Heureux d’être de retour à Paris après un an d’absence!
Mais – alors que je débute un séjour de trois mois en France (avec une parenthèse de trois semaines en Sicile avec mon frère Alix) – que de changements dans le pays depuis douze mois!

Depuis mon départ en juin dernier, le paysage politique en France a été complètement recomposé, bousculé, dynamité par ce que les médias appellent ici « le phénomène (ou la fusée) Macron ».
En quelques mois, les principaux acteurs de la vie politique française, tant à gauche (François Hollande, Manuel Valls) qu’à droite (Nicolas Sarkozy, François Fillon) ont été balayés, remerciés, chassés du pouvoir.
Le processus électoral a été impitoyable. Et « l’ancien monde » des partis traditionnels (le Parti socialiste, Les Républicains) a volé en éclats.

Je me rappelle au printemps dernier être allé rendre visite à Paris, place de la République, aux adhérents du mouvement Nuit debout.
Le mouvement – issu de la gauche radicale, du milieu étudiant et ouvrier – était né quelques semaines plus tôt afin de combattre la politique jugée « trop libérale » du parti socialiste, alors au pouvoir.
Au cœur de Paris (et dans plusieurs villes de province) les pancartes affichaient, à un an des élections présidentielles, des slogans pleins d’espoir et de promesses. « La liberté est notre bien commun » – « Préavis de rêve ».
D’autres messages appelaient les citoyens à l’insurrection, au soulèvement face à un gouvernement qui avait, selon les manifestants, « trahi les valeurs de la gauche« .
«Tapez révolte sur votre clavier et sortez dans la rue », « Qui sème la misère récolte la colère » scandaient les partisans de Nuit debout, réunis tous les soirs, place de la République, en assemblées générales.
Tout cela semble bien loin aujourd’hui…

Il y a trois semaines, les Français ont élu à la tête du pays un homme jeune, ambitieux, encore pratiquement inconnu il y a trois ans: Emmanuel Macron, trente-neuf ans, ancien banquier et chef d’un mouvement – La République en Marche – créé il y a peine un an.
Son ascension fulgurante et son élection (près de 90% des voix récoltées à Paris au second tour) constituent une véritable révolution.
A-t-on déjà connu, se demande-t-on ici, une pareille ascension, si rapide, depuis Bonaparte?
Adulé par les uns, honni par les autres, le nouveau président ne laisse personne indifférent.
« C’est un personnage ambigu » entend-on à droite, c’est plutôt « le candidat des banques et des patrons » rétorque la gauche. « C’est le président des riches et des nantis », ajoute l’extrême-gauche. Chacun a son opinion.
Le président est aussi devenu, en quelques mois, la nouvelle coqueluche des médias. Toutes les radios, les journaux, les magazines, se l’arrachent.
Combien de temps la lune de miel va-t-elle durer?

En me promenant dans les rues de mon quartier du Village Jourdain, situé dans le nord-est de la ville, entre Belleville et Ménilmontant, un constat s’impose, une évidence. Depuis mon dernier séjour, au printemps 2016, Paris semble apaisée, pacifiée.
Omniprésentes l’an dernier, les patrouilles de soldats – lourdement armés, se déplaçant lentement, mitraillettes au poing – ont pratiquement déserté l’espace public. Les rues sont calmes, plus propres.
Les sacs en plastique ont disparu des caisses des supermarchés et sont maintenant interdits dans la plupart des commerces…
Bien que l’état d’urgence soit maintenu sur tout le territoire, la tension qui régnait dans les rues l’an dernier s’est estompée. Il n’y a pas eu de violences ou d’attentats graves depuis plusieurs mois.
Les Parisiens restent cependant prudents, vigilants.
Le ramadan – période souvent propice à l’embrasement, aux débordements – a débuté vendredi.

L’été est aussi arrivé. Le thermomètre est monté à Paris cette semaine jusqu’à 32 degrés. C’est le long weekend de l’Ascension. Et on célèbre, dimanche, la Fête des mères…

Dans les parcs ou à la table des cafés, les Parisiens profitent, au soleil, d’un pont de quatre jours. Et semblent avoir, pour l’instant, retrouvé le sourire…

Le répit sera de courte durée. Après la longue campagne présidentielle et la formation, le 17 mai, d’un premier gouvernement Macron, une nouvelle campagne débute.
Les Français sont de nouveau appelés aux urnes le 11 et le 18 juin afin d’élire cette fois leurs députés. 577 sièges sont en jeu.

Le parti d’Emmanuel Macron, La République en Marche – composé à plus de 30% d’individus issus de la société civile et néophytes en politique – arrivera- t-il à imposer ses candidats et à remporter une majorité de sièges? Les premiers sondages leur sont favorables.

Quels résultats obtiendront les anciens grands partis traditionnels, le Parti Socialiste et Les Républicains? Combien de sièges remportera « la gauche de la gauche », le parti de la France Insoumise dirigé par Jean-Luc Mélenchon? Quel sera le taux d’abstention? Quel visage aura la nouvelle Assemblée nationale?
Réponse à toutes ces questions (dont tout le monde parle ici) le dimanche 18 juin.
D’ici là, de mon côté, changement complet de décor. Départ demain pour Palerme et la Sicile où je passerai les trois prochaines semaines. Je serai accompagné de mon frère Alix qui me rejoint à Palerme le 3 juin. J’ai bien hâte d’explorer avec lui la région.
Au programme: découverte de quelques unes des îles éoliennes (peu connues) situées au nord de la Sicile – Lipari, Salina, Panarea, Filicudi, Alicudi, Vulcano et Stromboli. Nous serons basés pendant huit jours à Lipari.
Nous gagnerons ensuite (en voiture), à partir de Milazzo, le grand sud-est de l’île. Étapes prévues à Syracuse, Noto, Scicli et Catania.
Je serai de retour à Paris le 20 juin où Diana me rejoindra, début juillet. Je reprendrai ensuite le chemin de l’école afin d’assister, à partir du 3 juillet, à une seconde session de l’université d’été de la Sorbonne.
Bon été à tous!



