En pays Shan…

La citadelle (ancien siège du pouvoir royal birman), à Mandalay, par où je suis brièvement passé avant de regagner le pays shan, à Hsipaw
« La citadelle », l’ancien siège du pouvoir royal birman, à Mandalay, ville où je suis brièvement passé, après mon séjour à Kalaw, avant de gagner Hsipaw, en pays Shan.

Pour tous ceux et celles qui grelottent sous la pluie ou pataugent dans la neige en ce début d’hiver, voici – avec tous mes voeux de bonne année pour 2015! – un petit voyage, en mots et en images, au pays des Shan, au nord-est de la Birmanie…

La ville de Hsipaw (soulignée en rouge), dans l’état Shan, en Birmanie 
Lever du jour et travaux dans les champs, à l'extérieur de Hsipaw, en pays shan, fin décembre
Lever du jour et travaux dans les champs, à l’extérieur de Hsipaw, le lundi 29 décembre.
C'est aussi "l'hiver" en pays shan, et le brouillard, le matin, ne se lève qu'autour de 9h30 ou 10 heures...
C’est aussi « l’hiver » en décembre au pays shan. Le brouillard, le matin, ne se lève qu’autour de 9h30 ou 10 heures…
... Avant de laisser place au soleil!...
… avant de laisser la place au soleil… et aux pêcheurs sur la rivière Dokhtawady

Après mon séjour dans la petite ville de montagne de Kalaw et après cinq heures de route depuis Mandalay, j’ai décidé assez rapidement, en arrivant à Hsipaw, en territoire shan, fin décembre, de m’éloigner du centre-ville, beaucoup trop bruyant à mon gré.

J’avais envie de calme, de silence, de repos. J’ai donc choisi de loger dans un des nouveaux bungalows construits par « Mr. Charles » le long de la rivière Dokhtawady – bungalows situés à une trentaine de minutes de marche du centre de Hsipaw.

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Je n’ai pas regretté ma décision!

Riverview Lodge et balcon, au bord de la rivière, à trente minutes de marche de Hsipaw.
Chambre avec terrasse au bord de la rivière, à trente minutes de marche de Hsipaw…
Au calme, en pays Shan, que demander de plus?

Confortablement installé, j’ai pu parcourir en toute liberté, pendant six jours, et sans guide cette fois, les nombreux chemins qui sillonnent le pays shan, autour de Hsipaw…

Sentiers et villages, en pays shan, au sud de Hsipaw.
Sentiers et villages, en pays shan, au sud de Hsipaw.

J’ai aussi découvert pendant mon séjour l’excellent roman de George Orwell, « Burmese Days », publié en 1934.

L’ouvrage est inspiré de son expérience malheureuse de fonctionnaire au sein de la police militaire britannique, pendant la période coloniale. Orwell a été basé pendant cinq ans, entre 1922 et 1927, en Birmanie. Il a notamment vécu et travaillé dans la petite ville de Katha, située au nord-ouest de Hsipaw…

« Burmese Days » est un récit magnifique, cinglant, qui dénonce les moeurs déplorables et la mentalité souvent xénophobe de certains colons britanniques en poste, à ce moment-là, en Birmanie. À lire absolument, avant, pendant ou après son voyage…

« Burmese Days », de George Orwell.
Les conditions de vie dans les villages sont rudimentaires. Les maisons n'ont souvent ni électricité ni eau courante...
La région autour de Hsipaw est pauvre et les conditions de vie dans les villages, souvent rudimentaires. Les maisons n’ont généralement ni électricité ni eau courante…
Certaines maisons sont dotées d'un puits (à droite)
Certaines habitations sont dotées d’un puits… qu’on aperçoit, sur la droite

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Les villageois sont encore ici peu habitués à voir défiler les touristes, et j’ai préféré pendant mes randonnées ne pas photographier leurs visages, par pudeur, et aussi par peur de créer de mauvaises habitudes dans ces villages qui ne connaissent pas encore la gangrène du tourisme à grande échelle…

Aux alentours de Hsipaw...
Aux alentours de Hsipaw…

Partout l’accueil est chaleureux, authentique…

Combien de temps encore le restera-t-il?

Récolte de foin, Hsipaw
Récolte de foin, près de Hsipaw

Parler ou poser des questions sur « les minorités » est un sujet délicat en Birmanie.

Si certaines ethnies, comme les Shan, semblent s’accommoder tant bien que mal des autorités militaires au pouvoir, la situation est beaucoup plus tendue dans d’autres régions, comme celle où vivent les Kachin, à l’extrême nord-est du pays, près de la frontière chinoise.

Malgré un cessez-le-feu officiel, signé là-bas en 2013, des affrontements ont lieu régulièrement entre l’armée birmane et des groupes rebelles armés qui prônent une plus grande autonomie pour leur région.

Plus critique encore est le sort déplorable réservé à la population musulmane minoritaire de l’état Rakhine, les Rohingyas. Des centaines de Rohingyas ont perdu la vie en 2012 et 2013 lors d’émeutes sanglantes menées par la population bouddhiste, majoritaire.

(Voir au début de l’article précédent – Kalaw – la carte de la répartition des ethnies sur le territoire birman.)

Mr. Charles, 78 ans, est une véritable institution à Hsipaw. Ayant débuté sa carrière comme marchand de thé, il s'est reconverti, il y a 20 ans, dans l'hôtellerie, et possède aujourd'hui presque le monopole des chambres disponibles à Hsipaw...
Mr. Charles, 78 ans, est une véritable institution à Hsipaw. Reconverti, il y a 20 ans, dans l’hôtellerie, Mr Charles possède aujourd’hui le quasi-monopole des chambres d’hôtel disponibles dans la ville. Nostalgique de l’époque coloniale, Mr. Charles a été éduqué dans une école anglaise, à Pyin Oo Lwin. Les instituteurs anglais, n’arrivant pas à prononcer les noms birmans ont affublé chacun des élèves d’un prénom anglais. Il est ainsi devenu, à 10 ou 11 ans, « Mr. Charles« .
Hsipaw, rue principale. Ci-dessous, une marchande typique avec ses produits sur son vélo
Une des rues principales à Hsipaw.
Marchande, typique de la région, qui vend ses (maigres) denrées à partir de son vélo…

Tous les matins a lieu à Hsipaw un marché shan… Il faut y aller tôt… Dès huit heures, la plupart des marchands sont déjà repartis dans leurs villages… Combien de différents produits, légumes, fruits, poissons, pouvez-vous identifier sur les photos ci-dessous?

Marché shan, Hsipaw. Ci-dessous un des nombreux groupes de moines novices, des jeunes filles, qui récoltent comme tous les matins les offrandes des marchands...
Entrée du marché shan, Hsipaw.
Comme tous les matins, ce groupe de jeunes moines novices, des jeunes filles, viennent récolter l'offrande des marchands...
Comme tous les matins, ce groupe de jeunes moines, novices, des jeunes filles, viennent récolter l’offrande des marchands…

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Marché shan, Hsipaw
Au marché shan, à Hsipaw

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En quittant le marché, un autre groupe de novices entre sur les lieux...
Alors que je quitte le marché, vers 8 heures, un autre groupe de jeunes novices entre sur les lieux…

Un mot de politique avant de terminer…

Slogan affiché au centre-ville de Mandalay… Le « Tatmadaw » est le nom donné à la toute-puissante armée du pays. Le slogan ci-dessus proclame: « The Tatmadaw shall never betray the national cause »
Dans une rue de Mandalay, en janvier 2015

La plupart des Birmans rencontrés jusqu’ici ont été très critiques envers le gouvernement.

« Les choses doivent changer », disent-ils, dénonçant les privilèges dont bénéficient les membres de l’armée au pouvoir et leurs familles.

En Birmanie, en effet, un fils (ou plus rarement une fille) qui fait partie de l’armée procure à sa famille des avantages considérables: accès prioritaire au logement, aux soins de santé, à l’éducation…

Quant à Aung San Suu Kyi, curieusement, son visage est à la une de tous les journaux, et son portrait trône à la réception de la plupart des hôtels. « The Lady« , comme on l’appelle ici, jouit d’une immense popularité.

80% des Birmans, dit-on, seraient prêts à voter pour elle et son parti, le NLD (National League for Democracy) lors des élections générales qui auront lieu dans quelques mois, en novembre 2015.

Journaux à Yangon, décembre 2014
La une de journaux et de magazines à Rangoun, fin décembre 2014

Malheureusement, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix en 1991, a été, il y a plusieurs années, déclarée inéligible au poste de présidente par les autorités militaires. Sa faute? Elle a épousé, en 1972, un étranger, Britannique, Michael Aris, professeur a l’université d’Oxford (décédé en 1999). Avoir eu un mari étranger lui interdit, selon la constitution birmane, l’accès à la présidence.

Combien de temps la population va-t-elle accepter ce tour de passe-passe constitutionnel? Le temps presse: Aung San Suu Kyi aura 70 ans dans quelques mois, le 19 juin.

Les élections générales en novembre seront, semble-t-il, cruciales pour l’avenir du pays.

Au pied de Mandalay Hill
Au pied de Mandalay Hill

Je pars demain pour la dernière étape de mon voyage en Birmanie, Rangoun.

Rangoun où, après un premier séjour en décembre, je m’arrêterai de nouveau quelques jours, entre le 4 et le 6 janvier, avant de prendre l’avion pour le Vietnam, et regagner Vancouver, comme prévu, le 11 janvier.

Bonne Année à tous!

Kalaw

La Birmanie, rebaptisée en 1989, Myanmar.
La Birmanie, rebaptisée Myanmar, en 1989, par les autorités militaires. Encadrée en rouge, la ville de Kalaw.
Territoires de la Birmanie.
États de la Birmanie. Plusieurs de ces régions sont encore aujourd’hui interdites aux étrangers, en particulier les provinces de l’ouest et du nord.

Six heures trente de randonnée hier dans les montagnes autour de Kalaw, en territoire shan, Kalaw où je suis arrivé lundi en provenance de Rangoun.

Femmes de la communauté Palaung rencontrées hier sur un sentier entre Kalaw et le lac Inlé

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Je m’étais promis de revenir à Kalaw lors de mon premier voyage en Birmanie, en 2002. J’étais à ce moment-là en route pour Bagan, plus à l’ouest, et je n’avais aperçu la ville que de loin.

Je suis si heureux d’être de retour!

Kalaw, tôt, mardi matin, 16 décembre
Aperçu de Kalaw, tôt mardi matin, 16 décembre, du balcon de ma chambre d’hôtel

Perchée à 1300 mètres d’altitude, Kalaw est une petite ville de montagne (« hill station »), agréable, construite pendant la période coloniale britannique comme centre de villégiature pour les fonctionnaires de Sa Majesté (Raj) basés, jadis, à Mandalay.

C’est aussi le point de départ de randonnées fabuleuses dans les collines de la région où vivent encore de nombreux peuples montagnards: les Palaung, les Pao, les Taungyo, les Danu.

En compagnie d’un guide, Mung Lan, enfant du pays, j’ai parcouru mercredi une bonne vingtaine de kilomètres sur l’un des nombreux sentiers qui relie Kalaw au lac Inlé, en territoire Shan.

Maung Lan, 30 ans, membre de la tribu Taungyo.
Mung Lan, 30 ans, membre de la communauté Taungyo.

Mung Lan vit avec sa famille dans la région du lac Inlé, situé à environ 60 kms à l’est. Tous les ans, il passe quatre mois (novembre -février) à Kalaw à travailler comme guide de randonnée.

Comme beaucoup de Birmans qui habitent loin de leurs familles, Mung Lan est, à Kalaw, hébergé gratuitement dans l’un des monastères de la ville.

En contrepartie, il prépare tous les matins le petit-déjeuner pour les moines, s’occupe de petits travaux et de l’entretien du bâtiment.

Maung Lan, vêtu, comme la plupart des Birmans, du longyi traditionnel.
Même en randonnée, Mung Lan est vêtu, comme la plupart des Birmans, du longyi traditionnel.

Quelle belle excursion! La région est magnifique, le thermomètre oscille entre vingt-cinq et trente degrés et, dans l’air, flotte l’odeur des pins…

Rencontres inattendues lors de la randonnée...
Rencontres inattendues lors de notre randonnée…
Récolte du foin...
Récolte du foin à une dizaine de kilomètres de Kalaw

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La terre est très fertile aux alentours de Kalaw et les paysans, chaque jour en cette saison, s’affairent dans les champs. Les cultures sont nombreuses : riz, thé, gingembre, pommes de terre, oignons, laitue, carottes, melons, oranges, citrons, fraises… on trouve même ici des ananas!

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Tous les cinq jours, les peuples montagnards viennent vendre leurs produits au marché de Kalaw, l’un des nombreux marchés tournants de la région…

Marché de Kalaw, lundi matin, 15 décembre
Marché de Kalaw, lundi matin, 15 décembre

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Une nouvelle randonnée vers l’une des nombreuses et magnifiques pagodes des environs est prévue pour demain… Une autre belle journée en perspective!

Pagode qui surplombe Kalaw
L’une des pagodes qui surplombe la petite ville de Kalaw
Arbres banyans, sacrés en territoire shan.
Arbres banyans, sacrés en territoire shan.

Je poursuis samedi mon voyage au nord de la Birmanie. Prochaines destinations: Mandalay (20-22 décembre) et ensuite, retour en territoire Shan, à Hsipaw (voir la carte plus haut) où je m’arrêterai pour une longue halte de six jours, entre le 23 et le 29 décembre.

Joyeux Noël à tous!

Fatigué mais heureux en compagnie de Maung Lan après notre randonnée.
Fatigué mais heureux en compagnie de Mung Lan après notre randonnée mercredi.
À l'entrée d'une pagode...
À l’entrée d’une pagode…

Dernières photos du centre-ville de Kalaw prises le samedi 20 décembre avant de partir pour Mandalay…

Au revoir, Kalaw!

Bu Tar St, Kalaw, samedi 20 décembre
Bu Tar St, Kalaw, le samedi 20 décembre

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Entre Ninh Hoa et Sa Dec

Sadec, dans le delta du Mékong, lundi matin
Sa Dec, au coeur du delta du Mékong, lundi matin.

Sadec, Delta du Mékong

Beaucoup de chemin parcouru depuis mon départ de Dalat, fin novembre…

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Beaucoup de sentiments contradictoires aussi en voyant défiler sous mes yeux, de la plage de Doc Let (près de Ninh Hoa) au delta du Mékong, un pays bien différent de celui où j’ai vécu, il y a quinze ans…

Une formidable mutation est en cours dans la région du centre et du sud du Vietnam, particulièrement le long de la côte.

Partout, on construit, on bâtit.

Le pays, irréversiblement, se transforme, se métamorphose.

Je laisse à d’autres le soin de documenter ces immenses chantiers…

Je préfère partager ici mon bonheur d’être de retour au Vietnam. Et partager aussi les nombreux moments d’émerveillement glanés depuis dix jours – loin du bruit et de l’agitation de ces grands projets qui transforment inexorablement les villes côtières du pays.

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6h30 du matin, pêcheurs sur la plage de Doc Let
Le petit village et la plage de Doc Let sont situés…
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à environ 40 kms au nord de NhaTrang…
… le village fait partie de la municipalité de Ninh Hoa…
La plage est magnifique… et, début décembre, pratiquement déserte…
Vue de ma chambre d’hôtel à Doc Let.

Comme prévu, après les émotions vécues à Dalat, je me suis livré ici chaque jour à l’une de mes activités préférées: le farniente. Repos, lectures, mise à jour de mes notes et photos de voyage, planification des prochaines étapes…. Farniente interrompu seulement par de longues promenades, le matin, le long de la plage… et par deux ou trois excusions dans les villages voisins…

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La rue principale du petit village de Ninh Thuy, situé au sud de la plage de Doc Let
Marché de Ninh Hoa, au nord de Nha Trang, le 1er décembre
Marché de Ninh Hoa, le 1er décembre. J’ai accompagné ce jour-là, par curiosité…
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… pendant un matinée, les membres du personnel de l’hôtel…
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au marché du village…

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Après cette belle semaine passée au bord de la plage, quelle déception en arrivant à Nha Trang!

Je ne reconnais plus la ville, paisible, que j’ai connue il y a quinze ans…

Nha Trang, le 5 décembre
La plage du centre-ville de Nha Trang, le 5 décembre

Malgré sa plage exceptionnelle, Nha Trang est devenue bruyante, assourdissante, presque méconnaissable, défigurée par ce qui semble être un triple fléau: une explosion de la démographie, le bruit et la pollution des motos qui circulent sans cesse au centre-ville, et l’arrivée d’un tourisme à grande échelle en provenance de la Russie.

Sur la grande plage de Nha Trang, la majorité des touristes parle russe. Plusieurs vols directs par semaine relient maintenant la Russie à l'aéroport de Nha Trang.
Sur la grande plage de Nha Trang, la majorité des touristes parle russe. Plusieurs vols par semaine relient maintenant directement la Russie à l’aéroport de Nha Trang.

Déboussolé, déçu aussi, je ne suis resté qu’une journée à Nha Trang. Le temps d’acheter mon billet de train pour Saïgon, et visiter le très beau musée, rue Tran Phu, consacré à Alexandre Yersin. (J’espère revenir un jour dans ce blog sur la vie de cet homme hors du commun…)

Alexandre Yersin, 1863-1943
Alexandre Yersin, 1863-1943

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Ravitaillement à la gare de Nha Trang

Après une courte halte à Saïgon, trois heures de route, plein sud, jusqu’à Sa Dec pour retrouver, après Dalat et Doc Let, le Vietnam que j’aime…

Sa Dec, encerclée en vert, sur la carte ci-dessus, au coeur du delta du Mékong
Le Mékong, à Sa Dec

Depuis ma dernière visite, il y a quinze ou seize ans, la vie ici semble avoir très peu changé…

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… et Sa Dec demeure ma ville préférée dans le delta du Mékong, malgré la grande précarité dans laquelle vit une partie de la population.

La rue Nguyen Due, à Sadec
La rue Nguyen Hue
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à Sa Dec, en décembre 2014

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Rue principale du marché de Sa Dec

Malgré l’animation qui règne près du marché, on est ici au calme, à l’ombre des arbres en fleurs qui longent le fleuve…

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Rue de Sa Dec

À l’écart de ses deux grandes soeurs du delta, Vinh Long, à l’est, et Can Tho, au sud, poumons économiques de la région, Sa Dec, le long du Mékong, a gardé son cachet d’ancienne petite ville coloniale… où vécu autrefois, adolescente, Marguerite Duras…

Sadec, mardi matin
Sa Dec, mardi matin

Il faut malheureusement déjà quitter Sa Dec…

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Départ demain pour Rangoun, avant de rejoindre, ensuite, Kalaw puis le pays Shan dans le nord de la Birmanie…

Sadec, lundi matin.
Sa Dec, lundi matin.

Dalat

Dalat
Dalat, « la ville de l’éternel printemps », située sur les hauts plateaux du centre du Vietnam. Le lac Xuan Huong, baigne le cœur de la ville.

Pendant deux ans, de septembre 1997 à juin 1999, j’ai eu l’immense privilège de travailler comme professeur de français à l’université de Dalat. Cela a été une expérience inoubliable.

Une aventure incroyable aussi.

Ho Chi Minh (1890 - 1969), fondateur du Parti communiste vietnamien
Ho Chi Minh (1890 -1969), fondateur du Parti communiste vietnamien

Le Vietnam, à ce moment-là, commençait à peine à s’ouvrir au monde extérieur. Après la fin de la guerre et de longues années d’isolement, la période du « doi-moi » (« renouveau », en vietnamien) venait de débuter, et le pays, timidement, ouvrait la porte aux étrangers.

Le drapeau vietnamien, adopté en 1975 après la victoire de l'Armée populaire du Nord-Vietnam.
Le drapeau vietnamien, adopté en 1975 après la victoire de l’Armée populaire du Nord-Vietnam.

Hanoï s’apprêtait à accueillir, en novembre 1997, le sommet de la francophonie…

J’avais été envoyé au Vietnam par l’Entraide universitaire mondiale du Canada. Je faisais partie d’un groupe d’une quarantaine de coopérants canadiens (juristes, enseignants, agronomes) détachés au Vietnam pour un ou deux ans dans le cadre d’un accord bilatéral financé par l’ACDI (l’Agence canadienne de développement international) destiné à appuyer le pays dans ses projets de développement.

J’étais le premier professeur de français étranger à travailler à l’université de Dalat depuis la fin de la guerre, en 1975.

Université de Dalat, année scolaire 1998-199
Université de Dalat, année scolaire 1998-1999, entouré par un groupe d’étudiants inscrits en 3è année.

Après une semaine d’orientation à Hanoï, j’avais eu le coup de foudre en arrivant à Dalat (via Danang) au début du mois de septembre 1997.

Dalat est située sur les hauts plateaux du centre du Vietnam. La ville, réputée pour son climat agréable, ses vergers, ses fleurs, son café, est aussi appréciée par les nombreux touristes et les jeunes couples vietnamiens qui viennent y passer leur lune de miel…
Vue partielle du lac Tuyèn Lâm, près de Dalat. Il y a, autour de la ville, des paysages magnifiques!
Quelques-unes des nombreuses fermes situées en périphérie de Dalat. La région est l’une des plus fertiles du Vietnam. Pêches, prunes, artichauts, oignons, choux, laitue, carottes, poussent ici en abondance!

Nichée à 1500 mètres d’altitude, Dalat fut conçue dès 1905 par les autorités françaises comme un centre de villégiature pour les fonctionnaires de l’administration coloniale cherchant à fuir, avec leurs familles, la chaleur et le climat souvent insalubre de Saïgon.

Entre 1915 et 1945, des centaines de « villas » – inspirées des demeures bourgeoises françaises – sont construites dans la région de Dalat. Des hôtels de luxe font également leur apparition.

On appelait alors Dalat « le petit Paris », ou « la ville de l’éternel printemps. »

Villa de Dalat
Une « villa » typique dans un quartier boisé de Dalat
Le célèbre Dalat Palace, construit entre 1916 et 1922
L’hôtel Dalat Palace, construit entre 1916 et 1922

L’université de Dalat est créée par les autorités en 1957.

Mon mandat, au sein du département de français, était clair. Enrichir par des activités de communication le contenu plutôt fade des manuels de français. Et relever le niveau de langue orale des étudiants en leur donnant la parole le plus souvent possible.

Très vite, dans les classes, le courant était passé! Je découvrais des étudiants enthousiastes, chaleureux, généreux, avides de partager, en français, leur culture vietnamienne, leurs rêves et leurs défis de jeunes adultes.

Octobre 1997, à l'Espace Francophone, de l'Université de Dalat
Octobre 1997, à l’Espace Francophone de l’université de Dalat

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Étudiants de 4è année, octobre 1998.
Étudiants de 4è année, octobre 1998.

Dans le cadre de ma mission, je devais également encourager les professeurs à faire preuve de plus de créativité dans leur enseignement du français comme langue seconde…

En compagnie des professeurs du département de français lors d'une journée pédagogique à Saïgon, en décembre 1997. De gauche à droite, Marianne Capouet, conseillère pédagogique belge, Lan Huong, My, et Anh.
À Saïgon, en compagnie des professeurs du département de français de l’université de Dalat, lors d’une journée de développement professionnel tenue en décembre 1997. De gauche à droite, Marianne, talentueuse conseillère pédagogique belge, basée à Dalat, et mes collègues de l’université, Lan Huong, My, et Anh.

Les professeurs étrangers habitaient sur le campus de l’université, et nous recevions régulièrement la visite des étudiants, surtout lors de la Journée nationale des enseignants, célébrée partout au Vietnam en novembre.

Nous recevions sourires, fleurs et cadeaux…

Entouré de quelques étudiants dans mon appartement de fonction à l’université de Dalat
Quelquefois, les parents se déplaçaient aussi...
Quelquefois, les parents des étudiants se déplaçaient aussi… Ci-dessus, une maman accompagnée de ses deux filles et une amie…
D’autres fois, une classe presqu’entière venait me rendre visite!…

Je profitais de mes jours de congé pour aller, en moto, en bus, émerveillé, reconnaissant, découvrir le pays, du nord au sud…

Dans le delta du Mékong, près de Can Tho, en décembre 1997

Après deux ans de travail et de mentorat à l’université de Dalat, j’ai quitté le Vietnam, comme prévu, à la fin de mon contrat avec l’EUMC, en juin 1999.

Je me rappelle encore des mots chaleureux du recteur de l’université, Dr. Duc, lors de notre dernier entretien, dans son bureau. « Max, nous ne vous oublierons pas. Vous reviendrez au Vietnam, j’en suis sûr ».

Comme il avait raison!

Je suis retourné au Vietnam six ans plus tard, à l’été 2005.

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Lors de mon retour à Dalat, en juillet 2005, j’ai tenu à aller saluer le Dr Duc qui occupe encore, à ce moment-là, le poste de recteur à l’université de Dalat. Visite de courtoisie et, en même temps, pour moi, dans son bureau, émouvantes retrouvailles.

Lors de ce retour, en 2005, j’étais cette fois accompagné de Diana.

Entre Saïgon, Dalat, Nha Trang, Hanoï puis Sapa (dans le nord du pays), nous avons passé un été inoubliable!

Nha Trang 2005
Sur la plage de Nha Trang, avec Diana, en juillet 2005.
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Août 2005, halte lors d’une randonnée dans la région de Sapa, au nord du Vietnam, à quelques kilomètres de la frontière chinoise. Plus de la moitié de la population aux alentours de Sapa appartient à la communauté Hmong. Photo: Diana

Et me voilà, neuf ans plus tard, en novembre 2014, de retour à Dalat!

Route de montagne, 24 novembre
Route de montagne, le 24 novembre 2014. La moto demeure la meilleure façon de découvrir les environs de Dalat…
Au marché de Dalat, le 22 novembre 2014

Le projet d’un second retour à Dalat s’est construit, pendant plusieurs mois, lors de conversations au téléphone et de courriels échangés avec mon amie et ex-collègue, My, responsable autrefois du département de français à l’université de Dalat. My habite maintenant Houston avec sa famille.

Comme beaucoup de Vietnamiens résidant à l’étranger, My revient régulièrement dans son pays d’origine visiter famille et amis.

Après toutes ces années, pourquoi ne pas nous retrouver à Dalat?

Avec tout son talent, et très discrètement, My organisa, pour le 22 novembre, à Dalat, une formidable réunion de retrouvailles au domicile d’une de ses amies!

Ma très chère amie et collègue, My, à Dalat, le 22 novembre 2014
Ex-collègues et ami(es), réunis au domicile de Madeleine, au centre-ville de Dalat, le 22 novembre
Ex-collègues et ami(e)s, réunis au domicile de Madeleine, au centre-ville de Dalat, le 22 novembre
En compagnie de mon ex-collègue, Nguyet Aï, à droite, professeur de français exceptionnelle et, à gauche, My Hanh, ex bibliothécaire du Cercle francophone de Dalat.
En compagnie de mon ex-collègue, Nguyêt Aï, à droite, professeur de français exceptionnelle et, à gauche, My Hanh, ex-bibliothécaire au Cercle francophone de Dalat.
Mon ex-collègue, Monsieur Duc, bien entouré, le 22 novembre.
Mon ex-collègue, Monsieur Duc, bien entouré, le 22 novembre. Quelle belle réunion cela a été… et tout le monde parlait français!
La rencontre a eu lieu autour d'un délicieux buffet préparé avec amitié
La rencontre a eu lieu autour d’un délicieux buffet préparé avec amour et amitié…
Nouvelle rencontre avec My, et sa soeur Chi, le lendemain, dans un café du centre-ville ...
Nouvelle rencontre avec My, et sa soeur Chi, le lendemain, dans un café du centre-ville … Comment te remercier, My?… J’ai hâte de reprendre bientôt avec toi notre conversation à bâtons rompus

Après une semaine pleine d’émotions, je quitte Dalat avec regret demain. J’ai été si heureux dans cette ville, et elle m’a tant donné!

Malgré le temps et les changements – l’afflux de touristes, le nombre croissant de motos qui polluent le centre-ville, l’ouverture, l’an dernier, d’un immense centre d’achats, climatisé, au bord du lac Xuan Huong –  Dalat a gardé toute son âme et son charme de petite ville de province, prospère, où il fait encore très bon vivre.

Le lac Xuan Huong avec, à l'arrière-plan, l'ancien Lycée Yersin, le 27 novembre 2014
Le lac Xuan Huong avec, à l’arrière-plan, l’ancien lycée Yersin.
Luu Vinh Phuoc et son épouse, Phung, tiennent un petit restaurant à deux pas de l’université. Lors de ma mission, j’y allais prendre mes repas plusieurs fois par semaine. Dix-sept ans plus tard, ils sont toujours là, au même endroit, toujours souriants.

Quelle surprise, avant le départ, en me promenant, lundi, dans le quartier du marché Hoa Binh, au centre-ville, d’entendre quelqu’un héler mon nom.

C’était Bao Duy, l’un de mes anciens étudiants à l’université! Après toutes ces années, il m’avait reconnu…

Avec Bao Duy au centre-ville de Dalat. Bao Duy est maintenant marié, a deux enfants, et travaille dans l'informatique. Ci-dessous, à ma gauche, Bao Duy, entouré de ses amis, venus me rendre visite à l'université, seize ans plus tôt!
Avec Bao Duy au centre-ville de Dalat, le 24 novembre 2014. Bao Duy est maintenant marié, a trois enfants, et travaille dans l’informatique. Ci-dessous, à ma gauche, vêtu de bleu, Bao Duy, entouré de ses amis, venus me rendre visite dans mon appartement à l’université, seize ans plus tôt, en 1998!

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Centre-ville de Dalat
Le centre-ville de Dalat, en novembre 2014

Prochaine destination au Vietnam: le petit village de pêcheurs de Doc Let, et sa plage, au bord de la mer de Chine, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Nha Trang.

J’irai ensuite passer quelques jours dans le delta du Mékong, dans la ville de Sadec, avant de prendre l’avion, le 11 décembre, pour Yangon et la Birmanie…

Quel bonheur de retrouver l’Asie du sud-est!

Bon mois de décembre à tous!

À bientôt!

Route entre Cau Dat et Dalat, 24 novembre 2014.
La merveilleuse petite route de campagne entre Cau Dat et Dalat, en novembre 2014.
Au revoir, Dalat!

Saïgon

Saïgon, mercredi matin.
Saïgon, mercredi matin, 19 novembre

Trente degrés à mon arrivée à Saïgon mardi matin. Trente-deux degrés aujourd’hui!

Après neuf ans d’absence, quel plaisir de retrouver le sud du Vietnam, et l’élégance, la finesse de la culture vietnamienne!

Mais Saïgon (Hô Chi Minh-Ville) a bien changé!

Chauffeur de cyclo devant le marché Thai Binh, à Saïgon

Dans les rues, les vélos, les cyclos ont pratiquement disparu, remplacés par un flot continu de motos, de taxis, de voitures privées…

Saïgon, mercredi matin, 19 novembre.
Dans les rues…
… de Saïgon…
… mercredi matin…

Le centre-ville de Saïgon est un immense chantier.  Des tours gigantesques ont poussé le long de la rivière…

Rivière Saïgon
Rivière de Saïgon. Au loin, le port par où transitent près de 40% des exportations du pays.

De plus en plus difficile, en se promenant, de reconnaître le vieux Saïgon.

Autour de la rue Dong Khoi (l’ancienne rue Catinat), au coeur de ce qui était autrefois la Cochinchine, les boutiques, les maisons bourgeoises, les immeubles ont été rénovés, modernisés… comme pour effacer toute trace de l’architecture française et de la période coloniale…

Seuls quelques édifices ont survécu: la poste, l’opéra, deux ou trois grands hôtels, la cathédrale…

L'hôtel Continental, construit en 1880. André Malraux, Graham Greene y ont séjourné....
L’hôtel Continental, construit en 1880, et récemment restauré. Somerset Maugham, André Malraux, Graham Greene y ont séjourné. L’hôtel a aussi été le quartier général de la presse étrangère pendant la guerre du Vietnam. Les magazines Newsweek et Time y avaient leurs bureaux, au 2è étage.
La cathédrale Notre-Dame, construite entre 1887 et 1891. La brique rouge est d'origine de Toulouse.
La cathédrale Notre-Dame, construite entre 1887 et 1891. La brique rouge est d’origine de Toulouse.
District 1, 6h30 du matin
District 1, 6h30 du matin

Dans quelques heures, je laisserai derrière moi la formidable énergie de cette ville de plus de huit millions d’habitants.

Comme prévu, départ demain – six à sept heures de route – pour les hauts plateaux de la province du Lâm Dông, et la ville de Dalat où j’ai travaillé et vécu pendant deux ans, entre 1997 et 1999.

La ville de Dalat, située au nord de Saïgon (Hô Chi Minh-Ville) dans la province du Lâm Dông, sur les hauts plateaux du centre du Vietnam

Au-revoir, Saïgon!

Scènes de rues…
… près du marché Thai Binh, fin novembre 2014

Gabriola Island, B.C.

Gabriola Island, Colombie-Britannique, octobre 2014
Littoral de l’île Gabriola, en Colombie-Britannique, en octobre 2014

Gabriola!

Cela fait plus de vingt-cinq ans que je reviens, régulièrement, passer quelques jours sur cette île magnifique, située dans le détroit de Géorgie, au large de Vancouver.

Quelques-unes des principales îles du détroit de Georgie. Gabriola est située au nord du détroit. On y accède en traversier (20 minutes de trajet) à partir de la ville de Nanaimo.
Le parc provincial Drumbeg situé dans le sud-est de l’île

Me revoilà, à Gabriola, en ce weekend splendide de la mi-octobre, afin de participer à la grande randonnée annuelle, organisée par l’association GALTT (Gabriola Land & Trails Trust).

Gabriola compte environ 4000 habitants. La population augmente sensiblement l’été.

Dix-huit kilomètres de randonnée environ, d’un bout à l’autre de l’île, le long des sentiers de campagne et dans la forêt de Gabriola.

De Silva Bay, à la pointe sud-est de l’ïle, jusqu’à Descanso Bay, à la pointe nord…

Gabriola trail

Heureux d’avoir, pour la première fois, participé à cette belle tradition… avant de reprendre, le mois prochain, mon sac de voyage pour l’Asie du sud-est…

Destination: Saïgon.

Retour à Vancouver

Vancouver, Spanish Banks
De la plage Spanish Banks, Vancouver, posée à l’horizon comme sur un écrin…

Quelques mots simplement pour dire mon bonheur d’être de retour à Vancouver…

Après une année mouvementée, complexe, souvent difficile au Rwanda, quel plaisir, et quel soulagement, de retrouver ma liberté, mon quartier, mon vélo, mes amis, et le confort de la ville où j’habite depuis plus de trente ans…

Voiliers ancrés à « False Creek », au coeur de Vancouver, entre les ponts Burrard et Cambie

Après le Voyage au pays des mille collines, ce blog prend congé, pour plusieurs mois – le temps de reprendre mon souffle, de me réhabituer à la vie et au rythme des saisons au bord de l’océan Pacifique.

Je reprendrai ensuite, dans un an environ, mon sac de voyage et mon bâton de pèlerin…

À l’an prochain…

Vancouver, en septembre 2013, vue d’une terrasse de la rue Point Grey. Ci-dessous, navires et pétroliers croisant au large de Vancouver, près de l’université de la Colombie-Britannique (UBC).