Promenades autour de Paris

Au bord du lac Daumesnil, situé entre le bois de Vincennes…
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… et le 12è arrondissement de Paris, en août 2013

Grande bouffée d’oxygène depuis mon arrivée à Paris, le 28 juillet!

Après onze mois passés à travailler comme coopérant bénévole au Rwanda, quel plaisir de retrouver Diana, et de revoir Paris!

Paris où l’atmosphère est bien différente, en cette fin de mois d’août, de celle qui régnait lors de mon dernier séjour, en janvier-février 2012.

Paris plage
« Paris plages », tôt le matin… sur les quais de la Seine….
… et un peu plus tard dans la journée, en août 2013

C’est l’été. Il fait beau et chaud. Malgré les touristes qui se pressent, toujours plus nombreux, autour de la cathédrale Notre-Dame, dans le Quartier latin ou à Montmartre, les Parisiens sont polis, prévenants, souriants.

Belleville août 2013
La rue Julien-Lacroix, dans notre quartier, à Belleville, le 22 août 2013

Malgré « la crise » (mot qui revient souvent dans les médias), les années turbulentes de l’ère Sarkozy sont un lointain et mauvais souvenir…

La gauche est maintenant au pouvoir.

Quinze mois après son élection cependant, le nouveau président essaie toujours de s’imposer, de s’affirmer. De gagner et garder la confiance des Français.

Tâche ardue. François Hollande – malgré sa probité et « le succès » de l’intervention militaire française au Mali – reste au plus bas dans les sondages.

C’est dommage! Souriant, sympathique, corpulent, moi je l’aime bien, Monsieur Hollande. Derrière ses épaisses lunettes rondes, il me fait un peu penser au bonhomme, au bibendum Michelin…

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Paris vu du parc de Belleville, en août 2013

Depuis bientôt un mois que nous marchons tous les jours dans les rues de Paris et de Vincennes, que nous parcourons sous le soleil les chemins et les sentiers de l’Ile-de-France, voici un résumé de quelques-uns des moments forts de ces quatre dernières semaines… qui sont passées beaucoup trop vite!

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Au village d’Auvers sur Oise, août 2013
Auvers-sur-Oise
Le village d’Auvers-sur-Oise, dans le département du Val-d’Oise, près de Paris.

– Journée à Auvers-sur-Oise sur les traces de Van Gogh. C’est ici, au bord de l’Oise, que l’artiste a passé les trois derniers mois de sa vie, peignant en quelques semaines, entre mai et juillet 1890, plus de 70 toiles.

Le village est magnifique, situé à quarantaine de minutes en train à l’ouest de Paris (Départ, Gare du Nord)

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La célèbre auberge Ravoux, à Auvers-sur-Oise, dernière demeure de Vincent Van Gogh
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Sur la facade de l’auberge Ravoux
La chambre où Van Gogh a passé ses derniers jours, à l'auberge Ravoux...
La chambre où Van Gogh a passé ses derniers jours, à l’auberge Ravoux…

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Les tombes dans le cimetière du village où reposent, côte à côte, le peintre et son frère, Théo.

– Deux belles et grandes randonnées sur le chemin des peintres impressionnistes, le long de la Seine cette fois, toujours à l’ouest de Paris, entre Marly-le-Roi, Louveciennes, Bougival, Croissy-sur-Seine, Chatou et Carrières-sur-Seine.

(On peut rejoindre Marly-le-Roi où débute le chemin des Impressionnistes, en train, de Paris, depuis la Gare St Lazare).

Gare de Marly-le-Roi
Gare de Marly-le-Roi

Autour de ces petites villes, quatre circuits ont été aménagés le long des berges de la Seine, sur un parcours d’environ quinze kilomètres… C’est dans cette région que Pissarro, Sisley, Monet et Renoir ont peint quelques-unes de leurs plus belles toiles…

Le circuit Pissarro, autour du Vieux-Marly, est particulièrement attrayant…

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Bords de Seine entre Chatou et Carrières-sur-Seine
Pause avant de reprendre notre route sur le chemin des Impressionnistes
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La Maison Fournaise, l’une des célèbres guinguettes des bords de Seine, sur l’île de Chatou, en août 2013. Pierre-Auguste Renoir a peint ici, en 1880, sur le balcon du restaurant, l’un de ses tableaux les plus connus, « Déjeuner des canotiers ».

Après chacune de nos excursions, retour en train à Paris…

Paris

Quels quartiers irons-nous explorer le lendemain?

La Seine...
Les quais de la Seine, ci-dessus, près du Louvre… ou… le quartier de Ménilmontant, dans le 20è arrondissement?
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La rue de Ménilmontant

– Le marché Belleville, dans le 20è arrondissement. Tous les mardis et vendredis, le monde entier se donne rendez-vous sur le Boulevard de Belleville, entre la rue du Faubourg du Temple et la rue de Ménilmontant.

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Le marché de Belleville

Marché unique à Paris. Les vendeurs de fruits et de légumes, de feuilles de menthe, de coriandre, de gingembre, originaires du Maghreb, côtoient ici dans la bonne humeur les marchands de tissus et de vêtements de Madagascar ou de l’île Maurice…

Les clients sont, eux aussi, en grande partie, « issus de l’immigration » (comme on dit ici) et viennent du Laos, de la Chine, du Vietnam, des Antilles…

Deux fois par semaine, toute cette foule se presse sur les trottoirs de Belleville et Ménilmontant. Commerçants et clients fraternisent dans une belle cohue et s’interpellent dans une langue chaleureuse, aux accents teintés de soleil et d’épices…

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Le marché de Belleville, en août 2013
72, rue de Belleville
Un peu plus haut dans le quartier, au 72, rue de Belleville

– La petite ville de Vincennes, située aux portes de Paris. Vincennes où, entre nos deux séjours à Belleville, nous avons passé plusieurs jours, à deux pas du bois…

Entre nos balades dans la forêt, et nos excursions à Fontenay-sous-Bois, Nogent-sur-Marne, Joinville-le-Pont (au bord de la Marne), Montreuil ou Saint-Mandé, nous avons aussi… joué quelques parties de pétanque!

Au bois de Vincennes...
Au bois de Vincennes…

– Autre surprise, découverte lors de nos randonnées dans Paris: la messe, célébrée en créole, qui réunit tous les dimanches, à 17h, à la paroisse St Georges-de-la-Villette (métro et rue Simon Bolivar, 19è arr.), les membres de la communauté  haïtienne de Paris. Une tradition qui dure depuis 32 ans!

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Il faut malheureusement déjà quitter Paris, demain…

Dommage!

J’aime de plus en plus vivre dans cette ville, arpenter ses rues, découvrir tous les jours de nouveaux quartiers…  J’aurais bien prolongé mon séjour de plusieurs semaines!…

Mais il faut rentrer…

Au-revoir, Paris!

Nous reviendrons bientôt!…

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Sur le Pont-Neuf, à Paris, le 19 août 2013
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Notre petit jardin, rue Julien-Lacroix, à Belleville…
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… dans le 20è arrondissement de Paris.

La poudrière rwandaise…

La route entre Musanze (Ruhengeri) et Muhanga, dans le nord-ouest du Rwanda, en juin 2013.

Mon contrat de travail au Rwanda ayant officiellement pris fin, je ne suis plus désormais astreint au « devoir de réserve » auquel doivent se plier les coopérants en poste au Pays des mille collines.

Ce devoir de réserve est d’ailleurs l’une des premières choses que l’on rappelle aux travailleurs étrangers lorsqu’ils arrivent à Kigali. « SVP, faites attention à ce que vous dites en public, ou à ce que vous écrivez sur le Rwanda! » nous répète-t-on inlassablement lors des réunions d’orientation.

Toute vérité n’est pas bonne à dire au pays de l’oncle Paul…

Carte et topographie des principales villes du Rwanda. Encerclée en rouge, dans la province de l’est, Nyagatare, la ville où j’ai passé onze mois en 2012-2013 comme coopérant bénévole pour l’ONG canadienne CUSO/SUCO, en partenariat avec VSO.
26 juillet 2013 Kigali
Réunion de fin de contrat, à Kigali, le 25 juillet 2013, en compagnie de Ruth Mbabazi, responsable à VSO Rwanda des programmes en éducation et, ci-dessous…
n25 juillet 2013
…photo de fin de contrat devant le bureau du district de Nyagatare avec une responsable du programme de VSO/CUSO au Rwanda, le 26 juillet 2013. Pari tenu. Mission terminée!
Nyagatare, Rwanda
Un des nombreux sentiers menant à Nyagatare, en juillet 2013

Au cours des onze derniers mois, j’ai essayé scrupuleusement de respecter cet engagement.

Dans le blog précédent, Voyage au pays des mille collines, mes observations et commentaires sur le Rwanda ont été largement positifs et élogieux.

Et avec raison, puisqu’il y a tant de choses à louer et à admirer au Rwanda! L’accès aux soins de santé et à l’éducation, la propreté dans l’espace public, le succès des travaux communautaires, la paix surtout, retrouvée après tant d’années de conflits…

Le pays, comme je l’ai souvent souligné, est devenu, depuis six ou sept ans, la coqueluche des médias internationaux. Partout, le Rwanda est cité en exemple, montré du doigt comme le symbole de l’Afrique qui avance, qui progresse, qui réussit.

La réalité cependant n’est pas aussi simple.

Rusizi, au bord du lac Kivu, avril 2013
Sur les rives du lac Kivu, près de Cyangugu, dans le sud-ouest du pays, en avril 2013

En tant que coopérant étranger, j’ai souvent eu l’impression, pendant les onze mois passés au Rwanda, de vivre dans une dictature.

Une dictature féroce et bien rôdée.

Une dictature qui sait à merveille utiliser la presse, la diplomatie, et quelques hommes politiques connus, « amis du Rwanda » (comme Bill Clinton et Tony Blair) – afin de mettre en vitrine les succès économiques du pays… et, du coup, masquer tout le reste, et museler l’opposition.

Vu du terrain, les choses sont cependant bien différentes…

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Cérémonie de remise de diplôme, éducation aux adultes, dans le village de Burumba, près de Nyagatare, province de l’est, en juin 2013

Depuis la fin du génocide en 1994, une grande partie de la population au Rwanda vit toujours, au quotidien, dans la peur.

La peur d’être dénoncé par un voisin, par un collègue, par un inconnu.

La peur d’être arrêté, de disparaître.

La peur d’être jeté en prison et d’y moisir, pendant des mois ou des années, sans procès.

La liberté de la presse, la liberté de parole, d’expression, n’existent pas au Rwanda. Et on ne critique pas ici impunément le gouvernement.

Kibuye, juillet 2013
Deux femmes et un enfant avancent sur un sentier sablonneux près de Kibuye, dans la province de l’ouest, en juillet 2013

Paradoxalement, l’une des choses qui frappe le plus en arrivant au Rwanda, c’est l’admiration presque unanime que les citoyens semblent vouer à leur président.

Élu en 2010, pour un second mandat de sept ans, avec plus de 90% des suffrages exprimés, le président Kagame règne aujourd’hui sur le pays comme jadis le roi sur ses vassaux.

La constitution, cependant, impose au président sortant une limite de deux mandats consécutifs. Limite que M. Kagame a publiquement affirmé vouloir respecter

Comme le président, toutefois, ne montre aucun signe de vouloir partir, partout au pays, la grogne contre le régime monte.

La magnifique région de Kinigi, près de Musanze, dans la province du nord. On aperçoit à l’horizon la chaîne montagneuse des Virunga

Lors de mon récent séjour dans la province du nord, le mois dernier, les souvenirs de la visite du président, le 10 et 11 juin, à Musanze, étaient encore sur toutes les lèvres.

Afin de « célébrer » la venue du président, les autorités avaient contraint les habitants de la ville à se rendre au stade municipal pour accueillir Son Excellence. Les commerçants avaient dû, de force, fermer boutique. Les écoles du district avaient également dû fermer leurs portes.

Les fonctionnaires avaient, eux, reçu des autorités des consignes très claires. Quitter le bureau, docilement, et aller applaudir le président. Ou prendre le risque de rester chez soi, les rideaux tirés, en espérant ne pas être dénoncé.

Une grande partie de la foule a dû attendre cinq à six heures, sous un soleil brûlant, l’arrivée du président.

Avant et pendant la visite de Son Excellence, des policiers et des militaires, lourdement armés, avaient envahi la ville. Les autobus ne pouvaient plus circuler. Dans un bel exercice de « démocratie », Musanze avait été bouclée, muselée.

Musanze, mars 2013
Au centre-ville de Musanze (autrefois Ruhengeri), en juin 2013

Les langues pourtant commencent à se délier. Et de plus en plus de citoyens osent dire, de plus en plus haut, ce que la majorité des Rwandais pense tout bas.

Pour le bien et la stabilité du pays, le président devrait respecter la constitution et ne pas se présenter aux prochaines élections, prévues en 2017.

C’est cependant tout le contraire qui se produit.

À l’intérieur du pays, l’opposition politique est inexistante, la dissidence bâillonnée, la presse sous le contrôle des autorités, et la présence militaire, partout, s’accentue.

Tous les jours de la semaine, à partir de 15h ou 15h30, des militaires armés prennent position aux carrefours des grandes villes du pays. Mitraillette au poing, ils surveillent les endroits stratégiques, les marchés, les ronds-points, les centres de transport.

Deux membres du cabinet (dont le ministre de la Justice) ont récemment été évincés pour avoir, à mots couverts, souhaité le départ du président après 2017.

Mukama, Nyagatare, Rwanda
Habitants du secteur Mukama, situé à proximité de Nyagatare, dans la province de l’est, en mai 2013

J’espère de tout cœur que le président Kagame respectera sa parole et honorera la constitution rwandaise.

Depuis son arrivée au pouvoir, le Rwanda a fait des pas de géant. Le pays se transforme. Les grandes villes, en particulier, se métamorphosent. Le président, s’il s’en va, pourra partir la tête haute.

À d’autres maintenant de prendre le relais.

Les candidats de valeur ne manquent pas. À commencer par la formidable ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, femme intègre, compétente, francophone et polyglotte de surcroît.

Plusieurs autres candidats, tout aussi compétents, sont également sur les rangs.

Une alternative démocratique au Rwanda est possible et nécessaire.

Sinon, à plus ou moins long terme, de nouveaux soulèvements risquent fort de se produire au Rwanda… avec des conséquences désastreuses.

Après onze mois de travail bénévole dans les écoles de la province de l’est, je quitte le Rwanda dans quelques heures.

Je tenais, avant mon départ, à partager ce témoignage.

Enfants, lac Ruhondo
Enfants sur les sentiers du lac Ruhondo, près de Musanze, dans la province du nord, en juillet 2013