
Sur un des sommets de l’île Lipari, entre les villages de Quattropani et d’Acquacalda, le mardi 6 juin. À l’arrière- plan, au nord, l’île Salina.
Quel plaisir de passer avec mon frère Alix une belle et grande semaine sur les îles éoliennes – un archipel de dix-sept îles volcaniques et singulières situées au nord-est de la Sicile, à une heure de bateau du port de Milazzo.
Nous avons pendant huit jours arpenté et exploré les nombreux sentiers qui sillonnent ces îles magnifiques et peu connues qu’on appelle « les perles de la Méditerranée. »

Les îles éoliennes, un chapelet d’îles sauvages et préservées pour le plus grand plaisir des randonneurs
Inscrites depuis près de vingt ans au patrimoine mondial de l’Unesco, seules sept des dix-sept îles de l’archipel sont habitées et trois seulement sont accessibles aux automobiles.

Chemin traditionnel de pierre (emprunté autrefois par les mules) qui surplombe l’île Alicudi, le vendredi 9 juin.
Nous avons choisi de nous installer pour la semaine à Lipari, l’île principale (environ 13 000 habitants) et le centre commercial et administratif de l’archipel.
La plupart des passagers, des traversiers et des marchandises en provenance ou à destination de la Sicile, des autres îles éoliennes, et/ou du continent transitent par l’un des deux ports de Lipari.
Les îles éoliennes ont une longue et fascinante histoire.
Elles ont été tour à tour contrôlées par plusieurs puissances méditerranéennes, les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Arabes, les Espagnols. Chacun y a laissé son empreinte. Les îles doivent leur nom aux Grecs qui les ont baptisées éoliennes car ils considéraient qu’elles étaient la demeure du dieu des Vents, Éole.
Lipari était autrefois un important centre de commerce de l’obsidienne, une roche volcanique qui était à l’époque (4000 ans avant J-C) le matériau le plus tranchant dont l’homme disposait. L’obsidienne était utilisée dans la fabrication des armes et des outils.
Pendant cette période lointaine, Lipari était l’un des lieux les plus peuplés de la Méditerranée…
Tout cela a bien changé aujourd’hui. Les îles ont retrouvé leur calme. Et sont devenues un point de rencontre incontournable pour les scientifiques qui viennent y étudier la vulcanologie et la géologie.

Un des massifs montagneux et volcaniques typiques de Lipari… au coeur duquel serpente un fabuleux sentier de randonnée…
Les randonneurs du monde entier se donnent également rendez-vous ici…

Alix en plein effort, le mercredi 7 juin, sur un des sentiers de Lipari, entre les villages de Quattropani et Pianocorte. Ci-dessous, courte halte, la même journée avec, à l’arrière-plan, à l’ouest, l’île Salina.
Tous les matins, après un copieux (et très sucré!) petit déjeuner italien…

Aperçu des plats délicieux qui nous sont servis le matin par la souriante Sara, 20 ans, née à Lipari et qui a grandi sur les îles éoliennes…
… nous partons découvrir – par la route ou en bateau – les chemins, les villages et les paysages somptueux des principales îles de l’archipel: Alicudi, Filicudi, Salina, Vulcano, Lipari, Panarea et Stromboli…
L’une de nos plus belles excursions nous a menés jusqu’à l’île Filucidi, située à 90 minutes de bateau à l’ouest de Lipari. Filicudi où vivent, dans un cadre féérique, environ 300 habitants.
Parmi eux, Gisela et Aldo qui tiennent sur l’île une petite auberge. Lors d’un récent entretien publié dans un magazine, ils ont partagé ce qui les a conduits jusqu’ici. Écoutons-les parler.
« Nous voulions mener une vie simple et tranquille loin du chaos, des sirènes assourdissantes, des problèmes de circulation, des gens agressifs. Nous cherchions un endroit où nous pourrions regarder l’avenir avec le sourire au lieu d’avoir peur ou de se battre pour une place de stationnement. Nous voulions vivre dans un environnement, une communauté qui serait le prolongement de notre maison.
Nous cherchions la mer, le soleil, l’odeur de la terre, le silence. Afin de continuer à être nous-mêmes. Alors nous sommes partis. Nous avons vécu dans divers endroits, sous différents climats. Notre désir d’exotisme a été comblé à Filicudi, une petite île magique, au cœur des îles éoliennes. Nous vivons ici et nous voulons partager la possibilité de vivre cette expérience avec tous ceux qui ont le même désir que nous… »
Sages paroles…
Alicudi, située encore plus à l’ouest, à deux heures de bateau environ de Lipari est l’un des lieux les plus isolés du bassin méditerranéen. Ici, vivent dans un splendide isolement une centaine d’habitants farouchement cramponnés à leur rocher et attachés à leurs traditions.
Au milieu de la mer, le silence est divin. Interrompu seulement, haut dans le ciel, par le cri des mouettes.
Le paradis.
Nous n’avons passé que quelques heures à Alicudi, mais j’aimerais y retourner. C’est, je crois, de toutes celles visitées, mon île préférée.

Aucun véhicule ne circule à Alicudi. Les résidents sont aussi très discrets. Nous n’avons pratiquement vu personne lors de notre courte visite.
Il est difficile de parler aujourd’hui de la Sicile sans évoquer la situation des migrants. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés plus de 60 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Italie par bateau depuis le début de l’année 2017. Plus de 80% d’entre eux eux arrivent par la Sicile. (Voir plus récentes statistiques ici).
Le trafic illicite de ces « clandestins » est une tragédie. Les passeurs exigent jusqu’à 5000 euros par personne pour transporter dans des conditions inhumaines leurs « passagers » et traverser la Méditerranée. Chaque semaine, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants meurent noyés. La garde côtière italienne est débordée.
Quelques jours plus tôt, lors de notre séjour à Palerme, nous avons vu dans le quartier du marché Ballaro, des dizaines d’Africains, jeunes pour la plupart, munis d’un permis de séjour temporaire, qui attendent, dans des conditions précaires, la régularisation de leurs papiers. Plusieurs veulent gagner l’Angleterre ou l’Allemagne. Leurs difficultés sont immenses.
Mais les apparences sont parfois trompeuses…
Ainsi, Gum, la quarantaine, vit une partie de l’année à Lipari depuis plus de trente ans.
Il gagne sa vie en vendant des petits objets et des sacs à main devant l’une des épiceries de la ville. Il parle couramment l’italien et, grâce à son travail et à son honnêteté, il a su gagner la confiance des habitants du quartier qui l’ont adopté. Gum possède un permis de séjour permanent.
Tous les ans, après la saison estivale, il quitte Lipari et va rejoindre sa famille dans son pays d’origine, le Sénégal. J’aimerais saluer ici son courage et sa détermination.

Le Monte dei Porri (860 mètres), un des deux volcans (éteints) qui dominent l’île Salina. À l’avant-plan, la ville-sanctuaire de Valdichiesa.
Ultime ascension, le dimanche 11 juin, au coeur de l’île Salina.
C’est ici qu’a été tourné le film « Il Postino » avec Philippe Noiret. L’île, très verte, compte plusieurs vignobles et est encadrée par deux volcans. Notre objectif ce jour-là est d’escalader l’un deux, le Monte Fossa delle Felci dont le sommet (962 mètres) est le point culminant de l’archipel des îles éoliennes.
Pari tenu.
Notre randonnée est l’une des plus réussies du voyage. Sur le chemin, avant d’arriver au sommet, nous traversons une magnifique forêt de pins et de fougères…
…. avant de déboucher sur un panorama grandiose…
Mission accomplie.
Nous quittons comme prévu demain les îles éoliennes pour le sud de la Sicile.
Nous serons basés pendant trois jours dans la vieille ville de Syracuse (Ortigia) avant de poursuivre notre exploration du grand sud-est de l’île.
Nous nous arrêterons à Noto, Scicli, et Catane. Si le temps le permet, nous irons peut-être jusqu’à Agrigento, sur la côte sud de l’île. De Catane enfin, le mardi 20 juin, Alix reprendra l’avion pour Montréal, et moi, pour Paris.
Je confirme ce que la famille soupçonnait depuis longtemps. Max est un guide exceptionnel et un compagnon de voyage fort agréable.
Ciao!
De même, Alix. Merci pour tout!
Chers Alix et Max,
Merci de nous avoir béni avec votre récit de voyage, vos photos et votre joie de vivre… Continuez à faire de belles rencontres!…
Merci Frph. Tout se passe comme prévu dans le sud de la Sicile. Nous découvrons depuis deux jours la belle et envoûtante vieille ville de Syracuse, et nous partons demain pour Noto et le grand sud-est de l’île.
Ah, je l’attendais cet article ! Les îles sont vraiment magnifiques et j’espère aussi les découvrir un jour.
Profitez bien de votre balade sicilienne.
Viviane
Merci, Viviane! Je te souhaite aussi de découvrir un jour cette très belle région, et tu auras avec Alix un guide chevronné… et très « branché »!
À bientôt.
Quel beau billet Max! Comme toujours, j’en apprends beaucoup sur l’histoire des endroits que tu explores et j’aime quand tu nous présentes le parcours des gens que tu rencontres. Vous avez l’air de faire un superbe voyage tous les deux! Les paysages sont vraiment magnifiques. Je vous embrasse et Anissa et moi avons hâte à notre prochain FaceTime 🙂
Merci infiniment, Manue! Nous pensons beaucoup à vous! Merci de nous suivre, et merci mille fois pour tes encouragements.
Affections à Anissa, et à très bientôt.
Merci Max de nous faire partager tes beaux voyages!!!ça donne envie de partir….
Un grand bonjour à Diana
Merci infiniment, Monique. À très bientôt, nous l’espérons vraiment. Toutes nos amitiés à votre très belle famille au Pays basque.
Extraordinaire, Max
Le paradis. Sûrement.
Merci beaucoup, Ben! Nous avons énormément pensé à toi cette semaine! À très bientôt à Montréal!
As always Max, a joy to read and follow your explorations. It looks beautiful! Needless to say, it shows that you and Alix are truly enjoying yourselves!
Thank you, Nancy! Our discovery of Southern Sicily has led us to Syracuse, Noto, Scicli, Ragusa, Modica and the little seaside town of Sampieri, a real gem and quiet at this time of the year. A fantastic journey. Unfortunately, all good things must come to an end. We are returning north tomorrow to Catania for one final night in Sicily before Alix’s flight home. We are very much looking forward to seeing you again next summer!