Malgré toutes nos bonnes intentions, nous avons vite réalisé qu’il est difficile de ne pas être touriste lorsqu’on séjourne à Moorea!

Retour à la maison, le mardi 15 novembre, après une journée bien remplie et une première baignade à la plage Ta’ahiamanu située à l’entrée de la baie Opunohou, sur la côte nord de Moorea. A l’arrière-plan, un bateau de croisière a jeté l’ancre dans les eaux claires de la baie.
L’île est très belle, verte, montagneuse, jalonnée de splendides plages de sable blanc!

Diana en grande conversation sur la plage Ta’ahiamanu

Nous quittons la plage ce jour-là en transportant nos casques…

de scooter!… Puisque c’est une des façons les plus pratiques de se déplacer ici. Aucun permis n’est requis à Moorea pour ce type de véhicule (50cc)

Une route goudronnée d’environ 60 kms (que nous avons parcourue deux fois en scooter dans les deux sens) fait le tour de Moorea. Nous sommes arrivés sur l’île, en traversier, au port de Vaiare, sur la côte est. Un taxi nous a emmenés en une trentaine de minutes à notre bungalow situé au village de Haapiti sur la côte ouest de l’île.
Nous souhaitions à Moorea vivre le plus indépendamment possible. Nous voulions aller et venir sur l’île à notre guise. D’où la nécessité d’avoir un scooter pour les déplacements – les transports en commun étant ici pratiquement inexistants. Nous voulions aussi un logement indépendant, avec une cuisine, loin des grandes structures hôtelières.
Nous avons eu la chance de trouver, au sud de la commune de Haapiti, exactement ce que nous recherchions.

Avant l’église de la Sainte Famille (direction nord), un chemin communal quitte la route principale, entre dans les terres et mène à…

Notre bungalow! Le Fare Opuhi, est situé au calme sur un vaste terrain arboré. Deux chambres, un grand salon, une cuisine, une machine à laver, deux terrasses. Nous partageons l’immense propriété (où poussent des ananas, des cocotiers) avec quatre autres bungalows dont deux, à cette saison, sont inoccupés. Nous avons donc beaucoup d’espace. Que nous partageons avec de petits lézards, des moustiques et des fourmis qui viennent régulièrement nous rendre visite! Fare = maison, Opuhi = fleur de gingembre
Comme partout depuis notre arrivée en Polynésie, nous sommes comblés par la politesse, la gentillesse des Tahitiens.

Hali, enfant du pays, nous accueille avec un grand sourire dans un des commerces du « Petit Village » de Haapiti.
Sur la route, en scooter ou en vélo, tout le monde pratiquement nous salue! Ia ora na!
Nous nous arrêtons fréquemment devant les maisons au bord la route afin d’acheter les denrées des riverains.

Clara offre sur une petite table, à Haapiti, des papayes et de succulents avocats. Tous ces produits sont cultivés à deux pas de notre logement.

Quelques kilomètres plus loin, Amo tient avec sa famille un étal de fruits récoltés dans son jardin. Le supplément de revenu que génèrent ces petits commerces est loin d’être négligeable dans le budget des familles.
Chacune de ces rencontres nous permet de faire connaissance avec les habitants de l’île. De mieux comprendre leur quotidien, leurs défis. Nous les écoutons attentivement.
La vie est chère à Moorea. Le modeste restaurant de Haapiti où nous étions jeudi proposait un plat du jour à 4000 CFP (Franc Pacifique), soit 33 euros ou 46 CAN$. Ce qui explique peut-être que la clientèle des restaurants et des cafés de l’île soit presqu’exclusivement composée de métros ou de touristes.
Nous n’avons aperçu ici aucun ma’ohi à la terrasse d’un café. Ou dans un restaurant. C’est dommage. Et révoltant aussi. Une situation que les dépliants touristiques se gardent bien de mentionner.
Deux autres remarques.
#1 – Le taux de chômage en Polynésie française est officiellement de 9.5%. Cependant, même s’il s’agit d’une collectivité liée à la France, aucune allocation chômage n’est octroyée sur le territoire. (Comme c’est le cas par exemple en Martinique ou en Guadeloupe).

Un autre visage de Moorea. À côté d’une table de fortune, au bord de la mer, sur la côte nord de l’île

une femme fait cuire du « uru », le fruit de l’arbre à pain de Tahiti. Le « uru » était autrefois la base de l’alimentation des Polynésiens
#2 – Nous avons été surpris d’apprendre que l’eau à Moorea n’est pas partout potable. En particulier dans notre secteur, entre Haapiti et Maatea (voir la carte plus haut). Une zone beaucoup moins touristique que la côte nord où sont regroupés la plupart des grands hôtels.
En faisant des recherches, je suis tombé sur le texte (ci-dessous) d’un reportage diffusé en janvier 2021 sur les ondes de Tahiti Nui Télévision.
« À Moorea, l’eau n’est toujours pas potable sur un tronçon de 15kms sur les districts de Maatea et Haapiti. Georges Huaa habite Maatea. Il doit lui-même potabiliser son eau: « Avant de servir l’eau, je prends toujours une compresse pour filtrer (…) On ne peut pas boire l’eau comme ça, on a la diarrhée. (…) Quand il pleut ici chez nous à Moorea, ça devient chocolat (…) On ne peut pas boire cette eau. On est obligés d’aller au magasin chercher de l’eau pour boire notre Milo, notre café. On n’est pas d’accord nous ici à Maatea. On paie l’eau et elle n’est pas propre. »
“Je comprends. On ne peut pas payer de l’eau chocolat à chaque fois, admet le maire. Il ne reste que 15kms à terminer. Je demande à la population de patienter un peu. Je sais que cette année on va tout faire, que le reste de la population puisse boire de l’eau potable.”
Les 20% de la population de Moorea qui ne bénéficient pas d’eau potable devront encore prendre leur mal en patience avant de pouvoir boire sans crainte au robinet… »
Le problème, deux ans plus tard, n’est toujours pas réglé.
Diana et moi avons dû, régulièrement, nous approvisionner en bouteilles d’eau.

Très peu de circulation sur la route qui fait le tour de l’île.
Ceci dit, Moorea, par beau temps, est magnifique!
Jamais je n’ai vu de végétation si luxuriante!
Ni à Bali ou Sumatra, au nord du Laos, en Thaïlande ou en Birmanie.

En scooter, sur « la route des ananas », le mardi 15 novembre. L’ananas est le fruit-roi de l’île et l’une des principales exportations de Moorea

Un bateau se fraye un passage à l’entrée de la baie Opunohu, près de l’éco-musée

Une maison, nichée à l’intérieur des terres, dans un quartier de Haapiti.
La météo n’a pas toujours été clémente pendant notre séjour. Nous avons eu droit, vendredi et samedi matin, à des pluies torrentielles.
Heureusement, Moorea se refait vite une beauté!

Aperçu de la plage Temae, l’une des plus belles de l’île, située à la pointe nord-est de Moorea. Diana, avec son casque, est sur la droite, en conversation. À l’arrière-plan,

vu du belvédère Toatea, un important complexe hôtelier

offre à ses clients un séjour de rêve dans les eaux turquoises de Moorea

Nous avons de notre côté préféré la plage calme et sereine de Tiahura située près du « Petit village » de Haapiti où nous avons fait le jeudi 17 novembre une deuxième, longue et délicieuse baignade. Nous avions la plage pratiquement à nous.

Michel, travailleur agricole, rencontré sur un chemin à Haapiti, le samedi 19 novembre.
En parlant aux riverains, aux métros installés sur l’île, nous avons beaucoup appris.
En les écoutant, cependant, il semble que les deux communautés vivent dans des mondes parallèles.
Peu de points de contact. Les mentalités, les priorités sont différentes.
Du moins, c’est mon impression. À confirmer dans les prochaines semaines.

La magnifique plage de Varari, située à 30 minutes en vélo au nord de notre bungalow. Dimanche matin, 20 novembre, 9h. Il n’y a pas un chat. Quelle découverte après la messe!
Nous quittons Moorea mardi matin pour l’île de Huahine, troisième étape de notre périple.
Un vol de 35 minutes avec Air Tahiti.

Distance à vol d’oiseau entre Moorea et Huahine: environ 160 kilomètres
C’est un autre voyage qui commence.
Après les Îles du Vent (Tahiti et Moorea) qui regroupent 75% de la population de la Polynésie française, nous allons vivre, aux Îles Sous-le-Vent, puis dans l’archipel des Tuamotu, dans des territoires très isolés et de moins en moins peuplés.
Huahine compte environ 6 000 habitants. L’île de Maupiti, notre quatrième étape après Huahine, en compte à peine 1300. Et Tikehau, dans les îles Tuamotu, moins de 600.

Notre pension de famille à Huahine est située près de la commune principale de l’île, Fare.
Nous sommes très reconnaissants de pouvoir réaliser ce voyage! Tout se passe bien.
Merci à tous les habitants de Moorea, « l’île soeur » (de Tahiti), de nous avoir si gentiment accueillis!

Hekeani, originaire des Marquises, vit depuis de nombreuses années à Moorea et travaille à la boutique du Lycée Agricole de Opunohu, dans le nord de l’île. Hekeani est diplômée du lycée qui offre plusieurs filières et formations à environ 200 étudiants provenant des 5 archipels de la Polynésie. Informations supplémentaires: ici
Au revoir, Moorea!