Le GR65 entre Cahors (Lot) et Auvillar (Tarn-et-Garonne)

Après quelques jours de repos à Belleville et Ménilmontant, à Paris, j’ai repris comme prévu, le jeudi 2 mai, à Cahors, ma route sur le Chemin de Compostelle.

Véritable coup de foudre en arrivant à Cahors!

Cahors, ville principale du département du Lot, le mardi 30 avril, vue du sentier qui mène au mont St-Cyr. Ci-dessous, une partie de la cité médiévale où l’on aperçoit le clocher et le dôme de la cathédrale St-Étienne. Le long des quais, ambiance et douceur méridionales….

La ville, qui compte environ 20 000 habitants, est nichée dans une boucle du Lot, dans un grand écrin de verdure. Le lieu est exceptionnel. Les Cadurciens et les Cadurciennes, c’est ainsi qu’on appelle les riverains, jouissent ici d’un environnement et d’un cadre de vie remarquables.

Il fait en plus, fin avril, un temps magnifique!

Le pont fortifié Valentré, construit au 14è siècle pour défendre Cahors, est l’un des plus célèbres ponts médiévaux de France. Il a été habilement restauré par Viollet-le-Duc dans les années 1870. Le pont est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco

Randonneurs et pèlerins se retrouvent le matin, dans une atmosphère conviviale, chez Pierre, autour de la table du petit-déjeuner…

 

Sur les conseils de Pierre qui offre à Cahors des chambres d’hôtes simples et chaleureuses dans la maison familiale, située dans la cité médiévale, je pars le lendemain de mon arrivée explorer l’un des chemins qui surplombe la ville…

 

 

 

Le sentier du Mont St-Cyr

 

Quatre-vingt-dix minutes de randonnée environ dans un décor étonnant… À partir du pont Louis-Philippe, qui enjambe le Lot, le chemin du Mont St-Cyr grimpe lentement vers un immense plateau verdoyant…

… impression d’être à mille lieues d’un centre urbain…

… le sentier redescend ensuite…

… vers la ville

… d’où l’on peut, en quelques minutes, traverser de nouveau la rivière, par le pont Cabessut, et rejoindre par les quais le cœur de la cité médiévale… Incroyable promenade! Bienvenue à Cahors!

Place du Marché à Cahors, près de la cathédrale Saint-Étienne

Cahors est le point de départ de très nombreux autres sentiers de randonnée…

Belle surprise à mon retour du mont St-Cyr. Un message m’attend. Un message de notre amie et ex-collègue, Josiane… qui est à Cahors pour raisons familiales. Josiane est née et a grandi dans le sud-ouest de la France. Nous avons travaillé ensemble dans la même école, à Vancouver, pendant cinq ans.

Nous nous retrouvons le lendemain, le 1er mai, place Clément Marot, dans la ville médiévale, autour d’un savoureux déjeuner, composé de mets typiques de la région.

En compagnie de notre amie Josiane à Cahors, le mercredi 1er mai. Ci-dessous, une des spécialités de la région…

Confit de canard

Nous décidons après le repas de participer, avec une demi-douzaine d’autres vacanciers, à une visite guidée de la ville organisée par l’Office de Tourisme. Grosse déception. Comme lors de ma visite guidée de Figeac l’an dernier, le guide est encore, cette fois-ci, une dame… originaire de l’Angleterre!

Malgré un accent prononcé, sa maîtrise du français est assez bonne, niveau C1 sans doute à l’oral du DELF, mais pourquoi faut-il que les Offices de Tourisme du Sud-Ouest embauchent des ressortissants anglais afin de faire découvrir aux visiteurs les trésors du patrimoine français?

Messieurs, Mesdames les responsables des Bureaux de Tourisme, de grâce, revoyez votre copie! (Voilà, c’était ma tirade « Vieille France »).

Entre deux explications emberlificotées de notre guide, Josiane et moi avons, du côté de la cathédrale, filé à l’anglaise et nous sommes allés terminer la journée en dégustant des crêpes au sucre sur une petite place paisible et ombragée…

Sur les rives du Lot, le mercredi 1er mai

Au-revoir, Cahors!

C’est au pont Valentré que débute à Cahors le GR65

Josiane est très gentiment venue le lendemain, le jeudi 2 mai, m’accompagner au début de mon périple de 221 kms qui doit me mener de Cahors à Nogaro

Le Chemin du Puy qui emmène marcheurs et pèlerins jusqu’aux Pyrénées

Entre Cahors et Montcuq (34 kms), j’ai eu droit, pendant les deux premiers jours sur le chemin, à tous les caprices possibles de la météo. Temps couvert, grandes éclaircies, ciel bleu, suivi de vent… et de quelques gouttes de pluie. Heureusement, ce seront les seules pendant les cinq prochains jours…

Il fait frais. Température idéale pour la marche…

Premier jour de marche, 14 kms, le jeudi 2 mai, entre Cahors et le hameau de Granéjouls (près du village de l’Hospitalet) où je me suis arrêté pour la nuit…

Comme l’an dernier, le GR65 me réserve bien des surprises…

Ainsi, cette petite buvette, stratégiquement située à la sortie du village de Lascabanes, où je fais halte, vers midi, lors de mon deuxième jour de marche, le vendredi 3 mai, pour le déjeuner…

Francine et sa partenaire Josy tiennent avec le sourire sur le GR65, depuis quatre ans, un petit bijou de restaurant. Pour les randonneurs affamés, tout y est « fait maison », y compris…..

… un excellent cassoulet, accompagné ici de magret de canard, de saucisson et de saucisse de Toulouse…

Moi qui m’étais promis de manger peu de viande pendant mon parcours, c’est raté!… Ce cassoulet sera cependant un admirable carburant sur le chemin qui monte abruptement vers Montcuq…

Il faut, SVP, bien prononcer le « Q » à la fin…

Vue partielle du village de Montcuq de la fenêtre de ma chambres d’hôtes…

Comme son nom ne l’indique pas, la commune de Montcuq est un charmant village – à l’histoire tumultueuse – d’environ 2 000 habitants. Le bourg accueille aujourd’hui de nombreux résidents étrangers (Hollandais, Britanniques) qui viennent passer ici une retraite paisible…

Après une étape de 20 kms, c’est « Chez Jane », à Montcuq, que j’ai choisi de passer ma deuxième nuit, en chambres d’hôtes…

Après une vie rocambolesque dans le milieu de l’édition et de la mode en Égypte, à Milan, à Nice et à Barcelone, Jane Greenwood a acheté puis restauré une maison à Montcuq où elle accueille marcheurs et pèlerins. Une très bonne adresse sur le GR65.

Le soleil s’est levé en quittant Montcuq! À part quelques courts passages nuageux, il ne nous quittera plus jusqu’à mon arrivée à Auvillar quatre jours plus tard. Les paysages, dans cette région qu’on appelle le Quercy, sont magnifiques!…

Entre Montcuq et Lauzerte, le hameau du Rouillac avant (ci-dessus) et après (ci-dessous) mon passage sur le chemin. Rouillac ne compte qu’une vingtaine d’habitants…

En quelques heures, le samedi 4 mai, j’ai facilement franchi les 14 kilomètres qui séparent Montcuq et Lauzerte… Le GR65 a quitté le département du Lot… Le sentier entre maintenant dans le Tarn-et-Garonne…

Arrivée à Lauzerte, cramponnée, à l’horizon, à son éperon rocheux… Je termine ici ma troisième étape.

Lauzerte (« lieu éclairé ») est l’un des nombreux « plus beaux villages de France » que traverse le GR65….

Belles rencontres et conversation à bâtons rompus le soir autour de la table des « Figuiers ». Des randonneurs de plusieurs pays –  Allemagne, Slovénie, Vietnam, Belgique, France – partagent chaleureusement leur expérience et leurs souvenirs du Chemin… Certains l’ont déjà parcouru cinq ou six fois… Une très belle soirée…

Randonneurs rassemblés autour d’un somptueux repas aux « Figuiers », à Lauzerte, le samedi 4 mai. À gauche, Thé, d’origine vietnamienne. À coté de lui, une infirmière, d’origine belge qui a autrefois travaillé  comme bénévole à l’hôpital général des Cayes, en Haïti…

La place des Cornières dans la ville médiévale de Lauzerte et l’église Saint-Barthélémy, construite au 13è siècle

Le lendemain, le dimanche 5 mai, la vieille ville, déserte, offre au visiteur un tout autre visage. Des dizaines de commerces et de logements à Lauzerte sont à vendre. « Le village meurt », me confie un ancien militaire rencontré devant l’église Saint-Barthélémy où on célèbre une messe en hommage aux Anciens Combattants. Il habite Lauzerte depuis vingt-deux ans.

Messe et cérémonie avancée du 8 mai devant l’église Saint-Barthélémy de Lauzerte

La serveuse du café me confirme que l’établissement est lui aussi « en vente depuis deux ans« . Il n’y a aucun repreneur en vue. Certains blâment le Brexit. D’autres affirment que le déclin de Lauzerte est dû à des raisons plus profondes, la lente désertification des villages français.

Les villages se vident. Les anciens métiers disparaissent. Les jeunes couples préfèrent habiter avec leurs familles près des commerces et des services, en ville, là où il y a du travail…

Le GR65 entre Lauzerte et Aube Nouvelle

Après avoir quitté Lauzerte, j’ai poursuivi mon chemin le dimanche 5 mai dans le Quercy.

La région est absolument splendide!

Nous sommes ici dans un pays où la terre est fertile, un pays où l’on célèbre « l’art de la table », à l’ancienne, et où l’on mange plutôt bien. On surnomme la région « le Royaume du gras »…

L’oie, le canard, le foie, le confit ou le magret sont en vente, partout.

C’est dans un petit hôtel de famille, à Aube Nouvelle, entre Lauzerte et Moissac, que j’ai d’ailleurs dégusté, le dimanche 5 mai, mon meilleur repas en deux ans sur le GR65…

Filet mignon de porc aux pruneaux d’Agen accompagné de légumes de saison.

Après une nuit à Aube Nouvelle j’ai repris la route le lundi 6 mai pour Moissac…

J’ai passé les deux jours suivants, entre Aube Nouvelle et Moissac (20 kms) et entre Moissac et Auvillar (21 kms) sous un grand ciel bleu…  Sur la route, d’anciens agriculteurs…

André, sur ses terres, près du village de Dufort-Lacapelette, devant une partie de son champ planté de pruniers. La récolte est prévue pour le début du mois de juin.

Hervé, ancien éleveur, devant sa maison située à cinq kilomètres de Moissac

Arrivée à Moissac le lundi 6 mai par la route des collines (une variante du GR65, un peu plus longue) qui permet de découvrir, de haut, la ville de Moissac, ci-dessous.

Après Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Cahors (Lot), Moissac, ci-dessus, dans le Tarn-et-Garonne, est la troisième grande cité sur le GR65. C’est ici que se rejoignent deux des grandes rivières sud-ouest, le Tarn et la Garonne.

Le mardi 7 mai – dernière étape avant ma journée de repos à Auvillar – j’ai emprunté, depuis Moissac, pendant une quinzaine de kilomètres, le superbe Canal des Deux Mers (qui relie sur 800 kms la Méditerranée à l’Atlantique)…

Le Canal des Deux Mers juste après avoir quitté Moissac, le mardi 7 mai

Le GR65 entre Moissac et Auvillar le long du Canal des Deux Mers

Le tracé du Canal des Deux Mers

De très nombreux cyclises, et quelques navires (ci-dessous) empruntent le Canal des Deux Mers

Quelle belle façon de terminer la première partie de ma randonnée!

Courte pause le mardi 7 mai dans un petit café du village de Malause, entre Moissac et Auvillar…

Après avoir franchi la Garonne à la sortie du village d’Espalais, arrivée au milieu de l’après-midi, le mardi 7 mai, comme prévu, à Auvillar!

Cent kilomètres parcourus depuis mon départ de Cahors le 2 mai. Rien de cassé pour l’instant. Pas de chute. Tout va bien.

Après le Lot, le GR65 quitte ce matin le Tarn-et-Garonne et entre dans le Gers…

Il me reste environ 121 kilomètres à parcourir avant d’arriver à destination, à Nogaro.

Le cœur en paix et l’âme tranquille, je poursuis ma route et ma belle aventure sur le Chemin de Compostelle

Bon printemps à tous!

Retour sur le Chemin de Compostelle

Je poursuis ce printemps, comme prévu, ma route sur le Chemin de Compostelle.

Après les belles randonnées réalisées en décembre au Népal, dans l’Annapurna, puis dans la vallée de Katmandou, j’ai hâte d’enfiler de nouveau mes chaussures de marche, hâte de reprendre mon chapeau, mon baluchon – mon « barda » comme on disait autrefois…

Envie de retrouver le silence des chemins de campagne, l’odeur de la terre, des buissons. Le parfum des fleurs. De l’herbe mouillée.

Envie aussi de poursuivre la belle aventure vécue l’an dernier entre Le-Puy-en-Velay, en Haute-Loire et Conques, en Aveyron.

Carte postale du chemin parcouru le printemps dernier entre Le Puy-en-Velay et Conques. 207 kilomètres le long du (Chemin de Grande Randonnée) GR 65. Une expérience inoubliable!

Derniers kilomètres avant de quitter le plateau d’Aubrac et de plonger (ci-dessous) vers le village de Saint-Chély d’Aubrac, en Aveyron. Neuvième étape l’an dernier, le dimanche 6 mai.

Le GR 65 avant l’arrivée à Saint-Chély d’Aubrac

Mon objectif cette fois-ci est de relier Cahors (Lot) à Nogaro (Gers) – une distance de 221 kilomètres – en treize jours de marche et deux jours de repos.

Sur le chemin de Compostelle, encerclées en bleu, la ville de Cahors et la commune de Nogaro. Selon le mode du « saucissonnage » bien connu des pèlerins, j’effectuerai dans un an ou deux (avant ou après avoir rejoint les Pyrénées) le tronçon manquant du GR 65 entre Conques et Cahors.

Entre Saint-Chély d’Aubrac et Saint-Côme-d’Olt en Aveyron, le lundi 7 mai 2018

En planifiant ce projet, l’an dernier, j’étais loin de me douter que cette longue randonnée vers les Pyrénées allait tant m’apporter!

Quelques unes des étapes du chemin de Compostelle entre Cahors et Nogaro. Aquarelle de Marie-Noëlle Lapouge – http://www.atelier-de-marienoelle.com

Jour de marché (et musiciens ci-dessous) le samedi 19 mai 2018 dans la vieille ville de Figeac (Lot) où je me suis arrêté presqu’une semaine après avoir rejoint Conques l’an dernier. Immense plaisir d’écouter et de savourer la langue des riverains dans les villages que traverse le GR 65…

Ruelle dans mon quartier, à Figeac, sur les hauteurs de la ville médiévale, mai 2018.

Avec le recul et les mois de réflexion qui ont suivi mon expérience de marche l’an dernier, un sentiment nouveau, puissant, au fil des jours, a peu à peu émergé… une évidence, une conviction qu’on peut sans doute résumer ainsi…

Quelle meilleure façon d’exprimer aujourd’hui sa liberté que partir le matin, sac au dos, sur un sentier de campagne, s’arrêter à sa guise dans un village ou dans un café afin de converser avec les riverains, et repartir ensuite, à son rythme – assuré de trouver le soir, au bout du chemin, un toit, un lit confortable, des compagnons de route venus du monde entier… et des hôtes accueillants, heureux de partager un repas avec marcheurs et pèlerins?

chanal

Souper le 30 avril 2018 dans l’unique café du petit village de Chanaleilles, en Haute-Loire…

comp

… et retrouvailles le lendemain soir, après une étape épique de 19 kms parcourue en partie dans la neige, dans une auberge de St-Alban-sur-Limagnole, en Lozère…

En plus de l’exercice quotidien, cette randonnée le long du GR 65 a, pour de nombreux marcheurs, même s’ils s’en défendent parfois, une forte dimension spirituelle, comme en témoignent ces quelques mots, publiés récemment dans une revue consacrée au chemin de Compostelle…

« La marche, telle un défi à la vitesse et au bruit, incite à la modestie, pousse à la curiosité, suscite la méditation. Elle invite au repli, à l’intimité, à se taire pour mieux écouter… »

ou encore

Dans une église de l’Aubrac, en mai 2018

À cette dimension spirituelle, vient aussi se greffer sur le chemin un riche volet culturel. Le tracé du GR 65 permet en effet aux randonneurs curieux de découvrir les légendes et l’histoire généralement peu connue de régions reculées du centre et du sud-ouest de la France…

Pays de la Haute-Loire et de la Lozère

J’ai pu ainsi parcourir en partie l’an dernier des régions sauvages, splendides, situées un peu hors du temps – la Margeride, le Gévaudan, l’Aubrac, la vallée du Lot, le Rouergue – territoires isolés où foisonnent encore une multitude de mythes et de récits, récits parfois terrifiants, comme celui de la « Bête du Gévaudan », un loup féroce qui au milieu du 18è siècle terrorisait et dévorait les villageois dans un secteur compris à présent dans le département de la Lozère…

La Bête du Gévaudan (illustration François de Sarre)

Aujourd’hui, hormis marcheurs et pèlerins, les visiteurs sont plutôt rares dans ces régions, ou alors ils ne font que passer, rapidement, au volant de leurs voitures, les yeux rivés sur leurs GPS… C’est dommage!

Quinzième et dernière étape l’an dernier entre Sénergues et Conques, en Aveyron, le dimanche 13 mai 2018.

Fromages…

… de l’Aveyron

J’ai bien hâte de découvrir ce printemps, entre Cahors et Nogaro, d’autres « pays » – le Quercy, la Gascogne, l’Armagnac… – « pays » situés dans trois départements – le Lot, le Tarn et Garonne et le Gers – connus pour leur gastronomie… et leurs vins!…

Vins et millésimes notés du sud-ouest

Menu affiché à l’entrée du village d’Aumont-Aubrac, en Lozère

Je me souviens encore du déjeuner dégusté en mai l’an dernier dans le village de Nasbinals, en Lozère. Un des plats du jour offerts ce midi-là, servi dans un décor simple et chaleureux. Un moment mémorable. Dès la première bouchée, le sentiment de goûter à une cuisine exceptionnelle. Une madeleine. Si vous passez par Nasbinals, SVP arrêtez-vous.

Veau de l’Aubrac, accompagné de tomates farcies, d’une salade verte et d’une corbeille de pain frais. Restaurant « La Route d’Argent » à Nasbinals.

Fort de l’expérience acquise l’an dernier, j’ai décidé ce printemps, pour les hébergements, d’éviter au maximum les hôtels… Hôtels souvent vieillots, chers et anonymes selon moi sur le GR 65…  (Après avoir lu le plus récent roman de Michel Houellebecq, « Sérotonine », qui a encore envie d’aller à l’hôtel?)… J’ai choisi plutôt de séjourner chez les riverains, en chambres d’hôtes et en demi-pension (chambre, souper et petit-déjeuner) lorsque c’était possible…

Un seul hôtel réservé, faute d’autre option ce jour-là, dans le Tarn-et-Garonne, entre Cahors et Nogaro.

La carte de mon parcours ce printemps. À titre de comparaison, printemps 2018 = 207 kms entre Le Puy-en-Velay et Conques. 15 jours de marche, 2 jours de repos. Moyenne = 13.8 kms par étape –  Printemps 2019 = 219 kms. 13 jours de marche, 2 jours de repos. Moyenne = 16.8 kms par étape. Mon objectif l’an prochain? Rejoindre Saint-Jean-Pied-de-Port et les Pyrénées!

Voici donc, au jour le jour, mon itinéraire pour ce deuxième tronçon du chemin de Compostelle…

24 avril = Départ de Vancouver

25 – 29 avril = Paris

29 avril – 2 mai = Cahors (Lot)

2 mai = Cahors – Granéjouls – 14 kms.

3 mai = Granéjouls – Montcuq – 19 kms.

4 mai = Montcuq – Lauzerte (Tarn-et-Garonne) – 14 kms. 

5 mai = Lauzerte – Aube Nouvelle/Dufort-Lacapelette – 11 kms. 

6 mai = Aube Nouvelle – Moissac – 19 kms. 

7 mai = Moissac – Auvillar – 21 kms. 

8 mai = Jour de repos à Auvillar – (100 kilomètres parcourus)

9 mai = Auvillar – Miradoux (Gers) – 18 kms.

10 mai = Miradoux – Lectoure – 16 kms. 

11 mai = Lectoure – La Romieu – 18 kms.

12 mai = La Romieu – Larressingle – 19 kms.

13 mai = Larressingle – Montréal-du-Gers – 11 kms.

14 mai = Montréal-du-Gers – Éauze – 18 kms. 

15 mai = Jour de repos à Éauze – (200 kilomètres parcourus)

16 mai = Éauze – Nogaro – 21 kms. 

17 mai = Jour de repos à Nogaro – Fin Compostelle #2 – 219 kilomètres parcourus.

18 mai = Nogaro – Pau (bus SNCF)

18 – 20 mai = Pau

20 – 23 mai = Paris

24 mai = Paris – Vancouver

Après deux mois d’hiver particulièrement rudes en Colombie-Britannique (le thermomètre, à Vancouver, n’a jamais atteint en janvier/février le seuil de dix degrés – un record), j’ai bien hâte de reprendre la route!

Bon début de printemps à tous!

Une forteresse royale, construite au 12è siècle, surplombe le village de Najac, en Aveyron… Najac où, après Conques et Figeac, je me suis arrêté plusieurs jours en mai l’an dernier…

… afin de poursuivre mes randonnées en Aveyron… (Ici, panorama sur le sentier qui va de Najac, à l’horizon, au village de Cassagnes)…

… et avant de rejoindre, en train (via Gaillac)…

… la très belle ville d’Albi, située sur les rives du Tarn… Albi, ville natale de l’explorateur Jean-François de La Pérousse (disparu en 1788 dans le Pacifique) et du peintre Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).

Albi où trône, au-dessus de la vieille ville, l’imposante cathédrale Sainte-Cécile, construite à partir du 13è siècle… À très bientôt, le sud-ouest de la France!

Pondichéry

Je ne m’attendais pas, en arrivant deux jours avant Noël à Pondichéry, à découvrir dans les rues de la ville une telle effervescence!…

Le territoire de Pondichéry est enclavé dans l’état du Tamil Nadu, dans le sud-est de l’Inde

Malgré le temps couvert, des centaines de curieux viennent assister près du bord de mer à Pondichéry, au festival kolam, le dimanche 23 décembre.

Après un voyage en train depuis Chennai, j’étais à peine installé dans ma guesthouse, dans « la ville blanche » comme on appelle ici l’ancien quartier colonial français, qu’une rumeur, un bruit de foule, venu du bord de mer, tout proche, m’a forcé… m’a poussé dehors…

Que se passait-il?

Participantes au festival kolam et badauds se pressent le long de l’avenue Goubert, à Pondichéry

Selon la tradition, tôt le matin dans le sud de l’Inde, les femmes dessinent sur le sol devant l’entrée de leur maison ou de leur commerce des figures géométriques en guise de bienvenue, et afin de porter chance et prospérité aux membres de leur famille et à la communauté.

Ces figures géométriques sont aussi des offrandes au jour qui se lève et une invitation aux divinités.

Un kolam à Pondichéry…

Ces « kolams » sont souvent très complexes. Les figures sont d’abord tracées avec de la craie et ensuite ornées de poudres de couleur, de grains de riz, de fleurs, de petites branches, tout ce qui est disponible à portée de la main. Les kolams sont réalisés uniquement par les femmes et le savoir-faire est partagé en famille entre grand-mères, mères, filles et sœurs..

… le dimanche 23 décembre

Le festival kolam vient, une fois l’an, à Pondichéry, honorer cette tradition… Un grand concours est organisé. La municipalité alloue à chaque participante un petit périmètre le long du bord de mer, et les concurrentes s’affairent, seules ou en petits groupes, en une heure ou deux, à réaliser leur kolam.

Les couleurs, le spectacle, l’élégance, dans la rue, sont saisissants!

Avenue Goubert, Pondichéry

Le tamoul est la langue principale parlée à Pondichéry. C’est aussi la langue officielle de l’état du Tamil Nadu (littéralement, « le pays des tamouls »). Le tamoul est également la langue parlée au nord du Sri Lanka. Trente minutes d’avion seulement séparent Chennai de Jaffna.

Les spectateurs assistent, attentifs, à l’élaboration des kolams. Et chacune des créations est ensuite soigneusement jugée, évaluée et notée par une équipe composée de dignitaires de la ville et du gouvernement du Tamil Nadu.

Les juges évaluent avec soin un kolam. Instant solennel pour les concurrentes et leurs familles

Les prix pour les gagnantes? Des appareils électro-ménagers, une télévision, des saris de qualité, des vêtements pour les enfants, des ustensiles de cuisine… Et, pendant un an, pour les familles, l’honneur et la considération auprès de la communauté.

Le festival Kolam a été pour moi, à peine arrivé dans la ville, une formidable introduction à Pondichéry… à sa culture, complexe, tolérante, déroutante aussi…

Pondichéry

… puisque quelques heures après le festival kolam, on célébrait dans la même rue, à deux pas, le dimanche 23 décembre et encore le 25, deux magnifiques messes de Noël – en français! – messes chantées dans l’église Notre Dame des Anges, noire de monde, les deux jours…

Messe de Noël célébrée à l’église Notre Dame des Anges à Pondichéry

L’église Notre Dame des Anges, construite entre 1851 et 1855, a récemment été rénovée. Le Tamil Nadu compte environ 6% de chrétiens et 6% de musulmans. 87% de la population est de confession hindoue. (Sur la religion à Pondichéry et dans le Tamil Nadu, voir la première partie du roman de Yann Martel, « L’histoire de Pi »…)

Alors, Pondichéry… ville tamoule… ville indienne… ville française?…

Ou les trois à la fois?

Les thalis servis dans le Tamil Nadu sont plus colorés, épicés – et copieux! – que ceux servis dans le nord du pays ou au Népal. Le prix des repas dans le sud de l’Inde est aussi, en général, beaucoup plus bas. Le prix du plat ci-dessus? 145 roupies, soit $2.80 ou 1,80

Rue Surcouf, Pondichéry

Rue de la Marine

Rue Mahé de Labourdonnais

Un peu d’histoire… pour mieux comprendre Pondichéry, le contexte dans lequel la ville est née et son évolution depuis le XVIIè siècle…

1er comptoir établi à Chandemagor en 1668, puis à Pondichéry en 1673, Mahé en 1721, Yanaon en 1725 et Karikal en 1739

À partir de 1668, la France, via la Compagnie française des Indes (créée en 1664) annexe ou acquiert plusieurs territoires dans le sous-continent indien afin, selon Colbert, le Contrôleur général des finances, sous Louis XIV, de « procurer au royaume de France l’utilité du commerce des Indes et empêcher que les Anglais et les Hollandais n’en profitent seuls. »

Après le Portugal, l’Angleterre et la Hollande, la France est la dernière puissance maritime européenne à fonder une compagnie des Indes pour commercer avec l’Orient.

Le comptoir de Pondichéry est « installé », pacifiquement, en 1673. La paix sera de courte durée.

Pendant près de trois siècles – jusqu’à la restitution du territoire à l’Inde en 1956 – Pondichéry va connaître une histoire tumultueuse. Entre l’Angleterre, la Hollande et la France, la ville change plusieurs fois de mains et d’allégeance. En 1761, Pondichéry, française, est rasée par les Britanniques. Puis rendue à la France en 1765 après un traité de paix avec la Grande-Bretagne. La ville est reconstruite…

Une dernière note historique. Tous les habitants de Pondichéry (et ceux des autres comptoirs) sont déclarés citoyens français lors de la révolution de 1848.

Carte non datée des possessions françaises en Inde. Pondichéry a aujourd’hui le statut de territoire et a été rebaptisée Puducherry en 1996

Que reste-t-il aujourd’hui de l’ancienne présence française?

Il est difficile d’évaluer le nombre exact de francophones qui vivent à Pondichéry. Le consulat de France recense environ 6000 « franco-pondichériens » mais une toute petite partie seulement – environ 200 – parle régulièrement le français. C’est infime pour une ville qui compte plus d’un million d’habitants.

Parmi ces franco-pondichériens, beaucoup de retraités. D’anciens militaires ou des fonctionnaires, nés à Pondichéry ou Karikal, qui ont fait carrière à l’étranger dans l’armée ou dans l’administration française, et qui passent maintenant leur retraite, ou plusieurs mois par an, au pays natal…

D’autres, n’ayant jamais quitté le territoire, vivent dans une situation beaucoup plus précaire et doivent compter, chaque mois, sur l’aide et les subventions du consulat.

Malgré tout, grâce à un méticuleux travail de restauration entrepris par les autorités françaises et l’état du Tamil Nadu, lorsqu’on se promène dans « la ville blanche« , propre, ombragée, fleurie, on a l’impression de marcher dans les rues d’une petite ville française, bourgeoise et cossue…

Rue de l’Évêché, à Pondichéry. Le cadastre du « quartier blanc » n’a pas changé depuis l’époque coloniale

Des appartements avec balcons, des maisons élégantes, de jolis immeubles rénovés et repeints, bordent les rues…

Rue Romain Rolland

Plusieurs bâtisses ont été reconverties en hôtels, en restaurants, en boutiques… Derrière les murs se cachent de somptueux jardins… D’autres immeubles ont été agrandis, modernisés… et réquisitionnés pour le service public…

Le Lycée Français de Pondichéry, rue Victor Simonel. Créé en 1826, le lycée accueille cette année environ 550 élèves, de la maternelle à la terminale. En plus de l’anglais, de l’allemand et de l’espagnol, les élèves peuvent aussi étudier, comme langue seconde, le tamoul.

L’Alliance Française de Pondichéry, rue Suffren

C’est dans la rue Suffren également qu’est située ma guesthouse (sur la droite). Afin de me déplacer plus facilement, j’ai loué pendant mon séjour, un vélo (vert, sur la droite)… Au Tamil Nadu, les nouveaux vélos sont, le premier jour, emmenés formellement au temple afin d’être bénis. Les guidons sont ensuite, ce jour-là, décorés de guirlandes de fleurs… Le protocole est le même pour les nouvelles voitures.

Le parc Bharathi au cœur de « la ville blanche » de Pondichéry

L’Institut Français de Pondichéry, rue Saint-Louis

Certains plats servis dans les restaurants du quartier ne dépareilleraient pas une bonne table européenne ou canadienne.

Poulet aux champignons, rue Labourdennais

Seul regret, le français, pratiquement inexistant dans les rues de Pondichéry. Parlé seulement par les touristes français ou francophones qui fréquentent les boutiques et les cafés de « la ville blanche« …

Rama vend tous les matins, au bord de la mer, un délicieux café au gingembre et au miel!

somosas (1)

Dipankar, devant son comptoir de samosas, rue de Bussy.

À une quinzaine de minutes de marche du quartier colonial, vers l’ouest, un autre monde: la ville tamoule. « La ville indigène » ou « la ville noire » comme on l’appelle aussi (à mon avis, très péjorativement). La ville tamoule où vit et travaille la très grande majorité de la population de Pondichéry.

ville-tamoule2 (1)

La rue Bharathi, une des artères principales de « la ville tamoule » de Pondichéry

Le grand marché couvert Goubert, au nord de la rue Bharathi

Monde complètement différent. Point ou peu de bâtisses rénovées ici… mais des rues commerçantes, animées…

Ville tamoule, Pondichéry

… et quelques îlots de calme…

Canteen Street, Pondichéry

En me promenant dans les rues de la ville tamoule, une grande politesse, dans les magasins, dans les restaurants… Les visages s’éclairent lorsqu’on apprend que j’habite au Canada… Le pays est connu, apprécié…  Les gens ont de la famille là-bas, des amis…

En dehors de l’Asie, c’est dans la région métropolitaine de Toronto qu’on retrouve la plus grande communauté de Tamouls dans le monde…

Pêcheurs devant le bord de mer à Pondichéry

Deux fois par jour, tôt le matin, et en fin d’après-midi, c’est au bord de la mer, sur la promenade qui fait face au golfe du Bengale, que les deux villes, la ville blanche et la ville indigène, se donnent rendez-vous et se rejoignent, pacifiquement…

« La promenade », avenue Goubert, à sept heures du matin. Un de mes moments préférés à Pondichéry. 40 minutes de marche environ pour parcourir (a-r) la longue avenue qui longe le golfe du Bengale

Malheureusement, pas de baignade dans la mer, à Pondichéry… Les courants sont trop dangereux…

Cinq fois par jour, retentit aussi dans la ville l’appel du muezzin qui invite les musulmans à la prière

Touristes et résidents viennent nombreux le matin assister au spectacle du soleil qui se lève au-dessus du golfe du Bengale

On croise sur le bord de mer, ou dans la ville tamoule, des visages étonnants…

homme-traqué (1)

Personnage rencontré un matin sur le bord de mer… « On ne sait pas d’où ils viennent, ni où ils vont« , m’a confié un résident…

Lila Marie-Joséphine, francophone, 71 ans, née à Saïgon de père (militaire) français, vit avec sa fille à Pondichéry

Entre deux promenades, j’ai réussi à prendre un bain de mer sur l’une des trois plages situées aux environs de Pondichéry, « Serenity Beach »…

Serenity Beach

Serenity Beach, à six kilomètres au nord de Pondichéry, le jeudi 27 décembre. Température? 30 degrés.

Cette plage, qui est loin de rivaliser avec les plages immenses du Kerala, avec celle de Varkala en particulier, était l’une de mes étapes, ce jour-là, sur la route vers Auroville…

Une partie des magnifiques jardins de la commune d’Auroville située à 10 kilomètres au nord de Pondichéry

Impossible de parler de Pondichéry sans évoquer, même brièvement, Auroville, une commune à nulle autre pareille, fondée en 1968 par le philosophe indien Sri Aurobindo et sa compagne, française, Mirra Alfassa-Richard, surnommée « la Mère ».

Comment décrire Auroville?

La commune se targue d’être « une ville expérimentale » et « une cité universelle » dont le dessein est « de réaliser l’unité humaine » en réunissant sur son territoire des hommes, des femmes et des enfants venus de 50 pays différents et qui doivent, pour séjourner à Auroville, adhérer à une charte.

Mirra Alfassa-Richard, résume ainsi, dans un essai, sa vision d’Auroville:

« Il doit exister sur terre un endroit inaliénable, un endroit qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde… Auroville a pour vocation d’être le lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités… »

Ce projet, utopique à première vue, a néanmoins séduit depuis cinquante ans des milliers d’adhérents, étrangers pour la plupart, qui vivent et contribuent à la vision d’Auroville en participant notamment à 35 unités de travail (agriculture, informatique, éducation, santé, artisanat…) réparties sur l’ensemble de la commune.

Le projet est soutenu, depuis le début, par l’Unesco.

Le Mantrimandir (« le Temple de la Mère »), l’âme de la cité d’Auroville, situé sur un terrain dégagé appelé le « Parc de l’Unité ». Auroville était à l’origine un site aride, sans eau, un désert. Plus de deux millions d’arbres et d’arbustes ont été plantés depuis 1968…

Je ne suis resté que quelques heures à Auroville, heures passées principalement à me promener dans les magnifiques jardins et à visiter la librairie (où je me suis procuré, par curiosité, deux ouvrages de « la Mère »)

Je suis resté assez longtemps cependant pour avoir envie de revenir et d’en savoir un peu plus sur ce projet singulier.

Infos supplémentaires sur Auroville disponibles sur le site: https://www.auroville.org

Dans les jardins d’Auroville

Un mot sur la langue…

J’ai rencontré un après-midi dans un café du bord de mer un groupe de jeunes venant du Rajasthan, un état situé dans le nord-est du pays. Ces jeunes visitaient Pondichéry pour la première fois… Arrivés devant le comptoir du café, ils ont chacun passé leur commande en anglais. Je leur ai demandé pourquoi. Ils m’ont expliqué que, venant du Rajasthan, ils parlaient couramment le hindi et l’anglais (les deux langues officielles de l’Inde), ils parlaient également le rajasthani et le marwari, deux des langues régionales du Rajasthan… mais pas un mot de tamoul.

Le garçon du café, lui, ne parlait pas hindi, encore moins le rajasthani et le marwari… Leur seule langue commune (langue très hésitante pour le barista) était… l’anglais.

Un grand nombre de résidents du Tamil Nadu ne parlent pas hindi. Beaucoup en sont d’ailleurs assez fiers et considèrent que le tamoul devrait aussi avoir sa place en Inde comme langue officielle.

Même scénario il y a deux ans au Kerala. Je me souviens des nombreux touristes, venus de Mumbai, attablés chaque jour aux restaurants de Munnar. Pratiquement personne dans ces groupes ne parlait le malayalam, la langue principale du Kerala. Ils devaient eux aussi avoir recours à l’anglais, les habitants de Munnar ne comprenant pas, en général, le marathi, la langue parlée à Mumbai.

Combien de langues reconnaissez-vous sur ce panneau affiché à Auroville?

Avec la religion, la langue est, au quotidien, un des sujets qui fâche et crispe le pays, si paisible en général… d’un milliard 300 millions d’habitants. Le chiffre est vertigineux. C’est presque 18% de la population mondiale. (L’Inde devrait devenir le pays le plus peuplé du monde vers 2025)

Comment tout cela va-t-il évoluer?

Policiers à Pondichéry portant le traditionnel képi français

Des élections générales auront lieu en Inde dans deux mois, entre mars et mai 2019. Plus de 850 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, dans 28 états et sept territoires. Une logistique électorale monumentale.

Le gouvernement de Narendra Modi (centre-droit), élu en 2014, est en difficulté. Son parti (le BJP) a en quelques mois perdu plusieurs élections régionales.

Après un bon début de mandat, beaucoup de gens ici ont le sentiment que les promesses électorales n’ont pas été tenues. Le chômage, en particulier chez les jeunes, est en hausse, un peu partout. Et de nombreux électeurs ont très mal accueilli les récentes mesures prises par le gouvernement afin de marginaliser la population musulmane du pays.

Narendra Modi sera-t-il de nouveau plébiscité? Ou le parti du Congrès national indien (centre-gauche), dirigé par Rahul Ghandi, reviendra-t-il au pouvoir?

Résultat au printemps 2019.

Et Chennai?

Cette ville, anciennement appelée Madras, dont le nom, depuis si longtemps, me fait rêver… (peut-être à cause du « Madras curry »?… les associations, dans les rêves, sont parfois mystérieuses…)

Un rare moment de calme à Chennai, dans le quartier de « Marina Beach », le jeudi 20 décembre

Grosse déception. Chennai compte dix millions d’habitants. Bruit et circulation infernale. Pendant trois jours, j’ai cherché dans mon quartier d’Egmore, et au-delà, un espace vert, un parc ou un café où me poser, respirer et lire tranquillement. En vain. J’ai donc écourté mon séjour fin décembre, et j’ai vite pris le train (quatre heures) pour Pondichéry…

Un train local, bondé, qui a quitté la gare de Chennai à 6h30 du matin et s’est arrêté dans une vingtaine de localités avant d’arriver à Pondichéry. À bord, des familles, des groupes de jeunes qui vont passer les Fêtes au sud, près des plages.

À chaque arrêt, des vendeurs ambulants, de vrais acrobates, se fraient un passage dans les wagons archi-combles et offrent avec le sourire chapatis, thé noir, puri subji, café au lait, fruits, gâteaux. Un beau moment de voyage au cœur du sud de l’Inde!

Passagères débarquant ou attendant sur le quai de la gare de Viluppuram entre Chennai et Pondichéry

Gare de Tindivanam

Rue Suffren, le 1er janvier

J’ai quitté Pondichéry hier après-midi avec regret. J’aurais pu y rester beaucoup plus longtemps.

De nombreux voyageurs s’arrêtent dans la ville pour une halte prolongée. Un couple canadien de l’Ontario, connu rue Suffren, vient chaque année passer trois mois (décembre – février) à Pondichéry. Dès leur départ, ils réservent leur chambre pour l’année suivante.

Au jour le jour, selon son humeur, on peut passer à Pondichéry, en quelques minutes, de « la ville blanche » à « la ville indigène ». On peut s’inscrire à des cours de yoga ou de méditation, faire du bénévolat dans une école ou dans un orphelinat. Aller passer quelques jours à Auroville. Flâner tout simplement. S’asseoir dans un café. Prendre un peu de soleil au bord de la mer ou au parc Bharathi. Personne, dans l’espace public, ne viendra vous importuner. C’est rare.

Petit-déjeuner sur la terrasse…

Après plus de deux mois sur la route, mon voyage s’achève dans quelques jours. Je rentre à Vancouver (via Taipei) le jeudi10 janvier.

Heureux, comme d’habitude, de retrouver bientôt Diana et la Colombie-Britannique! Heureux aussi d’avoir vécu depuis bientôt neuf semaines tant d’expériences différentes… comme celles-ci:

  • Braver la pollution dans les rues grises et encombrées du Vieux-Delhi
  • Me fondre, près des sadhus, au bord du Gange, dans la foule pieuse des « ghats » de Varanasi
  • Marcher, à Lumbini, au Népal, dans les jardins qui ont vu naître Bouddha
  • Dialoguer avec les élèves, les enseignants et un ancien coopérant à l’école Shree Haraiya dans la petite ville de Haraiya Bazar, à 20 kms de Lumbini
  • Découvrir le beau village de montagne de Tansen et discuter les après-midis, au soleil, amicalement, avec Mohan Shrestha
  • Rencontrer à Pokhara Stephen et Annie et monter avec eux jusqu’à la Pagode de la Paix, située au-dessus du lac Phewa Tal
  • Cheminer en compagnie de mon guide Yubraj pendant cinq jours sur les sentiers du massif de l’Annapurna et admirer en route des pics majestueux de plus de 7000 mètres
  • Accompagné de deux autres guides, Shankar et Binod, vagabonder sur les splendides chemins de la vallée de Katmandou.
  • Vivre dans la belle cité de Patan, près de Katmandou, et partager un soir, avec mes hôtes, à leur domicile, un repas traditionnel népalais.
  • Découvrir enfin l’élégante et complexe ville de Pondichéry où, au bord du golfe du Bengale, il fait si bon vivre…
  • Et d’autres expériences encore…

L’année 2018 a été bien remplie…

BONNE ANNÉE 2019 À TOUS!

Lectures de décembre…  (livres de poche glanés dans les bibliothèques de fortune des « guesthouses »)        

Un magnifique roman d’aventures qui se déroule au cœur du pays sherpa, dans l’Himalaya. Et une histoire d’amour, pleine de surprises, entre un Français et une jeune Népalaise, Khami, une farouche « Sherpani ».  Fruit de leur amour, un garçon, Hima, naît… Le récit entraîne le lecteur de Paris, au Caire, à Katmandou, au campement de Namché Bazar, situé au pied de l’Everest. Le roman (en vente dans toutes les librairies de Pokhara) se lit en quelques heures. Excellent document sur le quotidien et les traditions dans l’Himalaya. Écrit par Jacques Lanzmann, le parolier de Jacques Dutronc.

.

Au milieu du 19è siècle, un jeune matelot français, Narcisse Pelletier, est abandonné sur une plage du nord-est de l’Australie. Dix-huit ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard: il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher comme les indigènes qui l’ont recueilli. Il a perdu l’usage du français et a oublié son nom. Que s’est-il passé pendant ces dix-huit années? Récit bouleversant et admirablement écrit. Inspiré d’une histoire vraie, le livre a été récompensé de huit prix littéraires, dont le Goncourt du premier roman 2012. (Extrait de la quatrième de couverture du roman).

Épilogue

Gare de Chennai Central, 4h55 du matin, le vendredi 4 janvier. Faute de moyens, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants dorment chaque nuit assis ou à même le sol dans le hall de la gare…

Avertissement affiché dans les gares et dans les wagons de train en Inde. Ces alertes sont hélas trop rares.

Après vingt-neuf heures de train depuis Chennai à bord du « Rajdhani Express » – le trajet, même en 1ère classe, a été rude, inconfortable, la nourriture servie de qualité douteuse, une amère désillusion! – arrivée à New Delhi le samedi 5 janvier… sous un grand ciel bleu. Il fait froid. Six degrés. C’est l’hiver dans le nord de l’Inde.

Surprise en quittant en tuk tuk la gare de Nizamuddin: la pollution dans l’air et dans les rues de la ville est beaucoup moins visible que lors de mon premier passage, à la mi-novembre. On respire mieux.

Je me suis installé cette fois-ci dans un des « beaux quartiers » de Delhi, près de Connaught Place… à deux pas du métro qui me conduira à l’aéroport et à quelques minutes de marche du temple sikh Gurdwara Bangla Sahib, situé sur l’avenue Ashoka…

Le temple Sikh Gurdwara Bangla Sahib à New Delhi, le mercredi 9 janvier

La vallée de Katmandou

Je suis revenu dimanche à Patan, l’ancienne cité royale, magnifique, située à quelques kilomètres du centre-ville de Katmandou, après avoir passé, sans doute, les quatre plus belles journées de mon séjour au Népal!

Les plus surprenantes aussi!

Randonnée à 1800 mètres d’altitude, au-dessus de la vallée de Katmandou, entre le village de Balthali (à l’arrière-plan) et le monastère de Namo Buddha, le samedi 15 décembre. Nous sommes ici à environ 40 kms à l’est de Katmandou. Voir la carte ci-dessous.

Thuli, 89 ans, termine son déjeuner chez elle, dans le village de Phaskot, 400 habitants, situé entre Namo Buddha et Dhulikkhel. Le tilak (ou tika) mauve, le point coloré sur le front, indique que Thuli est veuve.

En planifiant ce voyage, je m’étais promis de faire dans la vallée de Katmandou une deuxième longue excursion après celle réalisée dans l’Annapurna…. (Voir l’article précédent)

Mission accomplie!

Cela a été une excellente idée d’explorer cette région où les touristes – à deux heures de la capitale – sont beaucoup plus rares que dans l’Annapurna!

Voici donc la carte puis le détail des quatre étapes de mon excursion dans le sud-est de la vallée de Katmandou.

La vallée de Katmandou. On peut aussi prolonger son excursion en explorant les sentiers et les villages situés au nord de la vallée…

Jour #1: taxi (2 heures environ) de Patan/Katmandou jusqu’au bourg de Panauti, puis montée, facile, à pied, en une heure 30 ou deux heures, jusqu’au village de Balthali, situé à 1500 mètres d’altitude

Jour #2: Balthali. On peut facilement prolonger son séjour ici.

Jour #3: 3 heures de randonnée entre Balthali et le village et le monastère de Namo Buddha (1750 mètres). Journée exceptionnelle!

Jour #4: 2h30 environ de marche entre Namo Buddha et la petite ville de Dhulikkhel. De Dhulikkhel, bus et/ou taxi pour le retour à Patan – où il est, selon moi, beaucoup plus agréable de loger qu’à Katmandou…

Près de Dhulikkhel, dans la vallée de Katmandou, le dimanche 16 décembre.

Mon message à ceux et celles qui songent peut-être à visiter le Népal sans faire de « trek » dans l’Everest ou dans l’Annapurna, est assez simple.

Cette boucle – Patan/Katmandou – Panauti – Balthali – Namo Buddha – Dhulikkhel – Patan/Katmandou est très facilement réalisable et une excellente alternative aux randonnées plus classiques et plus longues offertes ailleurs au pays.

Boucle que l’on peut raccourcir, ou prolonger à sa guise, en passant plusieurs jours à chaque endroit, avant de repartir, sans jamais prendre la route goudronnée, mais seulement les sentiers, magnifiques, qui relient depuis des siècles les villages paisibles de la vallée…

Aventure et dépaysement garantis!

Tous les hébergements situés dans la vallée peuvent recommander un guide, sûr et fiable, aux visiteurs. Ci-dessus, Shankar, qui me conduira sans encombres, le samedi 15 décembre, de Balthali à Namo Buddha. Une randonnée exceptionnelle! Né à Balthali, Shankar ne parle que deux ou trois mots d’anglais. Ci-dessous, le sentier, au départ de Balthali…

J’ai voulu partager et résumer ici les principaux points forts de cette randonnée au cœur du pays newari … randonnée fantastique et négligée, à tort, selon moi, par la plupart des visiteurs…

#1 – La qualité des hébergements, très bonne en général, avec un personnel habitué, rompu à la clientèle étrangère…

Chemin qui mène à mon bungalow…

… surplombant le village de Balthali. Eau chaude et chaufferette dans la chambre car les nuits en décembre sont fraîches…

kat

Sur le balcon, vue magnifique sur la vallée de Katmandou

Thapa gère tout en douceur son établissement au-dessus de Balthali

Thali végétarien népalais servi avec des champignons, des épinards et des légumes récoltés dans le jardin de ma « guest house » à Balthali…

#2 – Les vues, imprenables, pendant quatre jours, des sommets de l’Himalaya…

Les pics de l’Himalaya vus de Namo Buddha, le dimanche 16 décembre… Trois sommets, parmi d’autres: le Gauri Shankar (7415 mètres), le Phurbi Chyachu (6722 mètres), le Melungtse (7181 mètres). L’Everest, plus à l’est, n’est malheureusement pas visible…

… et sur le chemin qui descend vers Dhulikkhel…

… où plusieurs chantiers sont en cours…

Entre Namo Buddha et Dhulikkhel

#3 – Les sentiers, moins hauts, bien sûr, que ceux empruntés dans l’Annapurna, mais tout aussi variés et impressionnants…

Un des ponts suspendus entre Balthali et Namo Buddha…

Une heure environ avant l’arrivée à Namo Buddha… Altitude 1700 mètres

Lourd fardeau porté par une femme près de Namo Buddha

Maison de village entre Namo Buddha et Dhulikkhel

En allant vers Dhulikkhel

#4 – La nourriture, apprêtée avec soin à Balthali, et tout simplement exceptionnelle, dans mon hébergement, à Namo Buddha…

Salade d’avocats

Les repas, au Namobuddha Resort sont 100% bio et semblent être droit sortis d’une ferme écologique européenne ou canadienne. Tous les ingrédients, sauf le fromage de yack, proviennent du jardin de l’hôtel… qui fabrique aussi son pain… et même sa crème glacée.  

Quiche aux légumes accompagnée de champignons du jardin, de betteraves et d’haricots verts

Il n’y a pas de menu. On sert chaque jour, au déjeuner et au dîner, trois plats composés des produits les plus frais du potager… 

Tarte au citron et crème glacée faite maison

L’établissement est géré, avec le sourire, par la propriétaire, Ingrid, originaire d’Allemagne… Un lieu remarquable… qui met aussi en valeur, dans les chalets, l’artisanat traditionnel népalais…

Ingrid, devant un des chalets de Namo Buddha Resort, dimanche matin, le 16 décembre

Les pics de l’Himalaya surplombent les chalets et résidences de Namo Buddha Resort

#5 – Les gens rencontrés sur le chemin qui voient ici beaucoup moins de visiteurs que sur les sentiers de l’Annapurna…

À l’extérieur de Balthali, le vendredi 14 décembre

Binod, 37 ans, père de trois enfants, et mon second guide, le dimanche 16 décembre, entre Namobuddha et Dhulikkhel… Binod qui m’a très gentiment offert une visite de son village, Phaskot, où j’ai pu rencontrer ses parents, son épouse, Indira, et sa fille aînée, Anju… Binod est un guide hors du commun. Sa maison, en rénovation dans le village, accueille régulièrement les randonneurs. Contact: binod_39@hotmail.com

Indira, enseignante au primaire

Anju, 19 ans, étudie l’anglais à Dhulikkhel

Drapeaux de prières bouddhistes déployés devant le monastère Thrangu Tashi Yangtse de Namo Buddha. La couleur des drapeaux a une signification précise. Bleu= l’espace. Blanc = l’air et le vent. Rouge = le feu. Vert = l’eau. Jaune = la terre. Les drapeaux sont suspendus, dans les montagnes, au passage des cols, près des monastères ou au croisement des chemins pour demander aide et protection…

J’ai rencontré également sur le chemin, le samedi – le seul jour de congé au Népal – de très nombreux pèlerins en route pour les temples et le monastère de Namo Buddha… pèlerins qui n’hésitent pas, au soleil, à poser pour les amis ou pour la famille…

Pose près du monastère bouddhiste…

… de Namo Buddha…

Le monastère de Namo Buddha accueille des centaines de pèlerins qui viennent des quatre coins du Népal, de l’Inde et du Tibet. Plus de 200 moines résident au monastère. Matthieu Ricard, le célèbre moine français effectue ici de fréquents et longs séjours.    

Comme presque partout où je suis passé au Népal, j’ai aussi rencontré, sur le chemin, des groupes d’étudiants, souriants et accueillants…

Étudiants croisés au pont suspendu de Khopasi Bridge, près de Panauti, le jeudi 13 décembre

Cette randonnée dans la vallée de Katmandou a vraiment été une très belle surprise… Je ne m’attendais pas à côtoyer, à tutoyer presque, les pics de l’Himalaya, par temps clair, pendant quatre jours…

Mon guide Binod m’a en fait confirmé ce que plusieurs randonneurs au Népal ont pu vérifier récemment. À cause des changements climatiques, la meilleure saison pour marcher dans l’Annapurna ou dans la vallée de Katmandou est maintenant la période comprise (grosso modo) entre la fin octobre et la mi-décembre…

Pendant la période auparavant privilégiée par les randonneurs (fin septembre, début octobre), la météo est souvent mauvaise, et le ciel bouché… Ces informations relayées par Binod ne sont bien sûr que des tendances. Les caprices de la météo étant, par définition, imprévisibles.

Les rues de Patan, l’ancienne ville royale, située à 6 kms environ de Katmandou. Patan est, à mon avis, un endroit bien plus agréable où vivre que Katmandou…

… Patan où on reconstruit et rénove les temples endommagés par le tremblement de terre de 2015

Autre surprise. Le gérant de mon hôtel à Patan, Devinder, m’a gentiment demandé hier matin si j’acceptais de prendre le repas du soir avec sa femme et son fils dans leur domicile, une annexe de l’hôtel. J’ai été très ému et touché par son invitation. Et j’ai bien sûr accepté.

Nous avons donc dégusté, il y a quelques heures, dans le salon de la famille, de délicieux hors-d’oeuvres, arrosés d’un alcool fort, (« our local brew », a précisé Devinder) avant de passer dans la salle à manger et partager le traditionnel thali.

La photo ci-dessous n’est pas de très bonne qualité, mais je voulais l’inclure ici comme témoignage de l’hospitalité népalaise. La famille m’a aussi remis un cadeau.

Quelle aventure, et quelle belle façon d’achever mon voyage au Népal!

En compagnie de Devinder et son épouse dans leur salon, lundi soir, le 17 décembre. Départ le lendemain matin pour Chennai, dans le sud de l’Inde.

Je poursuis ce matin mon voyage.

Départ dans quelques heures ce mardi pour l’aéroport de Katmandou.

Je suis en route pour New Delhi (escale de 2 heures) et ensuite pour Chennai (l’ancienne Madras), dans l’état du Tamil Nadu, où je devrais arriver en toute fin d’après-midi.

Je ne passerai qu’un bref moment à Chennai (3-4 jours) avant de gagner, en train, Pondichéry où je m’arrêterai une douzaine de jours… Ce sera ma plus longue halte du voyage…

Après le Kerala, il y a deux ans, j’ai bien hâte de retrouver la chaleur et la culture du sud de l’Inde!

Joyeux Noël!

La presse népalaise… Plusieurs quotidiens (The Himalayan, The Kathmandu Post) sont publiés en anglais…

Cinq jours dans l’Annapurna

Le soleil se lève au-dessus de l’Annapurna et du village de Tadapani, au Népal. Sur la droite, deux sommets bien connus des alpinistes: le « Gangapurna » (7455 mètres) et « l’Annapurna 3″ (7555 mètres)

Le sommet de l’Annapurna-Sud, 7219 mètres, vu de Tadapani, le mercredi 5 décembre

Je suis de retour à Pokhara. Et je reviens de ma randonnée – de mon « trek » de cinq jours dans l’Annapurna – avec beaucoup d’humilité. Avec un respect renouvelé aussi pour tous les villageois rencontrés dans la montagne, villageois qui vivent entre 2000 et 3000 mètres d’altitude, dans des conditions souvent précaires, avec tant de grâce et de dignité.

Rencontre sur le sentier entre…

… Tadapani et Ghandruk, le 5 décembre

La zone de conservation de l’Annapurna, créée en 1986, est la plus grande aire protégée du Népal. La région n’a miraculeusement pas souffert du tremblement de terre de 2015

Mon projet s’est déroulé exactement comme je l’avais planifié. Mais la randonnée – quatre journées de marche et un long retour en bus vers Pokhara – a été difficile. Plus difficile que prévu.

Avec le recul, je m’aperçois que cela a été une excellente idée de m’entraîner, ce printemps, en France, le long du GR65.

Les deux expériences de marche sont bien sûr très différentes, mais avoir cheminé au mois de mai, chaque jour, 4 ou 5 heures, sur la route de Compostelle, m’a fait le plus grand bien. Cela a été une très bonne préparation, mentale et physique, à ce « trek » réalisé au Népal.

Située à environ 200 kms à l’ouest de Katmandou, Pokhara (encerclée en vert) est la deuxième ville du Népal et le point de départ de multiples randonnées vers le massif de l’Annapurna.

Ci-dessus, le tracé de ma randonnée de cinq jours et quatre nuits dans le massif de l’Annapurna. Depuis Pokhara, 90 minutes en taxi, en compagnie de mon porteur Yubraj, jusqu’à Nayapul, point de départ de la randonnée. Ensuite, jour #1: Nayapul – Ulleri. Jour #2: Ulleri – Ghorepani. Jour #3: Ghorepani – Tadapani. Jour #4: Tadapani – Ghandruk. Jour #5: Ghandruk et retour en bus vers Pokhara. D’autres marcheurs optent pour une randonnée plus longue (7-11 jours) jusqu’au camp de base de l’Annapurna (ABC).

La première et la troisième étape ont été particulièrement rudes. Un élévation d’environ 1000 mètres le premier jour entre Nayapul et le village de Ulleri, perché à 1960 mètres. Et, entre Ghorepani et Tadapani le sentier monte (jusqu’à 3200 mètres) et descend cruellement. Quatre heures 40 de marche ce jour-là, la plus longue étape, et sans doute aussi la plus belle… 

Une des rues principales du village de Nayapul, lieu de départ de mon trek

De Nayapul, le sentier emprunte d’abord un chemin poussiéreux qui monte lentement vers les montagnes…

Début de la randonnée, sous un temps couvert, quelques kilomètres après Nayapul

… le tracé devient ensuite beaucoup plus abrupt… Des centaines de marches sont taillées dans le roc du sentier…

Entre Tikhedhunga et Ulleri, le dimanche 2 décembre

… On grimpe, on grimpe ce premier jour, pendant plus de quatre heures… jusqu’au village de Ulleri… où m’attend une chambre simple et presque nue (voir Conseils pratiques à la fin de l’article)… Heureusement, il y a de l’eau chaude!…

Le pain « Gurung » accompagne, avec un oeuf dur et des pommes de terre, le petit-déjeuner traditionnel népalais.

Après une courte, inconfortable nuit (à cause du froid) et un petit-déjeuner sommaire, préparé dans une cuisine de fortune, je reprends la route, tôt le lendemain, accompagné de mon porteur, Yubraj…

Yubraj, 28 ans, a vaillamment porté mon sac pendant cinq jours. Yubraj vient de se marier à Pokhara. Il a deux grands frères. L’un travaille en Malaisie et l’autre est cuisinier, depuis cinq ans, à Règina, en Saskatchewan. Yubraj va tenter dans les prochains mois d’obtenir, à Pokhara, sa licence officielle de guide de haute montagne

En marchant, j’écoute attentivement les propos de mon jeune porteur. Il me parle, en anglais, de sa famille, de son enfance, de son pays. Et je me rends compte que les expériences de Yubraj résument assez bien les turbulences qu’a vécues le Népal depuis vingt ans….

Né dans le village de Dhital, situé à une heure de route de Pokhara, Yubraj me confie qu’il se souvient encore très bien, dès l’âge de huit ans, des rebelles maoïstes qui faisaient régulièrement, la nuit, irruption dans son village… 

Lourdement armés, farouchement opposés à la monarchie, les rebelles exigeaient d’être nourris, logés. Malheur à ceux qui refusaient de les aider. Ou à ceux dans le village qui contestaient leur idéologie, leur autorité. On retrouvait leurs corps, mutilés ou criblés de balles, plusieurs jours plus tard…

Dans une « tea house » à Ulleri, le lundi 3 décembre

Une fois les rebelles partis, l’armée népalaise arrivait à son tour dans le village, questionnant les résidents, leur demandant pourquoi les maoïstes avaient été accueillis et hébergés… Les responsables de l’armée, les soldats, proféraient des menaces… La situation, pour les habitants, devenait intenable.

Lorsqu’il a eu onze ans, la famille de Yubraj a quitté le village et est partie pour Pokhara. Sa scolarité a brusquement pris fin à ce moment-là.

Cette période noire a duré dix ans. Entre 1996 et 2006, entre 13 000 et 19 000 Népalais ont perdu la vie, tués par les rebelles ou par l’armée… Plus de 150 000 hommes, femmes et enfants ont dû, comme la famille de Yubraj, quitter leurs terres, leurs villages et se mettre à l’abri dans les grandes villes.

« Tea house » à Ghorepani, le mardi 4 décembre

La situation est bien différente aujourd’hui. Les maoïstes (comme les communistes) ont maintenant intégré le gouvernement. La monarchie a été abolie en 2008 et le Népal est désormais une république dirigée par une femme.

Le pays a largement retrouvé son calme, mais personne ici, à Pokhara ou dans l’Annapurna, n’a oublié les cicatrices et les traumatismes de la guerre civile. Cette période d’affrontements et de violence a profondément et durablement marqué le pays. 

Ghorepani, le mardi 4 décembre

Revenons sur le sentier où nous avons eu droit, les jours suivants, à une météo plutôt clémente, et au soleil, bien présent le matin…

Deuxième jour de marche, entre Ulleri et Ghorepani, le lundi 3 décembre

En montant vers Ghorepani

En chemin, nous croisons des marcheurs venus de la Belgique, de la France, de l’Allemagne, du Japon. Il y a des Britanniques, des Russes, quelques Canadiens mais, à ma grande surprise, la grande majorité des randonneurs sont des Népalais. De jeunes Népalais, inscrits à l’université souvent, qui parlent un anglais remarquable, et qui viennent, en groupe, joyeusement, découvrir la région…

« C’est un phénomène relativement récent », m’explique Yubraj qui parcourt les sentiers de l’Annapurna depuis cinq ou six ans… « Avec les réseaux sociaux, et le calme revenu au pays, les Népalais, les jeunes professionnels de Pokhara et Katmandou ont eux aussi envie de découvrir ces régions, et partager leurs aventures, leurs découvertes »…

Des jeunes Népalais profitent de la paix retrouvée pour visiter leur pays

En arrivant à Ghorepani, un panneau rappelle aux visiteurs les défis immenses auxquels sont confrontés l’ACAP (l’Agence de Protection de l’Annapurna) et les villages, dépourvus d’infrastructures, qui accueillent les randonneurs, douze mois par année maintenant. 

Plus de 100 000 touristes visitent la zone de l’Annapurna chaque année.

Comment peut-on, dans ces conditions, gérer et protéger adéquatement l’environnement fragile de la haute montagne?

Recycler les déchets, les bouteilles en plastique en particulier, est un case-tête considérable pour les villageois et les autorités…  

Un projet de construction de points d’eau filtrée et potable dans l’Annapurna est en cours afin de réduire le nombre de bouteilles en plastique que transportent les randonneurs…

Deuxième halte, le lundi 3 décembre, dans le village de Ghorepani. Altitude: 2750 mètres.

Dans les rues de Ghorepani, des dizaines d’ânes circulent du matin au soir après avoir monté, pour les randonneurs et les résidents, nourriture et équipement

Pat de légumes au curry, Ghorepani

Snow View Lodge, Ghorepani, mardi matin, le 4 décembre

Nous assistons au réveil à Ghorepani… et ensuite, sur la route vers Tadapani, à un spectacle grandiose… Il fait un temps splendide!

Les pics de l’Annapurna entre Ghorepani et Tadapani, le mardi 4 décembre

Le balisage sur le sentier est le même que celui du GR65…

Cuisinier dans une « tea house »

Petit-déjeuner avec Yubraj, mercredi matin, le 5 décembre, à Tadapani

… spectacle renouvelé le lendemain matin lorsque nous quittons Tadapani… pour Ghandruk…

Tadapani, mercredi matin, le 5 décembre. J’ai adoré les quelques heures passées dans le village, une des plus petites localités du circuit de l’Annapurna…

… en route, nous traversons une étonnante forêt de rhododendrons…

… avant de nous arrêter un instant, dans une petite buvette, juste avant Ghandruk…

Thé noir, servi avec le sourire, lors de notre dernière halte entre Tadapani et Ghandruk…

…Ghandruk… où nous arrivons en début d’après-midi… C’est ici que nous terminons notre randonnée…

Arrivée à Ghandruk. le mercredi 5 décembre

Coup de foudre en découvrant la ville, coupée en deux…

En haut, la ville « moderne » avec de beaux et anciens bâtiments, qui servaient autrefois d’entrepots, et qui ont été repeints, rénovés en gîtes ou en hôtels…

Bâtisses à Ghandruk

Portes sculptées à Ghandruk

… en bas… la vieille ville de Ghandruk… Un village magnifiquement préservé… et curieusement ignoré par la majorité des touristes et des randonneurs…

La vieille ville de Ghandruk, le mercredi 5 décembre

… Une vieille ville, propre, paisible, accueillante, avec son musée… vieille ville où les artisans perpétuent les traditions…

Confection de paniers en bambou dans un atelier de Ghandruk

Livraison inhabituelle…

Surprise en marchant dans les ruelles… Des enfants me font signe… Une fête se prépare à Ghandruk!… Je les suis vers le haut du village….

Ghandruk, le mercredi 5 décembre

… où notables, dignitaires et membres de la communauté sont déjà rassemblés…

Visages de la communauté réunie à Ghandruk

… afin de participer à une grande célébration… On honore, cet après-midi-là, un couple âgé du village pour sa contribution au fil des ans à la communauté…

Après les discours, une danse traditionnelle…

Quelle belle façon de terminer cette randonnée!

Ghandruk, au réveil, jeudi matin, le 6 décembre

C’est déjà le moment de rentrer à Pokhara…

Ces cinq jours dans l’Annapurna sont passés très vite, en un clin d’oeil

Très heureux d’avoir fait cette randonnée!

Merci à tous les villageois rencontrés et au personnel des « tea houses« 

Cela a été une merveilleuse expérience!

Un aperçu de la gare routière de Ghandruk, jeudi matin… On a l’impression ici d’être au bout du monde… Le retour en bus vers Pokhara – quatre heures quinze de trajet sur les routes de montagne – sera épique!

« Dal bhat » traditionnel népalais servi à Pokhara

Avant de terminer, et avant de partager quelques conseils pratiques sur cette randonnée dans l’Annapurna, je tiens à remercier ici mes amis Stephen et Annie qui ont parcouru le même chemin quelques jours avant moi. Leurs suggestions, partagées à Pokhara avant le départ, ont été précieuses. Merci à tous les deux!

Un des deux permis de randonnée obligatoires pour emprunter les sentiers de l’Annapurna

Voilà donc ci-dessous quelques suggestions pour ceux et celles qui songent peut-être à réaliser ce circuit de quelques jours dans l’Annapurna… 

  • Amener (il va sans dire) des vêtements chauds. Il fait très froid en altitude, la nuit, et au petit matin.
  • Se munir de savon, d’une serviette de toilette… et de papier hygiénique – items introuvables dans les chambres.
  • Les lits dans les « tea houses » n’ont qu’un simple drap (pas toujours propre) posé sur le matelas, et une couverture (à la propreté douteuse également). Amener un sac de couchage est une bonne idée. On peut en acheter ou en louer facilement à Pokhara. Ou se munir d’une housse, en soie ou en coton, dans laquelle on se glisse. La housse (« liner ») offre une couche de protection entre la peau et le drap/la couverture.  
  • Le prix des chambres est dérisoire. Entre 400 et 1000 roupies la nuit ($5 à $11 ou 3 à 7 euros). La nourriture, qui doit être acheminée à pied ou à dos d’âne jusqu’aux villages, est beaucoup plus chère. Compter 500-600 roupies pour le petit-déjeuner ($6 ou 4 euros). Le même prix pour le déjeuner ou le souper.

Le lac Phewa Tal au centre-ville de Pokhara, samedi matin, le 8 décembre

Au-revoir, Pokhara!

J’ai été très heureux ici, avant et après mon « trek », tranquille dans mon quartier de Lakeside East où les touristes sont moins nombreux.

Logé, au troisième étage, au Nanohana Lodge. Une très bonne adresse.

Le quartier Lakeside East, à Pokhara, samedi matin le 8 décembre

Après quatre semaines en Inde et au Népal, j’ai maintenant pris mon rythme de croisière. J’ai encore devant moi cinq belles semaines de voyage. Ma santé est bonne, le moral, excellent. 

Indra, originaire de Ghandruk, a gentiment préparé et servi la plupart de mes repas pendant mon séjour à Pokhara

Je quitte Pokhara demain pour Katmandou. Un trajet de sept ou huit heures en bus. Ai bien hâte de découvrir la capitale du Népal, et la vallée de Katmandou où j’ai prévu faire plusieurs autres excursions.

J’ai beaucoup écrit depuis un mois. Et je ne sais pas quand le prochain article sera publié – avant ou après Madras (Chennai), dans le sud de l’Inde, où j’arriverai le 18 décembre, Madras où il fait aujourd’hui… 31 degrés!… 

Alors, juste au cas où… déjà… JOYEUX NOËL À TOUS!   

J’ai rencontré Karchhung, devant sa modeste maison, en arrivant à Ghorepani, le 3 décembre. Nous avons le même âge, et nous avons tout de suite sympathisé. Il m’a indiqué où me placer dans le village le lendemain matin pour avoir les meilleures vues du lever du soleil sur l’Annapurna. Karchhung a un fils qui étudie à Seattle et il espère lui rendre visite dans les prochains mois. Bon voyage, et merci Karchhung!

Premiers pas au Népal…

Deux amies se réchauffent au soleil à l’entrée du village de Bagnaskot, situé près de Tansen, dans la province de Lumbini, au Népal, le dimanche 25 novembre

Mes premiers pas au Népal n’ont pas été faciles!

Après avoir quitté Varanasi et le nord de l’Inde, j’ai été confronté dès mon arrivée au pays, le 19 novembre, à une succession d’obstacles complètement inattendus.

Routes défoncées et difficilement praticables entre la frontière et la petite ville de Lumbini où je dois passer mes premières nuits…

Après mon séjour à New Delhi et à Varanasi, en Inde, soulignées en rouge ci-dessus, mes trois premières haltes au Népal: Lumbini, Tansen (Palpa) et Pokhara.

Hébergements au confort et à la propreté très sommaires. Transports en commun moyenâgeux. À l’extérieur, sur les routes de campagne, l’odeur âcre de la poussière et des champs qui brûlent… 

Les habitants de Lumbini doivent affronter tous les matins sur le chemin de l’école ou du travail les brûlis agricoles et le défrichement des champs qui polluent l’air…

Une des rues principales de Lumbini, vers 9h du matin. Ci-dessous, un peu plus tard, à l’extérieur de la ville.

Les faubourgs de Lumbini, en milieu de matinée…

J’ai dû m’accrocher. Parlementer. Être patient. Changer d’hôtel à Lumbini.

Et puis, un matin, sans prévenir, après une bonne nuit de repos, le Népal offre au visiteur, surpris, un tout nouveau visage, souriant et radieux…

Vêtus de leurs plus beaux habits, pèlerins à Lumbini, le jeudi 22 novembre

Je me suis arrêté quatre jours à Lumbini…

Lumbini est le lieu de naissance avéré de Bouddha (né en 623 av. J.-C.) et la ville est devenue, au fil des ans, un centre important de pèlerinage.

Avec Sarnath, en Inde (dans l’Uttar Pradesh), lieu du premier discours, et Kushinagar (dans l’Uttar Pradesh également), la ville où Bouddha est mort, Lumbini est l’un des lieux saints du bouddhisme.

Plus d’un million de touristes visitent la ville chaque année. La plupart viennent jusqu’ici en voyage organisé, en bus, et ne restent à Lumbini que quelques heures…. 

Pèlerins sur leur « 31 »…

… en hommage à Bouddha

… Le temps de prendre quelques photos devant l’un des nombreux temples érigés à la mémoire de Bouddha… ou de poser près de l’immense bassin d’eau, construit sur le site dédié au « Bienheureux »  

Famille en visite à Lumbini. Le site de pèlerinage a été conçu autour du jardin où est né Bouddha. Il est classé, depuis 1997, au patrimoine mondial de l’Unesco

« Momos » (raviolis traditionnels népalais) aux légumes

J’avais aussi une autre raison de visiter Lumbini…

Avant de partir pour le Népal, une amie, Christiane, avec qui j’ai travaillé au Rwanda, m’a gentiment proposé de prendre contact à Lumbini avec un ex-collègue népalais, Nar, enseignant et ancien coopérant lui aussi au Rwanda avec l’ONG VSO. J’ai bien sûr accepté la proposition.

Cela a été une excellente idée!

Nar, ancien coopérant au Rwanda

Nar enseigne dans une école gouvernementale (publique) dans le village de Haraiya Bazar, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lumbini.

Nous avions avant mon arrivée échangé, pendant plusieurs semaines, de multiples courriels. Et le mercredi 21 novembre, Nar est venu, comme promis, me prendre en moto à l’hôtel… et nous sommes partis, sur de petites routes de campagne, pour son école…

Quelle belle expérience! J’ai pu passer une heure à dialoguer avec des élèves de 10è année (l’équivalent de la seconde en France) inscrits en filière informatique. Dans un anglais impeccable, les étudiants m’ont posé des dizaines de questions sur le système d’enseignement et sur la vie quotidienne au Canada.  

Élèves de 10è année à l’école secondaire Shree Haraiya. Les élèves sont en classe de 10h à 16h, six jours par semaine, du dimanche au vendredi. Les finissants (11è et 12è années) sont, eux, en cours de 6h à 10h du matin. Malheureusement, au Népal, 40% des élèves seulement arrivent jusqu’à la 10è année.

Au sein de l’école, ambiance studieuse et uniformes obligatoires. Dans les classes, en général, garçons d’un côté, filles de l’autre. La journée commence avec une assemblée dans la grande cour…  et l’hymne national chanté en choeur par les élèves…

Lors de ma visite, j’ai aussi pu rencontrer quelques enseignants et faire connaissance avec l’équipe administrative de l’école.

J’apprends que deux jeunes enseignants (sur la photo ci-dessous) ont récemment fait le choix de revenir travailler au Népal après un séjour prolongé à l’étranger, à Chennai pour l’un, à Sydney pour l’autre.

Après plusieurs années de turbulences et d’instabilité politique, le Népal retrouve peu à peu son calme et des milliers de Népalais reviennent aujourd’hui s’établir au pays. (Pour un bref historique de la situation politique au Népal, voir l’article suivant: Cinq jours dans l’Annapurna).

Le directeur (au centre) de l’école Shree Haraiya et le directeur-adjoint entourés de deux jeunes enseignants récemment revenus travailler au Népal

Très belle matinée!

Merci Nar, merci aux élèves et aux enseignants de l’école secondaire Shree Haraiya, et merci Christiane!

Voir ci-dessous le gentil message de Nar reçu quelques jours après ma visite…

« Dear Max… 

Thank you for the wonderful pics… 

All staffs are very happy to see you in the school. Students are still talking about you, your country and the teaching culture in Canadian schools… They are extremely happy to have that valuable conversation. Namaste Christiane. It is good to see wonderful Max in my village. Hope you are doing well. »

Nar

Samosas et pakoras farcis aux légumes, Tansen.

Après quatre jours, malgré les belles rencontres faites là-bas, c’est le moment de quitter Lumbini….

Un des chemins de campagne qui mène au centre-ville de Lumbini…

Au-revoir, Lumbini…

… et de reprendre la route… vers le nord… cinq heures de bus… en direction de Tansen… qu’on appelle aussi Palpa… Un magnifique village de montagne perché à 1500 mètres d’altitude…

Odeur d’eucalyptus et de pins dans la forêt qui surplombe le village de Tansen. Ci-dessous, la rue principale du village…

Aucune pollution dans le grand ciel bleu de Tansen. Enfin!

Dès mon arrivée, j’ai le sentiment d’être revenu… à Dalat, au Vietnam!

Même altitude, mêmes forêts de pins, mêmes visages burinés et brûlés par le soleil. Même atmosphère feutrée dans les ruelles escarpées du village.

Mêmes sourires aussi!

Groupe d’étudiants en route pour un pique-nique sur les hauteurs de Tansen, le samedi 24 novembre

J’ai absolument adoré mon séjour à Tansen!

Et j’ai dû me pincer dix fois par jour pour me convaincre que je n’étais pas à Dalat mais bien au Népal.

Confiserie à Tansen

Trois jours passés dans ce village sauvage, paisible, peu connu des touristes, ont suffi pour me réconcilier tout à fait avec le pays.

Mohan Shrestha, 68 ans, ancien professeur d’économie à l’université, maintenant à la retraite, gère l’ excellente guesthouse « City View » à Tansen. Mohan dirige également un bureau d’information touristique, « Get Up ». Nous avons eu chaque jour de longues et fructueuses conversations. Merci, Mohan! Courriel: shrestha.manmohan@gmail.com

Mohan devant son auberge à Tansen

Thali végétarien népalais servi à Tansen.

Après une dernière randonnée, d’une dizaine de kilomètres, le dimanche 25 novembre, entre Tansen et le village de Bagnaskot…

Entre Tansen et Bagnaskot

… J’ai repris mon chemin, vers Pokhara… La route est nettement meilleure cette fois-ci…. En moins de cinq heures, notre bus a rejoint Pokhara, la deuxième ville du pays et la porte d’entrée vers le massif de l’Annapurna…

Il fait un temps splendide! Et j’ai retrouvé avec grand plaisir à Pokhara, comme prévu, mes amis Stephen et Annie qui terminent dans quelques jours leur séjour au Népal…

Au-dessus de Pokhara, en compagnie de Stephen et Annie, le mardi 27 novembre. Magnifique randonnée sur le sentier qui mène à la « World Peace Pagoda ». Le sentier surplombe la ville et le lac Phewa Tal qui baigne Pokhara… Quel plaisir de revoir mes amis! Formidable journée!

Sentier au-dessus de Pokhara

J’ai prévu faire une longue halte à Pokhara… Ma plus longue, avec celle prévue (fin décembre/début janvier) à Pondichéry, dans le sud de l’Inde… Une douzaine de jours environ…

Ce qui me permettra de réaliser ce qu’on appelle ici un « trek« … Une longue randonnée de cinq jours et de quatre nuits dans les villages de haute montagne perchés au-dessus de Pokhara dans le massif de l’Annapurna…

J’ai obtenu hier mon permis et mes autorisations (US$50). J’ai engagé un porteur, Yubraj, 28 ans, qui parle assez bien l’anglais. Yubraj est originaire du petit village de Dhital situé à une heure de Pokhara. Il m’a été chaleureusement recommandé par mon hôtel.

Nous dormirons, comme tous les randonneurs dans l’Annapurna, dans les « tea houses« , des hébergements très simples tenus par les villageois. Nous marcherons en moyenne cinq à six heures par jour.

Point culminant du « trek », environ 3200 mètres. Ce n’est pas très haut. J’ai été bien plus haut (au-dessus de 4000 mètres) dans la région de Potosi, en Bolivie… il y a déjà vingt ans.      

Nous partons dimanche, le 2 décembre. Retour, le jeudi 6 décembre. Je laisse mon ordinateur à Pokhara. Aucune connexion donc pendant cinq jours. C’est la grande aventure. J’ai bien hâte de commencer!

Je vous embrasse tous.

Une partie du splendide massif de l’Annapurna vu des hauteurs de Pokhara. Photo Stephen Cassels.

Nouvelle version de mon petit déjeuner préféré, le Puri Subji, accompagné de yogourt, à Pokhara, ce matin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Varanasi

La vieille ville de Varanasi, baignée par le Gange, dans l’état indien de l’Uttar Pradesh, samedi matin, le 17 novembre.

Des amis m’avaient bien mis en garde avant de partir…

« Fais attention, Varanasi ne ressemble à aucune autre ville, en Inde ou ailleurs. Prépare-toi. Cela va être un choc ».

Comme ils avaient raison!

Assi Ghat, Varanasi, le jeudi 15 novembre. Les pèlerins apportent des offrandes (à droite) avant la prière dans les temples: des fleurs, du riz, des fruits, des sucreries…

Varanasi, qu’on appelait autrefois Bénarès, est l’une des villes les plus anciennes du monde. C’est aussi la ville qui accueille en Inde le plus grand nombre de pèlerins. 

Selon la mythologie hindoue, la cité a été fondée par Shiva (l’une des trois déités, avec Brahma et Vishnu) et elle est, au bord du Gange, l’une des sept villes sacrées de l’hindouisme.

Tous les matins, dès l’aube, des milliers de pèlerins affluent dans les temples de la vieille ville ou au bord de la rivière afin de prier (« puja ») et de laver leurs péchés.

Meer Ghat et, ci-dessous, pèlerins priant dans le Gange

Anandmayee Ghat. L’hindouisme est la troisième religion pratiquée dans le monde aujourd’hui après le christianisme et l’islam

Les marches (« les ghats ») qui conduisent vers la rivière sont pleines de monde…

Pandhey Ghat

C’est un spectacle saisissant!

Les personnages les plus étonnants sur les ghats sont sans doute les « Sadhus »

Sadhu, Dashashwameh Ghat

Les Sadhus sont des ascètes hindous qui ont renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer uniquement à la quête spirituelle.

Sadhu bénissant un pèlerin

En tant que « renonçants », ils coupent tout lien avec leur famille, ne possèdent rien ou peu de choses. Certains sadhus s’habillent d’un longhi (une tunique symbolisant la sainteté) et parfois de quelques colliers.

Les sadhus n’ont pas de toit et passent leur vie à se déplacer sur les routes de l’Inde et du Népal. Ils se nourrissent des dons des dévots. Il existe aussi des femmes sadhus.

J’ai cru distinguer, une ou deux fois, sous la poudre des visages, certains traits inattendus: une peau plus claire, des yeux bleus. Des sadhus d’origine européenne? Quelles étranges circonstances les ont conduits jusqu’ici?

Meer Ghat

Aalya Ghat

Certains sadhus sont presques nus…

Harishchandra Ghat

Dashashwameedh Ghat

Des familles entières venues des quatre coins de l’Inde convergent également vers Varanasi afin d’incinérer leurs morts…

Selon la religion hindoue, la mort est vécue comme une délivrance et mourir à Varanasi procure aux défunts la « moksha » – la libération du cycle perpétuel de la réincarnation, réincarnation considérée par les Hindous comme un fardeau.

Le lieu de crémation Manikarnika Ghat. Notez le bois à côté des bûchers…

Après la cérémonie de crémation, les restes des corps sont jetés dans le Gange.

Entre 200 et 300 crémations ont lieu tous les jours à Varanasi.

Chausatti Ghat

Retour sur les ghats où, à quelques centaines de mètres des bûchers, les coiffeurs ne chôment pas…

Assi Ghat

Raja Ghat

En me promenant sur les ghats, j’aperçois un vendeur ambulant…

Raja Ghat

De son petit établi, émane une odeur alléchante..

Je m’approche et me laisse convaincre d’acheter, pour dix roupies, un « papadi chaat », une petite galette de blé écrasée accompagnée de pois chiches, de carottes et de pommes de terre…

Délicieux!

À cinq minutes de marche des Ghats on découvre une autre facette de cette ville qui réserve bien des surprises aux visiteurs…

Le marché de Varanasi, rue Dashashwameedh

Marché de Varanasi

En quittant le marché…

Le centre-ville de Varanasi

… on retrouve les petites ruelles de la vieille ville…

La vieille ville de Varanasi

… qui offrent aux résidents un choix presque illimité de plats et de nourriture…

Dans la vieille ville de Varanasi

Beignets

Plat de Puri Subji dégusté au petit déjeuner. Puri = pain. Subji = ragoût de légumes épicés au curry. Un vrai régal!

Un rare moment de calme dans une ruelle de la vieille ville

Contrastes immenses sur les Ghats, au bord du Gange…

Photo de famille, Assi Ghat

J’ai beaucoup vu, et beaucoup appris, pendant mon séjour ici…

Après cinq jours intenses passés à Varanasi, je reprends la route ce matin….

Une longue journée de voyage m’attend…

Mes étapes de la journée Varanasi – Gorakhpur – Sonauli (frontière népalaise) et Lumbini

Trois heures de train d’abord entre Varanasi et Gorakhpur, une grosse bourgade commerçante située au nord de l’état de l’Uttar Pradesh…

Je ne resterai à Gorakhhur que le temps de sauter dans un bus vers Sonauli et la frontière népalaise (deux heures)…

De Sunauli, je rejoindrai en bus (une heure), en fin d’après-midi, Lumbini, ma première halte au Népal….

Bonne fin d’automne à tous!

Amit qui gagne en partie sa vie en accompagnant les visiteurs sur le Gange…

Au-revoir Varanasi…

Meer Ghat

 

 

 

 

New Delhi

Le Vieux Delhi (« Old Delhi »), un des quartiers commerçants traditionnels de la ville, mardi matin, 13 novembre

On parle beaucoup de New Delhi dans les médias ces jours-ci.

L’OMS vient de publier un rapport accablant sur l’indice de pollution dans la ville. Il a atteint cette année un niveau inédit. La concentration de particules fines dans l’atmosphère de certains quartiers de la capitale indienne est montée, en juin, jusqu’à 1300 microgrammes par mètre cube. Vingt-cinq fois la limite recommandée par l’OMS.

La situation s’est encore dégradée il y a quelques jours suite au nombre alarmant de pétards et de feux d’artifice allumés puis lancés dans la ville pendant la semaine des festivités de « Diwali« , la fête hindoue de la lumière.

La pratique avait pourtant été interdite (sauf entre 20h et 22h) par les autorités. Peine perdue…

Old Delhi, mardi 13 novembre

Entre dix et trente mille personnes meurent chaque année de façon prématurée à New Delhi à cause de la pollution. 40% des enfants au pays souffrent de déficiences respiratoires.

New Delhi a aussi obtenu le mois dernier la triste distinction d’être la ville la plus polluée du monde. Cause principale: l’automobile. Plus de dix millions de véhicules circulent dans les rues de la capitale.

Autre facteur de pollution: l’utilisation, très répandue, du charbon. En cause également, les pratiques traditionnelles des agriculteurs qui brûlent régulièrement leurs champs (« défrichage ») dans les états voisins de la capitale, dans l’Uttar Pradesh notamment.

Le pont qui surplombe la voie ferrée et la gare principale de New Delhi, mardi matin

Je suis arrivé à Delhi dimanche après-midi.

En transit pendant trois jours – afin de m’adapter au décalage horaire, m’acclimater de nouveau au pays et récupérer un peu après un vol de 19 heures depuis Vancouver, via Taipei – j’ai voulu, avant de partir mercredi matin pour Varanasi, mener une petite enquête et observer d’un peu plus près la situation…

Je voulais en avoir le cœur net.

Le quartier de Mahipalpur où est situé mon hôtel, près de l’aéroport, dans la zone sud de New Delhi, lundi 12 novembre.

Mohammed Irfan, 42 ans, dans sa boutique de coiffeur de Mahipalpur, le lundi 12 novembre. Prix de la coupe de cheveux? 50 roupies, moins d’un dollar ou 0.62 euros. Ci-dessous, scènes de rues à Mahipalpur…

J’ai donc pris tôt ce mardi matin, le métro pour le centre-ville de New Delhi.

Après vingt-quatre heures de repos, je voulais marcher dans la ville et explorer en particulier le Vieux-Delhi (Old Delhi), un des quartiers traditionnels de la capitale.

Rien de plus simple. Une station de métro, située à 200 mètres de l’hôtel, permet aux résidents et visiteurs de rejoindre le cœur de Delhi.

Durée du trajet depuis Mahipalpur: une quinzaine de minutes. Le billet coûte 50 roupies

Une nouvelle ligne de métro, Aerocity (ouverte en 2011), relie l’aéroport de New Dehli au centre-ville

Le métro est propre comme un sou neuf. Dans les stations ou dans les wagons, pas un papier ne traîne…

Il est 7h30. Curieusement, l’heure de pointe n’a pas encore commencé. Les compartiments sont presque vides. Deuxième surprise: personne dans le wagon ne me jette un second regard. Je passe complètement inaperçu. C’est bon de voyager ainsi. En fait, deux fois pendant la matinée, près de la gare, des individus viennent poliment me demander leur chemin. En Hindi. Cela doit être ma nouvelle coupe de cheveux.

Autre surprise, de mon siège, cinq minutes à peine après avoir quitté mon quartier de Mahipalpur, l’ampleur de la pollution saute aux yeux…

À bord du métro qui file vers le centre-ville de New Delhi, mardi matin,13 novembre

Arrivé au centre-ville, il est difficile de distinguer l’horizon. Une espèce de brouillard gris, brun, sombre obscurcit tout. J’ai mal à la gorge.

Je consulte rapidement une carte et je franchis, à pied, un pont, près de la gare centrale…

Taxis et rickshaws devant la gare centrale de New Delhi

Au milieu de la circulation, des rues encombrées, je me fraye ensuite un chemin vers le quartier du Vieux-Delhi…

Old Delhi, mardi 13 novembre, 8h30 du matin

Entre les rickshaws, les motos, les vélos, j’ai les yeux qui piquent, l’estomac lourd. J’ai l’impression d’avoir avalé du sable.

Les résidents du quartier semblent, eux, vaquer comme d’habitude à leurs occupations…

Amis lecteurs à Vancouver, à Montréal, en Europe, en Haïti, en Afrique, aux États-Unis… Remerciez votre bonne étoile… et respirez l’air de votre ville, de votre pays, à pleins poumons!

Old Delhi, mardi 13 novembre

Je revendrai à Delhi au début du mois de janvier.

Je pars demain comme prévu pour Varanasi, dans l’Uttar Pradesh.

Au train de nuit, cette fois-ci, j’ai préféré prendre l’avion…

Old Delhi, mardi 13 novembre

Inde & Népal

Quelques mots simplement afin de confirmer mon départ dans une dizaine de jours pour l’Inde et le Népal – et partager, comme d’habitude, mon itinéraire pour les deux prochains mois.

Après mon séjour au Kerala il y a deux ans, et ma merveilleuse lune de miel dans le sud du pays, j’ai bien hâte de retrouver l’Inde. Et je pars cette fois avec les yeux grands ouverts! Bien décidé à observer d’un peu plus près les traditions et les défis de ce pays immense et déroutant.

En préparant ce nouveau voyage, je me suis tourné un moment, lors de mes recherches, vers le cinéma. Une importante industrie cinématographique, on le sait, existe en Inde, présente notamment dans la région de Mumbai. Plus de 1600 films sont produits dans le pays chaque année.

Pourquoi le cinéma?

Je voulais, avant le départ, rafraîchir un peu mes souvenirs et vivre, virtuellement, une nouvelle immersion. Par le biais du grand écran, par les personnages, les dialogues. Je voulais revoir et essayer de mieux comprendre le pays. Ses rituels, ses épreuves, ses enjeux.

Je voulais, grâce à l’image, décrypter le non-dit, le langage des corps, des yeux, les usages, le contexte – avant de replonger dans quelques jours, à Delhi, puis à Varanasi, dans le tumulte et le vacarme de la rue indienne.

Au cours des dernières semaines, j’ai donc vu ou revu avec Diana plusieurs films qui loin des paillettes et des chansons de Bollywood témoignent des dures réalités de la vie quotidienne en Inde aujourd’hui.

Par ordre de sortie sur les écrans, en voilà trois.

The Lunch Box

The Lunch Box

« The Lunch Box » (2013) du réalisateur Ritesh Batra. Tourné à Mumbai (Bombay), le film décrit la relation fortuite entre un homme, proche de la retraite, veuf, et une femme mariée, que presque tout oppose: l’âge, les intérêts, les projets, le parcours professionnel. Et pourtant, entre les deux personnages, va se nouer, autour de la nourriture, un lien fort et inattendu. Le film est une critique acerbe du monde du travail en Inde. Et un reflet de la grande solitude qui règne dans les mégapoles et, parfois, au sein des couples. Voir la bande-annonce ici.

« The Trap » (le piège)

« The Trap » (2015) réalisé par Jayaraj Nair. Tourné dans un décor splendide au Kerala. L’histoire poignante d’un vieil homme, éleveur de canards, et d’un jeune garçon devenu orphelin. Une amitié simple et profonde naît entre eux. Un jour, l’enfant disparaît, enlevé et vendu pour une centaine de roupies à une boutique de Mumbai qui fabrique des feux d’artifices. Un documentaire accablant sur le travail forcé des enfants. Un film exceptionnel. Bande-annonce disponible ici

« Sir

« Sir » (2018) de la réalisatrice Rohena Gera. Le film a été présenté, en mai, au Festival de Cannes. Dans un grand appartement bourgeois de Mumbai, Rohena Gera aborde le délicat problème des relations amoureuses entre individus issus de castes différentes. Un architecte, écrivain à ses heures, peut-il enfreindre les tabous de sa classe et tomber amoureux d’une servante?

Voilà donc quelques-unes des réalités, des pratiques, des conventions que je me promets, en Inde, et aussi au Népal, d’observer.

Il y en a bien d’autres.

Un des livres que j’emporterai dans mes bagages…

Dans chacun de ces deux pays, qui partagent une longue frontière commune, je prendrai tout mon temps. C’est l’un des privilèges de la retraite. Je passerai quatre semaines en Inde, et quatre semaines au Népal.

Ma feuille de route, entre la mi-novembre et la mi-janvier 2019, est la suivante:

En Inde, haltes prévues, au nord, à New Delhi, puis dans la ville sacrée de Varanasi (anciennement Bénarès), située au bord du Gange dans l’état de l’Uttar Pradesh. De Varanasi, je prendrai, le 19 novembre, le train puis le bus jusqu’à la frontière népalaise.

Retour en Inde, le 18 décembre, dans le grand sud du pays cette fois – dans l’état du Tamil Nadu où je m’arrêterai d’abord à Chennai (jadis, Madras) et ensuite à Pondichéry, l’ancien comptoir commercial situé dans ce qu’on appelait autrefois « l‘Inde française ».

Mes quatre étapes en Inde: New Delhi, puis Varanasi, dans l’état de l’Uttar Pradesh. Après le Népal, je prendrai l’avion de Katmandou jusqu’à Chennai, dans l’état du Tamil Nadu, puis le train vers Pondichéry.

Début janvier, de Chennai, retour en train vers New Delhi à bord du légendaire « Rajdhani Express ».

Ce train, très particulier, qui a la priorité de passage sur tout le réseau ferroviaire indien, quitte la gare de Chennai Central à six heures du matin et arrive à New Delhi le lendemain autour de dix heures.

Un parcours de 2175 kilomètres.

Temps du trajet? Environ vingt-huit heures.

Le bonheur absolu.

Je réaliserai ainsi un vieux rêve. Parcourir en train, dans un wagon confortable (je reviendrai plus tard sur ce choix), une grande partie du sous-continent indien… En dégustant en route quelques plats de la cuisine du pays… Comme ceux, ci-dessous, préparés récemment par l’artiste en résidence de la maison…

Galettes de dahl (lentilles) accompagnées de riz basmati, d’une salade de choux rouge et d’une soupe aux légumes assaisonnés au curry…

L’ancien royaume du Népal est aujourd’hui une république. Le pays compte environ 29 millions d’habitants. Mes étapes principales sont, ci-dessus, soulignées en rouge: Lumbini (près de Bhairawa à la frontière indienne), puis Tansen et Pokhara avant de rejoindre Katmandou et le quartier de Patan. À partir de Patan, excursion prévue à Bhaktapur et randonnées dans la vallée de Katmandou

Pour le Népal, ce sera également la grande aventure. Plusieurs randonnées et « treks » sont au programme, mais je préfère, pour l’instant, ne pas trop m’avancer. Ce sera mon premier voyage là-bas.  

Deux ou trois grandes questions guideront mes pas au Népal:

  • Comment le pays se remet-il du tremblement de terre d’avril 2015 qui a causé la mort de plus de 8500 personnes?
  • De quelle façon gère t-on là-bas l’environnement et le tourisme de façon responsable et équitable? Huit des dix plus hauts sommets du monde sont situés au Népal et le pays a accueilli l’an dernier plus de 900 000 visiteurs.

Après une longue période d’instabilité (1990-2008), le Népal a officiellement aboli la monarchie en 2008 et le pays est aujourd’hui une république, dirigé par une femme, la très honorable Bidhya Devi Bhandari.

Bidya Devi Bhandari est la présidente de la république du Népal depuis 2015. C’est la première femme à occuper ce poste. Elle a été réélue à un second mandat en mars 2018

  • Après plus de deux siècles de régime monarchique, comment la population vit-elle ces profonds changements? 
  • Qu’en est-il de l’ancienne composante maoïste au sein du gouvernement?

Au Népal aussi, je prendrai tout mon temps…

À partir du 19 novembre, je m’arrêterai d’abord à Lumbini, lieu de naissance de Bouddha. La petite ville, située à quelques kilomètres de la frontière indienne, est devenue, au fil des ans, un important centre de pèlerinage.   

Après Lumbini, je passerai quelques jours dans le village de montagne de Tansen avant de rejoindre, le 27 novembre, Pokhara, la deuxième ville du pays et porte d’entrée vers le massif de l’Annapurna.

Longues randonnées prévues dans la région de Pokhara – dont un « trek«  de cinq jours et de quatre nuits, avec un guide, le long des sentiers de l’Annapurna.

En compagnie de mon ami et partenaire de squash Stephen, à U.B.C, le 23 octobre 2018

Je devrais également retrouver à Pokhara mes amis de Vancouver, Stephen et Annie!  

Après Pokhara, je rejoindrai le 9 décembre, en bus, Katmandou et le quartier de Patan, situé au sud de la capitale, près de la mythique vallée de Katmandou. J’ai prévu réaliser, dans le sud de la vallée de Katmandou, une dernière longue randonnée de trois jours et deux nuits avec trois étapes prévues dans les villages de Balthali, Namo Buddha et Dhulikhel avant de regagner, le 16 décembre, Patan. 

Départ de Katmandou enfin, le 18 décembre, pour Chennai.

Voilà pour la planification. Inch’ Allah.

Il ne reste plus qu’à toucher du bois, et sortir les gris-gris…

Lectures d’automne

Le Royaume (2014), d‘Emmanuel Carrère. Un récit passionnant qui éclaire et questionne la genèse et les premières années du christianisme. Du lac de Tibériade, aux voyages de Saint Paul, aux quartiers populaires de Rome sous Néron, Emmanuel Carrère met en scène les principales figures qui portent, défendent ou combattent au 1er siècle le christianisme naissant. Nombreuses références aux Évangiles et aux textes de deux historiens de l’époque, Tacite et Suétone. Le récit est aussi parsemé de longues notes autobiographiques.

À lire également, du même auteur, dans un tout autre registre, Limonov (2011).

Lire (Flammarion, 2018), de Bernard et Cécile Pivot Bernard Pivot et sa fille Cécile partagent leur amour de la lecture (et de l’écriture) dans une érudite et savoureuse petite encyclopédie que tout le monde devrait avoir dans sa bibliothèque. Souvenirs, conseils, coups de cœur et habitudes de lectures sont répertoriés avec esprit et humour dans de courts chapitres où la voix du père et celle de la fille divergent parfois, se complètent souvent. Un livre précieux à offrir à tous ceux et celles, grands et petits, qui aiment lire. Merci à H… de l’Alliance Française pour la recommandation.

Bonne fin d’automne à tous!

Navires ancrés dans la baie de Vancouver, à « Spanish Banks » et, ci-dessous, au large de la ville. Octobre 2018

Montréal

Les différents arrondissements et quartiers de l’île de Montréal. La ville est baignée, au sud, par le fleuve Saint-Laurent et, au nord, par la rivière des Prairies. Le quartier Côte-des-Neiges, dans lequel j’ai longtemps vécu, est situé au centre de la ville (en vert)

Quel plaisir de retrouver Montréal cet été après tant d’années d’absence! C’est dans cette ville qu’a débuté, il y a bien longtemps, l’aventure canadienne de notre famille.

C’était en 1972. J’avais quinze ans.

Je m’en rappelle comme si c’était hier.

Mes frères, ma sœur et moi sommes arrivés à Montréal, à la fin de l’été, à la mi-août. En provenance de Lagos, au Nigéria, où travaillait notre père. Ma mère avait quelques semaines plus tôt fait le déplacement jusqu’à Montréal et avait minutieusement préparé notre arrivée.

Nous avons reçu, en débarquant à l’aéroport, un document confirmant notre statut de résident permanent au pays. Une feuille rose que l’agent d’immigration a pliée en quatre avant de la glisser, avec un sourire, dans notre passeport.

 – « Surtout, les enfants, SVP, ne perdez pas cette feuille; gardez-la précieusement », répétait notre mère. Ce document, daté, tamponné, signé, c’était notre sésame.

Un appartement nous attendait sur la rue Queen Mary, dans le quartier Côte-des-Neiges. À deux pas de l’Oratoire Saint-Joseph. Nous étions, selon les voeux de la famille, inscrits dans de « bonnes » écoles. Pour moi, c’était le Collège Stanislas, à Outremont.

Tout ce dont nous avions besoin, épicerie, bureau de poste, transports en commun, était à cinq minutes de marche, « en bas de la côte », comme nous disions alors, dans ce qui est aujourd’hui le secteur du métro Snowdon.

J’avais été surpris de constater les premiers jours que dans notre voisinage les commerçants, les habitants, parlaient plutôt l’anglais. Notre appartement était situé à proximité de plusieurs quartiers anglophones – Hampstead, Côte-Saint-Luc, Westmount, Notre-Dame-de-Grâce – et les francophones avaient parfois de la difficulté à se faire comprendre…

L’élection du Parti Québécois, quatre ans plus tard, en novembre 1976, allait complètement bouleverser les habitudes du quartier. Le français devient alors la seule langue officielle de la province. Et le Parti Québécois annonce dès son arrivée au pouvoir la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec. Du jour au lendemain, des milliers de Montréalais et de Québécois anglophones prennent le chemin de l’exil vers Toronto et vers la province voisine de l’Ontario.

Le drapeau du Québec. La croix blanche symbolise la religion catholique et les fleurs de lys, la monarchie française.

Mais nous n’en étions pas encore là en cette fin d’été de 1972. Entourés par quelques proches et amis de la famille, nous nous sommes donc installés, timidement, au milieu du mois d’août, dans cette grande ville que nous ne connaissions pas, et dans ce pays qui allait devenir notre nouvelle patrie…

Un des attaquants de l’équipe canadienne, Phil Esposito, devant le gardien soviétique, Vladislav Tretiak, lors du deuxième match de « la Série du siècle », le 4 septembre 1972. Photo: Peter Bregg, PC.

Quelques jours à peine après notre arrivée débutait à Montréal « la Série du siècle ». Une série de huit matches qui allait opposer l’équipe canadienne de hockey sur glace à celle de l’URSS. Une série légendaire qui allait, pendant un mois, passionner et enflammer tout le pays.

Je n’avais jamais auparavant prêté la moindre attention à ce sport étrange où les joueurs se battaient fréquemment sur la glace et purgeaient ensuite, à l’écart, des punitions. J’avais remarqué, en lisant les journaux à Montréal, qu’on ne parlait dans la section des sports que de baseball, de « football » canadien et, bien sûr, de hockey. Rien sur le cyclisme ou sur le « vrai » football, à onze.

Je n’en revenais pas.

Comment pouvait-on au Canada ignorer « le foot » ou les coureurs du Tour de France?

Yvan Cournoyer, le virevoltant ailier droit de l’équipe canadienne.

Après avoir été menés 3 parties à 1, l’équipe canadienne allait finir par remporter cette fameuse Série du siècle.

Grâce à but marqué dans les dernières minutes lors du huitième et ultime match, disputé à Moscou.

Cet immense événement sportif – dont tout le monde parlait alors, à l’école, dans la rue, dans les magasins – a été pour moi une véritable révélation. Une initiation.

Cette série symbolisait en effet mon entrée dans un monde bien différent de celui que j’avais laissé derrière moi à Lagos, à Lomé ou à Melun.

Après l’Afrique et la France, je commençais, à Montréal, à quinze ans, un tout nouvel apprentissage…

Montréal, parc King George, à Westmount, année scolaire 1972-1973. Je n’ai pas encore 16 ans.

J’amorçais en cette fin d’été et pendant l’automne 1972, sans le savoir, une longue immersion dans une double culture, québécoise et canadienne, dont j’ignorais à peu près tout…

Rue St-Zotique Est, le mardi 31 juillet

Après toutes ces années (et de nombreux séjours, assez brefs, dans la ville) me revoilà, avec Diana, à Montréal!

Pour un mois cette fois-ci. Entouré de mes frères, de ma sœur, de mes neveux et nièces afin de célébrer avec eux, en famille, plusieurs événements heureux.

Fête d’anniversaire, rue de Woodbury, le samedi 21 juillet. Ci-dessous, table familiale de réjouissances, à Outremont, le dimanche 29 juillet

Nous avons fait le choix de nous installer, comme lors de nos séjours à Belleville ou Ménilmontant à Paris, près d’un quartier populaire de la ville. Dans une rue calme, située à proximité du parc Kent, dans le secteur nord de l’arrondissement de Côte-des-Neiges.

Quartier Côte-des-Neiges, juillet 2018

Le quartier a beaucoup changé depuis mon départ, au début des années 80.

Notre haut de duplex sur l’avenue Carlton, à l’angle de la rue Légaré. Logement typique, en briques rouges, de la région de Montréal.

Les résidents d’autrefois, d’origine jamaïcaine ou haïtienne cohabitent aujourd’hui, paisiblement, avec des habitants venus des Philippines, du Vietnam ou du Sri Lanka.

Le centre d’achats Côte-des-Neiges, le jeudi 2 août

Le centre d’achats Côte-des-Neiges, au coeur du quartier, s’est métamorphosé en une véritable tour de Babel. Dans les allées des magasins, les clients et les commerçants, en plus du français et de l’anglais, parlent le tagalog, le mandarin, l’arabe et de multiples langues régionales venues de l’Inde, de la Chine ou des Philippines.

On peut acheter dans les boutiques des saris, des banh mi, du gai lan ou du bok choy.

De nombreuses associations aident ici les arrivants et leurs familles à s’intégrer à leur nouveau pays…

D’après ce que nous avons vu et vécu dans le quartier depuis bientôt un mois, le « vivre-ensemble » de ses cultures si différentes se passe admirablement bien.

Il ne semble pas y avoir à Montréal la tension qui marginalise et isole souvent les minorités dans les villes européennes. Si elle existe, nous ne l’avons pas ressentie. Aucune méfiance ici. Pas d’hostilité.

Tout le monde cohabite et partage paisiblement l’espace public.

C’est un vrai plaisir de déambuler pendant la journée dans les rues du quartier… et de déguster, à l’improviste, la cuisine du monde entier….

Le restaurant Nguyen Phi, au 6260 chemin Côte-des-Neiges, sert de cantine à de nombreux habitants du quartier qui viennent y déguster des plats comme ceux ci-dessous: boeuf grillé accompagné de rouleaux de printemps et de nouilles assaisonnées au basilic thaï et à la citronnelle.

La rue Jarry, dans l’est de Montréal, le vendredi 20 juillet

Montréal compte aujourd’hui près de deux millions d’habitants…. et la ville, réorganisée en 2002 en dix-neuf arrondissements, est en pleine mutation…

De nouveaux quartiers surgissent, notamment dans le sud-ouest de la métropole. Ce secteur, situé près du fleuve Saint-Laurent, a connu, depuis une vingtaine d’années, une profonde transformation.

Une partie de la longue piste cyclable qui longe le canal Lachine dans le sud-ouest de la ville. À gauche, de nouveaux condominiums côtoient une ancienne cheminée, vestige du passé industriel du quartier. À l’arrière-plan, les tours du centre-ville. Ci-dessous, Diana sur la même piste du canal Lachine, près du marché Atwater, le samedi 21 juillet.

D’autres quartiers, plus anciens, renaissent. C’est le cas des secteurs Angus et Hochelaga-Maisonneuve où d’immenses entrepôts, appartenant autrefois aux grands barons de l’industrie, ont été peu à peu rénovés et reconvertis en appartements ou en vastes espaces à vocation communautaire ou culturelle….

Un des nombreux bâtiments reconvertis en logements dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans le sud-est de la ville. Certains immeubles servaient jadis d’ateliers aux ouvriers, aux cordonniers notamment. D’autres appartenaient aux grandes compagnies comme Hershey (chocolat) ou au chemin de fer (Canadian National). Ci-dessous, dans le même secteur, l’avenue Desjardins, située à proximité d’une maison de la culture, a été partiellement fermée à la circulation…

Maison de la culture, rue Ontario Est, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, un des plus vieux de Montréal…

Ces appartements ou lofts rénovés accueillent aujourd’hui des jeunes familles en quête d’un loyer raisonnable. D’autres, célibataires ou en couple, viennent ici acquérir leur premier appartement….

C’est que l’accès au logement à Montréal reste – pour combien de temps? – relativement abordable.

Les statistiques de la Ville indiquent que le loyer d’un appartement typique de deux chambres était l’an dernier de $782… À l’autre bout du pays, à Vancouver, il fallait, en 2017, compter près du double – $1552 – pour un espace similaire…

De plus, on peut encore acheter à Montréal un logement neuf, à un prix défiant toute concurrence… comme en témoigne cette affiche, aperçue il y a quelques jours rue de Rouen…

De nouveaux condominiums seront bientôt construits dans cette rue du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Deux stations de métro – Préfontaine et Joliette – sur la « ligne verte » sont à quelques minutes de marche…

Ces différents quartiers de la ville sont aujourd’hui reliés par un impressionnant réseau de pistes cyclables, praticables en général du 1er avril au 15 novembre…

La très populaire piste cyclable de la rue Rachel (ici à l’angle de la rue Papineau) relie le Mont-Royal aux quartiers est de la ville…

… la piste rejoint ensuite (avant le boulevard Pie-IX) le secteur du stade Olympique où ont eu lieu les Jeux d’été en 1976…

… et elle traverse enfin (direction nord) le magnifique Parc Maisonneuve, un des poumons de l’est de la ville… Une splendide balade en vélo!…

Marché Jean-Talon, mercredi 7 août

Rue Bernard

Ces innombrables pistes cyclables nous ont permis, pendant notre séjour, d’explorer et de découvrir Montréal à notre guise…

Du plateau-Mont-Royal au Vieux-Montréal… De Rosemont au quartier branché du Mile-End… D’Outremont au canal Lachine, nous avons dû parcourir en vélo une bonne centaine de kilomètres…

Cantine et épicerie haïtienne, rue Jarry

Le cinéma Beaubien qui offre aux cinéphiles, depuis 1937, des films de qualité, à Rosemont.

Quartier du « Mile-End »

Tôt un matin, j’ai emprunté la longue piste cyclable de l’avenue Christophe-Colomb qui m’a conduit, en une douzaine de kilomètres, tout au nord de l’île de Montréal… jusqu’à la rivière des Prairies… et jusqu’au parc naturel de l’île-de-la-Visitation… où j’ai découvert ce qui est sans doute l’un des plus anciens et l’un des plus beaux édifices religieux de la région de Montréal…

Boulevard Gouin, en route pour l’île de la Visitation, le lundi 6 août

L’église de la Visitation été construite entre 1749 et 1751 sur le bord de la rivière des Prairies. Une plaque rappelle le passage en ce lieu de Jacques Cartier, en 1535, et la première messe dite à Montréal, en présence de Samuel de Champlain, en 1615.

Il fait bon vivre l’été à Montréal!… Et j’ai parfois l’impression d’être, ici, de retour à la maison…

L’importante communauté haïtienne de Montréal dispose de plusieurs restaurants de qualité. Ci-dessus, poulet en sauce accompagné de riz aux pois, banane plantain, salade et sauce piquante « pikliz », restaurant Sissi et Paul, 2517, rue Jean-Talon Est. Une excellente adresse.

Programme du 12è festival « Haïti en Folie » tenu à Montréal en juillet…

Diana en compagnie de ma soeur et de son mari avant une séance de dégustation de cuisine indienne, le samedi 11 août.

Café San Gennaro, Petite-Italie, rue St-Zotique E.

Nous avons été frappés pendant notre séjour à Montréal par le grand calme et par la tranquillité qui règnent dans les petites rues des différents quartiers, notamment dans l’est de la ville….

Nous avons aussi été touchés par la politesse et par la gentillesse des habitants à qui nous demandions notre chemin…

Dépanneur, avenue Henri-Julien, dans l’est de Montréal

Sans vouloir généraliser, nous nous sommes demandé si le coût de la vie, relativement peu élevé ici, avait une incidence sur le bien-être et la convivialité des habitants… Chez nous, à Vancouver, depuis quelques années, les gens semblent si pressés, si anxieux… tourmentés peut-être par les loyers exorbitants ou par les hypothèques vertigineuses consenties à l’achat de leurs domiciles…

Rien de tout cela ici… L’habitat, comme locataire ou comme propriétaire, semble être encore à la portée de la majorité… C’est là un atout majeur pour Montréal… Atout à sauvegarder.

Mais… y a-t-il des nuages à l’horizon? Une manifestation a eu lieu cette semaine pour protester contre la gentrification et la hausse des loyers dans le quartier de Parc-Extension, quartier populaire, connu pour la modicité de ses loyers. D’autres manifestations sont prévues dans les prochains jours.

Déjà, l’an dernier, des citoyens avaient haussé le ton contre l’embourgeoisement du quartier Hochelaga-Maisonneuve, comme le rapporte ici le quotidien Le Devoir…

Curieusement, l’accès au logement ne semble pas être un des enjeux de la campagne électorale provinciale qui s’amorce. C’est dommage! C’est le moment d’être vigilant.

Le Québec ira aux urnes le 1er octobre.

Rue Drolet, dans le quartier Villeray, le vendredi 20 juillet.

Un dernier mot.

J’ai été étonné de constater que la langue française à Montréal avait depuis mon départ pris un nouvel accent.

Au traditionnel joual des quartiers de l’est de la ville est venu se greffer, avec le temps, une multitude d’autres accents, colorés, ensoleillés, venus du sud et des pays de la Méditerranée, d’Haïti, de l’Asie et du Moyen-Orient…

Il y a comme du pili-pili, du piment d’espelette et du nuoc nam dans la langue française parlée aujourd’hui à Montréal….

Un exemple?

Après le sempiternel ‘Bonjour/Hi » qui accueille ici partout les gens dans l’espace public, l’oreille se tend… et savoure ensuite, dans les échanges, l’accent de Casablanca, de Port-au-Prince, de Phnom Penh ou de Paris…

Comment cette langue va-t-elle évoluer dans les années à venir?

Difficile de le prédire… mais c’est une autre raison, pour nous, comme le dit la chanson de Robert Charlebois, de revenir à Montréal…

Avec Diana et mon frère Alix dans le quartier de « la Petite-Italie », boulevard Saint-Laurent, lors des festivités de « la Semaine italienne » de Montréal, le vendredi 10 août

Notre « été canadien » se poursuit dans les prochains jours avec une halte dans la ville de Gatineau, située dans la région de l’Outaouais (à proximité d’Ottawa), à deux heures de route environ à l’ouest de Montréal.

Nous irons ensuite jusqu’à Calgary, en Alberta, passer quelques jours dans la famille de Diana…

Bonne fin d’été à tous!

Piste cyclable, rue Boyer, Montréal, le lundi 6 août