Pendant deux ans, de septembre 1997 à juin 1999, j’ai eu l’immense privilège de travailler comme professeur de français à l’université de Dalat. Cela a été une expérience inoubliable.
Une aventure incroyable aussi.
Le Vietnam, à ce moment-là, commençait à peine à s’ouvrir au monde extérieur. Après la fin de la guerre et de longues années d’isolement, la période du « doi-moi » (« renouveau », en vietnamien) venait de débuter, et le pays, timidement, ouvrait la porte aux étrangers.
Hanoï s’apprêtait à accueillir, en novembre 1997, le sommet de la francophonie…
J’avais été envoyé au Vietnam par l’Entraide universitaire mondiale du Canada. Je faisais partie d’un groupe d’une quarantaine de coopérants canadiens (juristes, enseignants, agronomes) détachés au Vietnam pour un ou deux ans dans le cadre d’un accord bilatéral financé par l’ACDI (l’Agence canadienne de développement international) et destiné à appuyer le pays dans ses projets de développement.
J’étais le premier professeur de français étranger à travailler à l’université de Dalat depuis la fin de la guerre, en 1975.
Après une semaine d’orientation à Hanoï, j’avais eu le coup de foudre en arrivant à Dalat (via Danang) au début du mois de septembre 1997.
Nichée à 1500 mètres d’altitude, Dalat fut conçue dès 1905 par les autorités françaises comme un centre de repos et de villégiature pour les fonctionnaires de l’administration coloniale cherchant à fuir, avec leurs familles, la chaleur et le climat souvent insalubre de Saïgon.
Entre 1915 et 1945, des centaines de « villas » – inspirées des demeures bourgeoises françaises – sont construites dans la région de Dalat. Des hôtels de luxe font également leur apparition.
On appelait alors Dalat « le petit Paris », ou « la ville de l’éternel printemps. »
L’université de Dalat est créée par les autorités en 1957.
Mon mandat, au sein du département de français, était clair. Enrichir par des activités de communication le contenu plutôt fade des manuels de français. Et relever le niveau de langue orale des étudiants en leur donnant la parole le plus souvent possible.
Très vite, dans les classes, le courant était passé! Je découvrais des étudiants enthousiastes, chaleureux, généreux, avides de partager, en français, leur culture vietnamienne, leurs rêves et leurs défis de jeunes adultes.
Dans le cadre de ma mission, je devais également encourager les professeurs à faire preuve de plus de créativité dans leur enseignement du français comme langue seconde…
Les professeurs étrangers habitaient sur le campus de l’université, et nous recevions régulièrement la visite des étudiants, surtout lors de la Journée nationale des enseignants, célébrée partout au Vietnam en novembre.
Nous recevions sourires, fleurs et cadeaux…
Je profitais de mes jours de congé pour aller, en moto, en bus, émerveillé, reconnaissant, découvrir le pays, du nord au sud…
Après deux ans de travail et de mentorat à l’université de Dalat, j’ai quitté le Vietnam, comme prévu, à la fin de mon contrat avec l’EUMC, en juin 1999.
Je me rappelle encore des mots chaleureux du recteur de l’université, Dr. Duc, lors de notre dernier entretien, dans son bureau. « Max, nous ne vous oublierons pas. Vous reviendrez au Vietnam, j’en suis sûr ».
Comme il avait raison!
Je suis retourné au Vietnam six ans plus tard, à l’été 2005.
Lors de ce retour, en 2005, j’étais, cette fois, accompagné de Diana.
Entre Saïgon, Dalat, Nha Trang, Hanoï puis Sapa, nous avons passé au pays un été inoubliable!
Et me voilà, neuf ans plus tard, en novembre 2014, de retour à Dalat!
Le projet d’un second retour à Dalat s’est construit, pendant plusieurs mois, lors de conversations au téléphone et de courriels échangés avec mon amie et ex-collègue, My, responsable autrefois du département de français à l’université de Dalat. My habite maintenant Houston avec sa famille.
Comme beaucoup de Vietnamiens résidant à l’étranger, My revient régulièrement dans son pays d’origine visiter famille et amis.
Après toutes ces années, pourquoi ne pas nous retrouver à Dalat?
Avec tout son talent, et très discrètement, My organisa, pour le 22 novembre, à Dalat, une formidable réunion de retrouvailles au domicile d’une de ses amies!
Après une semaine pleine d’émotions, je quitte Dalat avec regret demain. J’ai été si heureux dans cette ville, et elle m’a tant donné!
Malgré le temps et les changements – l’afflux de touristes, le nombre croissant de motos qui polluent le centre-ville, l’ouverture, l’an dernier, d’un immense centre d’achats, climatisé, au bord du lac Xuan Huong – Dalat a gardé toute son âme et son charme de petite ville de province, prospère, où il fait encore très bon vivre.
Quelle surprise, avant le départ, en me promenant, lundi, dans le quartier du marché Hoa Binh, au centre-ville, d’entendre quelqu’un héler mon nom.
C’était Bao Duy, l’un de mes anciens étudiants à l’université! Après toutes ces années, il m’avait reconnu…
Prochaine destination au Vietnam: le petit village de pêcheurs de Doc Let, et sa plage, au bord de la mer de Chine, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Nha Trang.
J’irai ensuite passer quelques jours dans le delta du Mékong, dans la ville de Sadec, avant de prendre l’avion, le 11 décembre, pour Yangon et la Birmanie…
Quel bonheur de retrouver l’Asie du sud-est!
Bon mois de décembre à tous!
À bientôt!
Cher Max,
Je vois la joie dans les yeux et les visages des personnes réunies dans ton ancien entourage… Quelles belles réunions… Bonne continuation…
« Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. » – Confucius
Merci, Lemongrass, et entièrement d’accord avec Confucius.
What a great read. Happy to see that you were able to maintain such fantastic relationships over the years! Safe travels.
Thank you, Paul! My recent experience in Dalat confirmed once again how warm, resilient and wonderful the people in Vietnam are.
Quel anniversaire inoubliable! C’est merveilleux d’avoir su susciter tant d’amitiés parmi tes collègues. Que sont devenus tes étudiants? Enseignants? Fonctionnaires? Ont-ils su résister à l’attrait de l’anglais?
J’ai rencontré avant de quitter Dalat un de mes anciens étudiants, Bao Duy (voir photos supplémentaires ajoutées) qui m’a expliqué que la grande majorité des étudiants de la période 1997-99 a quitté Dalat. Plusieurs travaillent à Saïgon, d’autres sont partis à l’étranger. Le français perd malheureusement de plus en plus de terrain. Pour les enseignants, la plupart sont maintenant à la retraite, certains continuent à donner des cours privés.
C’est malheureusement la réponse que je craignais. Continuons le combat en cette semaine du sommet de la francophonie (bonne chance à Michaëlle Jean!).
Un récit touchant, Max. Quel plaisir de rencontrer tes anciens collègues et étudiants en si bonne forme, et avoir reçu un accueil si chaleureux chez eux. You’re a lucky man, you know.
Reverrons-nous la barbe bientôt?
Je ne suis pas sûr pour la barbe, Ian…
Coucou Max , je suis tombé un peu par hasard sur tes écrits….je vois avec plaisir que tu es retourné là-bas toi aussi. C’est chouette de te lire et de voir les photos de hier et d’aujourd’hui. Je continue moi aussi à aller à Dalat revoir ma famille vietnamienne de coeur et quelques enseignantes vietnamiennes. Dalat, c’est une partie de nous. Je t’embrasse
Après toutes ces années, c’est un grand bonheur d’avoir de nouveau de tes nouvelles, Marianne. Tu as raison, Dalat, c’est une partie de notre histoire. Nous avons eu beaucoup de chance de vivre là-bas cette aventure auprès du peuple vietnamien.