Le chemin de Compostelle (le GR 65) a encore une fois, ce printemps, tenu toutes ses promesses!

Entre le village d’Auvillar, dans le département du Tarn-et-Garonne et la commune de Nogaro, dans le Gers, j’ai parcouru, comme prévu, en sept jours, 121 kilomètres.
17 kilomètres de marche par jour, en moyenne.
Sept jours de grand bonheur, de découvertes, de rencontres et d’échanges….
Sept jours passés (sauf les premières 48 heures) sous un ciel absolument radieux!

Après le 1er tronçon de 100 kms accompli début mai entre Cahors et Auvillar, j’ai parcouru ce mois-ci 221 kms. Objectif l’an prochain: à partir de Nogaro, rejoindre Saint-Jean-Pied-de-Port et les Pyrénées!


Sept jours au cours desquels j’ai pu aussi poursuivre mon apprentissage de la merveilleuse cuisine du sud-ouest…

Cuisine parfois métissée, comme le plat ci-dessous, servi au déjeuner, le 13 mai, sur une terrasse de la place de l’hôtel de ville, dans le village de Montréal-du-Gers.

Au sud de la Garonne, quelques kilomètres après avoir quitté Auvillar, le GR 65 entre dans le Pays de la Lomagne, en Gascogne.

La Gascogne!
Que je rêve de découvrir depuis si longtemps!



Nous sommes ici dans la patrie de d’Artagnan, le fier, l’impétueux d’Artagnan, né en Gascogne dans le village de Lupiac, et « monté » très jeune à Paris rejoindre le corps des mousquetaires du roi, Louis XIII. Que de souvenirs!
« Les Trois Mousquetaires« , le roman d’Alexandre Dumas, a été pour moi, comme pour beaucoup d’autres enfants, une véritable révélation. Une des premières grandes lectures de mon adolescence.
J’avais alors treize ans et j’étais avec l’un de mes frères pensionnaire, inscrit en cinquième, près de Paris, au Collège Albert-de-Mun, à Nogent-sur-Marne, à deux pas du bois de Vincennes.
Éloigné de mes parents (mon père travaillait pour l’OMS en Afrique), d’Artagnan et ses compagnons – Porthos, Aramis, le mystérieux Athos surtout – ont été, ces années-là, mes indéfectibles héros. Je dévorais leurs aventures le soir, à l’étude, et pendant les weekends, à Paris.
Après « Les Trois Mousquetaires », d’autres aventures de d’Artagnan, tout aussi palpitantes, ont suivi: « Vingt ans après » puis « Le Vicomte de Bragelonne ». Ces romans ont profondément marqué mes jeunes années.





La Gascogne, c’est aussi le pays de l’Armagnac… et des tables gourmandes!







En fait, au fur et à mesure que je progresse vers Nogaro, un phénomène assez curieux, inattendu, se produit…
Bacchus, dieu du vin et de la vigne, et Épicure, chantre de l’hédonisme…
… me prennent peu à peu par la main… et, ensemble, jour après jour, inexorablement,
ils transforment, métamorphosent mon Chemin de Compostelle… en un Chemin… épicurien!
Je découvre ainsi en route, chaque jour, dans les villages, des menus, des plats, de plus en plus alléchants!…

Un midi, dans le bourg de Labastide-Marnhac, un peu après Cahors, mon plat du jour arrive… accompagné d’un litre de vin rosé. Un litre!

« Le vin est compris », me dit gentiment la serveuse, en souriant, étonnée par mon regard perplexe. Autour de moi dans le restaurant, des ouvriers, les mains rudes, déjeunent joyeusement, en groupe. Sur leur table, quatre ou cinq bouteilles, bien entamées. Il est midi trente, un lundi…
Ce jour-là, malheureusement, je n’ai pu que tremper les lèvres dans mon verre… sous peine d’arriver plutôt chancelant à destination…


Tous les randonneurs le confirment. Il règne sur les sentiers et les routes du département du Gers une atmosphère bien particulière.
Les agriculteurs, rencontrés près de leurs fermes, le long du GR65, vivent plutôt bien. La terre ici est féconde. Irriguée par de nombreuses rivières et cours d’eau. (Curieusement, une des villes les plus importantes du département, Condom, est baignée par la rivière Baïse. Bien prononcer le tréma du « ï ». C’est étrange, non?).
Le commerce de l’armagnac a largement contribué à la richesse de la région.
La fabrication de cette eau-de-vie, la plus vieille de France, se fait par distillation de vins blancs, secs. Une distillation suffit. (À la différence du cognac qui, lui, est distillé deux fois.)
Les tonneaux d’armagnac étaient autrefois transportés par bateau vers les ports de Bordeaux et de Bayonne et ensuite exportés, notamment vers la Hollande et l’Angleterre.
Aujourd’hui encore, partout dans le Gers, les randonneurs côtoient et traversent des immenses champs de vignes, soigneusement entretenus.



Une autre liqueur, plus douce, le Floc de Gascogne, est aussi souvent offerte aux pèlerins, en guise de bienvenue ou à l’heure de l’apéritif.
Bienvenue en Gascogne!



Pour moi, l’un des grands plaisirs du Chemin de Compostelle est de retrouver, le soir ou le matin, à l’heure du repas, randonneurs et pèlerins. Les sujets de conversation ne manquent pas. Les questions, les rires et les taquineries non plus.
En ce début de saison, à la mi-mai, la plupart des pèlerins sont à la retraite ou en vacances. Au début de chaque repas, il y a souvent entre randonneurs, autour de la table, un lien de camaraderie assez fort. Même si nous ne nous connaissons pas, nous avons tous la veille ou pendant la journée marché sur le même sentier, traversé les mêmes villages, rencontré les mêmes riverains. Cela créée immédiatement entre nous une atmosphère amicale, bienveillante, intime, parfois propice aux confidences…
Ces repas pris en commun sont un moment fort du Chemin. Apprendre à connaître et fraterniser avec ses voisins de table, partager ses expériences. Écouter la grande variété des parcours professionnels et familiaux. Entendre, dans le plus grand respect, les décisions, les choix qui ont été faits, par l’un ou par l’autre. Éclater de rire aussi. C’est là, chaque jour, au cours du repas, l’un des immenses privilèges du chemin de Compostelle!

J’aimerais donc, avant de poursuivre, rendre ici hommage à quelques-uns de ces marcheurs, pèlerins et riverains rencontrés ce printemps entre Auvillar et Nogaro…








J’ai rapidement parcouru les deux dernières étapes de mon parcours entre Montréal-du-Gers et Eauze, le mardi 14 mai, et entre Eauze et Nogaro, le jeudi 16 mai. Il fait un temps magnifique et de plus en plus chaud!
Après avoir quitté la région de la Lomagne puis le chemin de la Ténarèze (une ancienne voie gauloise), le GR 65 entre, près de Eauze, dans la région du Bas-Armagnac… Territoire méticuleusement protégé où est produit, depuis le Moyen-Âge, le précieux nectar, l’Armagnac…
Sur le chemin, on peut apercevoir, à l’horizon, la ligne de crête des Pyrénées!

Paysages splendides traversés entre Eauze et Nogaro!


Quelques derniers kilomètres (ci-dessous) à franchir dans le Bas-Armagnac… et…
… vers 13h30, le jeudi 16 mai, arrivée, comme prévu, à Nogaro, village paisible d’environ 2000 habitants…

Mission accomplie!
221 kilomètres parcourus depuis mon départ de Cahors, le 2 mai. Je suis en pleine forme. Aucune ampoule. Pas d’entorse. J’aurais facilement pu réaliser deux ou trois étapes supplémentaires.
Pourquoi donc s’arrêter à Nogaro?
C’est qu’ici une navette quotidienne, en direction de Pau ou d’Agen, est assurée, par autocar, par la SNCF. Dans cette région isolée du département du Gers, il n’est pas facile de se déplacer et les liaisons ferroviaires ou par bus sont rares. C’est dommage!
L’accès aux transports en commun sera encore plus difficile, l’an prochain, plus au sud, dans le département des Landes et au Pays basque…
Le lendemain de mon arrivée à Nogaro, le vendredi 17 mai, jour de repos, je suis allé, sur les conseils de la propriétaire de ma chambre d’hôtes, déjeuner à l’une des bonnes tables du village, « Chez Quentin ». Et je n’ai pas hésité, cette fois, à accepter le quart de vin rosé…

… avant de rejoindre en bus, le lendemain, le samedi 18 mai, brièvement, la ville de Pau (temps gris et pluie pendant deux jours, malheureusement)…

… puis, en train, Paris où jai retrouvé, dans le 19è et 20è arrondissement, mes repères et mes habitudes à Belleville et Ménilmontant.



Me voilà donc arrivé au terme de cette deuxième belle aventure sur le chemin de Compostelle!
Il me reste un peu plus de 310 kilomètres maintenant avant d’atteindre les Pyrénées.
135 kms environ entre Conques (où je me suis arrêté l’an dernier) et Cahors. Ce qui représente 7 étapes. (Une étape = environ 20 kms)
Ensuite, 175 kms environ entre Nogaro et Saint-Jean-Pied-de-Port. 9 autres étapes.
Seize étapes donc à prévoir le printemps prochain, plus quelques jours de repos. Je prévois faire de nouveau une longue halte à Figeac afin, notamment, d’aller en train explorer la région de Rocamadour.
Si tout se passe bien, je devrais pouvoir réaliser ces 16 étapes + repos + Rocamadour en environ un mois.
Je commencerai donc ma randonnée un peu plus tard en 2020, vers la fin-mai probablement. Afin d’avoir presque terminé fin juin, et avant de retrouver Diana en France, début juillet.
Nous parcourrons ensemble au Pays basque les deux ou trois dernières étapes du GR65 jusqu’à l’arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Voilà, c’est le plan. Sortons, encore une fois, les gris-gris et les amulettes!
Merci à tous pour vos messages et vos encouragements!

Un mot sur Notre-Dame avant de terminer…
Je suis retourné hier matin sur l’île de la Cité. C’était ma deuxième visite ce printemps.
Les dégâts causés par l’incendie du 15 avril sont condidérables… tout comme les travaux de restauration entrepris très vite par les autorités….
Les touristes ont maintenant de nouveau accès aux rues avoisinantes de la cathédrale, la rue d’Arcole et la rue du Cloître Notre-Dame, (elles étaient fermées lors de ma première visite fin avril)… mais…
Notre-Dame réouvrira-t-elle ses portes dans cinq ans (pour les J.O. de Paris en 2024) comme l’a annoncé le président?
Les avis sont très partagés.







