rurutu en 1889.

Les deux îles seront ensuite annexées par la France, en 1880 pour Tubuai, en 1900 pour Rurutu. Les autorités françaises craignant de perdre les îles Australes aux mains des Anglais – omniprésents à l’époque dans la région via les missionnaires protestants de la London Missionary Society.

Environ 2000 habitants répartis dans de petits villages posés sur le littoral vivent à Tubuai. L’île est entourée d’un immense lagon, l’un des plus vastes en Polynésie française. Notre pension est située à Mataura, le bourg principal, où on retrouve la poste, la mairie, une banque, un petit magasin et quelques « roulottes » de restauration rapide. Une route goudronnée de 26 kms…

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… fait le tour de l’île. Ci-dessus, sur la côte ouest de Tubuai, près du village de Anua, le lundi 15 mai. Le lagon, immense, est à l’arrière-plan.

Aperçu de la route de ceinture de Tubuai. L’île est belle, paisible, montagneuse à l’intérieur des terres. En plus de la vannerie, les habitants de Tubuai vivent (comme à Raivavae) de la pêche, de l’agriculture et du tourisme qui se développe peu à peu.

La plupart des habitants possèdent un terrain patrimonial, hérité, partagé et entretenu par les membres d’une même famille. La terre est fertile à Tubai. Dans les jardins, on cultive carottes, pastèques, pommes de terre, et du « taro », un légume racine. Ci-dessus, Diana en compagnie de Freddy, dans la propriété qu’il partage avec son oncle… 

Freddy, aux mille talents, homme à tout faire, musicien, responsable avec son épouse, Nadine, de gérer notre pension. Ils ont tous les deux gardé sur nous un oeil bienveillant pendant notre séjour à Tubuai. Merci Freddy et Nadine!

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Lors d’une de nos promenades à Tubuai, nous avons rencontré la tante de Freddy, Mins, qui cueille un matin, au bord de la route, des feuilles servant à améliorer la circulation sanguine. Mins en a besoin pour un…

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… membre de sa famille. « J’ai appris à reconnaître ces plantes médicinales traditionnelles dans un grand livre écrit en français et tahitien, hérité de ma grand-mère », nous confie-t-elle en remplissant son sac.

Vu la durée de notre séjour à Tubuai (10 jours), nous avons vraiment eu le temps d’écouter les Polynésiens. Longuement et attentivement. Aussi bien les riverains que les Tahitiens de passage. Puisque notre pension a eu la bonne idée d’accueillir en même temps que nous plusieurs petits groupes de techniciens venus accomplir sur l’île des missions précises de 3, 4 ou 5 jours.

La plupart de ces professionnels étaient Tahitiens. Nous étions, autour d’eux, toute ouïe!

Nous avons ainsi partagé nos repas avec une équipe de Météo France-Tahiti venue à Tubuai réparer une antenne et du matériel sur le terrain de l’aéroport.

Des électriciens de Papeete ont également séjourné à la pension afin de vérifier la bonne marche des circuits de divers bâtiments de l’île dont ceux du RSMA, un organisme que je connaissais pas.

Le RMSA en Polynésie française a comme mission principale l’insertion dans la vie active des jeunes adultes de 18 à 25 ans. Différentes formations sont offertes: électricien, soudeur, plombier, aide à la restauration, à la petite enfance, agent administratif… Formations essentielles dans ces petites îles où les structures d’apprentissage sont rares. Le RMSA est financé par le ministère des Outre-Mer.

Devant l’antenne du RMSA à Tubuai

Un groupe de plongeurs a également été des nôtres. Responsable de superviser la délicate pose du cable de fibre optique qui doit bientôt relier Tahiti aux îles Australes. Un service très attendu ici. Le débit du réseau internet étant, dans les îles de l’archipel, extrêmement lent. Difficile à Tubuai ou à Rurutu de télécharger un document ou une photo.

Tout ce beau monde se réunissait deux fois par jour autour de la table de la salle à manger.

Souper à notre pension à Tubuai, le mercredi 17 mai.

Au cours des repas, les sujets de discussion, les opinions, les questions, ne manquaient pas. Nous avons beaucoup appris.

Deux choses m’ont frappé au cours de ces conversations. La première, c’est l’attachement viscéral qu’avaient ces hommes et ces femmes pour leur territoire. Leur façon de vivre en Polynésie, leurs traditions, leur culture, ils parlaient de tout cela avec ferveur et passion.

Pas question pour eux de quitter le pays, « le fenua ». Malgré leurs compétences et les difficultés de la vie quotidienne à Tahiti, aller travailler à Paris, Nantes ou Bordeaux, n’est pas une option.

Deuxième surprise, en dépit des divergences politiques, il y avait chaque soir autour de la table un vrai consensus autour du nouveau gouvernement, indépendantiste, élu le 30 avril.  Gouvernement à qui « il faut donner le temps de faire ses preuves » entendait-on.

Aucune animosité donc, pour l’instant, envers le nouveau président, Moetai Brotherson, largement respecté, issu du parti Tavini Huiraatira

Moetai Brotherson, 53 ans, est aussi responsable du ministère du tourisme, des transports aériens internationaux, de l’égalité des territoires, des affaires internationales, du développement des archipels, de l’économie numérique et des conséquences des essais nucléaires.

Le troisième volet des échanges a été plus délicat. Chacun a évoqué à sa façon les défis – nombreux – de la vie quotidienne dans ces îles lointaines – si souvent idéalisées par les étrangers!

L’envers du décor, de la carte postale, est très différent. Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Quatre enjeux, parmi beaucoup autres, ont été évoqués.  

* Dans un territoire où les allocations chômage n’existent pas, 26 % environ de la population en Polynésie française vit sous le seul de pauvreté, 300 euros par mois. (Chiffres de 2021 de Institut de la statistique de la Polynésie Française (ispf.pf))

* Les violences conjugales – liées en grande partie à la consommation abusive d’alcool – sont partout sur le territoire un fléau. 

* Le taux de suicides sur le territoire est inquiétant. Près de 230 tentatives sont recensées par an et environ 30 à 50 personnes mettent fin à leurs jours. Chez les jeunes, c’est souvent la première cause de mortalité, dépassant même, certains années, les accidents de la route.

* Le taux d’inflation en Polynésie française a atteint 8.5% en 2022. La plupart des ménages ont beaucoup de mal à boucler leur fin de mois. 

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Thierry a grandi sur l’île de Rapa et vend le midi dans sa roulotte des sandwiches (« hachis-frites« ) sur le bord de mer de Mataura, à Tubuai. Son rêve? Venir exercer son métier au Canada. Projet difficile. Le Canada n’a aucune antenne officielle en Polynésie française. Les entrevues avec les candidats retenus pour une immigration potentielle au Canada ont lieu à Sydney, Auckland, Honolulu ou Los Angeles! Le coût du voyage est défrayé par les candidats. Sans aucune garantie de succès.

Elvis, travaille dans sa boutique de fruits et légumes, situé sur le bord de la route à Tubuai, à l’ouest de « la station » de Mataura.

Une jeune femme, accompagnée de son enfant, vend des fruits et légumes devant la maison familiale, près de l’aéroport de Tubuai

Baignade et moment de détente avec deux de nos compagnons de voyage, Serge et Agnès, de Lyon, logés quelques jours à notre pension à Tubuai.

Après avoir parcouru l’île de long en large, nourri régulièrement les cochons dans le jardin de Freddy, assisté à une messe magnifique, le dimanche 21 mai, après avoir beaucoup ri à la pension et nagé presque tous les jours dans l’eau claire et fraîche du lagon, nous avons quitté Tubuai avec beaucoup de regret.

Nous aurions pu facilement rester ici beaucoup plus longtemps. Tant la vie est douce, insouciante, à Tubuai. Comme à Raivavae, les touristes sont une denrée rare sur l’île.   

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Ci-dessus, aperçu de la plage de la Baie Sanglante, près du village de Mataura. Au revoir Tubuai!

Le lundi 22 mai, un vol d’une quarantaine de minutes nous emmène à Rurutu, dernière étape de notre voyage aux Australes. 

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Rencontre avec un groupe de jeunes, à l’extérieur du « snack Sabrina« , au village de Avera, le jour de notre arrivée à Rurutu. Nous avons fait ce jour-là, en scooter 50cc, le tour de l’île…

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… quelques heures seulement après notre descente d’avion! Ci-dessus, devant la mairie d’Avera. Direction: la pointe sud de l’île de Rurutu

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où nous nous arrêtons (casques de scooter en mains), près du village de Narui, au bord d’une magnifique plage de sable blanc! Voir la carte ci-dessous.

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La montagneuse et mystérieuse île de Rurutu. Environ 2400 habitants vivent ici, dans trois villages principaux: Moerai, la localité principale, au nord-est, Avera, sur la côte ouest et Auti sur la côte est. Notre pension (croix bleue sur la carte) est située dans le bourg de Vitaria

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dans une cocoteraie! On aperçoit derrière les arbres, de l’autre côté de la route,

… la plage, déserte, où nous nous sommes baignés pratiquement tous les jours.  Près de la pension, des bassins d’eau profonde permettent de nager dans le lagon. Note: la température de l’eau à Rurutu est beaucoup plus agréable (chaude) qu’à Tubuai. Et la recherche de coquillages plus intéressante!

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Rencontre avec Pa, le jeudi 25 mai, à Moerai, devant la coopérative agricole de Rurutu. Pa cultive sur ses terres le taro. Comme tous les anciens, il parle sur l’île le Rurutu, un dialecte similaire au tahitien mais qui se distingue par son vocabulaire et la façon de prononcer certains mots. La lettre « h » par exemple n’est pas utilisée en Rurutu. Le village de Hauti en Tahitien = Auti en Rurutu. Le Rurutu est enseigné ici à l’école primaire.

La production agricole à Rurutu est très importante. L’île (avec Tubuai) est l’un des vergers de la Polynésie française.

En plus du taro, poussent ici: citrons, papayes, grenades, bananes, noix de coco, mangues, avocats, corossol, potiron, « pota » (choux chinois), « uru » (le fruit de l’arbre à pain), goyaves.

Une grande partie des fruits et légumes vendus dans les marchés de Tahiti vient des Australes.

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Une plantation de choux près du village de Moerai, à Rurutu.

Rurutu produit aussi un excellent café!

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Nova a repris il y a quelques mois dans la coopérative de Rurutu la commercialisation du café de l’île. Elle arrive difficilement à répondre aux demandes qui affluent d’un peu partout. Nous avons réussi à repartir avec quelques paquets de café fraîchement torréfiés.  

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Une maison nichée au coeur d’une cocoteraie, près du village de Narui

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Nelly, après un bon repas, partage des conseils de couture avec Diana, à Moerai, le mardi 23 mai.

Une autre belle surprise nous attend à Rurutu: l’immense diversité de ses habitants!

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Hani, née d’un père coréen et d’une mère tahitienne, travaille dans un restaurant, face au port de Moerai, à Rurutu.

Nous avons ainsi rencontré en quelques jours, partout dans les villages, des riverains issus de métissages complexes. Métissages qui reflètent la présence sur l’île, au fil des ans, des navigateurs, aventuriers, missionnaires, commerçants et immigrants venus, des quatre coins du monde, s’établir à Rurutu.

La plupart des riverains ici ont du sang portugais, espagnol, français, sud-américain, chinois.

Nous avons appris que l’argent échangé dans les commerces à Tahiti a été, jusqu’à la fin du 19è siècle, la monnaie chilienne et péruvienne! 

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Thenyou, 71 ans, derrière le comptoir de son magasin à Avera, à Rurutu, où il est né. Son père est arrivé dans l’île, à la fin des années 20, en provenance du sud de la Chine. Afin de reprendre, à Avera, le magasin (ci-dessus) tenu déjà, à l’époque, par une famille chinoise!

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Plat de Chow Mein servi au restaurant « Les Délices de Rurutu« , le mardi 23 mai. La cuisine chinoise est partout présente en Polynésie.

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Des jeunes filles marchent tranquillement dans une rue de Moreai, à Rurutu, le mardi 23 mai. J’ai eu parfois l’impression à Rurutu de marcher dans les rues de ma ville natale, Les Cayes, dans le sud d’Haïti. 

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Maison typique de Moreai. Pas un papier qui traîne dans la cour. Nous avons remarqué que les Polynésiens, dans chacun des archipels où nous sommes passés, nettoient consciencieusement leurs jardins et l’espace devant leurs maisons. 

Nous avons aussi rencontré à Moerai un homme, encore jeune, Dominique, qui vient de prendre sa retraite… à l’âge de 39 ans!

Après 20 ans de bons et loyaux services (2003-2023) dans l’armée française, Dominique est revenu chez lui, à Rurutu, prendre sa retraite. Pendant son service, Dominique a été déployé en Afghanistan, au Kosovo et au Mali. 

Fait peu connu: la Polynésie (avec la Réunion) est l’un des premiers viviers de recrues de l’armée française. Vu le taux élevé de chômage chez les jeunes, le manque de débouchés sur le territoire, des centaines de jeunes polynésiens (hommes et femmes) s’engagent chaque année dans l’armée afin de défendre aux quatre coins du monde le drapeau tricolore. 

Certains s’engagent dans la Légion étrangère 

Avis de recrutement affiché sur les murs de la mairie de à Auti, à Rurutu.

Sashimi de thon à la javanaise, servi au restaurant Piareare, à Moerai. « Tama’a Maitai »! = Bon appétit!

Après une semaine bien remplie, nous devons déjà quitter Rurutu.

26 mai 2023

Diana participant à un atelier de tressage à notre pension, à Vitaria. 

Nous avons rencontré aux Australes des gens simples, paisibles, généreux, fiers de leurs îles!

Cela a été un vrai bonheur de vivre ici.

28 mai 2023

Une femme et son enfant, devant l’église Saint Jean-François Régis, à Rurutu, le dimanche 28 mai.

Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir pu réaliser ici un second voyage.

Mais… combien de temps encore les îles Australes pourront-elles rester à l’écart des grands circuits touristiques – lorsqu’on apprend que le nouveau gouvernement veut tripler à 600 000 par an le nombre de visiteurs en Polynésie française?

Les prochaines années seront fertiles en événements. Après les récentes élections, comment va évoluer le territoire, politiquement?

Quelles seront les premières grandes mesures prises par les membres du parti indépendantiste?

Quelle marge de manoeuvre la France va-t-elle accorder à sa « collectivité d’outre-mer« ?

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Diana en compagnie de Hinano et de ses enfants près de notre pension, à Vitaria, le mercredi 24 mai.

Cela a été une magnifique expérience de découvrir les îles Australes!

Nous avons eu la chance de visiter, jusqu’à présent, douze îles dans quatre des cinq archipels de la Polynésie française.

Nous reviendrons. Le cinquième archipel – les îles Gambier – nous attend.

4 mai 2023 Raivavae

Sur une plage de Raivavae, le jeudi 4 mai.

Nous sommes de retour à Punaauia, au bord de la plage.

Papeete est à vingt minutes de route, au nord.

Notre vol (direct) pour Seattle part ce soir. Nous serons à Vancouver mercredi après-midi.

« Nana » (Au revoir)!

 

Raivavae

Raivavae est sans aucun doute l’île la plus sauvage que nous avons visitée jusqu’à présent en Polynésie française.

L’une des plus belles et captivantes aussi.

Halte sur une petite plage lors de notre première randonnée en vélo, le jeudi 4 mai, sur l’île de Raivavae, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française

Joanne

Un peu plus tôt le même jour, alors que je me promène devant notre bungalow, Joanne, ci-dessus, traverse la route avec un grand sourire pour me souhaiter la bienvenue à Raivavae! Elle va chercher son pain. Née aux îles Tuamotu, Joanne est arrivée avec sa famille à Raivavae à 17 ans. Elle n’est jamais repartie.

Raivavae, dans l’archipel des Australes (l’île est malheureusement mal orthographiée sur la carte)

Une route presqu’entièrement goudronnée et plate d’environ 20 kms fait le tour de Raivavae. L’île est située au coeur d’un magnifique lagon encerclé d’une série de motus (atolls). Il y a quatre villages à Raivavae: Vaiuru, Rairua (le plus important), Mahanatoa et Anatonu (souligné en bleu) où est située notre pension. 

5 mai 2023 5 Flores Nui

Lors de nos promenades en vélo, nous allons comme d’habitude à la rencontre des riverains, aussi heureux que nous ici de faire connaissance! Longue conversation le vendredi 5 mai avec Nui Flores qui travaille dans son champ de taro (un turbercule) près du village de Mahanatoa.

5 mainew 2023 2 5 Flores Nui

Nui Flores nous parle de sa plantation, de sa famille, qui vit à Raivavae depuis plusieurs générations. Nui Flores revendique fièrement ses racines espagnoles et portugaises. Le maire de Raivavae, Bruno Flores, réélu en 2020, appartient à une autre branche de la même famille Flores.

Environ 900 habitants vivent ici paisiblement de la pêche, de l’agriculture, du tourisme.

Tout le monde se connaît. Et se retrouve régulièrement lors des événements et des fêtes qui ponctuent la vie des quatre petites communes de l’île.

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Participants à la grande fête du  au village de Vaiuru, le dimanche 7 mai. Le  est une importante célébration qui réunit chaque dimanche pendant tout le mois de mai

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la communauté protestante à Raivavae et dans tout dans l’archipel des Australes. Voir détails plus bas.

Malgré la construction en 2002 d’un aéroport qui permet de rejoindre Papeete en deux heures, une poignée de visiteurs seulement s’aventure chaque année jusqu’ici.

Diana devant notre bungalow, situé au bord du lagon

11 mai 2023

à la pointe nord-est de l’île

Car la météo est capricieuse à Raivavae. La nature, parfois hostile. Il pleut souvent. Comme dans les autres îles de l’archipel.

Nous avons donc eu droit pendant notre séjour à plusieurs averses abondantes et à de très fortes rafales de vent. Nous avons même pendant deux jours été privés d’internet, pour cause de forte houle.

Heureusement, ces intempéries ont été suivies de plusieurs longues et belles éclaircies. Nous avons eu des journées splendides!

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Un riverain rentre tranquillement chez lui, au sud de Rairua le mardi 9 mai

Sur la paisible route de ceinture, à quelques centaines de mètres de notre pension, rencontre avec…

Poema, née à Raivavae. Son nom en tahitien signifie « la perle propre« . Poema tient dans les mains des bouteilles remplies de petits coquillages. Elle part ce matin-là fabriquer chez elle des colliers et des bracelets.

Raivavae compte six pensions de famille disposant chacune de chambres ou de bungalows. Les logements sont très rarement tous occupés en même temps. En fait, à part les deux sympathiques couples (de St-Malo et de Paris) hébergés à notre pension, nous n’avons pratiquement vu ici aucun autre touriste.

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Nous rencontrons tôt un matin, au sud d’Anatonu, Bernard qui revient de sa pêche quotidienne aux algues. Ces algues, « le caviar vert » des Australes, seront lavées, séchées puis vendues un peu plus tard dans les commerces et pensions de Raivavae…

Bernard, ci-dessus, revenant de sa pêche, travaille aussi à la Mairie de Raivavae… et son épouse

Rofina, vend devant leur domicile des concombres géants, des papayes, des pamplemousses récoltés dans leur jardin. Rofina a aussi dans les mains les algues ramenées par son mari. Merveilleuse polyvalence des Polynésiens!

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Paysage typique du littoral de la côte nord de Raivavae, entre Anatonu et Raiuru

Il n’y a pas d’hôtel à Raivavae. Les résidents (comme à Maupiti) n’en veulent pas. L’île a un restaurant, souvent fermé. Aucune banque (seulement un DAB à la poste). Pas de transport collectif. Ni de location de voiture. Très peu de circulation automobile.

La meilleure façon de se déplacer à Raivavae est le vélo. En version électrique, souvent, pour les résidents.

Grande randonnée autour de l’île, le samedi 6 mai. Conversations amicales en route avec les habitants. Ci-dessus, sur la droite, Ismaël et son épouse Tania

Nous nous dirigeons ce jour-là vers la redoutable route transversale, abrupte, qui relie les communes de Mahanatoa et Vaiuru. Randonnée épique!

Trois ou quatre petits « magasins » vendent aux riverains quelques produits de première nécessité, le pain, l’huile, le riz, des pâtes, des soupes chinoises, en paquets. Une bouteille de vin très ordinaire coûte 2000 CFP Francs Pacifique (17 euros ou Can$25).

La plupart des habitants cultivent chez eux un petit potager où poussent des légumes (pommes de terre, salades, taro, tomates) et des arbres fruitiers (papayes, citrons, oranges)

Comme dans les autres petites îles en Polynésie, on se débrouille ici pour les services comme on peut. On fait appel à un voisin pour la plomberie ou pour régler un problème d‘électricité. On vend sur le bord de la route les produits de son jardin.

La communauté – à 90% protestante – est très soudée. Il n’y a ici aucun sans-abri ou de banque alimentaire, comme à Tahiti.

Nouvelle conversation un matin avec Marie qui propose devant son jardin des bottes de chou chinois (bok choi). On les appelle ici « pota ».

Marie nous parle elle aussi longuement de ses origines. Son père, français, était légionnaire. Sa mère vient de Tahiti. Sur la gauche, on aperçoit une partie de l’édifice qui était autrefois l’école primaire.

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Le chou chinois, préparé à la pension, était excellent et nous retournons chez Marie quelques jours plus tard. Cette fois, c’est son mari Yves qui va dans le jardin déterrer pour nous

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deux nouvelles bottes de chou. Impossible de manger plus local et plus frais!

Petit-déjeuner à notre pension autour d’Eléonore (robe rouge, à gauche) et de son mari Denny, debout à ses côtés.

Comme souvent en Polynésie française, un des moments que j’apprécie le plus est le rituel des repas pris en commun le soir avec notre famille d’accueil. Les oreilles grandes ouvertes, nous écoutons attentivement les informations que partagent nos hôtes sur l’histoire de leurs îles.

Un soir, autour de la table du souper, Eléonore, la propriétaire de notre pension, n’hésite pas à résumer la façon dont la vie quotidienne a changé à Raivavae où elle est née, il y a plus de soixante ans.

« Raivavae autrefois produisait du café », nous dit-elle. Mais les plantations ont peu à peu disparu dans les années soixante, précise-t-elle, lorsque les hommes de l’île sont partis travailler à Papeete et ailleurs afin de construire les nombreuses infrastructures du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) – l’organisme responsable de gérer les essais nucléaires français en Polynésie française entre 1966 et 1996.

Presque du jour au lendemain, les petites communes dans les Australes, dans les Tuamotu, dans les Îles Sous-le-Vent, se sont vidées.  Les hommes sont partis, en masse, attirés par les paillettes de la ville (Papeete), l’argent facile et les salaires alléchants offerts dans les chantiers du CEP.

Cet exode a eu un effet domino dévastateur dans ces petites îles. Les hommes étaient les pêcheurs, ceux qui ramenaient tous les jours à la maison du poisson pour nourrir leurs familles. Ils cultivaient aussi les champs, entretenaient les plantations, de café notamment. Laissés maintenant à l’abandon.

Une fois les hommes partis, les sources d’alimentation dans les îles ont été bouleversées. Au milieu des années soixante, les boites de conserve venues de Tahiti ont progressivement remplacé le poisson frais. Le Nescafé est arrivé. Les grandes bouteilles de boissons gazeuses aussi. Ces produits nocifs importés de la métropole ont envahi le marché. Les traditions alimentaires des Polynésiens ont été profondément modifiées.

On apprend en lisant la presse que le Coca-Cola produit aujourd’hui en Polynésie est le plus sucré du monde. Et que le taux de sucre dans ces sodas augmente chaque année. Impunément. C’est inexcusable. Comment un gouvernement peut-il laisser des entreprises traiter ainsi les citoyens?

Les taux d’obésité et de diabète sont très élevés en Polynésie française. 70% de la population adulte est en surpoids dont 40% au stade d’obésité.

Eléonore conclut cette leçon d’histoire par une une note plutôt optimiste. Elle nous apprend que le gouvernement nouvellement élu le 30 avril, gouvernement indépendantiste, a dans son programme un vaste projet visant à encourager et à subventionner sur le territoire la reprise de pratiques agricoles traditionnelles. Quelle excellente idée!

Tous nos vœux de succès aux nouveaux élus et aux communes qui adhèreront à ce projet!

9 mai 2023 Nui

Nous avons revu le lendemain Nui Flores dans son champ de taro, la boue jusqu’aux genoux. Son compagnon de travail, Samuel, est à ses côtés. Nous leur avons communiqué les informations partagées par Eléonore. Nous les avons aussi encouragés à prendre contact avec la Mairie de Raivavae. En espérant de tout coeur qu’ils puissent tous les deux bénéficier de ce nouveau programme.  

Grande effervescence le samedi 6 mai dans les communes de Raivavae! On célèbre le lendemain la grande fête du Mè!

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Un groupe de riverains ci-dessus, nettoie le terrain de l’église protestante située juste derrière notre pension, à Anatonu.  

De l’autre côté de l’île, dans le village de Vaiuru où doit avoir lieu cette première célébration du , Guillaume, ci-dessous, à droite, accompagné des membres de la communauté, s’affaire. Il n’y a pas une minute à perdre! Plus de 200 convives sont attendus  le lendemain pour le déjeuner dans la salle paroissiale de Vaiuru.

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Guillaume en pleine préparation. Au menu: poulet et cochon cuits au four et, sur la table à gauche, du poisson enveloppé dans une feuille de « auti ».

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En compagnie de Guillaume, pêcheur et agriculteur, né à Raivavae, père de trois enfants. Il nous invite gentiment à assister au le lendemain. Nous acceptons avec plaisir!

Dimanche, 7 mai. C’est le grand jour!

Des quatre coins de l’île, hommes, femmes et enfants se pressent devant l’église protestante de Vaiuru.

Les participants, grands sourires aux lèvres, descendent du bus

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scolaire de la commune

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Tout le monde est sur…

… son trente-et-un!

A l’intérieur de la salle, des chants, des cantiques, de la musique, une ambiance extraordinaire!

Les musiciens (Guillaume est à gauche) sont vêtus du costume 

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de leur paroisse

Les femmes portent sur la tête des couronnes de fleurs et de feuilles cueillies le matin même dans leurs jardins. 

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C’est la tradition!

Un des objectifs principaux du est de recueillir des membres de la paroisse des fonds pour l’église protestante de la Polynésie française.

Ces fonds serviront en partie à subventionner le coût des voyages des pasteurs et des missionnaires en Polynésie et ailleurs dans le monde.

Chacune des quatre communes de l’île organisera, dans sa paroisse, pendant le mois de mai, son propre Mè. Il y aura donc à Raivavae cette année quatre – les 7, 14, 21 et 28 mai – événements auxquels participent les membres de la communauté protestante, s’ils le désirent.

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Des dignitaires de la commune de Vaiuru officient et gèrent solennellement l’événement.

Je me suis renseigné. Pour la seule île de Raivavae, les fêtes du rapportent chaque année à l’église protestante de la Polynésie française plus de 5 millions de francs CFP, l’équivalent de 50 000 euros ou CAN $73 000.

Sur la côte sud de Raivavae

Terei devant sa maison accompagnée de ses enfants qui rentrent de l’école primaire

Nous avons passé ici l’un de nos plus beaux et authentiques séjours en Polynésie française!

Notre vol de 40 minutes pour Tubuai – notre deuxième étape aux Australes – part vendredi après-midi.

Cela a été un vrai bonheur de retrouver à Raivavae l’accueil chaleureux et le sourire des Polynésiens.

L’aventure continue.

On vous embrasse.

Ultime balade en vélo autour de Raivavae, le jeudi 11 mai.

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Nous rentrons à la maison, notre pension est située juste en face de l’église, côté mer.

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Nous avons le temps juste avant notre départ le vendredi 12 mai d’assister à Anatonu

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à la préparation du repas du qui aura lieu dimanche (le 14) dans la commune

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Pièce maîtresse du menu: « le cochon« , comme on l’appelle qui est ici pesé avant d’être dépecé quelques minutes plus tard.

Les îles Australes

statueLa statue du dieu A’a de l’île de Rurutu, exposée au Musée de Tahiti, le 28 février 2023. VAIKEHU SHAN HANS LUCAS VIA AFP

La statue du dieu A’a de l’île Rurutu, exposée ce printemps au Musée de Tahiti, à Punaauia, près de Papeete. Voir l’article publié dans « Le Monde », édition du 12 mars 2023. Photo Vaikehu Shan/Hans Lucas.

Un peu moins de quatre mois après notre retour de la Polynésie française, nous repartons dans quelques jours pour cette région du bout du monde. Cap sur les îles Australes cette fois. Un séjour d’un mois. Dans trois des sept îles de l’archipel le plus méridional du territoire, situé (pour l’île la plus proche, Rurutu) à plus de 500 kms au sud de Tahiti.

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Les archipels de la Polynésie française. Soulignées en jaune, au sud, dans les Australes, les trois petites îles où nous ferons escale, au mois de mai. Rurutu, Tubuai et Raivavae. Soulignées en vert, au nord, nos étapes précédentes en Polynésie (novembre 2022 – janvier 2023) dans l’archipel de la Société, aux îles Tuamotu et aux Marquises.

Un séjour que nous avons commencé à préparer peu de temps après notre retour, à la mi-janvier. Tant nous étions impatients de retrouver la Polynésie. Et curieux d’aller découvrir des îles encore plus lointaines, dans un archipel peu connu et peu visité.

Nous gardons pour ce second séjour la formule que nous avons tant appréciée lors de notre premier voyage. Nous logerons dans chacune des trois îles dans des petites pensions de famille, simples, modestes, en demi-pension.

Nous n’avions de toutes façons, pour les hébergements, pas beaucoup d’autres choix. Les hôtels dans les Australes sont pratiquement inexistants. Les touristes sont rares, sauf pendant la saison d’observation des baleines, au large de Rurutu, entre juillet et septembre. L’archipel accueille environ 2000 visiteurs par an. Ce qui représente moins d’un pourcent du nombre annuel de touristes sur l’ensemble du territoire. Une goutte d’eau – et une statistique qui nous convient parfaitement.

Notre objectif à Raivavae, Tubuai et Rurutu est le même que celui de notre périple précédent. Essayer de vivre dans ces îles le plus près possible des habitants. Loin des paquebots. Des croisières. À l’abri du tumulte et de la cohue des voyages organisés.

Nous souhaitons simplement – comme à Maupiti ou Tikehau – observer et partager dans ces îles reculées la vie quotidienne des riverains.

Nous ne savons pas ce qui nous attend ni ce que nous allons trouver là-bas. Qui allons-nous rencontrer sur notre chemin? Quelles découvertes allons-nous faire?

Nous savons seulement que sommes infiniment reconnaissants de pouvoir repartir une deuxième fois, en quelques mois, pour ces îles singulières et si attachantes du Pacifique Sud.

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Les sept îles qui composent l’archipel des îles Australes en Polynésie française. Seules cinq des sept îles sont habitées. (Maria et Marotiri sont désertes). L’archipel compte environ 7000 habitants.

L’histoire des îles Australes diffère sensiblement de celle des autres archipels de la Polynésie française. Les Australes ont été les dernières à être peuplées, entre le 11è et le 14è siècle, lors des migrations polynésiennes, par des habitants venus, semble-t-il, selon les historiens, de Tahiti.

Elles ont aussi été les dernières à être « découvertes » par les navigateurs européens.

L’île de Rimatara, par exemple, à l’ouest de l’archipel, n’a été « révélée » au reste du monde qu’en 1811. Et l’île Maria sera « reconnue » pour la première fois en 1824.

En d’autres mots, en terme de chronologie et d’histoire d’exploration maritime, ces petites îles ont été « découvertes », par les non-Polynésiens… tout récemment!

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Raivavae sera notre première halte dans l’archipel des Australes. L’île est entourée d’un lagon ceinturé par une barrière de corail comprenant vingt-huit motus (îlots). Une route d’environ 20 kms fait le tour de l’île.

Voici donc notre itinéraire pour les prochaines semaines:

29 – 30 avril = Vancouver – Seattle – Papeete 

30 avril – 3 mai = Punaauia (commune résidentielle située au sud de Papeete)

3 – 12 mai = Raivavae – 16 km² (905 habitants)

12 – 22 mai = Tubuai – 45 km² (2050 habitants)

22 – 29 mai = Rurutu – 36 km² (2325 habitants)

29 – 30 mai = Punaauia

30 – 31 mai = Papeete – Seattle – Vancouver

Parenthèse politique – Nous arrivons à Papeete le dimanche 30 avril, le jour du deuxième tour des élections territoriales en Polynésie française. À la surprise générale, le parti indépendantiste, Tavini Huira’atira, dirigé par Oscar Temaru, est arrivé en tête (34.9% des voix) au premier tour, le 16 avril, et est donné gagnant au second tour – malgré l’alliance, cette semaine, des partis autonomistes.

Les indépendantistes reprendront-ils le pouvoir en Polynésie française, le 30 avril? Leur mandat à l’Assemblée territoriale (57 sièges) sera de cinq ans. S’ils remportent une majorité, comment réagira Paris? À suivre.

Notes de lecture:

Loïc Josse, Polynésie – (Bruxelles, 2022)

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L’un des meilleurs guides pour préparer intelligemment un voyage en Polynésie française. Pas de consignes ici sur les hôtels ou sur les lieux de restauration mais un texte court (92 pages), superbement écrit, truffé d’informations sur le pays, son histoire, sa culture et les nombreux défis auxquels fait face aujourd’hui le « fenua ». En quelques mots, sur des sujets très variés, l’essentiel est dit. 

La deuxième partie de l’ouvrage propose trois entretiens, brûlants d’actualité, menés au printemps 2021. Trois voix, très différentes, s’expriment. Celle d’un anthropologue connu, Bruno Saura. Celle d’un politicien indépendantiste, Moetai Brotherson. Et celle d’une jeune femme tahitienne, Hinatea Boosie. Conversations riches et fertiles. Regards croisés sur l’identité et la complexité du pays. Un petit livre à mon avis essentiel pour bien/mieux comprendre la Polynésie et ses multiples enjeux aujourd’hui.  

24 mars 2023 Gabriola island Ground Up Restaurant

Pois chiches au curry accompagnés de pakoras, de riz brun et de chutney à la mangue, restaurant Ground Up, 560 North Road, Île Gabriola, le vendredi 24 mars.

27 mars 2023

Splendide retour en traversier et en vélo de l’île Gabriola, le lundi 27 mars. Depuis la gare maritime de Horseshoe Bay (West Vancouver), 27 kms en bicyclette pour rejoindre le parc Stanley et Vancouver, via le pont Lions Gate (d’où la photo a été prise). À l’arrière-plan, la municipalité de West Vancouver. Le bonheur de vivre au bord du Pacifique!

Michael Audain, One Man in his Time – (Madeira Park, B.C, 2021)

m1audainUne autobiographie remarquable. La métamorphose fascinante d’un militant d’extrême-gauche devenu au fil des ans un riche hommes d’affaires et l’un des personnages les plus en vue de la Colombie-Britannique, généreux bienfaiteur dans le domaine des arts visuels. Michael Audain fait fortune dans les années 80 comme promoteur dans le lucratif marché immobilier de la grande région de Vancouver. Président de la compagnie Polygon Homes Ltd, son entreprise a construit (jusqu’à Seattle) plus de 30 000 logements. Éclatante réussite financière. Quelle surprise de découvrir dans cette étonnante autobiographie une orientation et un parcours de jeunesse bien différents. Engagé à gauche, le jeune Michael obtient à UBC un diplôme en travail social. Il travaille dans les quartiers défavorisés de Vancouver et songe à rejoindre (via le Panama) Fidel Castro à Cuba. Il participe en 1961, auprès de Tommy Douglas, au congrès inaugural du NPD (parti de centre-gauche). Au même moment, il milite aux USA pour la cause des Noirs. Et devient, dans un bus entre Memphis et la Nouvelle-Orléans, un freedom rider. Il est arrêté à Jackson, au Mississipi. Il refuse, au poste de police, de renier ses convictions et est incarcéré pendant quatre mois dans un pénitencier. Pages saisissantes. En Mai 68, on le retrouve à Paris, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit. Une jeunesse trépidante, exemplaire. Après l’élection en Colombie-Britannique, en 1972, du NPD, dirigé par Dave Barrett (ex-travailleur social lui aussi), sa vie bascule. Ses priorités aussi. Le nouveau gouvernement le nomme conseiller auprès du Ministère du Logement. Il élabore et participe à la construction de milliers de logements sociaux dans la province. Michael Audain plie ensuite bagages. Il part à son compte et démarre sa propre compagnie, Polygon. Un récit palpitant, plein de rebondissements. Une vie, bien remplie, qui ressemble à un roman d’aventures.   

1er avril 2023 John 316

Poulet au curry et porc braisé, cuisine malaisienne, restaurant John 3:16, 1063 West Broadway, Vancouver, le samedi 1er avril.

Un dernier mot, avant le départ.

Après plus de dix ans de pourparlers et de réunions avec la Ville…

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Les travaux de réaménagement de notre rue, dans le quartier Mount Pleasant, ont commencé ce printemps. Sur un tronçon de quatre pâtés de maisons, notre rue va être transformée en piste cyclable et voie verte. Plutôt que ruisseler sur l’asphalte et se retrouver dans les égouts, l’eau de pluie sera en grande partie récupérée et réutilisée…

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afin d’irriguer le long de la rue de nouveaux espaces verts, des zones humides et des jardins aménagés par la Ville. Le projet vise aussi à réduire (et à éliminer sur deux tronçons) la place de la voiture dans un quartier qui tend à se densifier. Notre petit groupe d’activistes, fondé en 2010, à l’origine du projet, est aux anges! Nous avons même, l’an dernier, gagné un prix! Voir (Greenest City): 2022 Awards of Excellence, City of Vancouver 

Bon printemps à tous!

Hiva Oa & Tahuata, visages des îles Marquises

madeleine, 61 ans, église de Taaoa, 27 décembre 2022

L’une de mes premières rencontres sur l’île de Hiva Oa, le lendemain de notre arrivée, le mardi 27 décembre. Madeleine, née à Ua Pou, prépare pour un baptême l’autel de l’église du village de Taaoa (200 habitants), situé à 7 kms à l’ouest d’Atuona. Les routes de l’île étant très escarpées, j’ai rejoint le village en vélo électrique. SVP voir la carte ci-dessous.

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Un client devant le magasin Naiki, près de la boulangerie de Roger et Viviane, à Atuona, le samedi 31 décembre. Les tatouages aux Marquises étaient autrefois intimement liés au rang et à la fonction d’un individu au sein de la communauté. Les tatouages indiquaient sa profession, ses habiletés spécifiques, ses croyances.

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Autres sourires chaleureux en arrivant en bateau, le mercredi 28 décembre, au quai de Hapatoni, un bourg d’environ 80 habitants sis sur la côte ouest de l’île de Tahuata.

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Les îles Marquises, situées à plus de 1400 kms au nord-est de Tahiti. Soulignée en orange, l’île de Nuku Hiva où nous avons séjourné du 16 au 26 décembre. En vert, dans le groupe sud de l’archipel, les îles de Hiva Oa et Tahuata.

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En vert, quelques-unes de nos haltes sur l’île de Hiva Oa (2 500 habitants) et sur l’île de Tahuata, 750 habitants – la plus petite île habitée de l’archipel. Depuis Atuona (mal orthographié sur la carte), il faut compter une bonne heure de traversée pour rejoindre Tahuata. Notre pension est située au-dessus du village d’Atuona, la commune principale d’Hiva Oa. C’est à Atuona qu’ont vécu autrefois Paul Gauguin et Jacques Brel. Ils reposent tous les deux au cimetière du village. Voir plus bas.

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Du balcon de notre pension, le soleil se lève au-dessus de la baie d’Atuona, le samedi 31 décembre. Le mont Temetiu, haut de 1213 mètres, surplombe la baie. Les bâtiments sur la droite (toits verts) abritent le musée Gauguin et l’espace culturel Brel.

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Diana à la table du petit-déjeuner sur la terrasse de notre pension à Atuona.

Comment conclure cette série d’articles sur notre voyage de deux mois en Polynésie française?

Un périple qui nous a emmenés dans trois des cinq archipels du territoire – les Îles de la Société, les Tuamotu, les Marquises. Et dans neuf îles, chacune au caractère bien différent: Tahiti, Moorea, Huahine, Maupiti, Bora Bora, Tikehau, Nuku Hiva, Hiva Oa et Tahuata.

Nous avons vécu ici, au soleil, dans ces îles lointaines, pépites du Pacifique Sud, une expérience i-n-o-u-b-l-i-a-b-l-e!

Inoubliable en grande partie à cause des gens merveilleux – « nos anges gardiens », affirme Diana – que nous avons croisés et rencontrés sur notre chemin.

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Françoise, l’une des nombreuses artisanes de Hiva Oa, accompagnée de ses enfants, à Atuona, le vendredi 30 décembre. La famille vit à Puamau.

Leurs sourires, leur accueil, leur gentillesse, ont guidé et éclairé notre séjour.

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Diana en compagne de Gilda, Tiae, Tama et V. à leur domicile, au-dessus d’Atuona, le mardi 3 janvier

J’aimerais ici les remercier. Les saluer. Leur rendre hommage.

Tout en partageant quelques-unes de nos aventures et rencontres à Hiva Oa!

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Livraison matinale de thon rouge devant notre pension, à Atuona, le jeudi 29 décembre. Les deux jeunes filles sont cousines et travaillent en famille avec les pêcheurs qui reviennent tôt le matin au petit port d’Hiva Oa – Photo: Diana

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Une famille en excursion au village de Puamau situé à une heure trente de route à l’est d’Atuona.

Vu la taille et la topographie de l’île, j’ai dû me résoudre à rejoindre ici (une fois n’est pas coutume) des groupes d’excursions.

Impossible, comme à Moorea ou Huahine, de sillonner les routes d’Hiva Oa en scooter! Les pistes de l’île sont de véritables montagnes russes, bien trop accidentées pour un petit moteur 50cc – comme en témoigne l’image ci-dessous.

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Aperçu de la piste qui dévale les falaises et sinue entre les localités de Hanaiapa et Nahoe, sur la côte est de Hiva Oa, le lundi 2 janvier.

Il a aussi été beaucoup plus simple de rejoindre et visiter l’île de Tahuata dans le cadre d’un voyage organisé. J’ai dû m’adapter.

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En compagnie de Teiki (à droite) et d’une équipe aguerrie d’hommes de mer, nous quittons le mercredi 28 décembre le petit port de Hiva Oa (à l’arrière-plan). Grand départ…

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pour l’île de Tahuata. Nous sommes une quinzaine, répartis en deux groupes. Ambiance de fête à bord des deux navires!

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Il nous faudra une bonne heure pour rejoindre le quai du petit bourg d’Hapatoni. Population, 80 habitants.

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À notre arrivée au village, accueil au son des tambours…

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et des sourires curieux des résidents comme celui de Mau

La production du coprah à Tahuata ayant au fil des ans considérablement diminué, Hapatoni vit aujourd’hui principalement de l’artisanat. Deux fois par an, un groupe de villageois se rend à Tahiti afin d’exposer et de vendre les oeuvres réalisées dans la commune, comme celles ci-dessous.

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Aux Marquises, la plupart des bijoux (bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs, colliers) sont réalisés à partir d’ossements de boeufs ou de « cochons » (comme on les appelle ici) – os qui sont patiemment travaillés, polis puis sculptés… 

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Israëlla vend à Hapatoni quelques-unes des pièces créées par les membres de sa famille

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Après la visite du village, leçon d’histoire sur les Marquises offerte par notre guide, Brian O’Connor. La famille de Brian, d’origine irlandaise, réside aux Marquises depuis plusieurs générations.

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Nous reprenons un peu plus tard le bateau afin de déjeuner, au nord de Hapatoni, au village de Vaitahu. SVP voir la carte plus haut. Autour de la table, au son des ukélélés, concert impromptu de chansons traditionnelles marquisiennes. Notre guide Brian, à gauche, est accompagné de son frère, Pifa, au centre. Pifa est aussi, à ses heures … policier, à Atuona.

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Poerani, résidente d’Atuona, accompagne notre groupe, le mercredi 28 décembre

Notre journée à Tahuata se termine par une longue et magnifique baignade à la plage Hanamoenoa, située à une vingtaine de minutes de bateau au nord du village de Vaitahu.

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La plage Hanamoenoa, sauvage, bordée de cocotiers, au coeur des Marquises, le mercredi 28 décembre.

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Retour à bord, en compagnie de Teiki. La pluie et l’hiver canadien sont bien loin! Bonus, il n’y a pas ici (comme à Tikehau) de petits requins à pointes noires pour gêner les baigneurs!

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Plaque commémorative posée à Vaitahu, le bourg principal de l’île de Tahuata

Deuxième excursion bien différente – et fascinante – le lundi 2 janvier.

En compagnie de 3 autres visiteurs – un jeune couple allemand, en lune de miel, et Tehihi, responsable des finances à la mairie de Nuku Hiva – nous partons avec notre guide Brian O’Connor à la découverte de l’histoire des premiers Marquisiens.

Nous souhaitons voir et admirer quelques-uns des vestiges que les premiers Marquisiens ont laissé sur l’île – notamment les « tikis », des statues de pierre chargées d’histoire, disséminées à plusieurs endroits à Hiva Oa.

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En excursion, à la recherche des « tikis » de Hiva Oa, le lundi 2 décembre

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« Le tiki souriant » de Hiva Oa. Comme pour les statues de Rapa Nui-l’île de Pâques (« les moais »), de nombreuses questions subsistent quant à l’origine et à la fonction de ces figures mystérieuses. Les recherches continuent. Pour info, « le tiki souriant » mesure environ 93 centimètres.  

L’objectif de l’excursion est de mieux comprendre la chronologie des lointaines et complexes « migrations polynésiennes » – et les traces qu’ont laissé ici ces premiers habitants.

Les historiens nous rappellent que vers 4000 avant J.-C. une migration débute depuis l’Asie du Sud-Est. Les premiers colons traversent l’océan pour explorer les îles du Pacifique Sud. Ces migrants s’installent aux îles Tonga et à Samoa vers 1300 avant J.C.

Les Marquises deviennent plus tard un lieu d’installation puis un centre de dispersion vers l’ensemble d’une zone qu’on appelle aujourd’hui « le triangle polynésien » – une zone qui va de Tahiti, à Hawaï, à l’île de Pâques (Rapa Nui) et à la Nouvelle-Zélande.

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« Le triangle polynésien ». Notez SVP le triangle rouge qui pointe, au-delà d’Hawaï, vers le Pacifique Nord-Ouest et les côtes de la Colombie-Britannique. Je suis persuadé que le peuple Haïda des îles Haïda Gwaïï (anciennement, îles de la Reine-Charlotte) partage avec les Polynésiens une histoire commune!  (Magnifique projet de recherche en perspective.)

Cette période se caractérise, selon les historiens, par l’émergence, dans ce triangle, d’une culture, d’une identité régionale. Suite à ces migrations, les Tahitiens, les Marquisiens, les Hawaïens et les Maoris de la Nouvelle-Zélande partagent tous des ancêtres communs, des pratiques culturelles communes (la danse « haka ») et parlent une langue similaire, connue sous le nom de Ma’ohi.

Exemples: le mot Moana = « océan » en tahitien, marquisien, maori, somoa, hawaïen.

Manu = « oiseau » dans les mêmes langues.

Notre excursion, le long de la côte nord et est de Hiva Oa, se poursuit.

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Arrivée au bourg de Hanaiapa, au nord de Hiva Oa

L’île est splendide! Et très peu visitée. Aucune pension, aucun commerce dans les villages que nous traversons.

« Les gens ne sont pas très intéressés, nous dit Brian. Ils ont ce dont ils ont besoin ici. L’océan pour la pêche. La forêt où ils peuvent récolter papayes, avocats, corossols, noix de coco, mangues, pamplemousses. Ils élèvent leurs cochons, leurs poules, leurs chèvres. Ils sont tranquilles. Pourquoi faire dormir des touristes ici? »   

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Hanaiapa compte environ 200 habitants.

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La petite plage de Hanaiapa, le lundi 2 janvier. Qui n’aimerait pas passer quelques jours ici?

En route pour le site archéologique de Lipona, à Puamau, à la pointe est de l’île, nous traversons, entre de profondes vallées, des paysages majestueux.

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Une des magnifiques baies situées sur la côte est de Hiva Oa

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Arrêt entre Hanaiapa et Hanapaaoa

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au-dessus de panoramas de rêve. Ci-dessus, avant le bourg de Nahoe

Après 90 minutes de route, nous arrivons au village de Puamau (200 habitants) où un déjeuner nous attend « Chez Marie-Antoinette. »

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Menu du restaurant « Chez Marie-Antoinette ». 2500 CFP (Franc Pacifique) = 21 euros ou CAN$30

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Notre groupe, réuni autour de Brian, à la table de l’unique restaurant de Puamau, « Chez Marie-Antoinette », le lundi 2 janvier

Avant de rentrer à Atuona, dernier arrêt, au-dessus de Puamau, au site archéologique de Lipona, l’un des plus importants des Marquises

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Le site de Lipona est un immense « meae » (sanctuaire religieux) qui couvre près de deux hectares. Le site représente l’un des principaux témoignages de la civilisation marquisienne, à son apogée, avant l’arrivée des Européens.

Que se passait-il ici exactement dans cet immense sanctuaire? Des sacrifices? Des offrandes?

Qui était habilité à diriger et à participer à ces cérémonies religieuses?

Dans quel but ces cérémonies avaient-elles lieu?

Autant de questions qui font toujours aujourd’hui débat.

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 Selon les historiens, l’aménagement du site de Lipona date du 18è siècle. De nombreux « tikis« , comme ceux ci-dessus, ont été découverts au siècle dernier puis restaurés par des équipes d’archéologues. Les travaux et les recherches continuent.

Comme pour les statues de l’île de Pâques, les « tikis » de Lipona, comme ceux des îles voisines, n’ont toujours pas livré leurs secrets.

À noter: le site de Lipona figure en bonne place dans le dossier de candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une décision doit être rendue en 2024.

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Aperçu de la baie d’Atuona, le lundi 2 janvier.

Retour à Atuona

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Ultime randonnée matinale, le mardi 3 janvier. Nous quittons Hiva Oa le lendemain.

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au-dessus du village d’Atuona. Sur la droite, en blanc, l’église de l’immaculée Conception.

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La journée, comme toutes celles que nous avons passées ici, s’annonce splendide! Au fur et à mesure que nous grimpons, nous observons la vie dans la cour des maisons du village.

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Nous nous dirigeons vers l’un des lieux emblématiques d’Atuona…

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… « le cimetière du Calvaire » où reposent, à quelques pas l’un de l’autre, le peintre Paul Gauguin (1848-1903) 

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… et le chanteur Jacques Brel (1929-1978)

Les deux artistes ont laissé à Hiva Oa des souvenirs bien différents. J’ai déjà parlé dans un article précédent de l’héritage très controversé de Gauguin en Polynésie française – et aux Marquises en particulier, où, affaibli, malade, il a passé les dernières années de sa vie. Je laisse à d’autres le soin de juger de sa conduite. Il nous reste ses tableaux. Magnifiques.

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Vahiné no te tiare (Femme tahitienne avec une fleur) de Paul Gauguin, 1891.

La visite du petit musée qui lui est consacré, à côté de l’espace Brel, à Atuona, a été l’un des temps forts de notre séjour. Nous y avons passé, en arrivant, un long moment. Excellente chronologie des années mouvementées de voyage de Gauguin. On peut aussi admirer, au calme, des dizaines de reproductions de son oeuvre. Une visite incontournable.

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« La maison du jouir » de Paul Gaugin, à Atuona, a été restaurée et est située dans le village à son emplacement d’origine.

Jacques Brel, de son côté, séduit rapidement les habitants d’Atuona lorsqu’il débarque sur son voilier, en 1975. Maddy, sa compagne, d’origine guadeloupéenne, est du voyage.

Très vite, Brel s’intègre à la vie du village et multiplie les initiatives. Il fait venir d’Europe des caisses de livres et monte une bibliothèque pour les enfants d’Atuona. Il lance une salle de cinéma. Vend son voilier et prend des cours de pilotage. Il achète un avion. Livre le courrier vers des îles lointaines, aux Marquises. Il rapatrie même vers les hôpitaux des femmes malades ou enceintes.

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Jacques Brel

Malheureusement, Brel est atteint « d’une grippe qui ne soigne pas. » Il s’éteint, en France, en 1978.

Un bel espace, dans un immense hangar, lui est dédié. On peut y voir son avion, restauré, le Jojo. Un haut-parleur diffuse ses plus belles chansons, y compris l’une de mes préférées ici.

Comment peut-on – entre les tableaux de Gauguin et les chansons de Brel – mieux commencer une journée?

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L’une des principales voies d’entrée à Atuona, en venant (par la route) de Taaoa. Aucun risque d’embouteillage ici.

Après deux mois de voyage, il faut se résoudre à rentrer!

Avant de terminer cette série d’articles, je tenais à partager quelques-uns des visages et des lieux qui ont particulièrement marqué notre séjour en Polynésie. Les voici, en ordre chronologique.

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Au marché de Papeete, le dimanche 13 novembre. Il existe en Polynésie française une très importante communauté chinoise. Fortement intégrée, elle rayonne dans le commerce et le milieu des affaires. La communauté descend en majorité des ouvriers venus travailler dès 1860 dans les plantations de coton du territoire.

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« Sam », photographié au-dessus du belvédère Toatea, à Moorea, le jeudi 17 novembre – Photo: Diana

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Giovanni, chauffeur de taxi et musicien, à l’aéroport de Raiatea, le mardi 29 novembre. Photo: Diana

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Herenui, Hinanui et Evens, à notre pension, le jour de notre départ de Maupiti, le mardi 6 décembre. Beaucoup d’émotions ce jour-là. Photo: Diana.

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Réveil à Bora Bora, le mercredi 7 décembre. La photo a été prise vers 6 heures du matin, à deux pas de notre modeste pension, à la pointe Matira.

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En route, quelques heures plus tard, pour l’aéroport de Bora Bora.

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Marguerite et son mari Christian tiennent dans le quartier Paofai à Papeete le restaurant « Le Phénix d’Or ». Leur établissement est vite devenu notre cantine là-bas le midi. Excellente cuisine cantonaise. 

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En compagnie de Mario, le père de Christian (photo précédente). Mario est né à Tahiti. Tout comme son père. Mario et moi avons exactement le même âge. Papeete, le jeudi 15 décembre.

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Jessica qui nous a si gentiment invités à partager avec elle et ses amis à Taiohae (Nuku Hiva) le repas de Noël.

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Portrait de famille, le dimanche 25 décembre, à la sortie de la messe de Noël

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à la cathédrale Notre-Dame-des-Îles-Marquises, à Nuku Hiva.

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Patrick, jardinier, menuisier, chauffeur et homme à tout faire à Atuona, le mardi 27 décembre. Éloignés des services disponibles dans les centres urbains (Papeete/Moorea), les « îliens » sont extrêmement polyvalents – et fiers de vivre une existence basée sur leur auto-suffisance. Nous avons été conquis. Photo: Diana 

Trois dernières remarques. (Il pourrait y en avoir plusieurs autres tant nous avons écouté et appris ici)

#1 – Lorsqu’on demande à un(e) Polynésien(ne) (hors Papeete) où il/elle aimerait partir en voyage, la réponse, surprenante, a été presque partout la même. Ce n’est pas de Rome, Paris ou New York dont ils rêvent. La plupart des Polynésiens souhaitent plutôt visiter, chez eux, l’un des archipels qu’ils ne connaissent pas – les Marquises ou les Tuamotu sont souvent mentionnées.

#2 – Pour les familles polynésiennes, le weekend idéal est souvent un séjour dans leur « plantation », un lopin de terre qu’ils possèdent ou louent à l’intérieur des terres. À défaut, ils prennent une tente et vont camper au bord d’une plage lointaine. Ou ils vont à la pêche. Dans les trois cas, l’objectif est le même: se rapprocher de la nature et vivre en famille en communion avec elle.

#3 – Tout le monde aux Marquises et sur les îles (hors Papeete/Moorea) se connait! Lorsqu’à Taiohae (Nuku Hiva) je montrais les photos d’une excursion réalisée à l’autre bout de l’île, on me répondait, invariablement, « Oui, je le connais, il s’appelle…« . « Celui-là aussi, c’est mon oncle (ou cousin), il s’appelle… » J’ai rarement vu un peuple aussi soudé. Cohésion qui saute aux yeux lors des  messes dominicales. La ferveur des assemblées – les chorales sont accompagnées de tambours, d’ukélélés, de guitares – est prodigieuse.

Un autre exemple? Les tables où sont entreposés les produits, au marché de Nuku Hiva, ne sont pas surveillées. Elles appartiennent aux familles de la communauté. Chacun va et prend ce dont il a besoin. On se dirige ensuite vers une autre table où quelqu’un note sur un registre les produits achetés et de quelle table ils proviennent. Le revenu de la vente est ensuite acheminé à la famille concernée.

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Forêt de cocotiers à l’extérieur du village de Puamau, le lundi 2 janvier.

Le dernier mot est pour Diana.

Diana qui m’a si vaillamment accompagné pendant ces deux mois! Diana qui a bravé les lézards, les moustiques, la chaleur, l’humidité et nos multiples (16) sauts de puce en avion depuis la mi-novembre!

Ce voyage aurait été bien différent si je ne l’avais pas eue à mes côtés!

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En compagnie de Mahi, à notre pension, à Atuona, le vendredi 30 décembre.

Lilly

et avec Lilly, le jour de notre départ d’Hiva Oa

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Dernière rencontre à l’aéroport d’Hiva Oa avec Joëlle Frébault, la mairesse d’Atuona, en route elle aussi pour Papeete, le mercredi 4 janvier.

En quittant la Polynésie, je ne peux m’empêcher de penser à mon pays d’origine – Haïti – où l’on pouvait aussi, autrefois, au bord de la mer, en français et en créole, profiter de la même douceur de vivre.

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Devant la plage de Taaoa, le mardi 27 décembre

Nous avons réalisé en Polynésie notre plus beau voyage!

Nous avions souvent entendu dire en planifiant cette aventure que les Polynésiens étaient le peuple le plus chaleureux, le plus accueillant de la terre. Et c’est si vrai!

Où d’autre, hors Polynésie, reçoit-on un collier de fleurs ou de coquillages en arrivant à destination?

Et un second collier au moment du départ!

Où d’autre les gens se tutoient-ils dès la première rencontre, dès le premier regard?

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Tepua, rencontrée le mercredi 28 décembre à Hapatoni, sur l’île de Tahuata

Tout cela va beaucoup, beaucoup nous manquer!

Mais nous savons déjà que nous reviendrons!

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Petite maison à l’extérieur du village de Taaoa

Après plusieurs heures de voyage, une nuit en transit à San Francisco, nous sommes maintenant de retour à la maison.

Un grand changement est en cours dans notre quartier, Mount Pleasant. Notre rue va être en 2023/24 complètement transformée, métamorphosée, en voie verte et piste cyclable. Plus aucune automobile ne circulera devant nos fenêtres.

Le bonheur absolu. Bon début d’année à tous!

Nuku Hiva – Noël aux Marquises

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Aperçu de la baie du village de Taiohae, le mardi 20 décembre au petit matin. Le village est situé au sud de l’île de Nuku Hiva, dans l’archipel des Marquises. Taiohae est la principale commune de l’île et compte environ 2 000 habitants.

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Pêcheurs et marchands s’affairent au « petit quai » de Taiohae, vers 6h du matin…

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… le mercredi 21 décembre

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… pendant qu’Allan, à deux pas, vend au marché matinal du « petit quai » fruits et légumes provenant de la plantation familiale

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Match amical de volleyball au bord de la baie de Taiohae, le dimanche 18 décembre, en fin d’après-midi

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Situées à 1500 kms au nord-est de Tahiti, l’archipel des Marquises se compose de 12 îles, dont seulement 6 sont habitées. Soulignée en rouge, l’île de Nuku Hiva, la plus grande et la plus peuplée (environ 3000 habitants) de l’archipel. Au sud, l’île de Hiva Oa qui sera, entre le 26 décembre et le 4 janvier, la dernière étape de notre voyage de deux mois en Polynésie française.

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Nuku Hiva est après Tahiti l’île la plus vaste de la Polynésie française. Soulignés en vert, quelques-uns des lieux visités pendant notre séjour. De l’aéroport, situé au nord-ouest de l’île, il faut compter une bonne heure trente de route pour rejoindre Taiohae.

Après cinq semaines passées aux îles de la Société et dans l’archipel des Tuamotu, quel changement complet de décor et d’atmosphère en arrivant aux Marquises!

Presque tout est différent ici. Le climat, plus chaud et sec. La langue, on parle dans l’archipel le Marquisien. La faune. La flore. L’artisanat. Même le fuseau horaire diffère. Lorsqu’il est midi à Tahiti, il est midi trente à Nuku Hiva.

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Comité d’accueil inattendu à notre arrivée à l’aéroport de Nuku Hiva, le vendredi 16 décembre…

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« Matiki » (c’est son surnom) surgit entre deux voitures garées sur l’aire de stationnement de l’aéroport… et nous souhaite la bienvenue (« Mave Mai »!) à Nuku Hiva! « Kaoha » (merci, en marquisien), Matiki!

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Communiqué affiché devant le magasin Larson à Taiohae

« Il n’a pas plu ici depuis deux mois », nous annonce Jérôme dans la petite camionnette qui nous emmène le 16 décembre de l’aéroport vers notre pension, à Taiohae, tout au sud de l’île.

Nous sommes six à bord, descendus quelques minutes plus tôt du vol d’Air Tahiti qui relie tôt le matin Papeete à Nuku Hiva (3h15 de vol).

Il est 10h30. Il fait déjà près de 30 degrés.

Jérôme, la trentaine, est enseignant et directeur d’une école primaire à Taiohae. Il revient d’une formation de trois jours à Papeete. Il est heureux et « fier » d’être de retour « sur son île » qu’il connaît comme sa poche. Son père, Justin, est au volant.

Dans la camionnette, Jérôme partage généreusement informations et opinions sur les îles de l’archipel. Qu’il a pratiquement toutes visitées. Encore un peu étourdis par le voyage, nous l’écoutons attentivement.

Il nous parle d’abord de Gauguin (décédé à Hiva Oa). « On ne l’aime pas beaucoup aux Marquises, à cause de ses positions anticléricales. Les églises ici jouent un rôle important dans la communauté. On les respecte. »

Jérôme nous parle ensuite du drame des familles marquisiennes qui voient s’éloigner leurs enfants après la classe de Troisième (Grade 9) au collège. Il n’y a dans l’archipel qu’un ou deux lycées agricoles ou techniques. Pour poursuivre leurs études, pour décrocher un Bac scientifique ou littéraire, les élèves doivent aller à Papeete. Où ils sont, pendant trois longues années (hors vacances scolaires), privés de leurs familles.

Les déplacements et les frais d’internat à Tahiti sont pris en charge par le gouvernement. Chaque étudiant a droit pendant sa scolarité au lycée à deux allers-retours par an (à Noël et en juillet) entre Tahiti et son île de résidence aux Marquises.

(Le même dispositif est en place pour les étudiants vivant aux Îles Sous-le Vent ou dans les Tuamotu. Dans les deux cas, les élèves ont toutefois le choix de poursuivre leur scolarité dans un lycée à Raiatea ou à Papeete.)

A mes côtés dans la camionnette, un autre résident de l’île, Philippe, originaire de Levallois-Perret, en région parisienne. Philippe travaille « dans la Santé » et habite Nuku Hiva depuis 28 ans. Il ne se voit plus vivre ailleurs. « C’est chez moi ici maintenant. »

A l’extérieur, sous un grand ciel bleu, des montagnes majestueuses, arides, surplombent une piste étroite, récemment goudronnée. Peu de véhicules sur la route.

Entre deux virages, on aperçoit, au bord du chemin, un troupeau de chevaux en semi-liberté…

« Mave Mai » à Nuku Hiva!

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Chevaux galopant au bord la route à Nuku Hiva

Il nous faudra plus d’une heure et demie pour rejoindre notre pension, à Taiohae.

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Notre pension, côté montagne… (notre chambre est en haut, à droite)

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… et côté océan avec, du balcon, une vue sur la baie de Taoihae. La plage est à cent mètres.

À première vue – pour ceux qui connaissent le village de Masset, situé au nord de l’île Graham, dans l’archipel Haïda Gwaïï, au large de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique – Taoihae a quelque chose de familier.

Mêmes plages de sable noir. Même atmosphère languide dans les rues. Même sentiment d’être ici au bout du monde. Mêmes visages surtout, des anciens, marqués par une histoire douloureuse.

Ce qui s’est passé ici doit être rappelé.

Dès l’annexation de l’archipel par les autorités françaises en 1842, la culture marquisienne est rapidement marginalisée, dévalorisée.

La langue marquisienne est interdite. Par les missionnaires catholiques d’abord puis par l’administration coloniale. Très vite, les danses, les chants traditionnels, les tatouages sont à leur tour interdits dans l’archipel. Toute la culture d’un peuple périclite, dépérit.

Les étrangers amènent également avec eux les maladies, l’alcool, la syphilis, les armes à feu. La population est anéantie. Avant l’arrivée des européens aux Marquises, on estime la population de l’archipel à entre 80 000 et 100 000 habitants. Ils ne sont plus que 18 000 en 1842, 5 246 au recensement de 1887 et seulement 2 080 en 1926. Une hécatombe.

Heureusement, le vent, bientôt, tourne. Depuis une cinquantaine d’années, aidés par une forte natalité, les Marquisiens se sont peu à peu réappropriés leur langue et leur culture. Le Marquisien est maintenant enseigné à l’école, diffusé dans les médias, parlé dans les commerces. L’art marquisien (tatouages, sculptures, chants, danses) est aujourd’hui en plein essor. Tous les quatre ans a lieu sur l’une des îles de l’archipel un grand festival des Arts.

Le long bec de l’espadon (le rostre) a été travaillé, sculpté et transformé en une oeuvre d’art qui fait écho aux couteaux traditionnels servant aux Marquises à égorger les cochons.

Réveil à l’aube le mardi 20 décembre…

afin d’assister au « grand quai » de Nuku Hiva à l’arrivée du mythique cargo-mixte Aranui 5

… un navire de ravitaillement qui dessert deux fois par mois les Marquises. Le navire est aussi un bateau de croisière qui peut accueillir plus de 200 passagers

… passagers qui sont vite pris en charge lors de leur courte escale à Nuku Hiva…

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… par une organisation réglée comme du papier à musique! Après une cérémonie de bienvenue sur le quai, les passagers…

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… sont répartis en deux groupes – francophones d’un côté, anglophones et germanophones de l’autre – et s’engouffrent dans des camionnettes qui vont leur faire en quelques heures « découvrir » Niku Hiva…

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sous la houlette de guides expérimentés comme Leyton, ci-dessus, Marquisien né à Hiva Oa. Les passagers seront de retour sur le navire dans l’après-midi, avant l’appareillage, en soirée…   

C’est une façon bien particulière de voyager. Ce n’est pas la nôtre. Quels contacts véritables les passagers de l’Aranui V auront-ils, en quelques heures, avec la population?

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Petite randonnée de 90 minutes au-dessus de Taiohae en direction de « la baie Colette », le mercredi 21 décembre

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où nous partageons la plage avec une famille et quelques nageurs, dans une mer toujours agitée dans cette partie de l’île. Une légende dit qu’une goélette – Le Colette – s’est abîmé autrefois ici. D’où le nom de la baie.

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Retour matinal au « petit quai » de Taiohae, le vendredi 22 décembre. Pour info, le thon rouge ci-dessous, fraîchement pêché se vend 600 CFP (5 euros) le kilo à Nuku Hiva. Le même poisson se vendra 2 000 CFP (16 euros) à Papeete.

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Isabelle et Tevaea ont été toutes les deux aux petits soins pour nous pendant notre séjour à Nuku Hiva. « Vaie Nui » (Merci beaucoup!)

Tonata, 3 enfants

Merci aussi infiniment à Tonata! Nous n’oublierons pas votre gentillesse, toutes les trois!

En compagnie de Kelly, notre guide, née à Taiohae, et de deux jeunes femmes, logées à notre pension, grande excursion le vendredi 23 décembre autour de Niku Hiva. Objectif: la visite des « trois vallées » situées sur la côte est de l’ile: la vallée de Taipivai, la vallée de Hatiheu et la vallée Aakapa, cette dernière sise non loin de l’aéroport. (SVP voir la carte plus haut)

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Au-dessus de Taoihae le vendredi 23 décembre. Notre guide, Kelly, est en vert, sur la droite.

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Troupeau de chevaux semi-sauvages sur la route entre Taiohae et Hatiheu

Après une heure de route, au milieu de paysages spectaculaires, nous arrivons sur une crête qui surplombe le village de Hatiheu (200 habitants)

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La baie de Hatiheu, le vendredi 23 décembre

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et nous plongeons ensuite jusqu’à la petite plage qui borde le village. J’ai l’impression d’être de retour sur la côte sud d’Haïti!

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Partout, à Hatiheu, sourires et « kaoha » nous accompagnent!

Passage obligé à Hatiheu par le restaurant « Chez Yvonne » où nous nous régalons… 

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Menu du jour « Chez Yvonne » à Hatiheu

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Poisson cru accompagné de « uru » (arbre à pain) et de manioc

Nous quittons Nuku Hiva lundi matin pour Hiva Oa. Un vol d’une quarantaine de minutes.

Il nous sera difficile de quitter cette belle et grande île sauvage des Marquises!

Les gens ici comme partout où nous sommes passés en Polynésie ont été si accueillants!

Vaie Nui! Vaie Nui! (Merci! Merci!)

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Jeune cavalier rencontré sur la route de Hooumi, dans la vallée Taipivai, le vendredi 23 décembre

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Quelques minutes plus tôt au bord de la plage du village de Hooumi, à la pointe sud-est de Nuku Hiva

Notre voyage en Polynésie française malheureusement tire à sa fin.

Faut-il déjà rentrer?

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Partie de pétanque au bord de la plage, à Taiohae, le dimanche 18 décembre.

Avant de quitter Nuku Hiva, nous sommes allés tôt ce matin, samedi 24 décembre, faire un dernier tour au « petit quai » de Taiohae.

Nous vous laissons avec quelques images de ce village paisible des Marquises où tout le monde se connaît. Et où chacun oeuvre, semble-t-il, sereinement, au bien-être de la communauté. 

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Esther, Jean-Gendron et Joseph à la table du petit marché du samedi de Taiohae, ce matin, 24 décembre

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Le samedi matin, dès l’aube, le « petit quai » 

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de Taiohae est particulièrement

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animé. Tout le village se donne rendez-vous autour des étals où l’on découpe et vend le poisson.

JOYEUX NOËL À TOUS!

Jours tranquilles à Tikehau

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Rencontre avec Manihinini, jardinant devant sa maison, près du village de Tuherahera, sur l’île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu, le vendredi 9 décembre. Manihinini est née à Tikehau…   

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… tout comme Ahfou, 69 ans, qui reçoit chaleureusement ses clients, quelques centaines de mètres plus loin, dans son petit magasin du village

Après avoir couru d’île en île pendant un mois, nous nous sommes posés cette semaine au bord d’une petite plage tranquille sur l’île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu – « les îles basses, à fleur d’eau » en tahitien. 

Cela nous a fait beaucoup de bien de souffler un peu!

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La plage de notre pension, le jour de notre arrivée, le mercredi 7 décembre. Beau temps toute la semaine (sauf dimanche/lundi) à Tikehau!

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Fin de souper à la pension le samedi 10 décembre en compagnie d’un couple tahitien, accompagné de leurs deux enfants. Le couple (fonctionnaires tous les deux) vit sur la presqu’île, à Tahiti. À l’arrière-plan, les propriétaires de la pension. Une belle soirée d’échanges.

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Tikehau (flèche orange) est située au nord de l’archipel des Tuamotu. L’archipel compte 76 îles, basses, coralliennes. Une dizaine de ces îles seulement sont inhabitées. À vol d’oiseau, Tikehau est à environ 300 kilomètres de Papeete.

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Tikehau est composée d’une couronne de motus (atolls) inhabités pour la plupart. Au centre, un immense lagon, d’environ 26 kms de diamètre. Le village principal, Tuherahera, est situé sur le motu du même nom, tout au sud de la couronne. Environ 575 habitants vivent à Tikehau. 

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Le motu Tuherahera regroupe à Tikehau la majorité des commerces et des pensions, y compris la nôtre (trait orange). D’un côté, le lagon (eau turquoise), de l’autre, l’océan. L’île vit principalement du tourisme, de la pêche et du coprah.

Le motu Tuherahera – 6 kilomètres de long, un de large – est une étroite bande de terre perdue dans le Pacifique. Sur cet atoll aride, on retrouve (en plus des forêts de cocotiers) l’aéroport, le port, la mairie, l’école (76 élèves, au primaire), la poste, un comptoir d’Air Tahiti, deux petits magasins et une boulangerie. Ces commerces fournissent aux résidents le strict nécessaire.

Un bateau – le Dory – vient une fois la semaine, le mardi, de Papeete, approvisionner l’île en produits frais: fruits, légumes, viandes. Le Dory livre aussi ici la marchandise et le fret nécessaires aux habitants: appareils électro-ménagers, pièces détachées pour les véhicules, etc…

En plus du Dory, une goélette, en provenance de Tahiti, le Mareva Nui, fait escale tous les quinze jours afin de livrer vivres et provisions. Le Mareva Nui ravitaille pendant son parcours une demi-douzaine d’autres îles dans les Tuamotu. Ces deux navires sont ici des liens essentiels avec l’extérieur.   

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Vue partielle du port de Tikehau. Sur la gauche, l’excellent « snack Ohina. »

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Deux visages de Tikehau. Ci-dessus, exploration en vélo d’une des pistes du motu Tuherahera et, ci-dessous…

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Le « centre-ville » de Tuherahera. À gauche, l’un des deux magasins du village. Sur la droite, l’une des deux routes goudronnées qui traverse le motu.

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À l’intérieur, Tuane veille au bon fonctionnement du magasin. Comme des milliers de Polynésiens, la famille de Tuane a de profondes racines chinoises.

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Des enfants jouent devant une maison du village de Tuherahera. Les vacances ont déjà commencé ici. L’école reprend le 9 janvier. Élèves et enseignants ont un mois de vacances pour la Noël!

Notre pension est située à un kilomètre à l’est du village sur un immense terrain arboré sur lequel sont nichés sept ou huit bungalows 

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Aperçu du jardin de notre pension

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La terrasse de notre petit bungalow. À l’arrière-plan, à quelques mètres, la mer. Le village est à dix minutes en vélo 

Notre logis, propre, ensoleillé, doté d’une jolie terrasse, d’un frigidaire, d’un ventilateur, d’une salle de bains, est modeste. Très modeste. C’est sans doute le logement le plus simple depuis le début de notre voyage. Mais le bungalow nous convient parfaitement. La plage est à trente mètres. Pour y parvenir…

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Quelques pas dans le sable chaud et blanc de la cour de la pension…

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Et nous y sommes – en trente secondes!

Nous sommes ici en demi-pension. La nourriture – poisson, légumes, crudités – est excellente. Que demander de plus?

Comme à Huahine, un élément complètement inattendu nous attend ici!

Un élément que nous avons dû vite incorporer dans nos multiples baignades quotidiennes

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Trois ou quatre petits requins à pointes noires (voir ci-dessus) fréquentent notre plage!! Ces requins, inoffensifs, vivent dans les eaux côtières peu profondes et se nourrissent de minuscules poissons. Ils ne représentent aucun danger – sauf s’ils sont excités par de la nourriture. Nous voilà avertis! Photo: Igor – avec mes remerciements.

Quelle surprise de voir et de nager près de ces petits requins!

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Salade composée et sashimi de thon, snack Ohina, près du port de Tikehau, le lundi 12 décembre.

Nous avons vraiment ralenti à Tikehau. Pris le temps de goûter à la douceur de vivre dans cette petite île magnifique.

Une autre merveille après Maupiti.

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À quelques centaines de mètres de notre pension, le motu Tuherahera, le jeudi 8 décembre.

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Diana en conversation en tout début de soirée sur une plage près de notre pension, le dimanche 11 décembre

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Le motu Tuherahera, côté océan, le samedi 10 décembre

Nous avons pris le temps ici aussi de bavarder avec les clients et les employés de la pension.  

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Conversation à la pension avec « Tata », très intéressée par l’élaboration et la mise en page de ce blog de voyages. Photo: Diana

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Soirée musicale à la pension, le dimanche 11 décembre. À la guitare, Andrew, 16 ans. Photo: Diana

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Suzanne, née à Tikehau, est revenue sur l’île pour sa retraite après de longues années passées à Papeete.

Tout n’est pas rose cependant en Polynésie française!

Par exemple, lorsqu’on regarde attentivement les habitants de ces îles lointaines

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Augustine est venue en vélo faire quelques courses dans l’un des magasins de Tuherahera, le samedi 10 décembre

La vie quotidienne, souvent sédentaire, et l’alimentation surtout, font parfois sourciller.

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Une demie-douzaine de bouteilles de soda remplissent le carton de ce client dans une boutique de Tuherahera    

L’espérance de vie en Polynésie française est de 74 ans chez les hommes et de 79 ans chez les femmes (chiffres de 2020). À titre de comparaison, cette même espérance de vie est, en métropole (en France), de 79 ans pour les hommes (+5) et de 85 ans pour les femmes (+6). Une différence substantielle.

Comment expliquer cette différence?

En partie par le nombre élevé de maladies cardiovasculaires et les cas de diabète, deux pathologies très fréquentes ici.  

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Devant leur petit magasin, l’épouse d’Ahfou, Repeta, née aux Îles australes

Surprise dimanche matin alors que nous assistons à la messe dans la petite église du village.

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Messe célébrée entièrement en tahitien… où nous retrouvons au premier rang, en chemise blanche, sur la gauche, de dos, Ahfou…

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…et Manihinini (à gauche) qui officie lors de la célébration… 

Cette semaine près de la plage à Tikehau nous a fait le plus grand bien.

Ces six jours de farniente ont été programmés à point – à mi-parcours de notre périple.

Ce genre de pause est essentiel au cours d’un voyage de deux mois.

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La plage ensoleillée de notre pension de famille, le samedi 10 décembre

Nous repartons demain pour Papeete, où nous resterons deux jours, le mercredi 14 et le jeudi 15 décembre.

Nouveau départ très tôt, à 5h15, vendredi matin, le 16 décembre pour les Marquises.

Nous y séjournerons trois semaines, à deux jours près.

Du 16 au 26 décembre = l’île de Nuku Hiva

Du 26 décembre au 4 janvier = l’île de Hiva Oa

Les Marquises sont à 1500 kilomètres au nord-est de Tahiti et à plus de 3 heures d’avion de Papeete. 

Un autre monde nous attend là-bas!

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Confection de colliers à notre pension avec Judith, le lundi 12 décembre

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Le beau temps est revenu sur Tikehau, le mardi 13 décembre!

On vous embrasse de Tikehau!

Joyeuses Fêtes à Tous!

 

 

 

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Diana en vélo sur l’île de Maupiti, le jeudi 1er décembre, revenant d’une baignade…

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… à la plage Tereia située à la pointe sud-ouest de l’île, plage où nous sommes allés pratiquement tous les jours nager…

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et déguster aussi le midi du poisson grillé au snack « Chez Mimi », situé au coeur d’une petite oasis à quelques mètres du rivage!  

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L’île de Maupiti, couronnée de cinq motus (atolls), est située au centre d’un vaste lagon. Un bateau relie en 15mns l’aéroport (établi sur le motu Tuanai) au petit port de Vaiea, le village principal de l’île, sur la côte est. Notre pension (trait rouge) est située sur la côte sud, à 10 mns en vélo de la plage Tereia (pointe ouest). Une route goudronnée d’environ 8 kms suit le pourtour de l’île. Route que nous avons bien sûr parcourue cette semaine plusieurs fois en vélo.

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L’arrivée à Maupiti est spectaculaire. L’avion se pose sur une toute petite piste posée sur un motu de sable blanc. Ci-dessus, l’entrée principale des passagers débarquant à l’aéroport…

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Courte balade sur la plage du motu en attendant les bagages…

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et sortie de l’aéroport vers un petit bateau qui conduira les passagers vers Vaiea 

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Bienvenue à Maupiti!

Comme prévu, la propriétaire de notre pension de famille nous attend au quai du port de Vaiea et nous emmène en bavardant à notre hébergement. Durée du trajet: 5 minutes.

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Notre pension de famille pour la semaine, entre mer et montagne, en demi-pension. Une grande chambre confortable, une salle de bains (eau chaude), une belle terrasse et, devant nous, au-delà de la pelouse, toute la journée…

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l’océan, le long ponton de la pension et quelques buissons verdoyants où deux jeunes femmes, Hinanui et Herenui, viennent cueillir tôt le matin les fleurs blanches et odorantes de tiare avec lesquelles elles fabriqueront…

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… plus tard dans la journée des colliers – Photo: Diana

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Longues conversations à notre pension avec Marilyn en déplacement cette semaine à Maupiti où elle coordonne des projets de micro-crédit. Marilyn a étudié à Montpellier et vit avec sa famille à Raiatea. – Photo: Diana

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Embouteillage monstre le vendredi 2 décembre sur l’unique route qui fait le tour de l’île de Maupiti. 

Nous aurions facilement pu rester beaucoup plus longtemps que sept jours sur l’île de Maupiti!

Deux, trois, quatre semaines, voire plus, cela ne nous aurait vraiment causé aucun souci!

En fait, nous avons vite perdu en arrivant ici toute notion du temps.

Entre les baignades quotidiennes, nos randonnées à pied ou à vélo, les conversations avec les clients de notre pension et les résidents de l’île, nous n’avons tout simplement pas vu le temps passer.

De toutes façons, les montres, les horloges sont rares à Maupiti!

Les journées ici sont plutôt ponctuées par le chant des coqs. Par la couleur du ciel et de la mer. L’éclat du soleil. Par la force du vent qui annonce la houle ou la pluie à venir.

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Joueurs de pétanque à l’entrée du village de Vaiea, le mercredi 30 novembre

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Un résident de Maupiti dans son jardin, un peu plus tôt le même jour

Nous avons tellement appris ici!

Sur la côte nord de Maupiti, le dimanche 4 décembre. Nous avons eu toute la semaine un temps splendide!

Maupiti est une île de pêcheurs, une île sauvage où vivent environ 1300 habitants. C’est peu. Les liens qui unissent les membres de la communauté sont ici très forts. Tout le monde se connaît. Et est un peu cousin, oncle ou tante d’un voisin ou de quelqu’un d’autre. Dès notre arrivée, le sentiment que la confiance, partout, règne entre les résidents.

Quelques exemples? Nous n’avons eu cette semaine aucune clé pour fermer la porte de notre chambre ou pour le portail de la pension. Pas de clés non plus ni de cadenas pour nos vélos.

Nous avons, presque les yeux fermés, laissé nos sacs sur la plage. Nous n’avons eu aucun pépin. Lors de nos déplacements à pied, souvent, une voiture ou un camion s’arrête. Le chauffeur gentiment nous demande si nous souhaitons poursuivre la route avec lui.

Sur la route encore, un riverain cueille dans son jardin des mangues ou des bananes. Il nous en offre avec le sourire alors que nous passons. Nous causons, au bord de la route.

Où d’autre les voyageurs peuvent-ils vivre une telle expérience?

Il n’y a que trois ou quatre petits magasins sur l’île qui vendent des produits de première nécessité. Aucune grande surface comme à Moorea ou Huahine. Aucune banque. Pas de transport en commun. Un tout petit marché, deux fois par semaine.

On se débrouille comme on peut. On échange des produits de son jardin. Ou des services. On est souvent à Maupiti à la fois pêcheur, chauffeur, jardinier, cuisinier, gardien d’enfants. Les habitants de l’île sont extrêmement polyvalents.

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Petit déjeuner à notre pension de famille avec Steeve, 34 ans, technicien médical, en mission pour quelques jours à Maupiti. Steeve a 3 enfants et est basé avec sa jeune famille à Raiatea.

Lors d’une longue conversation un matin, Steeve, notre voisin à la pension, nous confirme que pour la majorité des « îliens » – les Polynésiens qui vivent hors Tahiti et Moorea – avoir un revenu ou un salaire fixe tous les mois est loin d’être un objectif, un rêve ou une priorité.

Ce qui compte avant tout dans ces chapelets d’îles, nous dit-il, c’est l’auto-suffisance. Pouvoir pêcher et nourrir sa famille. Cultiver son jardin, récolter ses propres fruits et légumes. Vivre près de la nature. 

Enota, 52 ans, devant sa maison, sur la côte ouest de l’île Maupiti où il est né. Enota a cinq enfants et travaille dans la production de coprah. Sur le coprah, SVP voir plus bas.

Cette quête d’auto-suffisance, d’indépendance va encore plus loin à Maupiti. Il n’y a sur l’île aucun hôtel. Uniquement des pensions de famille, une trentaine. 

En 2004 les habitants de Maupiti se sont prononcés par référendum (à plus de 80%) contre la construction d’hôtels sur leur territoire.

Je reproduis ci-dessous un article, publié en 2014, qui permettra de situer le contexte sur l’île, à ce moment-là.

« La mairie d’une commune de Maupiti reçoit en 2004 la proposition d’une chaîne hôtelière internationale d’ouvrir sur l’île une prestigieuse adresse, pieds dans un lagon de paradis. Mais on ne trouble pas ainsi l’avenir d’un millier d’âmes. Débats, réunions… Tout le monde à Maupiti a pris la parole. Alors, le maire a décidé de faire un référendum. Les promesses de millions d’euros investis, de dizaines d’emplois garantis, le développement de l’économie locale (…), la contribution aux impôts locaux, le rayonnement international… Rien n’y a fait. Les habitants ont refusé à plus de 80% la construction de l’hôtel. »

Nous avons bien sûr demandé aux habitants pendant notre séjour si le résultat aurait été aujourd’hui, 18 ans plus tard, le même.

La réponse a été, partout, unanime. « Oui, absolument. Nous ne voulons toujours pas d’hôtels ici ».

Nicole, gère avec son mari depuis 2004 l’unique et excellent restaurant de Maupiti, le Tarona. Au menu, plats tahitiens, poisson cru, grillé ou mets asiatiques

Chow Mein aux légumes, restaurant Tarona, le vendredi 2 décembre

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La plage Tereia, samedi matin, 3 décembre.

Après toutes ces conversations, nous décidons un matin de tenter en solo la grande traversée du lagon! 

Objectif: aller de la plage Tereia jusqu’au motu Auira. Une distance d’environ 250 mètres. (SVP voir la carte plus haut, côté sud-ouest de l’île)

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Traversée du lagon, le samedi 3 décembre. À l’arrière-plan, à environ 50 mètres, le motu Auira. Nous avons eu à un moment de l’eau jusqu’au nombril! Nous avons aussi aperçu dans l’eau claire du lagon une grande raie.

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Après 20 minutes de traversée – mission réussie! – nous arrivons de l’autre côté du lagon, sur le motu Auira! Il n’y a pas un chat sur la longue plage de sable blanc. Une autre splendide journée dans les Îles Sous-le-Vent! La saison des pluies nous a complètement oubliés depuis Huahine. Une trentaine de minutes plus tard, nous reprenons le chemin du retour et nous retraversons le lagon dans l’autre sens. 

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Conversation sur la route de ceinture de Maupiti, le jeudi 1er décembre

L’eau n’est malheureusement pas potable à Maupiti!

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Tous les kilomètres environ on retrouve sur le pourtour de l’île des fontaines d’eau potable installées par la commune. Nous nous y sommes régulièrement approvisionnés.

Nous rencontrons un matin, près de la plage, un homme encore jeune qui esquisse dans son jardin des grands pas de danse.

Il est heureux, en pleine forme! Nous nous approchons.

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Barsanas célèbre ce matin-là son 34è anniversaire! 

Barsanas nous apprend qu’il travaille à Maupiti dans la production du coprah. Avec le tourisme et la pêche, le coprah est l’une des principales ressources de l’île.

Devant un petit monticule de noix de cocos qui sèchent au soleil devant son domicile, Barsanas nous explique très gentiment, en quelques mots, les différentes étapes de production du coprah.

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Barsanas devant le four artisanal au toît de tôle où va sécher la pulpe de la noix de coco

 La noix de coco, nous dit-il, est d’abord récoltée, mûre. On extrait ensuite à l’intérieur la pulpe blanche (« le puha« , en tahitien) que l’on fait sécher au soleil pendant plusieurs jours. La pulpe séchée est ensuite expédiée par bateau sur l’île de Tahiti et sert à fabriquer de l’huile de coco.

Le prochain bateau accoste au quai de Maupiti le dimanche 18 décembre. Le travail va donc bientôt commencer.

Barsanas espère pouvoir produire d’ici le 18 décembre environ 80 sacs de « puha », de 25 kgs chacun. Le puha se vend, nous précise-t-il, à 140 CFP le kilo (environ 1€17).

Nous faisons rapidement le calcul. 80 sacs X 25 kgs = 2000 kilos X 140 CFP = 280 000 CFP soit environ 2345 euros ou CAN$3330. Une somme rondelette. Mais pour combien d’heures de travail?

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Deux jeunes femmes, employées par la commune de Vaiea, rencontrées le mercredi 30 novembre

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Messe célébrée hier en tahitien et en français à la paroisse Sainte Bernadette de Maupiti. Surprise, les officiants sont toutes des femmes. Et parmi les fidèles un homme, à gauche, porte une fleur de tiare à l’oreille. 

Ce ne sera pas facile de quitter Maupiti!

Un premier vol d’environ vingt minutes nous conduira demain jusqu’à Raietea. Après une courte escale, un second vol d’une vingtaine de minutes nous mènera jusqu’à l’île de Bora Bora où nous passerons la nuit, près de la plage Matira, à la pointe sud de l’île. 

Nous aurons juste le temps de nager un peu mercredi matin à Bora Bora avant de nous envoler en début d’après-midi (le 7 décembre) vers la petite île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu. Un trajet de deux heures depuis Bora Bora.

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Notre itinéraire du mardi 6 et du mercredi 7 décembre, entre Maupiti et l’île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu. Si l’on compte notre courte escale à Bora Bora, Tikehau sera déjà notre sixième halte en Polynésie…  

Maupiti a sans aucun doute été notre plus belle étape jusqu’à présent!

Nous avons beaucoup aimé la culture rebelle, indépendante de l’île. Son côté sauvage, indompté.

Nous avons apprécié ici aussi la gentillesse, l’exquise politesse des habitants. 

Envié le sentiment très fort que partagent les résidents de l’île de vivre ici – vraiment! – dans un petit coin de paradis.

Comme ils ont raison d’être fiers!

Maupiti est un bijou. Un modèle dont on devrait partout s’inspirer. 

Bonne fête de la Saint Nicolas!

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Au revoir Maupiti!

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Deux dames rentrent chez elles après avoir assisté à la messe à Vaiea dimanche matin.

Dernière baignade le matin de notre départ!

Il n’est pas encore 6h. Nous quittons la pension sur la pointe des pieds, nous enfourchons nos vélo… et dix minutes plus tard, nous sommes dans l’eau claire et fraîche de la mer…

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6h40 du matin à la plage Tereia, le mardi 6 décembre

Nous décidons ensuite de faire un dernier tour de l’île en vélo…

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7h30 du matin. Pendant que les enfants se dirigent vers leur école, dernière conversation de Diana avec une dame très digne, Christine, originaire de Bora Bora…

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qui jardine tranquillement

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devant sa maison…  Devons-nous vraiment partir? Au-revoir, Maupiti!

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Dernier déjeuner au restaurant Tarona le jour de notre départ de Maupiti, le mardi 6 décembre. Dans l’ordre habituel, Vetea, avec la casquette blanche, le propriétaire de notre pension, son ami Evans accompagné de son épouse et Hépoé, fonctionnaire polynésienne qui loge également à la pension. Quel séjour inoubliable! Merci mille fois à tous!

Huahine

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Départ pour Huahine, le mardi 22 novembre, un vol d’une trentaine de minutes depuis Moorea. À l’arrivée, à l’aéroport de Fare, une camionnette nous attend et nous conduira, en quelques minutes…

pension de famille

à notre pension de famille et à notre bungalow, simple, ensoleillé, entouré de verdure, situé à deux pas du village…

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… et à cent mètres de la plage municipale, ci-dessus. La plage est régulièrement fréquentée par les élèves du collège de Fare qui viennent pratiquer ici différents sports nautiques et, à notre grande surprise, des parties de water-polo. 

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Au bout de la plage, un paisible chemin mène

Quai

au village de Fare, la principale commune de l’île. En face du port ce jour-là, un navire de la marine française s’apprête à accoster. Après une baignade très matinale (autour de 5h30), nous avons pris l’habitude d’aller à la rencontre des riverains bavardant le matin près des boutiques du port 

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Eri et son épouse Thérèse font une pause à côté d’un casse-croûte du port de Fare. Il est 6 heures du matin. La plupart des commerces ouvrent à Huahine dès 5h ou 5h30. Un horaire qui me convient à merveille! 

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Huahine est formée de deux îles, Huahine Nui, la grande, au nord, et Huahine Iti, la petite, au sud. Elles sont reliées par un pont. Huahine a été l’une des dernières îles à se soumettre (en 1895) à l’annexation française. Il y a longtemps eu ici une farouche résistance à la colonisation. Huahine cultive depuis une fière indépendance. Le pourtour des deux îles fait (comme à Moorea) environ 60 kms. Parcourus en scooter cette semaine lors d’une superbe journée de randonnée!

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Rencontre à Huahine Iti, au sud du village de Parea.

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Tôt le matin, un aperçu de la cocoteraie située entre notre pension et la plage

On nous avait bien prévenus avant notre départ pour Huahine.

« Vous allez vite tomber sous le charme de cette île. C’est notre préférée en Polynésie. C’est une île fabuleuse! »

Plusieurs adjectifs élogieux suivaient ensuite.

Mais rien ne me préparait pour la surprise colossale qui m’attendait au début de ma seconde journée à Huahine.

En revenant de la plage, très tôt, le mercredi 23 novembre, je passe devant la cuisine de la pension pour demander où se trouve le robinet le plus proche afin de me laver les pieds, pleins de sable.

Une voix féminine me répond: « Vous avez un robinet juste à côté des escaliers de votre bungalow. »

Quelque chose dans cette voix m’interpelle. Je rentre dans la cuisine et j’aperçois un visage familier. Je n’en crois pas mes yeux. La femme devant moi est… Chantal Spitz! La célèbre écrivaine tahitienne. Dont j’ai un peu parlé dans un article précédent. Un des auteurs les plus connus de la Polynésie française. De la Francophonie.

Madame Spitz prépare tranquillement les tables pour le petit-déjeuner. Il n’est pas encore 6 heures du matin.

Elle m’explique que l’établissement appartient à son fils et qu’elle est venue l’aider. La pension accueille cette semaine plusieurs écrivains invités à participer au 6è Salon du livre de Huahine qui commence le matin même. Le Salon se termine samedi, le 26 novembre.

Très gentiment, madame Spitz nous invite à assister à l’inauguration du Salon qui a lieu à 8h30, à la Mairie de Huahine.

Quel incroyable concours de circonstances pour débuter notre séjour! Je n’en reviens pas! 

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En conversation avec l’écrivaine Chantal Spitz, à la table du petit déjeuner de notre pension, à Huahine, le mercredi 23 novembre. A gauche, en bleu, Myriam Malao, conteuse professionnelle de Vanuatu – Photo: Diana

L’inauguration du Salon est mémorable!

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Une classe de Quatrième (Grade 10) ouvre le Salon avec des chants traditionnels tahitiens. (L’enseignante, en bleu, est à droite.) Les élèves sont bientôt suivis par une troupe de danse de Fare

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composée de danseuses tahitiennes et originaires de la métropole

Le maire de la ville est présent, entouré de dignitaires et d’écrivains venus de toute la région du Pacifique. La Nouvelle-Calédonie, Hawaï, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Vanuatu et les archipels de la Polynésie française sont représentés. 

Je pense à ma ville d’adoption, Vancouver. Nous partageons, avec tous ces territoires, le même océan!

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Le maire de la commune de Fare, à gauche en chemise rouge. Derrière lui, Chantal Spitz, tatouage au bras, avec un des élèves

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Quelques-uns des auteurs invités: au centre, l’écrivain Frédéric Ohlen qui vit à Nouméa. Devant lui, Myriam Malao. Monsieur Ohlen (qui connaît bien la littérature haïtienne) réside lui aussi à notre pension.

Comment aurions-nous pu mieux célébrer notre arrivée à Huahine?

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Un groupe d’enfants s’amuse au soleil sur le parapet d’un pont, près du village de Maeva, à 8 kms environ à l’est de Fare.

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Maere, 27 ans, en vélo entre Fare et son domicile, à Maeva.

Notre semaine à Huahine passe vite, trop vite!

Nous dégustons régulièrement au bord de la mer de fabuleux plats.

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Papillote de mahi mahi au gingembre, riz et légumes. 

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Plat de carangue, un poisson de lagon, accompagné d’une salade d’avocats

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Poisson (espadon) cru au lait de coco accompagné de riz

Tous les matins, autour de la table du petit-déjeuner, nous avons des conversations, des échanges très riches avec les invités de marque du Salon.

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La dernière parution de Chantal Spitz (2022): un recueil de nouvelles acheté « Au Vent des Îles » le jour de mon arrivée à Papeete, le 10 novembre… sans me douter…

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…. qu’à peu près quinze jours plus tard… Quelle coïncidence inouïe!

De son côté, Diana, au village, est aux anges!

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Diana en compagnie d’un groupe d’ainées de Huahine qui reviennent, enchantées, d’une croisière autour de leur île. La croisière est offerte tous les ans par la mairie aux aînés (60 ans et plus) de la commune.

Départ, le jeudi 24 novembre, pour une grande excursion en scooter autour de Huahine.

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Nouvelle île, nouveau scooter. Ci-dessus, près de Maeva

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Une famille se détend sur une plage, près du village de Maeva, le jeudi 24 novembre

Au fur et à mesure que nous progressons vers le sud, vers Huahine Iti, le climat change, devient plus tropical.

Le paysage, les plages, sont magnifiques! 

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Panorama au sud du village de Faie

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Une plage aménagée près de Parea. Il n’y a plus de grands complexes hôteliers à Huahine. Seules les petites et moyennes structures sont permises afin de protéger l’environnement fragile de l’île. 

Les habitants de Huahine Iti, peu nombreux, nous accueillent avec un grand sourire!

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Un papa fier de son enfant, sur la côte est de Huahine Iti. Le nom du bébé, en tahitien, signifie « entre mer et océan« .

Courte halte à midi pour déjeuner, au sud du village de Parea, dans un modeste casse-croûte installé près de la route, « Chez Tania ».

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Le menu tout simple du restaurant « Chez Tania », le jeudi 24 novembre

Je suis surpris de voir sur la terrasse de l’établissement une femme très âgée, française, « de Bordeaux« , me dit-on, entourée d’une famille tahitienne.

Cette femme a besoin d’aide pour s’alimenter. Elle souffre de la maladie d’Alzheimer.

Que fait donc ici cette femme, seule, âgée, à Huahine Iti?

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On m’apprend que cette aînée a été « abandonnée par ses quatre enfants » qui vivent, semble-il, en France. Une famille tahitienne du village prend soin d’elle, « pour le moment »… 

Que se cache-t-il derrière cette triste histoire?

Secoué, je ne pose pas trop de questions. Nous reprenons la route. Il y a souvent en voyage des rencontres totalement inattendues.

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Grillades devant les roulottes du port à Fare

En rentrant à Fare, Diana est heureuse de déguster, dans une des roulottes installées près du port, un délicieux plat de cuisine chinoise!

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Plat de boeuf aux légumes offert à la roulotte « Tane Tiurai ». Merci à Faustine et à son mari, Étienne!

Nous avons adoré notre séjour à Huahine!

L’île est plus intime, moins peuplée que Moorea. Il y a aussi ici beaucoup moins de touristes. Et une plus grande mixité, semble-il, entre Tahitiens et « métros ».

Il a fait beau – très beau – presque tous les jours! 

Avoir une superbe plage à cent mètres de notre bungalow, plage partagée tous les jours avec les familles, les riverains, les étudiants du collège de Fare, cela a été, pour nous, un énorme plus.

Nous avons eu l’impression pendant la semaine de faire un peu partie de la communauté.

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Sous la supervision d’enseignants, des élèves du collège

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étrennent de nouveaux kayaks à la plage de Fare, le samedi 26 novembre.

Nous avons beaucoup de chance de vivreici, au soleil, l’hospitalité tahitienne.

Nous devons souvent nous pincer devant tous ces paysages de rêve!

L’aventure se poursuit. Nous partons ce matin, quatrième étape, pour l’île de Maupiti.

Tout va bien. Nous sommes en super forme. On vous embrasse.

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Au programme mardi: 20 minutes de vol entre Huahine et Raiatea où nous ferons escale. Puis un trajet de 25 minutes jusqu’à Maupiti où nous arriverons en fin d’après-midi.

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Embarquement prioritaire sur notre vol Huahine-Raiatea le 29 novembre pour une dizaine de femmes enceintes qui partent accoucher à l’hôpital de Raiatea. Raiatea est la seule des Iles Sous- le-Vent à disposer d’un hôpital. Ces femmes (certaines accompagnées de leur mari) seront prises en charge pendant environ 4 semaines avant leur accouchement.

Moorea

Malgré toutes nos bonnes intentions, nous avons vite réalisé qu’il est difficile de ne pas être touriste lorsqu’on séjourne à Moorea!

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Retour à la maison, le mardi 15 novembre, après une journée bien remplie et une première baignade à la plage Ta’ahiamanu située à l’entrée de la baie Opunohou, sur la côte nord de Moorea. A l’arrière-plan, un bateau de croisière a jeté l’ancre dans les eaux claires de la baie. 

L’île est très belle, verte, montagneuse, jalonnée de splendides plages de sable blanc!

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Diana en grande conversation sur la plage Ta’ahiamanu 

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Nous quittons la plage ce jour-là en transportant nos casques…

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de scooter!… Puisque c’est une des façons les plus pratiques de se déplacer ici. Aucun permis n’est requis à Moorea pour ce type de véhicule (50cc)

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Une route goudronnée d’environ 60 kms (que nous avons parcourue deux fois en scooter dans les deux sens) fait le tour de Moorea. Nous sommes arrivés sur l’île, en traversier, au port de Vaiare, sur la côte est. Un taxi nous a emmenés en une trentaine de minutes à notre bungalow situé au village de Haapiti sur la côte ouest de l’île.

Nous souhaitions à Moorea vivre le plus indépendamment possible. Nous voulions aller et venir sur l’île à notre guise. D’où la nécessité d’avoir un scooter pour les déplacements – les transports en commun étant ici pratiquement inexistants. Nous voulions aussi un logement indépendant, avec une cuisine, loin des grandes structures hôtelières.

Nous avons eu la chance de trouver, au sud de la commune de Haapiti, exactement ce que nous recherchions.

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Avant l’église de la Sainte Famille (direction nord), un chemin communal quitte la route principale, entre dans les terres et mène à…

16nov4 Fare Opuhi

Notre bungalow! Le Fare Opuhi, est situé au calme sur un vaste terrain arboré. Deux chambres, un grand salon, une cuisine, une machine à laver, deux terrasses. Nous partageons l’immense propriété (où poussent des ananas, des cocotiers) avec quatre autres bungalows dont deux, à cette saison, sont inoccupés. Nous avons donc beaucoup d’espace. Que nous partageons avec de petits lézards, des moustiques et des fourmis qui viennent régulièrement nous rendre visite! Fare = maison, Opuhi = fleur de gingembre

Comme partout depuis notre arrivée en Polynésie, nous sommes comblés par la politesse, la gentillesse des Tahitiens.

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Hali, enfant du pays, nous accueille avec un grand sourire dans un des commerces du « Petit Village » de Haapiti.

Sur la route, en scooter ou en vélo, tout le monde pratiquement nous salue! Ia ora na!

Nous nous arrêtons fréquemment devant les maisons au bord la route afin d’acheter les denrées des riverains.

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Clara offre sur une petite table, à Haapiti, des papayes et de succulents avocats. Tous ces produits sont cultivés à deux pas de notre logement. 

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Quelques kilomètres plus loin, Amo tient avec sa famille un étal de fruits récoltés dans son jardin. Le supplément de revenu que génèrent ces petits commerces est loin d’être négligeable dans le budget des familles.

Chacune de ces rencontres nous permet de faire connaissance avec les habitants de l’île. De mieux comprendre leur quotidien, leurs défis. Nous les écoutons attentivement.

La vie est chère à Moorea. Le modeste restaurant de Haapiti où nous étions jeudi proposait un plat du jour à 4000 CFP (Franc Pacifique), soit 33 euros ou 46 CAN$. Ce qui explique peut-être que la clientèle des restaurants et des cafés de l’île soit presqu’exclusivement composée de métros ou de touristes.

Nous n’avons aperçu ici aucun ma’ohi à la terrasse d’un café. Ou dans un restaurant. C’est dommage. Et révoltant aussi. Une situation que les dépliants touristiques se gardent bien de mentionner.

Deux autres remarques.

#1 – Le taux de chômage en Polynésie française est officiellement de 9.5%. Cependant, même s’il s’agit d’une collectivité liée à la France, aucune allocation chômage n’est octroyée sur le territoire. (Comme c’est le cas par exemple en Martinique ou en Guadeloupe).

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Un autre visage de Moorea. À côté d’une table de fortune, au bord de la mer, sur la côte nord de l’île

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une femme fait cuire du « uru », le fruit de l’arbre à pain de Tahiti. Le « uru » était autrefois la base de l’alimentation des Polynésiens

#2 – Nous avons été surpris d’apprendre que l’eau à Moorea n’est pas partout potable. En particulier dans notre secteur, entre Haapiti et Maatea (voir la carte plus haut). Une zone beaucoup moins touristique que la côte nord où sont regroupés la plupart des grands hôtels.

En faisant des recherches, je suis tombé sur le texte (ci-dessous) d’un reportage diffusé en janvier 2021 sur les ondes de Tahiti Nui Télévision.

« À Moorea, l’eau n’est toujours pas potable sur un tronçon de 15kms sur les districts de Maatea et Haapiti. Georges Huaa habite Maatea. Il doit lui-même potabiliser son eau: « Avant de servir l’eau, je prends toujours une compresse pour filtrer (…) On ne peut pas boire l’eau comme ça, on a la diarrhée. (…) Quand il pleut ici chez nous à Moorea, ça devient chocolat (…) On ne peut pas boire cette eau. On est obligés d’aller au magasin chercher de l’eau pour boire notre Milo, notre café. On n’est pas d’accord nous ici à Maatea. On paie l’eau et elle n’est pas propre. »

“Je comprends. On ne peut pas payer de l’eau chocolat à chaque fois, admet le maire. Il ne reste que 15kms à terminer. Je demande à la population de patienter un peu. Je sais que cette année on va tout faire, que le reste de la population puisse boire de l’eau potable.”

Les 20% de la population de Moorea qui ne bénéficient pas d’eau potable devront encore prendre leur mal en patience avant de pouvoir boire sans crainte au robinet… »

Le problème, deux ans plus tard, n’est toujours pas réglé.

Diana et moi avons dû, régulièrement, nous approvisionner en bouteilles d’eau.

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Très peu de circulation sur la route qui fait le tour de l’île.

Ceci dit, Moorea, par beau temps, est magnifique!

Jamais je n’ai vu de végétation si luxuriante!

Ni à Bali ou Sumatra, au nord du Laos, en Thaïlande ou en Birmanie.

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En scooter, sur « la route des ananas », le mardi 15 novembre. L’ananas est le fruit-roi de l’île et l’une des principales exportations de Moorea

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Un bateau se fraye un passage à l’entrée de la baie Opunohu, près de l’éco-musée

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Une maison, nichée à l’intérieur des terres, dans un quartier de Haapiti.

La météo n’a pas toujours été clémente pendant notre séjour. Nous avons eu droit, vendredi et samedi matin, à des pluies torrentielles.

Heureusement, Moorea se refait vite une beauté!

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Aperçu de la plage Temae, l’une des plus belles de l’île, située à la pointe nord-est de Moorea. Diana, avec son casque, est sur la droite, en conversation. À l’arrière-plan,

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vu du belvédère Toatea, un important complexe hôtelier

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offre à ses clients un séjour de rêve dans les eaux turquoises de Moorea

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Nous avons de notre côté préféré la plage calme et sereine de Tiahura située près du « Petit village » de Haapiti où nous avons fait le jeudi 17 novembre une deuxième, longue et délicieuse baignade. Nous avions la plage pratiquement à nous.

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Michel, travailleur agricole, rencontré sur un chemin à Haapiti, le samedi 19 novembre.

En parlant aux riverains, aux métros installés sur l’île, nous avons beaucoup appris.

En les écoutant, cependant, il semble que les deux communautés vivent dans des mondes parallèles.

Peu de points de contact. Les mentalités, les priorités sont différentes.

Du moins, c’est mon impression. À confirmer dans les prochaines semaines.

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La magnifique plage de Varari, située à 30 minutes en vélo au nord de notre bungalow. Dimanche matin, 20 novembre, 9h. Il n’y a pas un chat. Quelle découverte après la messe!

Nous quittons Moorea mardi matin pour l’île de Huahine, troisième étape de notre périple.

Un vol de 35 minutes avec Air Tahiti.

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Distance à vol d’oiseau entre Moorea et Huahine: environ 160 kilomètres

C’est un autre voyage qui commence.

Après les Îles du Vent (Tahiti et Moorea) qui regroupent 75% de la population de la Polynésie française, nous allons vivre, aux Îles Sous-le-Vent, puis dans l’archipel des Tuamotu, dans des territoires très isolés et de moins en moins peuplés.

Huahine compte environ 6 000 habitants. L’île de Maupiti, notre quatrième étape après Huahine, en compte à peine 1300. Et Tikehau, dans les îles Tuamotu, moins de 600.

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Notre pension de famille à Huahine est située près de la commune principale de l’île, Fare.

Nous sommes très reconnaissants de pouvoir réaliser ce voyage! Tout se passe bien.

Merci à tous les habitants de Moorea, « l’île soeur » (de Tahiti), de nous avoir si gentiment accueillis!

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Hekeani, originaire des Marquises, vit depuis de nombreuses années à Moorea et travaille à la boutique du Lycée Agricole de Opunohu, dans le nord de l’île. Hekeani est diplômée du lycée qui offre plusieurs filières et formations à environ 200 étudiants provenant des 5 archipels de la Polynésie. Informations supplémentaires: ici

Au revoir, Moorea!

Papeete

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Trois amies déjeunent tranquillement dans l’un des espaces verts qui longe le bord de mer du centre-ville de Papeete, le jeudi 10 novembre.

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Aperçu de la promenade le lendemain matin, le vendredi 11 novembre.

Arrivée toute en douceur à Papeete, le jeudi 10 novembre, après un vol de 8 heures depuis San Francisco. Il est 5h30 du matin. Il fait 22 degrés. En descendant de l’avion, sur le tarmac de l’aéroport, une délicate odeur caresse nos narines. C’est le parfum des fleurs de frangipaniers qui flotte dans l’air chaud et humide du petit matin. Nous respirons à pleins poumons. Notre voyage commence plutôt bien.

Accompagnés de leurs ukulélés, un groupe de musiciens accueille avec un grand sourire les voyageurs, surpris, ravis de se retrouver sous les tropiques. Les musiciens entonnent en choeur une chanson traditionnelle tahitienne. « Maeva! » (Bienvenue)!

Les formalités sont remplies en un clin d’oeil, les bagages récupérés. A l’extérieur, Thérèse, la gérante de notre auberge nous attend, comme prévu. « Ia ora na » (Bonjour) Tahiti!

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Un peu plus tard, alors que nous quittons notre établissement, Robert (« Redford, comme l’acteur », plaisante-t-il) vient spontanément nous souhaiter la bienvenue! Robert travaille ici comme jardinier. « Māuruuru » (merci) Robert!

Vu le grand ciel bleu au-dessus de Papeete, nous décidons après le petit-déjeuner de profiter au maximum de notre première journée sur le sol tahitien.

Nous filons vers le centre-ville. En suivant, comme on nous l’a conseillé, la promenade du bord de mer, située à deux pas de notre auberge.

Après dix minutes de marche, alors que nous déambulons au soleil, heureux comme des enfants, une immense surprise nous attend. Devant nous, sur le chemin, à une centaine de mètres, quelque chose, un événement, se prépare. Sous nos yeux.

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Un groupe de danseurs des îles Marquises est réuni, sur la promenade du bord de la mer…

Quelques minutes plus tard, nous assistons, éberlués, fascinés, à un spectacle inouï de danse traditionnelle des îles Marquises!

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Les danseurs de la troupe Kaipeka o te kaikaiana 

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des îles Marquises. 

Le spectacle célèbre l’arrivée, à Papeete, des premiers voiliers qui participent à une course épique autour du monde, le Globe 40.

Le trajet de la course – c’est la première édition cette année – donne le vertige: départ du port de Lorient, en France, puis cap vers Tanger – l’île Maurice – Auckland – Papeete – Ushuaïa (Argentine) – Recife (Brésil) – et retour à Lorient, en mars 2023. Un parcours de 9 mois.

Quatre équipages – Hollande, Japon, Canada, États-Unis – sont encore en lice. Et rien n’est joué. Il y a déjà eu deux abandons: un voilier marocain et un voilier français. Infos supplémentaires sur le Globe 40: ici

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Ci-dessus, les membres de l’équipage du voilier hollandais, accueillis en héros à Papeete, le jeudi 10 novembre. L’équipage hollandais est, pour l’instant, en tête de la course. Suivi par les Américains, les Japonais et les Canadiens. 

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Après les félicitations, le spectacle reprend…

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de plus belle…

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… devant un public médusé…

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et… un peu craintif. On ne badine pas avec des gaillards comme ceux-là!

Quelle incroyable introduction à la culture de la Polynésie française!

Encore étourdis par ce spectacle inattendu, nous poursuivons notre route vers le centre-ville. Destination: le marché municipal de Papeete.

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Ouvert dès l’aube, le marché de Papeete est l’un des lieux emblématiques de la ville.

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Tout le monde se croise ou se donne rendez-vous ici.

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En plus des nombreux étals de fruits, de légumes, on peut également se restaurer au marché (au 2è étage) ou acheter des souvenirs.

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Quelques rues plus loin au centre-ville, un immense plat de « paella » mijote sur le trottoir du boulevard Pomare, l’une des artères principales de la ville… pendant qu’à deux pas…

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des musiciens de rue chantent…

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ou s’organisent avant un concert. Dans les deux cas, une corbeille bien en évidence vient récolter l’aumône des spectateurs. Signe des grandes difficultés que vivent aujourd’hui les Polynésiens. Partout, autour de Papeete, la pauvreté, malheureusement, progresse. 

Première journée pleine d’enseignements!

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Papeete, vendredi 11 novembre

Matinée beaucoup plus sobre le lendemain, vendredi 11 novembre.

Après une nuit de pluies torrentielles, le soleil, timidement, fait son apparition, et nous assistons, au centre-ville, vers 9h, à la très solennelle cérémonie du jour du Souvenir…

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La cérémonie a lieu devant l’édifice du Haut-Commissariat de la République…

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… et commémore « les poilus » et les soldats tahitiens morts pour la France pendant les grands conflits mondiaux. Plus de 300 « poilus » tahitiens ont péri en Europe entre 1914 et 1918. 

J’ai eu la nette impression en quittant la cérémonie que les sentiments étaient ici très mitigés quant à la présence militaire française en Polynésie. Le public était en grande majorité composé de « métros« , le nom qu’on donne ici aux ressortissants ou aux expatriés français établis en Polynésie. Les maohi, eux (les Tahitiens), brillaient par leur absence.

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Victoria, des îles Tuamotu, est venue passer quelques jours à Papeete. Son objectif: essayer de vendre quelques-unes des créations de sa grand-mère, une artiste basée aux Tuamotu.

Sur les conseils d’autres voyageurs, nous allons un matin visiter une exposition d’artisanat des îles Tuamotu.

L’événement se tient dans le très beau jardin de l’Assemblée électorale de la Polynésie française.

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Le siège de l’Assemblée électorale de la Polynésie française 

Les ressources de la mer et de la terre sont au coeur de ce grand « Salon des Tuamotu« . Une trentaine d’artisans ont été invités à exposer à Papeete pendant une dizaine de jours

Les oeuvres, confectionnées avec les matériaux disponibles sur ces îles lointaines, sont remarquables!

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Ensemble de colliers de coquillages créés par

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Célestine, une artiste qui vit sur la petite île de Ahé dans les Tuamotu

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Magnifique assortiment de bijoux des îles Tuamotu…

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Les artistes présents sont très fiers d’exposer ici leurs oeuvres

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Collection unique de chapeaux et de sacs des Tuamotu. Sur la gauche, une artiste non identifiée.

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Tehono, ci-dessus, vient des îles Marquises et revendique fièrement ses origines. Tehono (qui préfère son nom marquisien à son prénom français, Marthe) présente au Salon quelques-unes des créations des membres de sa famille.

Chapeau à tous les exposants!

Moeata Tahiri, présidente du comité organisateur de l’exposition explique que les Tuamotu « sont un vivier de ressources. Trop souvent, nous asssocions les Tuamotu au coprah. Mais il y a beaucoup d’autres ressources: le miki miki, les fibres de coco, le kere, les gousses d’acacia, le bois flotté, les coquillages et bien d’autres ressources… »

Une autre très belle expérience vécue à Papeete! Félicitations à tous les artistes!

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Fidèles réunies hier matin devant l’église protestante de notre quartier à Papeete

Il faut déjà songer à quitter Papeete! Nous partons ce matin.

Avant notre départ, nous vous laissons avec quelques dernières images prises hier matin, dimanche, au marché municipal de la ville.

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Le dimanche

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est sans aucun doute

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la journée

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la plus achalandée

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au marché de Papeete!

Nous partons donc comme prévu ce matin pour la deuxième étape de notre voyage: l’île de Moorea.

Un trajet de 35 minutes en traversier depuis Papeete.

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Nous serons basés pendant huit jours à Moorea dans le village de Haapiti, situé au sud-ouest de l’île.

Notre séjour en Polynésie française n’aurait pas pu mieux débuter. Nous sommes en pleine forme. Tout va bien. On vous embrasse.

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Diana en compagnie de Miri, Lydia, Keha et Candy, à Papeete