






Comment conclure cette série d’articles sur notre voyage de deux mois en Polynésie française?
Un périple qui nous a emmenés dans trois des cinq archipels du territoire – les Îles de la Société, les Tuamotu, les Marquises. Et dans neuf îles, chacune au caractère bien différent: Tahiti, Moorea, Huahine, Maupiti, Bora Bora, Tikehau, Nuku Hiva, Hiva Oa et Tahuata.
Nous avons vécu ici, au soleil, dans ces îles lointaines, pépites du Pacifique Sud, une expérience i-n-o-u-b-l-i-a-b-l-e!
Inoubliable en grande partie à cause des gens merveilleux – « nos anges gardiens », affirme Diana – que nous avons croisés et rencontrés sur notre chemin.

Leurs sourires, leur accueil, leur gentillesse, ont guidé et éclairé notre séjour.

J’aimerais ici les remercier. Les saluer. Leur rendre hommage.
Tout en partageant quelques-unes de nos aventures et rencontres à Hiva Oa!


Vu la taille et la topographie de l’île, j’ai dû me résoudre à rejoindre ici (une fois n’est pas coutume) des groupes d’excursions.
Impossible, comme à Moorea ou Huahine, de sillonner les routes d’Hiva Oa en scooter! Les pistes de l’île sont de véritables montagnes russes, bien trop accidentées pour un petit moteur 50cc – comme en témoigne l’image ci-dessous.

Il a aussi été beaucoup plus simple de rejoindre et visiter l’île de Tahuata dans le cadre d’un voyage organisé. J’ai dû m’adapter.





La production du coprah à Tahuata ayant au fil des ans considérablement diminué, Hapatoni vit aujourd’hui principalement de l’artisanat. Deux fois par an, un groupe de villageois se rend à Tahiti afin d’exposer et de vendre les oeuvres réalisées dans la commune, comme celles ci-dessous.





Notre journée à Tahuata se termine par une longue et magnifique baignade à la plage Hanamoenoa, située à une vingtaine de minutes de bateau au nord du village de Vaitahu.



Deuxième excursion bien différente – et fascinante – le lundi 2 janvier.
En compagnie de 3 autres visiteurs – un jeune couple allemand, en lune de miel, et Tehihi, responsable des finances à la mairie de Nuku Hiva – nous partons avec notre guide Brian O’Connor à la découverte de l’histoire des premiers Marquisiens.
Nous souhaitons voir et admirer quelques-uns des vestiges que les premiers Marquisiens ont laissé sur l’île – notamment les « tikis », des statues de pierre chargées d’histoire, disséminées à plusieurs endroits à Hiva Oa.


L’objectif de l’excursion est de mieux comprendre la chronologie des lointaines et complexes « migrations polynésiennes » – et les traces qu’ont laissé ici ces premiers habitants.
Les historiens nous rappellent que vers 4000 avant J.-C. une migration débute depuis l’Asie du Sud-Est. Les premiers colons traversent l’océan pour explorer les îles du Pacifique Sud. Ces migrants s’installent aux îles Tonga et à Samoa vers 1300 avant J.C.
Les Marquises deviennent plus tard un lieu d’installation puis un centre de dispersion vers l’ensemble d’une zone qu’on appelle aujourd’hui « le triangle polynésien » – une zone qui va de Tahiti, à Hawaï, à l’île de Pâques (Rapa Nui) et à la Nouvelle-Zélande.

Cette période se caractérise, selon les historiens, par l’émergence, dans ce triangle, d’une culture, d’une identité régionale. Suite à ces migrations, les Tahitiens, les Marquisiens, les Hawaïens et les Maoris de la Nouvelle-Zélande partagent tous des ancêtres communs, des pratiques culturelles communes (la danse « haka ») et parlent une langue similaire, connue sous le nom de Ma’ohi.
Exemples: le mot Moana = « océan » en tahitien, marquisien, maori, somoa, hawaïen.
Manu = « oiseau » dans les mêmes langues.
Notre excursion, le long de la côte nord et est de Hiva Oa, se poursuit.

L’île est splendide! Et très peu visitée. Aucune pension, aucun commerce dans les villages que nous traversons.
« Les gens ne sont pas très intéressés, nous dit Brian. Ils ont ce dont ils ont besoin ici. L’océan pour la pêche. La forêt où ils peuvent récolter papayes, avocats, corossols, noix de coco, mangues, pamplemousses. Ils élèvent leurs cochons, leurs poules, leurs chèvres. Ils sont tranquilles. Pourquoi faire dormir des touristes ici? »


En route pour le site archéologique de Lipona, à Puamau, à la pointe est de l’île, nous traversons, entre de profondes vallées, des paysages majestueux.



Après 90 minutes de route, nous arrivons au village de Puamau (200 habitants) où un déjeuner nous attend « Chez Marie-Antoinette. »


Avant de rentrer à Atuona, dernier arrêt, au-dessus de Puamau, au site archéologique de Lipona, l’un des plus importants des Marquises

Que se passait-il ici exactement dans cet immense sanctuaire? Des sacrifices? Des offrandes?
Qui était habilité à diriger et à participer à ces cérémonies religieuses?
Dans quel but ces cérémonies avaient-elles lieu?
Autant de questions qui font toujours aujourd’hui débat.

Comme pour les statues de l’île de Pâques, les « tikis » de Lipona, comme ceux des îles voisines, n’ont toujours pas livré leurs secrets.
À noter: le site de Lipona figure en bonne place dans le dossier de candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une décision doit être rendue en 2024.

Retour à Atuona






Les deux artistes ont laissé à Hiva Oa des souvenirs bien différents. J’ai déjà parlé dans un article précédent de l’héritage très controversé de Gauguin en Polynésie française – et aux Marquises en particulier, où, affaibli, malade, il a passé les dernières années de sa vie. Je laisse à d’autres le soin de juger de sa conduite. Il nous reste ses tableaux. Magnifiques.

La visite du petit musée qui lui est consacré, à côté de l’espace Brel, à Atuona, a été l’un des temps forts de notre séjour. Nous y avons passé, en arrivant, un long moment. Excellente chronologie des années mouvementées de voyage de Gauguin. On peut aussi admirer, au calme, des dizaines de reproductions de son oeuvre. Une visite incontournable.

Jacques Brel, de son côté, séduit rapidement les habitants d’Atuona lorsqu’il débarque sur son voilier, en 1975. Maddy, sa compagne, d’origine guadeloupéenne, est du voyage.
Très vite, Brel s’intègre à la vie du village et multiplie les initiatives. Il fait venir d’Europe des caisses de livres et monte une bibliothèque pour les enfants d’Atuona. Il lance une salle de cinéma. Vend son voilier et prend des cours de pilotage. Il achète un avion. Livre le courrier vers des îles lointaines, aux Marquises. Il rapatrie même vers les hôpitaux des femmes malades ou enceintes.

Malheureusement, Brel est atteint « d’une grippe qui ne soigne pas. » Il s’éteint, en France, en 1978.
Un bel espace, dans un immense hangar, lui est dédié. On peut y voir son avion, restauré, le Jojo. Un haut-parleur diffuse ses plus belles chansons, y compris l’une de mes préférées ici.

Après deux mois de voyage, il faut se résoudre à rentrer!
Avant de terminer cette série d’articles, je tenais à partager quelques-uns des visages et des lieux qui ont particulièrement marqué notre séjour en Polynésie. Les voici, en ordre chronologique.












Trois dernières remarques. (Il pourrait y en avoir plusieurs autres tant nous avons écouté et appris ici)
1. – Lorsqu’on demande à un(e) Polynésien(ne) (hors Papeete) où il/elle aimerait partir en voyage, la réponse, surprenante, a été presque partout la même. Ce n’est pas de Rome, Paris ou New York dont ils rêvent. La plupart des Polynésiens souhaitent plutôt visiter, chez eux, l’un des archipels qu’ils ne connaissent pas – les Marquises ou les Tuamotu sont souvent mentionnées.
2. – Pour les familles polynésiennes, le weekend idéal est souvent un séjour dans leur « plantation », un lopin de terre qu’ils possèdent ou louent à l’intérieur des terres. À défaut, ils prennent une tente et vont camper au bord d’une plage lointaine. Ou ils vont à la pêche. Dans les trois cas, l’objectif est le même: se rapprocher de la nature et vivre en famille en communion avec elle.
3. – Tout le monde aux Marquises et sur les îles (hors Papeete/Moorea) se connait! Lorsqu’à Taiohae (Nuku Hiva) je montrais les photos d’une excursion réalisée à l’autre bout de l’île, on me répondait, invariablement, « Oui, je le connais, il s’appelle…« . « Celui-là aussi, c’est mon oncle (ou cousin), il s’appelle… » J’ai rarement vu un peuple aussi soudé. Cohésion qui saute aux yeux lors des messes dominicales. La ferveur des assemblées – les chorales sont accompagnées de tambours, d’ukélélés, de guitares – est prodigieuse.
Un autre exemple? Les tables où sont entreposés les produits, au marché de Nuku Hiva, ne sont pas surveillées. Elles appartiennent aux familles de la communauté. Chacun va et prend ce dont il a besoin. On se dirige ensuite vers une autre table où quelqu’un note sur un registre les produits achetés et de quelle table ils proviennent. Le revenu de la vente est ensuite acheminé à la famille concernée.

Le dernier mot est pour Diana.
Diana qui m’a si vaillamment accompagné pendant ces deux mois! Diana qui a bravé les lézards, les moustiques, la chaleur, l’humidité et nos multiples (16) sauts de puce en avion depuis la mi-novembre!
Ce voyage aurait été bien différent si je ne l’avais pas eue à mes côtés!



En quittant la Polynésie, je ne peux m’empêcher de penser à mon pays d’origine – Haïti – où l’on pouvait aussi, autrefois, au bord de la mer, en français et en créole, profiter de la même douceur de vivre.

Nous avons réalisé en Polynésie notre plus beau voyage!
Nous avions souvent entendu dire en planifiant cette aventure que les Polynésiens étaient le peuple le plus chaleureux, le plus accueillant de la terre. Et c’est si vrai!
Où d’autre, hors Polynésie, reçoit-on un collier de fleurs ou de coquillages en arrivant à destination?
Et un second collier au moment du départ!
Où d’autre les gens se tutoient-ils dès la première rencontre, dès le premier regard?

Tout cela va beaucoup, beaucoup nous manquer!
Mais nous savons déjà que nous reviendrons!

Après plusieurs heures de voyage, une nuit en transit à San Francisco, nous sommes maintenant de retour à la maison.
Un grand changement est en cours dans notre quartier, Mount Pleasant. Notre rue va être en 2023/24 complètement transformée, métamorphosée, en voie verte et piste cyclable. Plus aucune automobile ne circulera devant nos fenêtres.
Le bonheur absolu. Bon début d’année à tous!















































































































































































