


Comment partager les enseignements du chemin de Compostelle?
Et comment rendre justice ici à l’immense beauté de ce sentier – après ce périple, inoubliable, de dix-sept jours – dont quinze jours de marche – entre Le-Puy-en-Velay et Conques?

Périple de 207 kilomètres qui m’a conduit dans trois départements – la Haute-Loire, La Lozère, l’Aveyron – et au cours duquel j’ai traversé des paysages féeriques….






J’ai aussi eu la chance au cours de ce périple, mémorable, de rencontrer des dizaines de marcheurs, de pèlerins… et de riverains…


J’ai appris en parlant aux gens de la région que ces petits villages de la Lozère et de l’Aveyron ont, historiquement, presque toujours été des terres d’émigration. Le sol du pays, rude et peu fertile, poussait les jeunes à quitter les villages. Ils s’engageaient dans l’armée ou ils allaient tenter leur chance ailleurs, souvent à Paris. (Voir les nouvelles de Maupassant). La Lozère demeure encore aujourd’hui le département le moins peuplé de la France.


Après avoir dégusté le lundi 7 mai au déjeuner un délicieux « farçou » à l’ombre d’une terrasse dans le petit village de La Rozière…

… alors que j’admirais le paysage en cheminant tranquillement vers le bourg de Saint-Côme d’Olt et vers la vallée du Lot…

… J’ai eu un accident!
Je suis tombé, assez lourdement, sur le chemin. Plus de peur que de mal, mais j’ai quand même eu deux ou trois côtes endolories… et un pied gauche que j’ai dû longtemps masser. Tout cela à cause d’une jonction inégale entre le sentier et un morceau de route goudronnée. J’aurais dû mieux regarder où je mettais les pieds.
Avec le recul, je me rends compte aujourd’hui que j’ai eu beaucoup de chance. Ma chute aurait pu être bien plus grave… J’aurais pu facilement me casser la jambe ou une cheville… ou avoir une côte brisée… J’étais absolument seul sur le sentier. Et j’ai été fort soulagé, reconnaissant, lorsque deux marcheurs, bienveillants, sont venus, cinq minutes plus tard, à ma rescousse…
Heureusement, l’incident est arrivé à quelques minutes de marche seulement du village de Saint-Côme d’Olt où j’avais prévu passer la nuit… et prendre une journée de repos, le lendemain, au Couvent de Malet…

Le couvent de Malet abrite aussi des sœurs, des Ursulines, âgées, en fin de vie…



Le soir, le couvent accueille des dizaines de marcheurs, de pèlerins…


Après une journée de repos, et presque complètement remis, j’ai repris la route, le mercredi 9 mai, en direction d’Espalion… Et j’ai poursuivi le lendemain mon chemin jusqu’au village d’Estaing…





Nous avons eu droit le vendredi 11 mai à l’une de nos dernières journées de grand ciel bleu sur le chemin de Compostelle…

Journée qui m’a conduit après quatorze kilomètres sur les hauteurs du petit village de Golinhac…

… et vers une confortable chambre d’hôtes – « Les Rochers » – disposant d’un grand jardin… et d’une vue exceptionnelle sur la vallée du Lot…

De Golinhac, il ne me restait qu’une vingtaine de kilomètres avant d’arriver à Conques…

Distance que j’ai franchie, malgré le temps gris, à petits pas, et en deux étapes… en savourant profondément ces derniers kilomètres… et les derniers moments de cette magnifique randonnée!…







Avant de terminer, et avant de partager quelques conseils pratiques sur le chemin, j’aimerais m’arrêter un moment sur un phénomène qui m’a beaucoup frappé – et dont on parle assez peu, me semble-t-il, sur le chemin de Compostelle.
Ce phénomène, c’est la grande solitude et l’isolement des personnes âgées qui vivent, semble-t-il, délaissées, ignorées souvent, dans les villages que traverse le GR65…





Que deviendront ces « anciens » dans deux, trois ou cinq ans?
Où finiront-ils leurs jours?
Ces personnes âgées, qui semblent parfois presque abandonnées au bord du chemin de Compostelle, sont les derniers témoins d’une époque et d’une façon de vivre qui s’en va…
Que deviendront ces villages qu’ils sont aujourd’hui pratiquement les seuls à habiter?
Qui partagera avec les pèlerins la mémoire et les traditions du chemin de Compostelle?

Coïncidence, le journal « Le Monde » publiait cette semaine un long article sur la situation de plus en plus précaire des personnes âgées en France…

Article où l’on apprend que parmi les personnes âgées de plus de 75 ans en France:
- 25% vivent seules
- 50% n’ont plus de réseau amical actif
- 79% n’ont pas ou peu de contact avec leurs frères et soeurs
- 41% n’ont pas ou peu de contact avec leurs enfants
Statistiques à méditer…

Alors, pendant cette longue randonnée, y a-t-il eu des surprises?
Pas vraiment. À part la neige, en Haute-Loire (voir l’article précédent), et ma chute avant Saint-Côme d’Olt… J’avais bien planifié mon itinéraire, mes haltes, j’étais équipé comme il faut, et le GR65 ne présente pas de difficultés particulières entre le-Puy-en Velay et Conques…
J’ai longtemps médité cependant, après ma chute, à la fragilité et à la vulnérabilité du marcheur solitaire. Un accident est si vite arrivé! SVP prendre ses précautions. Avoir un téléphone portable en cas d’urgence est, à mon avis, essentiel.
Cela dit, à chacun son chemin. À chacun de choisir sa saison et la distance à parcourir chaque jour. À chacun de choisir ses hébergements. Et son ou ses compagnon(s) de route. Ou s’en passer tout simplement. Un bon quart des pèlerins rencontrés ce printemps marchaient seuls.
Tous ces choix sont fondamentaux et font partie de la beauté de l’expérience de la marche sur le chemin de Compostelle.

Voici donc, comme promis, quelques conseils pratiques pour ceux et celles qui songent à parcourir une partie du GR65 entre Le-Puy-en-Velay et Conques…
Chaussures

Idéalement, choisir des chaussures imperméables car il y a souvent de la pluie et/ou de la boue sur le chemin. Chaussures qui doivent si possible aussi laisser respirer les pieds. Bien choisir ses chaussettes en conséquence.

Hébergements

Éviter les hôtels, parfois vétustes, et où le client est anonyme. Choisir plutôt les chambres d’hôtes, en demi-pension. L’atmosphère est en général beaucoup plus conviviale et les repas pris en commun sont presque toujours « préparés maison » à partir de produits frais et locaux. En plus, autour de la table, le soir et/ou le matin, des randonneurs venus de toutes les régions de la France, et du monde entier.


À quelle heure partir le matin?
La grande majorité des pèlerins part tôt le matin, entre 7 heures et 8 heures 15. Si vous décalez votre départ vers 8h30 ou 9h, le sentier est souvent désert et vous aurez le chemin à vous.
Lors de ma plus longue étape (19kms), le 1er mai, entre Chanaleilles (Haute-Loire) et Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère), je n’ai rencontré absolument personne. Pas une âme. Personne dans les villages. Il neigeait. Pour ceux qui aiment parfois marcher seul, c’est le paradis.

De plus, avec des étapes de 3 heures 30 ou 4 heures, si vous partez vers 8h30 ou 9 h, vous arriverez à destination entre midi et 13 heures. C’est l’heure du déjeuner! En arrivant au village, choisissez un petit restaurant fréquenté par les riverains (restaurant où, de préférence, on ne parle pas l’anglais), et commandez le plat du jour. C’est souvent l’un des meilleurs moments de la journée!


Après le déjeuner, direction votre hébergement où vos hôtes (et votre sac) vous attendent. Après une bonne douche et une sieste, visite du village l’après-midi avant de rentrer pour le dîner. Journée idéale.

La Malle Postale.
J’en ai déjà parlé. Excellent service sur toutes les étapes du GR65 entre Le-Puy et Conques. Votre sac vous attend à votre hébergement, en général avant 14 heures. Seul bémol, le matin, votre sac doit être prêt à être transporté dès 8h. Contact: https://www.lamallepostale.com/fr/
À quoi s’attendre sur le chemin?
L’une des plus belles surprises, pour moi, a été de constater que le tracé du GR65 entre Le-Puy-en-Velay et Conques suit à peu près sur 85%-90% un sentier pédestre, rural, bucolique, merveilleux. Il n’y a pratiquement pas de route goudronnée. Sauf avant l’arrivée dans les villages. Et ces tronçons sont assez courts. (Un peu plus de bitume quand même, malheureusement, à partir d’Estaing)…
J’espère que ces brefs conseils (qui n’engagent que moi) vous seront utiles.
SVP n’hésitez pas à partager vos questions, vos commentaires, vos suggestions… et…
BON CHEMIN À TOUS!






