Beaucoup de chemin parcouru en bus, en bateau, en train, depuis mon départ de Munnar le 12 décembre…



Malgré la pauvreté, les inégalités, mon histoire d’amour avec le sud de l’Inde se poursuit.
Je suis devenu en quelques jours profondément attaché à cette partie d’un pays, immense, que je découvre avec émerveillement. Attaché à une culture qui surprend, étonne, déroute parfois, et que j’essaie de mieux comprendre.
Attaché à un état d’esprit très particulier qui semble régner ici, à une attitude, à une conduite, empreinte de patience, d’humilité, d’honnêteté aussi.
(Deux fois déjà, à Munnar puis à Alleppey, les chauffeurs de rickshaws m’ont rendu, après une courte course, une poignée de monnaie, en me disant : «25 rupees? I can manage with 20 rupees, Sir! »)
Partout, la gentillesse et le sourire timide des gens éclairent mes journées.


Je regrette déjà de devoir quitter, dès demain, le sud de l’Inde… Il semble que je viens à peine d’arriver!…
Voici donc avant de partir, en images et en mots, un résumé des aventures de ces dix derniers jours… J’ai réalisé ici un de mes plus beaux voyages.


Je m’étais fixé en quittant Munnar un objectif bien précis. Retrouver la côte et descendre, plein sud, en direction de Varkala. En essayant d’emprunter dans la mesure du possible les canaux et les voies fluviales – les fameuses « backwaters » – qui ont fait la renommée du Kerala.

Pari réussi. En dix jours, j’ai eu la chance d’effectuer, au fil de l’eau, quatre très belles excursions entre Alleppey et Varkala, au cœur d’une région sauvage et splendide.


Je me suis d’abord arrêté quelques jours à Alleppey – rebaptisée Alappuzha en 1991, mais que tout le monde ou presque continue d’appeler Alleppey.
Envoûtante, déconcertante, ville aux mille visages, Alleppey compte environ 80 000 habitants répartis dans des quartiers bien distincts.

À mesure que l’on progresse vers le centre-ville cependant, la cité revêt un visage différent…
Alleppey, c’est « la petite Venise de l’inde du sud »…
Des demeures élégantes, de jolis canaux (certains désaffectés) témoignent du passé colonial de la ville qui était autrefois (comme Fort-Cochin) un relais important dans le commerce des épices.

Il règne ici un peu la même atmosphère que dans les petites villes du delta du Mékong, une chaleur torride, humide, moite, trente-deux degrés pendant la journée et, entre décembre et février, rarement une goutte de pluie…

Alleppey est aussi la ville principale de la région du lac Vembanad.
Tous les matins un traversier quitte l’agglomération et relie les villages éparpillés autour du lac. Le traversier va jusqu’à Kottayam, l’autre bourgade importante du secteur, située à 20 kilomètres d’Alleppey, sur la rive est du lac Vembanad. (Voir la carte plus haut)
Mercredi matin, je suis monté à bord…

La rumeur de la ville s’estompe rapidement… La promenade est fantastique!

De chaque côté du lac, on peut observer la vie quotidienne des villages qui vivent exclusivement de la pêche et de l’agriculture.
C’est le Kerala traditionnel et authentique.


À mesure que l’on s’éloigne d’Alleppey, le nombre de passagers sur le traversier augmente. Le bateau est un vrai trait d’union entre les communautés…

C’est aussi le moyen de transport qu’empruntent, tous les matins, des dizaines d’enfants afin d’aller à l’école.


Combien de temps encore ces villages, certains très isolés, vivront-ils, simplement, de façon traditionnelle?
Comme partout en Inde, les choses évoluent ici très rapidement. Depuis une quinzaine d’années, une grande partie de la population rurale du Kerala quitte les villages.
Les jeunes partent par centaines gagner leur vie comme main-d’oeuvre dans les pays du Golfe. Les chantiers de construction à Dubaï, à Oman, débordent de travailleurs exilés, originaires du Kerala…
Après quelques années passées à l’étranger, beaucoup reviennent, et s’installent dans les villes…
Que deviendront ces villages dans trente ans?

Huit heures de bateau sur les voies fluviales, le samedi 17 décembre, entre Alleppey et Kollam, une distance d’environ 85 kilomètres.
C’est la croisière classique, presque incontournable, des voyageurs en visite dans le sud du Kerala.
Le traversier avance lentement, souvent au milieu des algues ou d’une flore lacustre abondante. Le paysage change constamment…. et réserve bien des surprises!


Nous arrivons à destination à la tombée de la nuit…. Je gagne vite mon hôtel en rickshaw.
Grosse surprise, le lendemain, en déambulant dans les rues de Kollam. À part le personnel de l’hôtel, presque personne ici ne parle l’anglais. Visage perplexe des passants lorsque je demande mon chemin…. On parle ici presqu’exclusivement le Malayalam.

Je ne fais que passer à Kollam…
Je suis ici afin d’explorer en pirogue les canaux de Munroe Island, une petite île située à une heure de route, au nord de la ville. Je n’ai pas été décu.

Cependant, les pêcheurs et leurs familles vivent ici dans des conditions de vie très précaires. Les habitations disposent de l’électricité et ont l’eau courante, mais il fait à l’intérieur de l’île une chaleur étouffante, suffocante…
Afin d’augmenter leurs maigres revenus, les habitants, en plus de la pêche, produisent du vin de palme. Les femmes fabriquent également, à partir de la fibre de noix de coco, des brosses, de la ficelle, des tapis épais.
Existence très pénible. On gagne ici à peine quelques roupies par jour…

Dernière étape de mon périple dans le sud de l’Inde, Varkala!

Surtout connue pour ses plages magnifiques, Varkala est probablement l’une des villes les plus libérales du Kerala. Les touristes du monde entier viennent se baigner ici dans l’océan en maillot deux pièces ou en bikini sans trop faire sourciller les habitants.
Curieusement, Varkala est aussi pour la communauté hindoue un lieu de pèlerinage important. La ville abrite un temple imposant situé à deux pas de la plage principale. Des milliers d’Indiens viennent se recueillir ici. Bronzage et spiritualité font à Varkala bon ménage…
En plus des plages (la plupart complètement désertes en haute saison), un des atouts majeurs de Varkala est la magnifique promenade de sept kilomètres qui longe la côte, direction nord, vers Kappil Beach.
Un véritable régal pour ceux qui (comme moi) aiment marcher tôt le matin. J’ai avalé mercredi les quatorze kilomètres (a-r) en un peu plus de trois heures, sous un soleil de plomb, au retour.
Long bain de mer, bien mérité, avant de regagner la maison d’hôtes. L’hiver en Amérique du nord semble bien loin!…

Mon voyage dans le sud de l’Inde se termine donc déjà. Je prends demain l’avion pour Colombo et le Sri Lanka…
À une exception près (longue histoire), je n’ai eu pendant trois semaines au Kerala que des expériences positives.
Partout, j’ai reçu un accueil chaleureux. Je planifie déjà un nouveau voyage dans une autre région de l’Inde, avec, cette fois, une longue halte au Népal…
Quelles aventures m’attendent au Sri Lanka? J’ai bien hâte de continuer mes explorations pendant les vingt-sept prochains jours!…

À Diana (à Calgary), à mes frères (l’un à Londres, l’autre en route pour Lisbonne), à ma sœur (en Andalousie), à tous mes neveux et nièces, aux conjoints, au magnifique bébé arrivé cette année dans la famille, aux amis à Vancouver et autour du monde:
JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE 2017!












