Cela fait plusieurs années que je songe à parcourir l’un des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Depuis huit ou neuf ans, je me documente, je lis, j’écoute, je regarde des films, des reportages sur ce chemin légendaire vieux de plus de mille ans.
En 2013, j’avais dévoré dès sa sortie le récit de Jean-Christophe Ruffin sur le Camino Del Norte, Immortelle Randonnée.
Un peu plus tard, pendant l’été 2015, au Pays basque, j’ai eu la chance de parcourir l’une des étapes mythiques du chemin de Compostelle – le sentier de 27 kilomètres qui traverse les Pyrénées et relie le village de Saint-Jean-Pied-de-Port, en France, à celui de Roncevaux, en Espagne. Cela avait été une expérience inoubliable. Et je m’étais promis, depuis, de revenir sur le chemin.

Mais… à quel moment partir? Quel chemin et quel point de départ choisir? Combien de kilomètres franchir?

Le déclic a eu lieu l’an dernier lorsqu’une de nos amies, Julie, est revenue – enchantée, galvanisée – après avoir parcouru en quelques semaines, sac au dos, plus de 700 kilomètres entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Saint-Jacques-de-Compostelle.
Son enthousiasme, au retour, était contagieux. « J’ai rencontré des gens formidables!… Et je n’ai pas eu une seule ampoule! » nous a-t-elle dit en riant, tout en racontant son aventure. Julie songeait déjà à repartir et à rallier Compostelle par un autre chemin…
En planifiant davantage mon projet cependant, je me suis vite rendu compte que marcher en Espagne ne m’intéressait que modérément. Ce qui m’intéressait, c’était emprunter, côté français, l’un des chemins qui mène jusqu’aux Pyrénées.

J’avais envie de faire l’expérience d’un voyage à pied dans « la France profonde » du Centre et du Sud-Ouest – et explorer, à petits pas, des départements que je ne connaissais pas: la Haute-Loire, la Lozère, l’Aveyron, le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Gers.
J’avais envie d’entendre l’accent de ces régions rurales, parfois délaissées. Apprendre avec les habitants des mots anciens, oubliés, des mots liés aux traditions ou à la terre. J’avais envie de découvrir la gastronomie de ces pays, goûter aux produits du terroir.
J’avais envie de prendre mon temps. Envie de flâner et musarder sur les routes. D’aller à la rencontre des gens. Écouter leurs histoires.

J’avais envie de m’arrêter l’après-midi dans des petits villages et partager, le soir, le dîner avec les riverains.
J’avais envie enfin de me réveiller dans le profond silence de la campagne et sentir le matin, dans ma chambre, l’odeur du café et du pain grillé…

Peu à peu, le chemin du Puy, par son histoire, par ses légendes, par ses nombreux sites classés au patrimoine de l’Unesco, s’est imposé, un peu comme une évidence…

Je me suis donc décidé au début de l’automne. En quelques semaines, le nez enfoui dans les cartes, dans les guides et les multiples sites en ligne consacrés au Chemin, j’ai construit pour le printemps un itinéraire d’environ 200 kilomètres entre Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Conques (Aveyron). J’ai également réservé mes hébergements, le tout selon trois principes.
1. – Marcher en moyenne entre douze à seize kilomètres par jour. Ce qui correspond à trois ou quatre heures d’exercice quotidien. Distance entre Le Puy-en-Velay et Conques: 205 kilomètres. À parcourir en dix-sept jours. Quinze jours de marche et deux jours de repos.
2. – Éviter de transporter mon sac sur le dos. Il sera plutôt acheminé par la malle postale du chemin et m’attendra tous les jours, avant 17 heures, à mon logement.
3. – Pour les hébergements, j’ai résolument penché côté confort, et j’ai choisi pour chacune de mes nuits de randonnée la formule chambres d’hôtes (dîner chez l’habitant, chambre individuelle, petit déjeuner). Ou, au besoin, l’hôtel. Deux nuits sont réservées dans un couvent – le Couvent de Malet – dans le village de Saint-Côme d’Olt, en Aveyron.

Voilà donc ci-dessous, étape par étape, mon itinéraire de randonneur, de pèlerin (et de vagabond) entre mon départ de Vancouver, le 15 avril, et mon retour en Colombie-Britannique, le 30 mai.
Ces 205 kilomètres de randonnée seront suivis d’une dizaine de jours de repos dans deux villages: Figeac, dans le Lot, et Najac, dans l’Aveyron.
Je terminerai mon aventure dans la ville d’Albi (Tarn) avant le retour à Paris.
Itinéraire Compostelle:
16-22 avril = Paris
23-26 avril = Le Puy-en-Velay
27 avril = Le Puy-en-Velay – Montbonnet (Haute-Loire) – 15kms. Temps de marche (TDM): 3h40 à 4h.
28 avril = Montbonnet – Monistrol d’Allier – 15kms. TDM: 4h à 4h30
29 avril = Monistrol d’Allier – Saugues – 13kms. TDM: 3h30 à 4h
30 avril = Saugues – Chanaleilles – 13kms. TDM: 4h à 4h30.
1er mai = Chanaleilles – St-Alban-sur-Limagnole (Lozère) – 19kms. TDM: 4h à 4h30.
2 mai = St-Alban-sur- Limagnole – Aumont-Aubrac – 16kms. TDM: 5 à 6h.
3 mai = Jour de repos à Aumont-Aubrac
4 mai = Aumont-Aubrac à Les Gentianes – 16kms. TDM: 4 à 5h.
5 mai = Les Gentianes à Nasbinals – 11kms. TDM: 3 à 4h.
6 mai = Nasbinals à Saint-Chely d’Aubrac (Aveyron) – 17kms. TDM: 4 à 5h.
7 mai = Saint-Chély-d’Aubrac à St Côme d’Olt (Couvent de Malet) – 16kms. TDM: 4h
8 mai = Jour de repos à St Côme d’Olt
9 mai = St Côme d’Olt à Espalion – 9 kms. TDM: 2h15.
10 mai = Espalion à Estaing – 12kms. – TDM: 3h.
11 mai = Estaing à Golinhac – 14kms. TDM: 3h30.
12mai = Golinhac à Sénergues – 12kms. TDM: 3h.
13 mai = Sénergues à Conques – 9kms. TDM: 2h.
Distance parcourue = 207 kilomètres
Lundi 14 mai = Jour de repos à Conques
15 – 19 mai = Figeac (Lot)
20 – 24 mai = Najac (Aveyron)
25 – 26 mai = Albi (Tarn)
27 – 30 mai = Paris
Bon début de printemps à tous!






















































