Tangalle, derrière la carte postale

Toutes mes excuses à ceux qui en ce moment grelottent dans le froid et la neige en Amérique du Nord ou en Europe.

Sur la côte sud du Sri Lanka, la météo aujourd’hui est la même que celle de hier: soleil de plomb et grand ciel bleu.

Le thermomètre indique, au milieu de la journée, trente-quatre degrés.

La longue plage de sable de Tangalle, en regardant vers l'est, mercredi 11 janvier.
La longue plage de sable de Tangalle, en regardant vers l’est, le mercredi 11 janvier.
Soulignées en bleu, Tangalle et Galle sur la côte sud du Sri Lanka

De la chambre de mon hôtel, depuis six jours, un seul bruit: le roulement des vagues qui viennent s’échouer sur le sable de l’océan Indien. La plage est pratiquement déserte.

La plupart des touristes sont repartis début janvier.

Comme je l’avais imaginé, c’est l’endroit idéal pour jouer, pendant quelques jours, à Robinson Crusoé…

Mardi matin, 17 janvier, plage de Tangalle. Une femme scrute le sable à la recherche de petits coquillages afin de fabriquer des colliers. À l’horizon, direction ouest, la petite ville de Tangalle.

Mais que se cache-t-il, ici, derrière la carte postale?

Dans les rues de la ville, ou à l’ombre des palmiers, les habitants de Tangalle (comme un peu partout au Sri Lanka) ne se confient pas facilement…

17-jan-2017

Une scène typique de rue sri-lankaise...
Scène typique de rue de petite ville sri lankaise, janvier 2017…

Il y a eu ici, depuis trente ans, deux terribles tragédies.

La guerre civile d’abord, évoquée dans l’article précédent, Ella. Et le sinistre tsunami du 26 décembre 2004 qui a frappé de plein fouet le Sri Lanka, et qui a fait sur l’île plus de 30 000 victimes.

Des paneaux, en trois langues (cinghalais, tamoul et anglais) sont visibles un peu partout sur la côte sud...
Des panneaux en trois langues (anglais, cinghalais et tamoul) rappellent un peu partout sur la côte sud les chemins à prendre en cas de nouveau séisme dans l’océan…

Rencontré devant une boutique, le gardien d’un hôtel, dans un anglais hésitant, me raconte que le tsunami a atteint la côte, ce matin-là, à Tangalle, vers 9h30.

Certaines vagues avaient plus de 10 mètres de hauteur, me dit-il. Dans la seule région de Tangalle, plus de 800 personnes ont perdu la vie. Il y a eu des dizaines de disparus.

Dans certaines parties du pays, l’eau a pénétré à plus d’un kilomètre à l’intérieur des terres. Des villages entiers ont été détruits.

Sur la côte sud-ouest de l’île, un train transportant 1700 passagers entre Colombo et Galle a été emporté. La plupart des passagers étaient des pèlerins allant célébrer dans le sud la fête bouddhiste de la pleine lune, le Poya. Seuls quelques dizaines de passagers ont survécu.

Cet accident de train demeure, par le nombre de victimes, le plus meurtrier de l’histoire.

(Sur le tsunami de 2004 au Sri Lanka, autour de la région de Tangalle notamment, voir/lire « D’autres vies que la mienne » (2009) d’Emmanuel Carrère).

Plaque commémorative, Tangalle, jeudi 12 janvier 2017
Plaque commémorative, Tangalle, jeudi 12 janvier 2017

Très peu de gens ici parlent de ces évènements dramatiques. Lorsqu’on insiste, les langues se délient, prudemment…

L’industrie touristique, qui emploie au Sri Lanka des milliers de personnes, semble avoir vérouillé les mémoires.

Le pays a reçu plus de deux millions de touristes l’an dernier, et espère en accueillir 500 000 de plus en 2017.

Dans ce contexte, il vaut mieux éviter de s’étendre et de parler de catastrophes naturelles. Cela nuirait grandement à l’image du pays…

La plage de Goyambokka, située à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Tangalle.
La plage de Goyambokka, située à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Tangalle.

Treize ans après la tragédie, le Sri Lanka est-il mieux préparé aujourd’hui à affronter un nouveau tsunami?

Les avis sont partagés.

Si les mécanismes d’alerte à la population ont été améliorés (par l’envoi de SMS notamment), le dispositif de détection des tsunamis reste défaillant. La plupart des bouées, reliées à un satellite, censées déceler dans l’océan Indien les signes précurseurs d’un tsunami n’ont toujours pas été mises en place…

Plage de Tangalle, lundi 16 janvier. Ci-dessous, le centre-ville de Galle, la grande métropole du sud, qui a aussi sévèrement été touchée par le tsunami...
Plage de Tangalle, lundi 16 janvier. Ci-dessous, une des rues du centre-ville de Tangalle…

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La guerre civile, qui a duré vingt-six ans (1983-2009), a elle aussi laissé des traces.

Un nouveau président (Maithripala Sirisena), élu en 2015, a promis de faire la lumière sur les événements sanglants qui ont déchiré le pays et divisé ses deux principales communautés – la majorité cinghalaise, bouddhiste, et la minorité tamoule, de confession hindoue (et parfois musulmane), implantée principalement dans le nord et l’est du pays.

La guerre a fait officiellement 70 000 victimes.

La communauté internationale et les Nations-Unies exigent régulièrement une enquête sur le rôle du gouvernement et de l’armée pendant le conflit. De nombreuses questions subsistent sur le sort des disparus. II y en a plus de 100 000 – appartenant en grande majorité à la communauté tamoule.

Personne ici ne croit vraiment à ce concept « d’enquête »…

Les relations entre les deux communautés vont mieux, dit-on. Mais pour combien de temps? « Les femmes tamoules épousent des cinghalais désormais. Il n’y a plus de problèmes » m’a affirmé un peu rapidement, me semble-t-il, cette semaine, un des guides qui travaille dans la région.

De nouvelles élections sont prévues en 2020.

D’ici là, le Sri Lanka, comme l’Afrique du sud, comme le Rwanda, comme le Vietnam après la guerre, comme le Canada aujourd’hui avec les peuples indigènes, est engagé dans un long et complexe processus de réconciliation nationale.

Prière dans un temple bouddhiste, Tangalle.
Prière dans un temple bouddhiste à Tangalle.
Rue principale, Tangalle, jeudi 12 janvier. Ci-dessous, la gare d'autobus
La rue principale de Tangalle, jeudi 12 janvier et, ci-dessous, la gare d’autobus.

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Une de mes plus belles surprises au Sri Lanka a été la découverte de la grande métropole du sud du pays, Galle.

Inscrite depuis 1992 au patrimoine de l’Unesco, la vieille ville de Galle est exceptionnelle.

Les remparts qui protègent la cité, construits par les portugais au 17è siècle, les églises, les anciens bâtiments coloniaux, hérités des hollandais, puis des britanniques, tout a été rénové ou préservé avec soin.

Promenade matinale au-dessus des remparts qui ceinturent la vieille ville de Galle. Ci-dessous, quelques uns des nombreux bâtiments coloniaux reconvertis en magasins.
Promenade matinale au-dessus des remparts qui ceinturent la vieille ville de Galle. Ci-dessous, quelques uns des nombreux bâtiments coloniaux reconvertis en magasins.

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Ici comme à Fort Cochin, au Kerala, les différentes communautés religieuses coexistent pacifiquement. Et partagent paisiblement un espace commun, assez restreint. De très nombreux habitants sont de confession musulmane. Leurs racines remontent parfois jusqu’au Maroc.

La vieille ville compte plusieurs mosquées, situées à quelques dizaines de mètres seulement de temples bouddhistes, hindous ou d’anciennes églises chrétiennes construites par les colons.

Il fait bon se promener dans les rues de la vieille ville! Mais vous ne serez pas seuls.

Plus d’un tiers des maisons appartient maintenant aux étrangers, en particulier aux Britanniques. Depuis 1992, la spéculation immobilière a fait fuir les familles sri lankaises qui n’ont plus désormais les moyens de vivre ici.

Ceux qui possédaient un bien, l’ont vendu. « On peut acheter deux maisons à Colombo en vendant une maison ici » m’a confié un vieux marchand qui rénove lui-même en ce moment la maison familiale afin d’en faire un gîte pour touristes.

La vielle ville de Galle connue sous le nom de Galle Fort
La vieille ville de Galle connue sous le nom de Galle Fort. Ci-dessous, à l’entrée de la ville…

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Cité grande ouverte sur l’océan, Galle n’en demeure pas moins une des plus belles villes coloniales que j’ai eu jusqu’ici la chance de visiter.

Elle n’est pas devenue (comme Antigua au Guatemala ou San Miguel de Allende au Mexique) une ville-musée, sans âme, entièrement consacrée au tourisme ou aux expatriés fortunés.

On retrouve dans la vieille ville des bureaux d’avocats, un palais de justice, des établissements scolaires, une école militaire, la ville vit au rythme de ses habitants. Une belle découverte!

Sur les remparts de Galle, au crépuscule, samedi 7 janvier
Sur les remparts de Galle, au crépuscule, samedi 7 janvier. Ci-dessous élèves dans un cours d’éducation physique, au milieu de la vieille ville de Galle

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Dans les rues de Galle, mardi 10 janvier
Dans les rues de Galle, mardi 10 janvier. Ci-dessous, écoliers dans un parc. À noter: les journées qui précèdent la pleine lune sont fériées au Sri Lanka. Les écoles, les édifices gouvernementaux sont fermés. Une visite au temple est, ce jour-là, de rigueur.

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Je ne voulais pas quitter le Sri Lanka avant d’avoir vu un de ses parcs nationaux. Je voulais en particulier explorer le parc national d’Uda Walawe qui abrite, à un peu plus d’une heure de route de Tangalle, une colonie de plusieurs centaines d’éléphants.

Accompagné d’un guide et de quatre compagnons de voyage (russes et britanniques), je suis donc parti le dimanche 15 janvier en direction du parc.

Nous avons quitté l’hôtel un peu avant 5 heures du matin, et dès 6 heures nous étions sur place…

En quelques minutes, un premier pachyderme est venu, timidement, croiser notre chemin…

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… suivi bientôt d’un couple, une maman éléphant et son éléphanteau qui nous ont à peine regardés en traversant la piste…

Parc national Uda Walawe, dimanche 15 janvier
Parc national Uda Walawe, dimanche 15 janvier

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Nous avons eu aussi la chance dimanche matin de voir des troupeaux de buffles, des crocodiles, des paons…

Malgré la beauté du site cependant, et malgré ce qu’en disent les guides et les dépliants touristiques, le parc Uda Walawe, créé en 1972, est bien loin de procurer aux visiteurs les frissons du Parc national de l’Akagera, beaucoup plus grand, majestueux, visité il y a quatre ans, dans l’est du Rwanda…

Parc Uda Walawe, dimanche 15 janvier
Parc Uda Walawe, dimanche 15 janvier

Mon périple dans le sud de l’Inde et au Sri Lanka se termine. J’ai prolongé au maximum mon séjour à Galle et à Tangalle, et je prends cet après-midi le train pour Colombo. Ce sera ensuite le bus jusqu’à Negombo où je m’arrêterai une dernière nuit avant de prendre, mercredi en soirée, l’avion pour Vancouver….

Après sept semaines de voyage, heureux de rentrer à la maison! Merci à tous d’avoir suivi depuis le 30 novembre ces quelques étapes dans ces deux pays si différents!…

D’un côté, le Sri Lanka semble confortablement installé aujourd’hui dans le peloton de tête des destinations touristiques les plus prisées du sud de l’Asie….

De l’autre, l’état du Kerala, dans le sud de l’Inde qui, peut-être à cause de son gouvernement, ne semble pas très pressé de développer sur son territoire un tourisme à grande échelle ou haut de gamme. Et c’est très bien ainsi.

La petite Venise du sud de l’Inde, comme on surnomme affectueusement le Kerala, demeure, avec le recul, une de mes plus belles expériences de voyage!…

Bonne fin d’hiver à tous!

Tangalle, samedi 14 janvier
Tangalle, côte sud du Sri Lanka, le samedi 14 janvier 2017

Parmi mes meilleurs souvenirs? Les délicieux repas pris ici et au Kerala…

Petit déjeuner traditionnel sri lankais et, ci-dessous, un déjeuner typique: poulet au curry...
Petit déjeuner traditionnel sri lankais (à Ella) et, ci-dessous, un déjeuner typique (à Tangalle): plat de poulet au curry…

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Ella, Sri Lanka

Il m’a fallu plusieurs jours avant de m’adapter au Sri Lanka.

Après le charme de la vieille ville de Fort Cochin, les plages et les grands espaces du Kerala, j’ai dû me réhabituer depuis deux semaines à la circulation automobile, au concert des klaxons, et à la forte densité de la population du Sri Lanka. Même si Colombo n’est qu’à quarante minutes d’avion de la côte sud de l’Inde, l’ambiance est ici très différente.

L’île est plus développée, plus urbaine, moderne, que l’état voisin, au nord. Les rapports quotidiens sont aussi plus formels, solennels. Les échanges, même les plus anodins, semblent suivre une étiquette, un protocole, un code dont le voyageur n’a pas toujours la clé.

Dans les gestes, les sourires, une réserve, presque partout.

Pradeepa, mère de deux enfants, gère avec son mari une petite buvette, près d’Ella. Ci-dessous, une habitante de la région d’Ella, rencontrée le même jour, le 1er janvier, sur un chemin de montagne.

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D’autres diront peut-être le contraire, mais les gens semblent être ici plus pressés, impatients, stressés.

« C’est à cause des Fêtes », m’a dit le chauffeur de taxi qui me conduisait de l’aéroport à mon hôtel à Negombo, une petite ville de pêcheurs, située sur la côte ouest, près de l’aéroport.

De nombreux voyageurs préfèrent y passer leur première nuit afin d’éviter, en arrivant, la pollution et les embouteillages de la route qui mène à Colombo.

Le petit port de Negombo, samedi 24 décembre
Le petit port de Negombo, samedi 24 décembre

Negombo, qu’on surnomme au Sri Lanka « la petite Rome », vu le nombre important d’églises érigées dans la communauté. Et la grande proportion d’habitants qui ont été ici, à l’époque coloniale, convertis au catholicisme, par les portugais.

Negombo est aussi réputée pour ses deux immenses marchés de poissons, ouverts au public dès 6 heures le matin.

La plage et le marché de poissons de Negombo, samedi 24 décembre. Un thon de bonne taille, entier, se négocie ici 300 roupies, environ $3 ou
La plage et le marché de poissons de Negombo, samedi 24 décembre. Un thon de bonne taille se négocie ici 300 roupies (LKR), environ $2,50 ou 1.90 euros.

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J’ai quitté Negombo le 26 décembre sans trop de regrets, les oreilles bourdonnantes du bruit des pétards et des feux d’artifices allumés un peu partout dans la ville pour célébrer Noël.

Et je suis parti comme prévu pour Kandy, l’ancienne capitale du pays, devenue aujourd’hui capitale culturelle, inscrite depuis 1988 au patrimoine mondial de l’Unesco.

Mes cinq haltes au Sri Lanka. Sur la côte ouest, Negombo. Au centre, dans la région montagneuse (« Hill Country »), Kandy et Ella, et au sud, Galle et Tangalla.

J’avais espéré trouver à Kandy, à 500 mètres d’altitude, l’atmosphère tranquille et détendue des « Hill Stations » (stations climatiques) que j’aime tant en Asie du Sud-Est, comme Pyin Oo Lwin, ou Kalaw en Birmanie, ou Dalat au Vietnam.

Énorme déception. Embouteillages monstres sur la route et circulation infernale en arrivant à Kandy. Les bus, les rickshaws, les voitures et les piétons se disputent chaque mètre carré des rues du centre-ville. Dès 9 heures, il fait très chaud. L’air est irrespirable. On étouffe.

Bref moment de répit dans la circulation à Kandy, devant l'hötel colonial Queens
Bref moment de répit tôt le matin dans la circulation à Kandy, devant l’hôtel colonial Queens, mardi 27 décembre.

Heureusement, j’avais réservé une chambre dans une petite villa, située à 15 minutes de marche de la ville. Villa où j’ai pu, pendant plusieurs jours, apprécier, au calme, l’hospitalité sri lankaise.

Kandy Cottage, une très bonne adresse (www.kandycottage.com), loin de l'agitation de la ville. L'après-midi, des petits singes viennent jouer dans le jardin...
Kandy Cottage, une très bonne adresse, loin de l’agitation de la ville. L’après-midi, des petits singes viennent jouer dans le jardin…

Tous les matins, de somptueux petits déjeuners m’étaient servis…

Pertit déjeuner traditionnel sri lankais. Des "hoppers", galettes de farine de riz, au beurre, accompagnées de pommes de terre et légumes assaisonnés au curry...
Petit déjeuner traditionnel sri lankais. Des « hoppers », galettes de farine de riz, au beurre, accompagnées de pommes de terre et de légumes assaisonnés au curry…

L’homme à tout faire de la maison, Thomas, m’annonça un matin qu’il partait rejoindre sa famille, à 15 kilomètres de Kandy. Sans préavis, il m’a laissé la maison, qui était maintenant sous ma protection.

Grâce à une bibliothèque bien garnie, j’en ai profité pour étudier et essayer de mieux comprendre la situation politique et linguistique du pays. J’avais été surpris de constater que, même à Kandy, beaucoup de gens dans la rue ne parlaient pas l’anglais…

Le Sri Lanka a connu entre 1983 et 2009 une guerre civile sanglante qui opposa la majorité cingalaise (bouddhiste) aux Tigres de libération tamoul qui voulaient créer un état indépendant dans le nord et l’est du pays. Il y a eu des milliers de morts et de disparus.

De multiples tensions subsistent encore aujourd’hui entre les deux communautés.

Journal en langue cingalaise.
Journal en langue tamoule

Le cingalais, parlé par l’immense majorité de la population (87%), et le tamoul (25% de locuteurs) sont les deux langues officielles du pays.

L’anglais, comme dans le sud de l’Inde, est une langue que seuls les plus instruits comprennent. Il est utilisé comme langue de travail par le gouvernement. Dès qu’on s’éloigne des sentiers battus, il n’est plus d’une très grande utilité…

L'un des quatre quotidiens nationaux publiés en anglais au Sri Lanka. Le cinghalais, parlé par l'immense majorité de la population, et le Tamoul, sont les deux langues officielles du pays. L'anglais, comme dan le sud de l'Inde est une langue que seuls les plus instruits comprennent. Dès qu'on s'éloigne des sentiers battus, il n'est plus d'une très grande utilité... Curieusement, on retrouve à la une des journaux, tout en haut, le prix officiel de certains produits de base, comme la noix de coco (50 roupies la pièce) ou...
Quatre quotidiens nationaux sont quand même publiés en anglais au Sri Lanka. Curieusement, on retrouve à la une de ces journaux, tout en haut, le prix officiel (qui fluctue) de certains produits de base, comme la noix de coco (60 roupies, 55cents, la pièce) ou les haricots (120 roupies, $1.10, le kilo). Même le prix des oeufs est règlementé, 12.50 roupies par œuf.

Installé dans mon cottage à Kandy, je n’allais en ville qu’une fois par jour, prendre mon déjeuner, faire rapidement quelques courses, et admirer en chemin, au bord du lac, l’un des lieux de pèlerinage les plus célébres du Sri Lanka, le temple de la Dent du Bouddha.

Le temple de la Dent du Bouddha,
Le temple de la Dent du Bouddha. Comme son nom l’indique, le temple abrite une relique de dent de Bouddha. C’est un des lieux les plus sacrés du pays. Tous les jours, dès 6 heures du matin, des milliers de Sri Lankais s’y rendent en pèlerinage…

Malgré le confort et l’hospitalité qui m’ont été offerts, j’ai été heureux de quitter Kandy, le 31 décembre, en train, pour Ella…..

Trois fois par jour, un train relie Kandy aux petites villes situées en altitude dans une très belle région devenue, depuis la colonisation britannique, un des principaux centres de production de thé en Asie. Il faut compter six heures de trajet entre Kandy et Ella. Le paysage est splendide. Ce voyage en train est une des principales attractions touristiques du Sri Lanka.
Il faut compter environ six heures de trajet entre Kandy et Ella. Le paysage est splendide. Ce voyage en train est une des principales attractions touristiques du Sri Lanka.

Trois fois par jour, un train relie Colombo puis Kandy aux petites villes situées en altitude dans une très belle partie du pays –  the « Hill Country« .

La région est magnifique. Et est vite devenue, sous l’impulsion des colons britanniques, à la fin du 19è siècle, un des principaux centres de production de thé en Asie. Le thé qui est encore aujourd’hui un des moteurs de l’économie sri lankaise.

Le voyage depuis Kandy, direction sud, vers Ella, est superbe.

La voie ferrée traverse les plantations, franchit des ponts, des aqueducs. Les arrêts sont fréquents. Le train avance lentement au cœur d’une végétation luxuriante…

Gare de Galboda, samedi 31 décembre et, ci-dessous, le train vu du pont Demodara, près de la gare d’Ella…

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(Conseil pour ceux qui planifient le même voyage. Si l’on veut une place confortable, en première classe ou wagon climatisé, il vaut mieux réserver son billet à l’avance. Ils sont disponibles un mois avant la date du départ, et s’envolent en moins de vingt-quatre heures. Le trajet Colombo – Ella, en 1ère classe, coûte $12, environ 9 euros, une aubaine incroyable. Infos supplémentaires sur l’excellenseat61.com)

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Ellas Rock, Ella
Ellas Rock, vue de la chambre de mon hôtel, à Ella.

Après deux semaines, j’ai pu enfin trouver à Ella l’environnement que je cherchais depuis mon arrivée au Sri Lanka!

Même si la petite ville, perchée à 1040 mètres d’altitude, est maintenant devenue une des étapes obligées des voyageurs qui visitent la région des plantations, Ella a su garder (loin des commerces de la rue principale) son cachet de village de montagne, vert, accueillant et agréable. Même si les prix, pour le logement notamment, sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs.

Les randonneurs sont ici chez eux. De nombreux sentiers débutent ou se terminent près d’Ella.

Pendant ma longue halte de sept jours, j’ai eu l’occasion d’en explorer plusieurs, dont les deux plus connus: Little Adam’s Peak et Ellas Rock.

La voie ferrée permet souvent l'accès aux sentiers qui mènent aux montagnes. Ci-dessous, vue d'un des sommets qui surplombent Ella, lundi 2 janvier.
La voie ferrée est souvent un des points d’accès aux sentiers qui mènent aux montagnes autour d’Ella. Ci-dessous, vue d’un des sommets qui surplombent la ville, lundi 2 janvier.

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Ma plus belle journée cependant, la plus belle de mon voyage au Sri Lanka jusqu’à présent, a débuté, très tôt, le mercredi 4 janvier…

Gare d'Ella, mercredi 4 janvier, 7h du matin.
Gare d’Ella, mercredi 4 janvier, 7h du matin.

J’étais avant 7 heures à la gare d’Ella afin de prendre le train, vers l’ouest, pour une heure environ, en direction de Haputale, une petite ville typique de la région des plantations – 3000 habitants, 1400 mètres d’altitude.

C’est à 11 kilomètres au nord de Haputale que Sir Thomas Lipton a construit, en 1890, une de ses premières plantations de thé…

… qui fonctionne toujours, à Dambatenne, dans un décor absolument féérique… où le brouillard, dès la mi-journée, se lève régulièrement…

La route entre Haputale et Dambatenne. mercredi 4 janvier...
La route entre Haputale et Dambatenne, mercredi 4 janvier…

En arrivant mercredi matin à la gare de Haputale, j’ai sauté dans un des bus qui assure la navette jusqu’à l’usine de Dambatenne…

… et je suis ensuite redescendu, lentement, à pied, jusqu’à mon point de départ – en savourant, dans le grand silence des montagnes, chaque minute de cette randonnée de 11 kilomètres.

Bonheur absolu.

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Entre Haputale et Dambatenne, même atmosphère, même altitude et même climat que sur les hauts plateaux du centre du Vietnam! Le paradis! Sur le chemin, ci-dessous,
Entre Haputale et Dambatenne, même altitude, même atmosphère et même climat que sur les hauts plateaux du centre du Vietnam! Le paradis! Sur le chemin, rencontre amicale avec un agriculteur accompagné de sa fille…

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J’entame demain les douze derniers jours de mon voyage au Kerala et au Sri Lanka.

Ce sont probablement ceux que j’anticipe le plus. Douze jours au soleil dans le grand sud du pays. À Galle d’abord, ancienne ville coloniale, et ensuite à Tangalle, au bord de l’océan Indien…

Malgré les aléas du voyage, la fatigue qui s’installe après les longues marches, malgré le manque de sommeil parfois (les chiens qui aboient la nuit, ou l’appel des muezzins du haut des mosquées), malgré la morsure du soleil, je suis extrêmement heureux et reconnaissant d’avoir, depuis le 30 novembre, découvert et exploré tant de nouveaux chemins!

Et j’espère, dans le grand sud, me réconcilier tout à fait avec le Sri Lanka…

Une des meilleures tables d'Ella, Jade Green & Tea Centre. Pour y déjeuner il faut commander son plat 90 minutes à l'avance, et revenir le déguster dans le restaurant qui es en fait le salon de la maison de famille. Ci-dessus, à gauche
Poulet au curry au restaurant Jade Green & Tea Centre, une des meilleures tables d’Ella. Pour y déjeuner, il faut commander son plat 90 minutes à l’avance, et revenir ensuite le déguster dans le restaurant qui est en fait le salon de la maison de famille. Ci-dessous, à gauche, Hemalatha, cuisinière hors-pair, et à droite, Sujatha, la gérante du restaurant. Bravo, et merci à toutes les deux!

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Entre Alleppey, Kollam et Varkala…

Beaucoup de chemin parcouru en bus, en bateau, en train, depuis mon départ de Munnar le 12 décembre…

En bateau, entre Alleppey et Kollam, le samedi 17 décembre. Les pirogues transportent de la fibre de noix de coco, une des principales ressources du Kerala. Matériel grâce auquel on fabrique de la corde, des brosses, des tapis...
En bateau, entre Alleppey et Kollam, le samedi 17 décembre. Les pirogues transportent de la fibre de noix de coco, une des principales ressources du Kerala…
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… Matériel grâce auquel on fabrique de la corde, des brosses, des tapis…
Varkala, Kappil beach, mercredi 21 décembre

Malgré la pauvreté, les inégalités, mon histoire d’amour avec le sud de l’Inde se poursuit.

Je suis devenu en quelques jours profondément attaché à cette partie d’un pays, immense, que je découvre avec émerveillement. Attaché à une culture qui surprend, étonne, déroute parfois, et que j’essaie de mieux comprendre.

Attaché à un état d’esprit très particulier qui semble régner ici, à une attitude, à une conduite, empreinte de patience, d’humilité, d’honnêteté aussi.

(Deux fois déjà, à Munnar puis à Alleppey, les chauffeurs de rickshaws m’ont rendu, après une courte course, une poignée de monnaie, en me disant : «25 rupees? I can manage with 20 rupees, Sir! »)

Partout, la gentillesse et le sourire timide des gens éclairent mes journées.

Varkala, Kappil beach
Varkala, Kappil beach
Munroe Island, à une heure de route au nord de Kollam, lundi 19 décembre.
Munroe Island, à une heure de route au nord de Kollam, lundi 19 décembre.

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Je regrette déjà de devoir quitter, dès demain, le sud de l’Inde… Il semble que je viens à peine d’arriver!…

Voici donc avant de partir, en images et en mots, un résumé des aventures de ces dix derniers jours… J’ai réalisé ici un de mes plus beaux voyages.

Plat traditionnel du sud de l'Inde, le "thali", du riz accompagné de divers condiments et légumes, servi sur une feuille de banane.... Déjeuner au large d'Alleppey, vendredi 16 décembre.
Plat traditionnel du sud de l’Inde, le « thali », du riz accompagné de divers condiments et légumes, servi ici sur une feuille de bananier. Déjeuner offert dans un village près d’Alleppey, vendredi 16 décembre. À noter: il n’y a pas d’ustensiles, on mange avec la main…
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Soulignées en vert, mes cinq haltes au Kerala: Cochin (Fort-Cochin), Munnar, Alleppey, Kollam et Varkala. Ensuite, plus au sud, de Trivandrum (la capitale de l’état du Kerala), j’ai pris le 23 décembre l’avion pour Colombo, au Sri Lanka.

Je m’étais fixé en quittant Munnar un objectif bien précis. Retrouver la côte et descendre, plein sud, en direction de Varkala. En essayant d’emprunter dans la mesure du possible les canaux et les voies fluviales – les fameuses « backwaters » – qui ont fait la renommée du Kerala.

Promenade dans les canaux au large d'Alleppey, vendredi 16 décembre
Promenade dans les canaux au large d’Alleppey, vendredi 16 décembre

Pari réussi. En dix jours, j’ai eu la chance d’effectuer, au fil de l’eau, quatre très belles excursions entre Alleppey et Varkala, au cœur d’une région sauvage et splendide.

Marchand de poison dans les canaux de Munroe Island, lundi 19 décembre...
Marchand de poisson dans les canaux de Munroe Island, lundi 19 décembre…
Plantation de riz, près de Kottayam, mercredi 14 décembre.
Plantation de riz, près de Kottayam, mercredi 14 décembre.

Je me suis d’abord arrêté quelques jours à Alleppey – rebaptisée Alappuzha en 1991, mais que tout le monde ou presque continue d’appeler Alleppey.

Envoûtante, déconcertante, ville aux mille visages, Alleppey compte environ 80 000 habitants répartis dans des quartiers bien distincts.

Quartier situé près de la plage, à Alleppey, jeudi 15 décembre. Les marchands viennent tôt le matin vendre leurs produits aux habitants.
Alleppey, jeudi 15 décembre. Un des quartiers situés près de la plage. Les marchands viennent, tôt le matin, vendre leurs produits aux habitants.

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À mesure que l’on progresse vers le centre-ville cependant, la cité revêt un visage différent…

Alleppey, c’est « la petite Venise de l’inde du sud »

Des demeures élégantes, de jolis canaux (certains désaffectés) témoignent du passé colonial de la ville qui était autrefois (comme Fort-Cochin) un relais important dans le commerce des épices.

Un des nombreux canaux d'Alleppey et, ci-dessous, une des principales rues du centre-ville...
Un des nombreux canaux d’Alleppey et, ci-dessous, une des principales rues du centre-ville…

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Il règne ici un peu la même atmosphère que dans les petites villes du delta du Mékong, une chaleur torride, humide, moite, trente-deux degrés pendant la journée et, entre décembre et février, rarement une goutte de pluie…

Le quai principal, à Alleppey
Le quai principal, à Alleppey

Alleppey est aussi la ville principale de la région du lac Vembanad.

Tous les matins un traversier quitte l’agglomération et relie les villages éparpillés autour du lac. Le traversier va jusqu’à Kottayam, l’autre bourgade importante du secteur, située à 20 kilomètres d’Alleppey, sur la rive est du lac Vembanad. (Voir la carte plus haut)

Mercredi matin, je suis monté à bord…

Près d'Alleppey, une des voies fluviales qui sont au cœur du réseau de transport au sud du Kerala
Près d’Alleppey, les voies fluviales sont au cœur du réseau de transport du sud du Kerala. Les grands navires sont des « houseboats », véritables palaces flottants qui peuvent accueillir des dizaines de personnes pour un mariage, une réunion de famille ou une simple excursion entre amis.

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La rumeur de la ville s’estompe rapidement… La promenade est fantastique!

Entre Alleppey et Kottayam...
Entre Alleppey et Kottayam…

De chaque côté du lac, on peut observer la vie quotidienne des villages qui vivent exclusivement de la pêche et de l’agriculture.

C’est le Kerala traditionnel et authentique.

Entre Alleppey et Kottayam, mercredi 14 décembre
Confidences échangées sur les rives du lac Vembanad, le mercredi 14 décembre
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Entre Alleppey et Kottayam

À mesure que l’on s’éloigne d’Alleppey, le nombre de passagers sur le traversier augmente. Le bateau est un vrai trait d’union entre les communautés…

Elèves attendant au quai le bateau pour l'école...
Elèves attendant au quai le bateau pour l’école…

C’est aussi le moyen de transport qu’empruntent, tous les matins, des dizaines d’enfants afin d’aller à l’école.

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Amal, au premier plan, 16 ans, étudie entre 10 heures et 16 heures, en Malayalam, en Hindi et en Anglais, dans une école près de Kottayam. Pour aller et revenir de son école, il passe chaque jour deux heures sur le traversier…
Ci-dessous, entre Alleppey et Kottayam...
Ci-dessous, entre Alleppey et Kottayam…

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Combien de temps encore ces villages, certains très isolés, vivront-ils, simplement, de façon traditionnelle?

Comme partout en Inde, les choses évoluent ici très rapidement. Depuis une quinzaine d’années, une grande partie de la population rurale du Kerala quitte les villages.

Les jeunes partent par centaines gagner leur vie comme main-d’oeuvre dans les pays du Golfe. Les chantiers de construction à Dubaï, à Oman, débordent de travailleurs exilés, originaires du Kerala…

Après quelques années passées à l’étranger, beaucoup reviennent, et s’installent dans les villes…

Que deviendront ces villages dans trente ans?

Voyage en traversier entre Alleppey et Kollam, samedi 17 janvier
Voyage en traversier entre Alleppey et Kollam…

Huit heures de bateau sur les voies fluviales, le samedi 17 décembre, entre Alleppey et Kollam, une distance d’environ 85 kilomètres.

C’est la croisière classique, presque incontournable, des voyageurs en visite dans le sud du Kerala.

Le traversier avance lentement, souvent au milieu des algues ou d’une flore lacustre abondante. Le paysage change constamment…. et réserve bien des surprises!

À mi-chemin entre Alleppey et Kollam...
Entre Alleppey et Kollam, samedi 17 décembre. En route, sur les rives, des sourires… et, un peu plus loin, quelques regards interrogateurs…

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Pêcheurs s'apprêtant à prendre la mer, près de Kollam...
Pêcheurs s’apprêtant à prendre la mer, près de Kollam…

Nous arrivons à destination à la tombée de la nuit…. Je gagne vite mon hôtel en rickshaw.

Grosse surprise, le lendemain, en déambulant dans les rues de Kollam. À part le personnel de l’hôtel, presque personne ici ne parle l’anglais. Visage perplexe des passants lorsque je demande mon chemin…. On parle ici presqu’exclusivement le Malayalam.

Vendeur de billets de loterie, Kollam, dimanche 18 décembre,
Vendeur de billets de loterie, Kollam, tôt, dimanche matin, 18 décembre

Je ne fais que passer à Kollam…

Je suis ici afin d’explorer en pirogue les canaux de Munroe Island, une petite île située à une heure de route, au nord de la ville. Je n’ai pas été décu.

Pêcheurs de Munroe Island, lundi 19 décembre.
Pêcheurs à Munroe Island, lundi 19 décembre

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Cependant, les pêcheurs et leurs familles vivent ici dans des conditions de vie très précaires. Les habitations disposent de l’électricité et ont l’eau courante, mais il fait à l’intérieur de l’île une chaleur étouffante, suffocante…

Afin d’augmenter leurs maigres revenus, les habitants, en plus de la pêche, produisent du vin de palme. Les femmes fabriquent également, à partir de la fibre de noix de coco, des brosses, de la ficelle, des tapis épais.

Existence très pénible. On gagne ici à peine quelques roupies par jour…

La plage municipale de Varkala...
La plage municipale de Varkala…

Dernière étape de mon périple dans le sud de l’Inde, Varkala!

Varkala, mercredi 21 décembre
Varkala, mercredi 21 décembre

Surtout connue pour ses plages magnifiques, Varkala est probablement l’une des villes les plus libérales du Kerala. Les touristes du monde entier viennent se baigner ici dans l’océan en maillot deux pièces ou en bikini sans trop faire sourciller les habitants.

Curieusement, Varkala est aussi pour la communauté hindoue un lieu de pèlerinage important. La ville abrite un temple imposant situé à deux pas de la plage principale. Des milliers d’Indiens viennent se recueillir ici. Bronzage et spiritualité font à Varkala bon ménage…

En plus des plages (la plupart complètement désertes en haute saison), un des atouts majeurs de Varkala est la magnifique promenade de sept kilomètres qui longe la côte, direction nord, vers Kappil Beach.

Un véritable régal pour ceux qui (comme moi) aiment marcher tôt le matin. J’ai avalé mercredi les quatorze kilomètres (a-r) en un peu plus de trois heures, sous un soleil de plomb, au retour.

Long bain de mer, bien mérité, avant de regagner la maison d’hôtes. L’hiver en Amérique du nord semble bien loin!…

Promenade côtière, Varkala, jeudi 21 décembre
Promenade côtière, entre Varkala et « Kappil Beach », le mercredi 21 décembre et, ci-dessous, pêcheurs, à mi-chemin…

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Mon voyage dans le sud de l’Inde se termine donc déjà. Je prends demain l’avion pour Colombo et le Sri Lanka…

À une exception près (longue histoire), je n’ai eu pendant trois semaines au Kerala que des expériences positives.

Partout, j’ai reçu un accueil chaleureux. Je planifie déjà un nouveau voyage dans une autre région de l’Inde, avec, cette fois, une longue halte au Népal

Quelles aventures m’attendent au Sri Lanka? J’ai bien hâte de continuer mes explorations pendant les vingt-sept prochains jours!…

Varkala au crépuscule, mardi 20 décembre
Varkala au crépuscule, mardi 20 décembre

À Diana (à Calgary), à mes frères (l’un à Londres, l’autre en route pour Lisbonne), à ma sœur (en Andalousie), à tous mes neveux et nièces, aux conjoints, au magnifique bébé arrivé cette année dans la famille, aux amis à Vancouver et autour du monde: 

JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE 2017!

Alleppey, jeudi 15 décembre 2016
Plage d’Alleppey, jeudi 15 décembre 2016

Munnar

Le début dune journée de récolte dans une plantation de thé au-dessus de Munnar, 8h30, vendredi matin, 9 décembre
Le début dune journée de travail dans une plantation de thé au-dessus de Munnar, 8h30, vendredi matin, 9 décembre

Depuis plus d’un siècle, la petite ville de Munnar, dans l’état du Kerala, est un des principaux centres de production de thé en Inde.

Tous les matins, à partir de huit heures, des centaines d’hommes et de femmes gagnent, à plus de 1600 mètres d’altitude, les champs de thé.

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La plupart d’entre eux sont originaires de l’état du Tamil Nadu, l’état voisin du Kerala.

Femmes pesant leur récolte de thé dans une plantation de Munnar, vendredi 9 décembre.

Vendredi matin, j’ai voulu aller voir de plus près comment fonctionne cette industrie qui emploie en Inde des milliers de travailleurs.

L’inde est, après la Chine, le second producteur de thé au monde, et plus de 70% de sa production est consommée à l’intérieur du pays…

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J’ai eu beaucoup de chance.

Mon hôtel avait, vendredi, un guide disponible (obligatoire pour visiter les plantations) – et trois autres voyageurs indépendants, venus de France et de Belgique, avaient eux aussi, ce matin-là, le même objectif: voir et comprendre les rouages d’une plantation de thé, et réaliser en même temps, dans un décor de rêve, une grande et belle randonnée…

Samy, 47 ans, guide exceptionnel, né dans la région de Munnar, père de deux enfants et, comme une grande partie de la population, membre du parti communiste de l'état du Kerala.
Samy, 47 ans, guide exceptionnel, né dans la région de Munnar, père de deux enfants et, comme une grande partie de la population ici, membre du parti communiste de l’état du Kerala.

Nous sommes donc partis ensemble, autour de sept heures, accompagnés de notre guide, Samy, pour une excursion inoubliable de 16 kilomètres dans les montagnes au-dessus de Munnar…

Au-dessus de Munnar, vendredi matin...
Munnar, sous la brume, tôt vendredi matin…

Très vite, le chemin grimpe vers les plantations…

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Les champs de thé de la région de Munnar appartiennent en grande partie à l’immense consortium Tata dirigé par l’homme d’affaires et industriel Ratan Naval Tata, 79 ans, qui possède en Inde et à l’étranger des intérêts considérables (dans l’acier, les produits chimiques, la construction automobile) et une fortune colossale…

Vers huit heures, sous un grand ciel bleu, nous atteignons les premières plantations…

Au-dessus de Munnar, 9 décembre...
Au-dessus de Munnar, 9 décembre…

Les hommes et les femmes qui travaillent ici semblent, pour la plupart, heureux de leur sort. Ils nous sourient, nous saluent.

Ils sont cependant soumis à de nombreuses obligations, et à un règlement très strict.

  • Les travailleurs sont logés gratuitement, à proximité des champs, dans un bâtiment appartenant au consortium.
  • Ils bénéficient d’une scolarité gratuite pour leurs enfants. Les frais reliés aux soins de santé de la famille sont pris en charge.
  • Les employés ont également le droit de posséder quelques actions de la compagnie.
  • Chaque travailleur reçoit, comme salaire de base, 300 roupies (environ $6 ou 4.20 euros) par jour.
  • En contrepartie, ils doivent récolter chacun, au minimum, 27 kilos de feuilles thé par jour, six jours par semaine.
  • La grande majorité des employés en recueille beaucoup plus. Chaque kilo de thé supplémentaire récolté est payé 1 roupie…
Seuls les hommes sont habilités à couper les tiges de thé à l'aide d'un sécateur électrique. Les femmes sont obligées de faire le même travail à la main...
Seuls les hommes sont habilités à couper les tiges de thé à l’aide d’un sécateur électrique. Les femmes sont obligées de faire le même travail à la main…

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Les hommes, nous explique Samy, notre guide, sont autorisés à travailler quatre heures par jour, les femmes, elles, sont astreintes à une journée de huit heures.

Comment expliquer une telle injustice?

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« Par la culture locale« , nous répond-on. C’est ainsi. L’horaire de travail restreint des hommes leur permet aussi, selon la tradition, « de prendre soin chaque jour de leur potager« .

Chacun se fera son opinion…

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En fait, depuis mon arrivée en Inde il y a maintenant dix jours, il est de plus en plus difficile d’ignorer les multiples facettes de la séparation qui existe entre les hommes et les femmes dans l’espace public.

Dans les gares et les centres routiers, les femmes disposent d’une salle d’attente qui leur est réservée.

Dans les bus municipaux, les sièges à l’avant sont exclusivement réservés aux femmes, les hommes s’assoient, eux, à l’arrière.

Même dans les églises les sexes sont séparés, les femmes s’assoient dans les rangées à gauche, les hommes, à droite…

1700 mètres...
1700 mètres d’altitude, au-dessus des plantations de thé…

Nous poursuivons notre route vendredi matin…. toujours plus haut. Le paysage est magnifique!

Vers neuf heures, nous nous arrêtons enfin – afin de déguster, à plus de 1800 mètres d’altitude, un merveilleux petit déjeuner préparé par Samy et sa famille.

Au menu: du thé au gingembre, des biscuits, des fruits, des œufs dur, des chapatis… Un vrai festin. Nous sommes comblés!

De gauche à droite...
Mes compagnons de route pour la journée, de gauche à droite: Sonia, des Vosges, Mikaël, de Lyon, et Laura, de Bruxelles. Quelle belle randonnée! Merci à tous les trois!

Après une courte halte, nous repartons…

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La journée nous réserve encore bien d’autres surprises…

Notre guide Samy a soigneusement coordonné l’itinéraire de notre descente vers Munnar pour qu’il coïncide avec le cérémonial quotidien de la pesée des sacs de thé qui a lieu au milieu de la journée…

La pesée...
Femmes rassemblées à la mi-journée afin de se livrer à l’exercice crucial de la pesée de leur récolte…

Il règne autour du camion et du tracteur une ambiance fébrile…

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Chacun rassemble ses sacs de thé avant la pesée…

Chacun, à tour de rôle, apporte son sac de thé qui est méticuleusement pesé… Les travailleurs reçoivent ensuite un justificatif…

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… pendant que d’autres employés arrivent des champs…

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Il faut ensuite hisser les sacs (certains pèsent près de 50 kilos)…..

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…jusqu’au camion qui transportera la marchandise à l’usine où les feuilles et les tiges de thé seront broyées, puis séchées…

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À partir de la récolte, plusieurs différents types de thé seront commercialisés.

Le thé blanc (le plus cher) produit à partir de la première (la plus haute) feuille de la tige. Ensuite le thé vert, fruit de la deuxième feuille de la tige. Le thé noir (black tea) puis le thé amer (bitter tea) seront eux fabriqués à partir des feuilles les moins nobles (les plus basses) de la plante….

Notre incroyable randonnée se termine…

Les montagnes de la région de Munnar sont de véritables jardins botaniques!

En plus du thé, la terre produit ici du poivre, de la cannelle, du café, des ananas, de la citronnelle, des fraises, de la coriandre, du miel, des figues, et bien d’autres gourmandises…

Ce n’est pas étonnant qu’on surnomme l’état du Kerala « God’s country« , le pays de Dieu…

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Après cinq jours à Munnar, et plusieurs autres courtes randonnées, je reprends demain comme prévu la route pour Alleppey (Alappuzha), située sur la côte, à une soixantaine de kilomètres au sud de Cochin….

Bonne semaine à tous!!

Plat de pommes de terre au curry masala accompagné de chapati et d'une salade de tomates et oignons...
Pommes de terre au curry masala accompagnées de chapati et d’une salade de tomates et oignons… Ci-dessous, un plat de choux-fleurs (très) épicé et du riz frit aux légumes. C’est un véritable privilège de découvrir et goûter tous les  jours la cuisine du sud de l’Inde…

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Fort Cochin

Après la triste campagne électorale et le résultat inattendu des élections américaines, après l’annonce du décès de Leonard Cohen, puis celui du Comandante Castro, après la pluie et le temps gris de novembre à Vancouver, quel contraste, et quel plaisir, de se retrouver, après dix-huit heures de vol, au bout du monde, à la pointe sud de l’Inde, dans l’état du Kerala!

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Fort Cochin, samedi matin, 3 décembre

C’est la fin de la saison des pluies ici, et le thermomètre oscille entre vingt-neuf et trente-deux degrés.

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Promenade du bord de mer, Fort Cochin, dimanche 4 décembre

Je suis installé depuis vendredi matin sur la péninsule de Fort Cochin, une ancienne enclave portugaise (comme Goa, située plus au nord) autour de laquelle s’est développée la grande agglomération de Cochin, à l’est de la péninsule.

Fort Cochin, colonisée par les Portugais, puis par les Hollandais, a longtemps été un important comptoir lié au commerce des épices.

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Vestiges du passé turbulent de Fort Cochin. Anciens bâtiments coloniaux reconvertis en hôtels et, ci-dessous, en bureaux.

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Pour ce premier voyage en Inde, j’ai décidé d’éviter les grandes métropoles. Je suis heureux de passer ces premiers jours ici au calme, en me promenant dans la vieille ville, afin de m’acclimater au pays, au climat (chaud et humide), au décalage horaire, et à l’accueil souriant de tous ceux et celles rencontrés jusqu’à présent.

Sheeba dirige avec son mari, Ashley, l’excellente guesthouse « Greenwoods Bethlehem » située dans un quartier calme, au sud du centre-ville de Fort Cochin.
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Greenwoods Bethlehem Guesthouse, Fort Cochin
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Soulignées en vert, mes cinq étapes au Kerala: Fort Cochin (Cochin), Munnar, Alleppey, Kollam et Varkala. Je prendrai l’avion pour le Sri Lanka à partir de Thiruvananthapuram, la capitale de l’état du Kerala, située tout au sud.

L’état du Kerala est souvent perçu comme une exception en Inde. Avec raison. Nous sommes ici très loin de l’agitation de Dehli ou de la fièvre et des excès « Bollywood » de Mumbai.

La grande majorité de la population de la région vit de la pêche et de l’agriculture.

Dès 1957, les habitants au Kerala ont été parmi les premiers à élire, démocratiquement, un gouvernement communiste. Aujourd’hui encore, le gouvernement de l’état est dirigé par une coalition d’allégeance marxiste.

Le taux de scolarisation, l’alphabétisation (plus de 90%) l’espérance de vie sont ici beaucoup plus élevés qu’ailleurs au pays.

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La rue principale de mon quartier. On aperçoit, à gauche, deux silhouettes dans un des nombreux cabinets de lecture de la ville. N’importe qui peut, à n’importe quel moment de la journée, venir lire, à sa guise, les journaux du jour, fournis gratuitement, chaque matin, par la municipalité. Ci-dessous, un autre cabinet de lecture situé dans la vieille ville.
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La figure du « Che » bien en évidence dans le cabinet de lecture

Un élément frappe en arrivant à Fort Cochin: la coexistence pacifique qui semble régner entre les différentes communautés religieuses. Bien que la majorité de la population au Kerala (comme dans le reste du pays) soit de confession hindoue, l’état compte 25% de musulmans et près de 20% de chrétiens, dix fois plus que la moyenne nationale.

La religion catholique a de profondes racines au Kerala, les premiers explorateurs portugais sont arrivés ici au début du 16è siècle, suivis par les Jésuites…

La religion catholique a de profondes racines au Kerala. Les premiers explorateurs portugais sont arrivés ici au début du 16 siècle, suivis par les jésuites. Ci-dessus la Cathédrale Saint-François, la première église catholique construite en Inde. Vasco de Gama y fut inhumé pendant plusieurs années avant que ces cendres soient rapatriées au Portugal
L’église Saint-François de Fort Cochin, la première église catholique construite en Inde, en 1503. Vasco de Gama, mort à Fort Cochin en 1524 (lors de son 3è voyage en Inde) y fut inhumé pendant plusieurs années avant que ces cendres soient rapatriées au Portugal.

Il y a dans mon quartier deux mosquées, deux églises catholiques et de nombreux temples hindous.

Aucune animosité apparente entre ces communautés. Tout le monde va et vient, se salue. C’est remarquable. Je suis très heureux de débuter mon voyage en Inde ici!

Fort Cochin, dimanche 4 décembre
Fort Cochin, dimanche 4 décembre

Autre surprise en me promenant dans les rues, la plupart des gens ne parlent pas l’anglais, ni même le Hindi, les deux langues officielles de l’Inde. Ils parlent plutôt le Malayalam, la langue principale du Kerala, l’une des 800 langues parlées au pays!

La presse locale, en Malayalam.
La presse locale, en Malayalam.

Curieusement, dimanche matin, devant l’une des églises de la vieille ville, je me fais accoster, en français, par un des marchands qui a reconnu mon accent, alors que je posais une question.

Originaire du Tamil Nadu, l’état voisin du Kerala, à l’est, le marchand, la quarantaine, m’explique dans un français très correct avoir grandi à Pondichéry, l’ancien comptoir commercial français où la langue est encore parlée aujourd’hui…

(Moi qui rêvais, en planifiant ce voyage, d’aller faire un tour à Pondichéry… mais la ville est à plus de 14 heures de train de Cochin… Ce sera pour un autre fois…)

Dans les rues de Fort Cochin... Un écho de Pondichéry?
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de Cochin
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Casse-croûte ambulant au centre-ville
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Marchand de fruits dans un quartier plus calme à Fort Cochin
Fort Cochin, lundi 5 décembre

J’ai aussi découvert depuis cinq jours la merveilleuse cuisine du Kerala dont on m’avait tant parlé avant le départ.

On mange très peu de viande ici, la population préférant le poisson, abondant, et un régime à base de légumes. La noix de coco est un élément essentiel dans la plupart des plats cuisinés.

Ragoût de légumes
Ragoût de légumes
Le riz aux grains très épais, typique de la cuisine locale.
Le riz aux grains très épais, typique de la cuisine locale.
Poulet au curry. Délicieux!
Poulet au curry. Délicieux!

               LA SURPRISE DU 8 NOVEMBRE…

Le billet de 1000 roupies, en haut (environ $20) et celui de 500 roupies ont été sans préavis démonétisés début novembre.
Le billet de 1000 roupies, en haut (environ $20) et celui de 500 roupies ont été sans préavis démonétisés début novembre.

Je ne peux pas terminer sans parler du véritable coup de théâtre qu’a connu l’Inde, le mardi 8 novembre, il y a à peine un mois.

Dans la soirée, le premier ministre du pays, Narenda Modi (centre-droit), a annoncé à la télévision, sans aucun préavis, que les billets de 1000 et 500 roupies seraient, dès le lendemain matin, « démonétisés« , c’est-à-dire inutilisables pour acheter quoi que ce soit.

L’objectif étant de freiner la corruption qui sévit en Inde, un pays où la plupart des transactions se font en argent liquide. Un nouveau billet de 2000 roupies serait, a-t-il promis, très vite mis en circulation. Les citoyens étaient encouragés à échanger leurs vieux billets de 1000 et 500 roupies dans leurs banques à condition qu’ils puissent prouver l’origine de leur argent, produire des reçus, etc…

Il y a eu un mouvement de panique dans tout le pays, les coupures de 1000 et 500 roupies représentant plus de 80% des transactions financières. Les Indiens se sont rués dans les banques. La plupart des succursales n’avaient bien sûr pas encore reçus les nouveaux billets. Les distributeurs étaient vides et devaient tous être reprogrammées afin d’accepter les nouvelles coupures de 2000 roupies. On imagine la panique.

Tout cela avait été tenu dans le plus grand secret.

Depuis ce coup de théâtre, c’est la galère pour un peu tout le monde, sauf pour les citoyens les plus démunis qui n’ont presque jamais en mains de hautes coupures… Les citoyens indiens ne peuvent aujourd’hui retirer qu’une toute petite somme en liquide chaque jour (environ 2000 roupies).

Les touristes, eux, sont un peu mieux lotis, et peuvent échanger pendant quelques jours encore les billets bannis mais le taux d’échange frôle l’usure. L’Inde reste malgré tout une destination très abordable.

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Deux facettes de Fort Cochin, ci-dessus, une rue calme et typique de la vieille ville, et ci-dessous, une partie de la plage municipale, très achalandée le dimanche…

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Je suis très heureux d’avoir découvert Fort Cochin, et d’avoir fait ici mes premiers pas en Inde.

Je quitte demain la côte comme prévu pour Munnar, une petite ville, nichée en altitude, qui est depuis un siècle une des plaques tournantes de la culture et du commerce du thé.

Retour ensuite sur la côte à Alleppey (Alappuzha) puis à Kollam, et enfin à Varkala avant de partir le 23 décembre pour le Sri Lanka.

(SVP cliquer sur les mots en gras ci-dessus pour avoir directement accès aux articles sur ces étapes au Kerala)

Bon début de mois de décembre à tous!

Kerala & Sri Lanka

Nouveau départ, le 30 novembre, pour le sud de l’Inde et le Sri Lanka. J’y resterai sept semaines.

Au programme, prendre le temps de célébrer et de savourer, au soleil et aux antipodes, mon 60è anniversaire! Observation et apprentissage également dans « le sous-continent indien » d’une culture que je connais peu, et que j’ai envie de mieux comprendre.

Découverte enfin d’une région géographiquement très variée.

Dans l’état du Kerala (le seul que je visiterai en Inde), qu’on appelle en Malayalam, la langue locale, « le pays de Dieu » ou encore « la petite Venise de l’Inde du sud« , un réseau de lagunes et de canaux relie le long de la côte, sur plus de 600 kilomètres, des villes chargées d’histoire: Fort Cochin, Alleppey, Kollam, Varkala...

Un peu plus à l’est, sur les hauts plateaux de la chaîne de montagnes des Ghâts occidentaux, les habitants de la ville de Munnar et des environs vivent à 1600 mètres d’altitude, depuis plus d’un siècle, de la culture et du commerce du thé.

J’ai bien hâte de voir et de découvrir tout cela!

Itinéraire prévu dans l’état du Kerala (pointe sud-ouest de l’Inde): Cochin, Munnar (où prospèrent en altitude les plantations de thé), Alleppey, Kollam et Varkala

De Trivandrum, capitale de l’état du Kerala, je m’envolerai ensuite le 23 décembre pour le Sri Lanka, « l’île aux épices ».

Haltes prévues sur la côte ouest, à Negombo puis dans le centre montagneux de l’île, à Kandy (capitale culturelle) et à Ella.

Le Sri Lanka qu'on appelait, jusqu'en 1972, Ceylan
Topographie et villes principales du Sri Lanka… qu’on appelait, jusqu’en 1972, Ceylan

Pour terminer, deux étapes dans le grand sud du pays, à Galle, ville coloniale et historique inscrite au patrimoine de l’Unesco, et enfin à Tangalle, petit village paisible posé au bord de l’océan Indien, endroit idéal où jouer pendant plusieurs jours à Robinson Crusoé…

Retour à Vancouver, via Colombo, le 18 janvier.

Bon début d’hiver à tous!

Un des livres que j'emporterai en voyage. 'Running in the family" de Michael Ondaatje. Le récit se déroule au Sri Lanka.
Un des livres que j’emporterai en voyage.
« Running in the Family » de Michael Ondaatje. Le récit se déroule au Sri Lanka.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Paris – Nuit debout

Place de la République, samedi 7 mai
Paris, place de la République, samedi 7 mai
Manifestants réunis Place des Fêtes (19è) à Paris, dimanche 1er mai.
Manifestants réunis Place des Fêtes (19è) à Paris, dimanche 1er mai.

Paris gronde en cette première semaine de mai!

Un vent de révolte souffle dans les rues de la ville, et il règne ici, au bord de la Seine, de la place de la République, à Nation, à la place de la Bastille, une atmosphère folle de fin de régime.

Dans certains quartiers du nord et de l’est – à Belleville, à Ménilmontant, autour des stations de métro Jaurès et Stalingrad, le long du canal Saint-Martin – aux brins de muguet, se mêlait, le 1er mai, une persistante odeur de poudre…

Le quinquennat de François Hollande s’achève et les Français, en grande majorité, sont mécontents. Depuis plusieurs semaines, de plus en plus nombreux, ils manifestent, parfois violemment.

Quelques minutes avant le début du défilé du 1er mai organisé à Paris par la CNT, la Confédération nationale du travail. Le défilé sera, un peu plus tard, entre Bastille et Nation, émaillé d'incidents violents entre forces de l'ordre et manifestants.
Quelques minutes avant le début du défilé du 1er mai organisé à Paris par la CNT, la Confédération nationale du travail. Le défilé sera, un peu plus tard, entre Bastille et Nation, émaillé d’incidents violents entre forces de l’ordre et manifestants.

Les sujets de discorde ne manquent pas : le chômage, l’accueil réservé aux migrants, la réforme du code du travail, la précarité dans laquelle vivent les familles, le sentiment général d’exclusion ressenti par les jeunes, en particulier ceux issus de l’immigration.

Lassitude et défiance également dans le pays envers les membres d’une classe politique dévalorisée, sclérosée, qui peine à se renouveler.

Les perspectives d’avenir semblent, pour beaucoup, plutôt sombres.

Loi El Khomri

La prolongation de l’état d’urgence, pour deux mois, à partir du 26 mai, et la crainte, toujours possible, de nouveaux attentats viennent encore noircir le tableau.

Place de la République, Paris

Place de la République, Paris.
La place de la République, plus calme, mardi 3 mai.
Place de la République, jeudi 5 mai.
Place de la République, jeudi 5 mai.

Afin de riposter et de faire front à la grisaille, à la morosité qui attriste le pays, il se tient, depuis cinq semaines, place de la République à Paris, un événement emblématique : la Nuit debout.

Nuit debout
Nuit debout, jeudi 5 mai.

Tous les après-midis, à partir de 16 heures et jusque tard dans la nuit, des centaines de citoyens, de tout âge et de toutes conditions, se réunissent afin de dialoguer et partager leurs idées, leurs sentiments, leurs convictions. Ils se rassemblent pour essayer de comprendre, et essayer aussi d’apporter des solutions au sentiment de malaise général qui semble tous les jours gagner du terrain.

L’événement est structuré autour de thèmes sur lesquels les citoyens sont invités à prendre la parole, librement, pendant une heure environ. Une fois la discussion entamée, n’importe qui peut poser une question, apporter une clarification, partager son expérience.

Nuit debout, jeudi 5 mai.
Nuit debout, jeudi 5 mai.

C’est un formidable exercice de démocratie. Lors de ma visite, jeudi, j’ai été frappé par le grand respect et l’immense qualité d’écoute des participants. Chacun prend le micro, partage ses idées, apporte une précision, pose ou répond à une question. Travail admirable. C’est beau à voir.

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Deux thèmes étaient à l’ordre du jour jeudi après-midi: l’histoire de l’islam, et un peu plus tard, une ancienne prisonnière est venue dénoncer les (très mauvaises) conditions de détention des prévenus dans les établissements pénitentiaires français.

Une assemblée générale a aussi lieu tous les soirs.

Jeudi 5 mai
Jeudi 5 mai

En marge de ces grands débats, d’autres groupes, plus petits, se forment spontanément et s’installent, place de la République. Certaines conversations (comme celle ci-dessous) ont lieu simultanément en plusieurs langues, français, anglais, espagnol, un des participants faisant office de traducteur.

Jeudi 5 mai
Jeudi 5 mai

Un des participants à la Nuit debout, proche des mouvements de la gauche radicale apparus récemment en Espagne (Podemos) et en Grèce (Syriza), expliquait en ces termes, au journal « Le Monde », sa présence, place de la République :

« Il a fallu du temps pour que cela arrive chez nous, mais maintenant c’est là, pour plusieurs raisons, et d’abord le ras-le-bol après cinq années Hollande, mais je crois aussi que les gens n’ont pas supporté de se faire confisquer l’émotion d’après les attentats, surtout par des types qui ne nous rassurent pas du tout. »

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La gamme des revendications, place de la République, est immense. Chacun a une idée, une cause à défendre, un combat à mener, quelqu’un à convaincre.

Ainsi ce Soudanais de 30 ans, récemment arrivé sur le sol français, et qui s’exprimait lui aussi (en traduction) dans les colonnes du « Monde »:

« Nous demandons des papiers et une vie digne parce qu’il n’est pas normal qu’il soit plus difficile de se faire une place en France que de traverser la Méditerranée. »

La grande majorité des participants cible un ennemi commun: le gouvernement – l’actuel et le précédent – dépassé par les événements disent-ils, et qui semble incapable de proposer aux citoyens des solutions aux problèmes de plus en plus complexes auxquels ils sont confrontés.

Place de la République, jeudi 5 mai.
Place de la République, jeudi 5 mai.

Combien de temps encore le mouvement (qui se répand dans les villes de province: Nantes, Lyon, Rennes) tiendra-t-il?

De quelle façon évoluera-t-il?

Difficile à dire.

À Paris, la préfecture de police a depuis une semaine déjà considérablement réduit le temps de parole des participants à la Nuit debout. Les rassemblements doivent désormais se terminer à 22 heures, en semaine, et au plus tard à minuit le weekend. Tous les soirs, la place de la République est évacuée. Des affrontements, souvent musclés, ont lieu.

Les forces de l’ordre sont débordées. Certains lycées, à Paris, la semaine dernière, ont été en partie incendiés.

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La résistance s’organise. Les syndicats et les participants à la Nuit debout planifient dans quelques semaines une grève générale qui devrait paralyser le pays, la date du 18 mai est souvent mentionnée.

Dès jeudi, d’autres manifestations sont prévues.

Place de la République
Place de la République

Malgré l’extraordinaire énergie qui se dégage de la place de la République, je ne serai pas trop triste de quitter Paris, et de changer d’ambiance…

Départ demain pour Nice, première étape d’un séjour de trois semaines dans deux régions du sud de la France, les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence. Haltes prévues également à Marseille et Cassis.

Retour à Paris le 27 mai.

Place de la République, jeudi 5 mai.
Place de la République, jeudi 5 mai.