


Que retenir de ce périple de six jours dans le merveilleux département du Lot?
(Malgré le temps souvent maussade: nous avons eu, lundi et mardi, deux jours de fortes pluies).
1. – D’abord, l’accueil chaleureux reçu presque partout le long du chemin!



Le service reçu dans les hébergements, dans les chambres d’hôtes, a parfois été exceptionnel.
Un exemple?
Une heure environ avant mon arrivée à Cahors, samedi vers midi, mon téléphone sonne. Un message SMS de Jacques (mentionné plus haut) qui m’informe que j’ai oublié dans ma chambre, à Pasturat, un chandail. Je l’appelle. Il répond aussitôt.
Jacques me demande où je loge à Cahors. Après quelques secondes, il m’annonce qu’il « a des courses à faire à Cahors » et qu’il viendra déposer mon chandail à mon hébergement. Je n’en reviens pas. Il y a 20 kms environ (en voiture) entre Pasturat et Cahors… Arrivé deux heures plus tard, après le déjeuner, à mon hébergement, mon chandail, soigneusement plié, m’attendait. Incroyable. Merci mille fois, Jacques!

2. – L’effort physique, intense, continu, qu’exige chacune des étapes du chemin
J’aurais dû mieux écouter les conseils de mon amie Florence qui connaît bien la région. À part la première étape (Figeac-Corn) relativement simple, le GR651 est une véritable succession de courtes montagnes russes! On monte, parfois très haut… comme le montre l’image ci-dessous…

…puis on redescend, tout aussi abruptement…

Je ne m’attendais pas à fournir un tel effort, quotidien. J’arrivais souvent, en fin d’étape, fourbu. C’est peut-être aussi l’âge. Bientôt 68 ans. Cela fait beaucoup de bougies…
On est, sur ces sentiers escarpés, abrupts, très loin du long fleuve tranquille, paisible du GR65. Malgré les nombreuses croix, les superbes églises qui jalonnent le chemin, la plupart des randonneurs sont ici, semble-t-il, dans un esprit, dans une démarche plus sportive que spirituelle. C’est du moins mon impression.
Les randonneurs sur le Célé sont également (en majorité) plus jeunes que ceux que l’on croise en général sur le GR65.

3. – Les merveilleux villages que traverse le GR651!
C’est l’une des plus belles surprises de la Voie du Célé!


Après avoir consulté quelques riverains, je suis passé quand même!

Je tenais absolument à visiter la maison et le village où vécu André Breton.
Avant de publier, en 1924, son « Manifeste du Surréalisme », l’écrivain faisait partie du Mouvement Dada avec Tristan Tzara, Philippe Soupault, Jacques Rigaut et bien d’autres. Dada est mouvement artistique fascinant, scandaleux parfois, né à Zurich après la grande guerre (1914-1918) et sur lequel, jeune homme rebelle que j’étais alors, j’ai écrit ma thèse de Maîtrise, à l’université McGill, en 1982.
(42 ans plus tard, « l’esprit Dada » est toujours, chez moi, bien vivant).

Fait peu connu, André Breton a participé dans le département du Lot, à la fin des années quarante, au projet de « la route mondiale ». C’est ce projet qui l’a conduit, un peu plus tard, à s’établir à Saint-Cirq-Lapopie.
Un tableau dans le village nous apprend qu’en 1949, « en réaction aux horreurs de la seconde guerre mondiale, Cahors se déclare ville citoyenne du monde, bientôt suivie par 239 communes du Lot. Un an après est inauguré, en présence d’André Breton, le premier tronçon de la route mondiale, « route de l’espoir » qui part de Cahors jusqu’à Saint-Cirq-Lapopie : 5 000 personnes y participent. Aujourd’hui, seules les bornes de cette route existent toujours.
Magnifique esprit d’ouverture du Lot!
Malgré le temps gris, le village est splendide!



En quittant Saint-Cirq-Lapopie le lendemain, le vendredi 3 mai…

Avant de poursuivre, j’aimerais saluer ici toutes les petites communes où passe la Voie du Célé.
Ces bourgs, ces hameaux sont de véritables trésors!
Bravo et respect aux riverains qui s’accrochent contre vents et marées à leurs villages et s’évertuent à les faire vivre – malgré les nuages à l’horizon et les défis, nombreux, quotidiens:
- Fermeture des petites lignes de chemin de fer en Occitanie et, avec elles, la fermeture des gares de ces communes, liens essentiels pour la survie des villages.
- La fermeture des écoles. L’école du village de Marcilhac-sur-Célé, par exemple, compte cette année 13 élèves, répartis en trois niveaux. L’école risque de fermer l’an prochain, à cause du manque de financement. « Tout dépendra de la volonté du Maire » m’a confié le seul enseignant, rencontré le mardi 30 avril, au bord du GR651.
- Comme le montre l’image ci-dessous, la colère gronde dans le monde agricole en Occitanie…

4. – La gastronomie du sud-ouest
C’est un immense privilège de goûter de nouveau à quelques-uns des plats de la région!




Malgré le bilan météo très mitigé, j’ai a-d-o-ré découvrir et parcourir la Voie du Célé!

Après une nuit passée à Cahors, j’ai pris hier dimanche le train jusqu’à Figeac où j’ai retrouvé avec plaisir le confort et le calme de ma chambre d’hôtes, au bord du Célé.

Je reprends la route ce matin, lundi 6 mai. Une nouvelle découverte m’attend: « la Voie de Rocamadour ».
Première étape: 24 kms entre Figeac et Lacapelle-Marival. (Voir la carte au début de l’article).
Tout va bien.
Moral au beau fixe.
L’aventure continue!