Diana en vélo sur l’île de Maupiti, le jeudi 1er décembre, revenant d’une baignade…… à la plage Tereia située à la pointe sud-ouest de l’île, plage où nous sommes allés pratiquement tous les jours nager…et déguster aussi le midi du poisson grillé au snack « Chez Mimi », situé au coeur d’une petite oasis à quelques mètres du rivage! L’île de Maupiti, couronnée de cinq motus (atolls), est située au centre d’un vaste lagon. Un bateau relie en 15mns l’aéroport (établi sur le motuTuanai) au petit port de Vaiea, le village principal de l’île, sur la côte est. Notre pension (trait rouge) est située sur la côte sud, à 10 mns en vélo de la plage Tereia (pointe ouest). Une route goudronnée d’environ 8 kms suit le pourtour de l’île. Route que nous avons bien sûr parcourue cette semaine plusieurs fois en vélo.L’arrivée à Maupiti est spectaculaire. L’avion se pose sur une toute petite piste posée sur un motu de sable blanc. Ci-dessus, l’entrée principale des passagers débarquant à l’aéroport…Courte balade sur la plage du motu en attendant les bagages…et sortie de l’aéroport vers un petit bateau qui conduira les passagers vers Vaiea Bienvenue à Maupiti!
Comme prévu, la propriétaire de notre pension de famille nous attend au quai du port de Vaiea et nous emmène en bavardant à notre hébergement. Durée du trajet: 5 minutes.
Notre pension de famille pour la semaine, entre mer et montagne, en demi-pension. Une grande chambre confortable, une salle de bains (eau chaude), une belle terrasse et, devant nous, au-delà de la pelouse, toute la journée…l’océan, le long ponton de la pension et quelques buissons verdoyants où deux jeunes femmes, Hinanui et Herenui, viennent cueillir tôt le matin les fleurs blanches et odorantes de tiare avec lesquelles elles fabriqueront…… plus tard dans la journée des colliers – Photo: DianaLongues conversations à notre pension avec Marilyn en déplacement cette semaine à Maupiti où elle coordonne des projets de micro-crédit. Marilyn a étudié à Montpellier et vit avec sa famille à Raiatea. – Photo: DianaEmbouteillage monstre le vendredi 2 décembre sur l’unique route qui fait le tour de l’île de Maupiti.
Nous aurions facilement pu rester beaucoup plus longtemps que sept jours sur l’île de Maupiti!
Deux, trois, quatre semaines, voire plus, cela ne nous aurait vraiment causé aucun souci!
En fait, nous avons vite perdu en arrivant ici toute notion du temps.
Entre les baignades quotidiennes, nos randonnées à pied ou à vélo, les conversations avec les clients de notre pension et les résidents de l’île, nous n’avons tout simplement pas vu le temps passer.
De toutes façons, les montres, les horloges sont rares à Maupiti!
Les journées ici sont plutôt ponctuées par le chant des coqs. Par la couleur du ciel et de la mer. L’éclat du soleil. Par la force du vent qui annonce la houle ou la pluie à venir.
Joueurs de pétanque à l’entrée du village de Vaiea, le mercredi 30 novembreUn résident de Maupiti dans son jardin, un peu plus tôt le même jour
Nous avons tellement appris ici!
Sur la côte nord de Maupiti, le dimanche 4 décembre. Nous avons eu toute la semaine un temps splendide!
Maupiti est une île de pêcheurs, une île sauvage où vivent environ 1300 habitants. C’est peu. Les liens qui unissent les membres de la communauté sont ici très forts. Tout le monde se connaît. Et est un peu cousin, oncle ou tante d’un voisin ou de quelqu’un d’autre. Dès notre arrivée, le sentiment que la confiance, partout, règne entre les résidents.
Quelques exemples? Nous n’avons eu cette semaine aucune clé pour fermer la porte de notre chambre ou pour le portail de la pension. Pas de clés non plus ni de cadenas pour nos vélos.
Nous avons, presque les yeux fermés, laissé nos sacs sur la plage. Nous n’avons eu aucun pépin. Lors de nos déplacements à pied, souvent, une voiture ou un camion s’arrête. Le chauffeur gentiment nous demande si nous souhaitons poursuivre la route avec lui.
Sur la route encore, un riverain cueille dans son jardin des mangues ou des bananes. Il nous en offre avec le sourire alors que nous passons. Nous causons, au bord de la route.
Où d’autre les voyageurs peuvent-ils vivre une telle expérience?
Il n’y a que trois ou quatre petits magasins sur l’île qui vendent des produits de première nécessité. Aucune grande surface comme à Moorea ou Huahine. Aucune banque. Pas de transport en commun. Un tout petit marché, deux fois par semaine.
On se débrouille comme on peut. On échange des produits de son jardin. Ou des services. On est souvent à Maupiti à la fois pêcheur, chauffeur, jardinier, cuisinier, gardien d’enfants. Les habitants de l’île sont extrêmement polyvalents.
Petit déjeuner à notre pension de famille avec Steeve, 34 ans, technicien médical, en mission pour quelques jours à Maupiti. Steeve a 3 enfants et est basé avec sa jeune famille à Raiatea.
Lors d’une longue conversation un matin, Steeve, notre voisin à la pension, nous confirme que pour la majorité des « îliens » – les Polynésiens qui vivent hors Tahiti et Moorea – avoir un revenu ou un salaire fixe tous les mois est loin d’être un objectif, un rêve ou une priorité.
Ce qui compte avant tout dans ces chapelets d’îles, nous dit-il, c’est l’auto-suffisance. Pouvoir pêcher et nourrir sa famille. Cultiver son jardin, récolter ses propres fruits et légumes. Vivre près de la nature.
Enota, 52 ans, devant sa maison, sur la côte ouest de l’île Maupiti où il est né. Enota a cinq enfants et travaille dans la production de coprah. Sur le coprah, SVP voir plus bas.
Cette quête d’auto-suffisance, d’indépendance va encore plus loin à Maupiti. Il n’y a sur l’île aucun hôtel. Uniquement des pensions de famille, une trentaine.
En 2004 les habitants de Maupiti se sont prononcés par référendum (à plus de 80%) contre la construction d’hôtels sur leur territoire.
Je reproduis ci-dessous un article, publié en 2014, qui permettra de situer le contexte sur l’île, à ce moment-là.
« La mairie d’une commune de Maupiti reçoit en 2004 la proposition d’une chaîne hôtelière internationale d’ouvrir sur l’île une prestigieuse adresse, pieds dans un lagon de paradis. Mais on ne trouble pas ainsi l’avenir d’un millier d’âmes. Débats, réunions… Tout le monde à Maupiti a pris la parole. Alors, le maire a décidé de faire un référendum. Les promesses de millions d’euros investis, de dizaines d’emplois garantis, le développement de l’économie locale (…), la contribution aux impôts locaux, le rayonnement international… Rien n’y a fait. Les habitants ont refusé à plus de 80% la construction de l’hôtel. »
Nous avons bien sûr demandé aux habitants pendant notre séjour si le résultat aurait été aujourd’hui, 18 ans plus tard, le même.
La réponse a été, partout, unanime. « Oui, absolument. Nous ne voulons toujours pas d’hôtels ici ».
Nicole, gère avec son mari depuis 2004 l’unique et excellent restaurant de Maupiti, le Tarona. Au menu, plats tahitiens, poisson cru, grillé ou mets asiatiquesChow Mein aux légumes, restaurant Tarona, le vendredi 2 décembreLa plage Tereia, samedi matin, 3 décembre.
Après toutes ces conversations, nous décidons un matin de tenter en solo la grande traversée du lagon!
Objectif: aller de la plage Tereia jusqu’au motu Auira. Une distance d’environ 250 mètres. (SVP voir la carte plus haut, côté sud-ouest de l’île)
Traversée du lagon, le samedi 3 décembre. À l’arrière-plan, à environ 50 mètres, le motuAuira. Nous avons eu à un moment de l’eau jusqu’au nombril! Nous avons aussi aperçu dans l’eau claire du lagon une grande raie.Après 20 minutes de traversée – mission réussie! – nous arrivons de l’autre côté du lagon, sur le motu Auira! Il n’y a pas un chat sur la longue plage de sable blanc. Une autre splendide journée dans les Îles Sous-le-Vent! La saison des pluies nous a complètement oubliés depuis Huahine. Une trentaine de minutes plus tard, nous reprenons le chemin du retour et nous retraversons le lagon dans l’autre sens. Conversation sur la route de ceinture de Maupiti, le jeudi 1er décembre
L’eau n’est malheureusement pas potable à Maupiti!
Tous les kilomètres environ on retrouve sur le pourtour de l’île des fontaines d’eau potable installées par la commune. Nous nous y sommes régulièrement approvisionnés.
Nous rencontrons un matin, près de la plage, un homme encore jeune qui esquisse dans son jardin des grands pas de danse.
Il est heureux, en pleine forme! Nous nous approchons.
Barsanas célèbre ce matin-là son 34è anniversaire!
Barsanas nous apprend qu’il travaille à Maupiti dans la production du coprah. Avec le tourisme et la pêche, le coprah est l’une des principales ressources de l’île.
Devant un petit monticule de noix de cocos qui sèchent au soleil devant son domicile, Barsanas nous explique très gentiment, en quelques mots, les différentes étapes de production du coprah.
Barsanas devant le four artisanal au toît de tôle où va sécher la pulpe de la noix de coco
La noix de coco, nous dit-il, est d’abord récoltée, mûre. On extrait ensuite à l’intérieur la pulpe blanche (« le puha« , en tahitien) que l’on fait sécher au soleil pendant plusieurs jours. La pulpe séchée est ensuite expédiée par bateau sur l’île de Tahiti et sert à fabriquer de l’huile de coco.
Le prochain bateau accoste au quai de Maupiti le dimanche 18 décembre. Le travail va donc bientôt commencer.
Barsanas espère pouvoir produire d’ici le 18 décembre environ 80 sacs de « puha », de 25 kgs chacun. Le puha se vend, nous précise-t-il, à 140 CFP le kilo (environ 1€17).
Nous faisons rapidement le calcul. 80 sacs X 25 kgs = 2000 kilos X 140 CFP = 280 000 CFP soit environ 2345 euros ou CAN$3330. Une somme rondelette. Mais pour combien d’heures de travail?
Deux jeunes femmes, employées par la commune de Vaiea, rencontrées le mercredi 30 novembreMesse célébrée hier en tahitien et en français à la paroisse Sainte Bernadette de Maupiti. Surprise, les officiants sont toutes des femmes. Et parmi les fidèles un homme, à gauche, porte une fleur de tiare à l’oreille.
Ce ne sera pas facile de quitter Maupiti!
Un premier vol d’environ vingt minutes nous conduira demain jusqu’à Raietea. Après une courte escale, un second vol d’une vingtaine de minutes nous mènera jusqu’à l’île de Bora Bora où nous passerons la nuit, près de la plage Matira, à la pointe sud de l’île.
Nous aurons juste le temps de nager un peu mercredi matin à Bora Bora avant de nous envoler en début d’après-midi (le 7 décembre) vers la petite île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu. Un trajet de deux heures depuis Bora Bora.
Notre itinéraire du mardi 6 et du mercredi 7 décembre, entre Maupiti et l’île de Tikehau, dans l’archipel des Tuamotu. Si l’on compte notre courte escale à Bora Bora, Tikehau sera déjà notre sixième halte en Polynésie…
Maupiti a sans aucun doute été notre plus belle étape jusqu’à présent!
Nous avons beaucoup aimé la culture rebelle, indépendante de l’île. Son côté sauvage, indompté.
Nous avons apprécié ici aussi la gentillesse, l’exquise politesse des habitants.
Envié le sentiment très fort que partagent les résidents de l’île de vivre ici – vraiment! – dans un petit coin de paradis.
Comme ils ont raison d’être fiers!
Maupiti est un bijou. Un modèle dont on devrait partout s’inspirer.
Bonne fête de la Saint Nicolas!
Au revoir Maupiti!Deux dames rentrent chez elles après avoir assisté à la messe à Vaiea dimanche matin.
Dernière baignade le matin de notre départ!
Il n’est pas encore 6h. Nous quittons la pension sur la pointe des pieds, nous enfourchons nos vélo… et dix minutes plus tard, nous sommes dans l’eau claire et fraîche de la mer…
6h40 du matin à la plage Tereia, le mardi 6 décembre
Nous décidons ensuite de faire un dernier tour de l’île en vélo…
7h30 du matin. Pendant que les enfants se dirigent vers leur école, dernière conversation de Diana avec une dame très digne, Christine, originaire de Bora Bora…qui jardine tranquillementdevant sa maison… Devons-nous vraiment partir? Au-revoir, Maupiti!Dernier déjeuner au restaurant Tarona le jour de notre départ de Maupiti, le mardi 6 décembre. Dans l’ordre habituel, Vetea, avec la casquette blanche, le propriétaire de notre pension, son ami Evans accompagné de son épouse et Hépoé, fonctionnaire polynésienne qui loge également à la pension. Quel séjour inoubliable! Merci mille fois à tous!
Départ pour Huahine, le mardi 22 novembre, un vol d’une trentaine de minutes depuis Moorea. À l’arrivée, à l’aéroport de Fare, une camionnette nous attend et nous conduira, en quelques minutes…à notre pension de famille et à notre bungalow, simple, ensoleillé, entouré de verdure, situé à deux pas du village…… et à cent mètres de la plage municipale, ci-dessus. La plage est régulièrement fréquentée par les élèves du collège de Fare qui viennent pratiquer ici différents sports nautiques et, à notre grande surprise, des parties de water-polo…Au bout de la plage, un paisible chemin mène…au quai et au village de Fare, la principale commune de l’île. Un navire de la marine française s’apprête à accoster ce matin-là. Après une première baignade (autour de 5h30), nous avons pris l’habitude d’aller à la rencontre des riverains bavardant le matin près des boutiques du portEri et son épouse Thérèse font une pause à côté d’un casse-croûte du port de Fare. Il est 6 heures du matin. La plupart des commerces ouvrent à Huahine dès 5h ou 5h30. Un horaire qui me convient à merveille!Huahine est formée de deux îles, Huahine Nui (la grande), au nord, et Huahine Iti (la petite), au sud. Elles sont reliées par un pont. Huahine a été l’une des dernières îles à se soumettre (en 1895) à l’annexation française. Il y a longtemps eu ici une farouche résistance à la colonisation. Et Huahine cultive, depuis, une fière indépendance. Le pourtour des deux îles fait (comme à Moorea) environ 60 kms. Parcourus en scooter cette semaine lors d’une superbe journée de découvertes!Rencontre à Huahine Iti, au sud du village de Parea.Aperçu, tôt le matin, de la cocoteraie située entre notre pension et la plage
On nous avait bien prévenus avant notre départ pour Huahine.
« Vous allez vite tomber sous le charme de cette île. C’est notre préférée en Polynésie. C’est une île fabuleuse! »
Plusieurs adjectifs élogieux suivaient ensuite.
Mais rien ne me préparait pour la surprise colossale qui m’attendait au début de ma seconde journée à Huahine.
En revenant de la plage, très tôt, le mercredi 23 novembre, je passe devant la cuisine de la pension pour demander où se trouve le robinet le plus proche afin de me laver les pieds, pleins de sable.
Une voix féminine me répond: « Vous avez un robinet juste à côté des escaliers de votre bungalow. »
Quelque chose dans cette voix m’interpelle. Je rentre dans la cuisine et j’aperçois un visage familier. Je n’en crois pas mes yeux. La femme devant moi est… Chantal Spitz! La célèbre écrivaine tahitienne. Dont j’ai un peu parlé dans un article précédent. Un des auteurs les plus connus de la Polynésie française. De la Francophonie.
Madame Spitz prépare tranquillement les tables pour le petit-déjeuner. Il n’est pas encore 6 heures du matin.
Elle m’explique que l’établissement appartient à son fils et qu’elle est venue l’aider. La pension accueille cette semaine plusieurs écrivains invités à participer au 6è Salon du livre de Huahine qui commence le matin même. Le Salon se termine samedi, le 26 novembre.
Très gentiment, madame Spitz nous invite à assister à l’inauguration du Salon qui a lieu à 8h30, à la Mairie de Huahine.
Quel incroyable concours de circonstances pour débuter notre séjour! Je n’en reviens pas!
En conversation avec l’écrivaine Chantal Spitz, à la table du petit déjeuner de notre pension, à Huahine, le mercredi 23 novembre. A gauche, en bleu, Myriam Malao, conteuse professionnelle de Vanuatu – Photo: Diana
L’inauguration du Salon est mémorable!
Une classe de Quatrième (Grade 10) ouvre le Salon avec des chants traditionnels tahitiens. (L’enseignante, en bleu, est à droite.) Les élèves sont bientôt suivis par une troupe de danse de Fare…
… composée de danseuses tahitiennes et originaires de la métropole
Le maire de la ville est présent, entouré de dignitaires et d’écrivains venus de toute la région du Pacifique. La Nouvelle-Calédonie, Hawaï, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Vanuatu et les archipels de la Polynésie française sont représentés.
Je pense à ma ville d’adoption, Vancouver. Nous partageons, avec tous ces territoires, le même océan!
Le maire de la commune de Fare, à gauche en chemise rouge. Derrière lui, Chantal Spitz, tatouage au bras, avec un des élèvesEntourés de membres de la troupe de danse, quelques-uns des auteurs invités au Salon du livre de Huahine: au centre, l’écrivain Frédéric Ohlen qui vit à Nouméa. Devant lui, Myriam Malao. Monsieur Ohlen (qui connaît bien la littérature haïtienne) réside lui aussi à notre pension.
Comment aurions-nous pu mieux célébrer notre arrivée à Huahine?
Un groupe d’enfants s’amuse au soleil sur le parapet d’un pont, près du village de Maeva, à 8 kms environ à l’est de Fare.Maere, 27 ans, en vélo entre Fare et son domicile, à Maeva.
Notre semaine à Huahine passe vite, trop vite!
Nous dégustons régulièrement au bord de la mer de fabuleux plats.
Papillote de mahi mahi au gingembre, riz et légumes.Plat de carangue, un poisson de lagon, accompagné d’une salade d’avocatsPoisson (espadon) cru au lait de coco accompagné de riz
Tous les matins, autour de la table du petit-déjeuner, nous avons des conversations, des échanges très riches avec les invités de marque du Salon.
La dernière parution de Chantal Spitz (2022): un recueil de nouvelles acheté « Au Vent des Îles » le jour de mon arrivée à Papeete, le 10 novembre… sans me douter……. qu’à peu près quinze jours plus tard… Quelle coïncidence inouïe!
De son côté, Diana, au village, est aux anges!
Diana en compagnie d’un groupe d’ainées de Huahine qui reviennent, enchantées, d’une croisière autour de leur île. La croisière est offerte tous les ans par la mairie aux aînés (60 ans et plus) de la commune.
Départ, le jeudi 24 novembre, pour une grande excursion en scooter autour de Huahine.
Nouvelle île, nouveau scooter. Ci-dessus, près de Maeva
Une famille se détend sur une plage, près du village de Maeva, le jeudi 24 novembre
Au fur et à mesure que nous progressons vers le sud, vers Huahine Iti, le climat change, devient plus tropical.
Le paysage, les plages, sont magnifiques!
Panorama au sud du village de FitiiUne plage aménagée près de Parea. Il n’y a plus de grands complexes hôteliers à Huahine. Seules les petites et moyennes structures sont permises afin de protéger l’environnement fragile de l’île.
Les habitants de Huahine Iti, peu nombreux, nous accueillent avec un grand sourire!
Un papa fier de son enfant, sur la côte est de Huahine Iti. Le nom du bébé, en tahitien, signifie « entre mer et océan« .
Courte halte, à midi, pour déjeuner, au sud du village de Parea, dans un modeste casse-croûte installé près de la route, « Chez Tania ».
Le menu tout simple du restaurant « Chez Tania », le jeudi 24 novembre
Je suis surpris de voir sur la terrasse de l’établissement une femme très âgée, française, « de Bordeaux« , me dit-on, entourée d’une famille tahitienne.
Cette femme a besoin d’aide pour s’alimenter. Elle souffre de la maladie d’Alzheimer.
Que fait donc ici cette femme, seule, âgée, à Huahine Iti?
On m’apprend que cette aînée a été « abandonnée par ses quatre enfants » qui vivent, semble-il, en France. Une famille tahitienne du village prend soin d’elle, « pour le moment »…
Que se cache-t-il derrière cette triste histoire?
Secoué, je ne pose pas trop de questions. Nous reprenons la route. Il y a souvent, en voyage, des rencontres totalement inattendues….
Grillades devant les roulottes du port à Fare
En rentrant à Fare, Diana est heureuse de déguster, dans une des roulottes installées près du port, un délicieux plat de cuisine chinoise!
Plat de boeuf aux légumes offert à la roulotte « Tane Tiurai ». Merci à Faustine et à son mari, Étienne!
Nous avons adoré notre séjour à Huahine!
L’île est plus intime, moins peuplée que Moorea. Il y a aussi ici beaucoup moins de touristes. Et une plus grande mixité, semble-il, entre Tahitiens et « métros ».
Il a fait beau – très beau – presque tous les jours!
Avoir une superbe plage à cent mètres de notre bungalow, plage partagée tous les jours avec les familles, les riverains, les étudiants du collège de Fare, cela a été, pour nous, un énorme plus.
Nous avons eu l’impression pendant la semaine de faire un peu partie de la communauté.
Sous la supervision d’enseignants, des élèves du collègeétrennent de nouveaux kayaks à la plage de Fare, le samedi 26 novembre.
Nous avons eu beaucoup de chance de vivre ici, au soleil, l’hospitalité tahitienne.
Nous avons dû souvent nous pincer devant tous ces paysages de rêve!
L’aventure se poursuit. Nous partons ce matin, quatrième étape, pour l’île de Maupiti.
Tout va bien. Nous sommes en super forme. On vous embrasse!
Au programme mardi: 20 minutes de vol entre Huahine et Raiatea où nous ferons escale. Puis un trajet de 25 minutes jusqu’à Maupiti où nous arriverons en fin d’après-midi.Embarquement prioritaire sur notre vol Huahine-Raiatea le 29 novembre pour une dizaine de femmes enceintes qui partent accoucher à l’hôpital de Raiatea. Raiatea est la seule des Iles Sous-le-Vent à disposer d’un hôpital. Ces femmes (certaines accompagnées de leur mari) seront prises en charge pendant environ 4 semaines avant leur accouchement.
Malgré toutes nos bonnes intentions, nous avons vite réalisé qu’il est difficile de ne pas être touriste lorsqu’on séjourne à Moorea!
Retour à la maison, le mardi 15 novembre, après une journée bien remplie et une première baignade à la plage Ta’ahiamanu située à l’entrée de la baie Opunohou, sur la côte nord de Moorea. A l’arrière-plan, un bateau de croisière a jeté l’ancre dans les eaux claires de la baie.
L’île est très belle, verte, montagneuse, jalonnée de splendides plages de sable blanc!
Diana en grande conversation sur la plage Ta’ahiamanu
Nous quittons la plage ce jour-là en transportant nos casques…
de scooter!… Puisque c’est une des façons les plus pratiques de se déplacer ici. Aucun permis n’est requis à Moorea pour ce type de véhicule (50cc)
Une route goudronnée d’environ 60 kms (que nous avons parcourue deux fois en scooter dans les deux sens) fait le tour de Moorea. Nous sommes arrivés sur l’île, en traversier, au port de Vaiare, sur la côte est. Un taxi nous a emmenés en une trentaine de minutes à notre bungalow situé au village de Haapiti sur la côte ouest de l’île.
Nous souhaitions à Moorea vivre le plus indépendamment possible. Nous voulions aller et venir sur l’île à notre guise. D’où la nécessité d’avoir un scooter pour les déplacements – les transports en commun étant ici pratiquement inexistants. Nous voulions aussi un logement indépendant, avec une cuisine, loin des grandes structures hôtelières.
Nous avons eu la chance de trouver, au sud de la commune de Haapiti, exactement ce que nous recherchions.
Avant l’église de la Sainte Famille (direction nord), un chemin communal quitte la route principale, entre dans les terres et mène à…
Notre bungalow! Le Fare Opuhi, est situé au calme sur un vaste terrain arboré. Deux chambres, un grand salon, une cuisine, une machine à laver, deux terrasses. Nous partageons l’immense propriété (où poussent des ananas, des cocotiers) avec quatre autres bungalows dont deux, à cette saison, sont inoccupés. Nous avons donc beaucoup d’espace. Que nous partageons avec de petits lézards, des moustiques et des fourmis qui viennent régulièrement nous rendre visite! Fare = maison, Opuhi = fleur de gingembre
Comme partout depuis notre arrivée en Polynésie, nous sommes comblés par la politesse, la gentillesse des Tahitiens.
Hali, enfant du pays, nous accueille avec un grand sourire dans un des commerces du « Petit Village » de Haapiti.
Sur la route, en scooter ou en vélo, tout le monde pratiquement nous salue! Ia ora na!
Nous nous arrêtons fréquemment devant les maisons au bord la route afin d’acheter les denrées des riverains.
Clara offre sur une petite table, à Haapiti, des papayes et de succulents avocats. Tous ces produits sont cultivés à deux pas de notre logement.
Quelques kilomètres plus loin, Amo tient avec sa famille un étal de fruits récoltés dans son jardin. Le supplément de revenu que génèrent ces petits commerces est loin d’être négligeable dans le budget des familles.
Chacune de ces rencontres nous permet de faire connaissance avec les habitants de l’île. De mieux comprendre leur quotidien, leurs défis. Nous les écoutons attentivement.
La vie est chère à Moorea. Le modeste restaurant de Haapiti où nous étions jeudi proposait un plat du jour à 4000 CFP (Franc Pacifique), soit 33 euros ou 46 CAN$. Ce qui explique peut-être que la clientèle des restaurants et des cafés de l’île soit presqu’exclusivement composée de métros ou de touristes.
Nous n’avons aperçu ici aucun ma’ohi à la terrasse d’un café. Ou dans un restaurant. C’est dommage. Et révoltant aussi. Une situation que les dépliants touristiques se gardent bien de mentionner.
Deux autres remarques.
1. – Le taux de chômage en Polynésie française est officiellement de 9.5%. Cependant, même s’il s’agit d’une collectivité liée à la France, aucune allocation chômage n’est octroyée sur le territoire. (Comme c’est le cas par exemple en Martinique ou en Guadeloupe).
Un autre visage de Moorea. À côté d’une table de fortune, au bord de la mer, sur la côte nord de l’île
une femme fait cuire du « uru », le fruit de l’arbre à pain de Tahiti. Le « uru » était autrefois la base de l’alimentation des Polynésiens
2. – Nous avons été surpris d’apprendre que l’eau à Moorea n’est pas partout potable. En particulier dans notre secteur, entre Haapiti et Maatea (voir la carte plus haut). Une zone beaucoup moins touristique que la côte nord où sont regroupés la plupart des grands hôtels.
En faisant des recherches, je suis tombé sur le texte (ci-dessous) d’un reportage diffusé en janvier 2021 sur les ondes de Tahiti Nui Télévision.
« À Moorea, l’eau n’est toujours pas potable sur un tronçon de 15kms sur les districts de Maatea et Haapiti. Georges Huaa habite Maatea. Il doit lui-même potabiliser son eau: « Avant de servir l’eau, je prends toujours une compresse pour filtrer (…) On ne peut pas boire l’eau comme ça, on a la diarrhée. (…) Quand il pleut ici chez nous à Moorea, ça devient chocolat (…) On ne peut pas boire cette eau. On est obligés d’aller au magasin chercher de l’eau pour boire notre Milo, notre café. On n’est pas d’accord nous ici à Maatea. On paie l’eau et elle n’est pas propre. »
“Je comprends. On ne peut pas payer de l’eau chocolat à chaque fois, admet le maire. Il ne reste que 15kms à terminer. Je demande à la population de patienter un peu. Je sais que cette année on va tout faire, que le reste de la population puisse boire de l’eau potable.”
Les 20% de la population de Moorea qui ne bénéficient pas d’eau potable devront encore prendre leur mal en patience avant de pouvoir boire sans crainte au robinet… »
Le problème, deux ans plus tard, n’est toujours pas réglé.
Diana et moi avons dû, régulièrement, nous approvisionner en bouteilles d’eau.
Très peu de circulation sur la route qui fait le tour de l’île.
Ceci dit, Moorea, par beau temps, est magnifique!
Jamais je n’ai vu de végétation si luxuriante!
Ni à Bali ou Sumatra, au nord du Laos, en Thaïlande ou en Birmanie.
En scooter, sur « la route des ananas », le mardi 15 novembre. L’ananas est le fruit-roi de l’île et l’une des principales exportations de Moorea
Un bateau se fraye un passage à l’entrée de la baie Opunohu, près de l’éco-musée
Une maison, nichée à l’intérieur des terres, dans un quartier de Haapiti.
La météo n’a pas toujours été clémente pendant notre séjour. Nous avons eu droit, vendredi et samedi matin, à des pluies torrentielles.
Heureusement, Moorea se refait vite une beauté!
Aperçu de la plage Temae, l’une des plus belles de l’île, située à la pointe nord-est de Moorea. Diana, avec son casque, est sur la droite, en conversation. À l’arrière-plan,
vu du belvédère Toatea, un important complexe hôtelier
offre à ses clients un séjour de rêve dans les eaux turquoises de Moorea
Nous avons de notre côté préféré la plage calme et sereine de Tiahura située près du « Petit village » de Haapiti où nous avons fait le jeudi 17 novembre une deuxième, longue et délicieuse baignade. Nous avions la plage pratiquement à nous.
Michel, travailleur agricole, rencontré sur un chemin à Haapiti, le samedi 19 novembre.
En parlant aux riverains, aux métros installés sur l’île, nous avons beaucoup appris.
En les écoutant, cependant, il semble que les deux communautés vivent dans des mondes parallèles.
Peu de points de contact. Les mentalités, les priorités sont différentes.
Du moins, c’est mon impression. À confirmer dans les prochaines semaines.
La magnifique plage de Varari, située à 30 minutes en vélo au nord de notre bungalow. Dimanche matin, 20 novembre, 9h. Il n’y a pas un chat. Quelle découverte après la messe!
Nous quittons Moorea mardi matin pour l’île de Huahine, troisième étape de notre périple.
Un vol de 35 minutes avec Air Tahiti.
Distance à vol d’oiseau entre Moorea et Huahine: environ 160 kilomètres
C’est un autre voyage qui commence.
Après les Îles du Vent (Tahiti et Moorea) qui regroupent 75% de la population de la Polynésie française, nous allons vivre, aux Îles Sous-le-Vent, puis dans l’archipel des Tuamotu, dans des territoires très isolés et de moins en moins peuplés.
Huahine compte environ 6 000 habitants. L’île de Maupiti, notre quatrième étape après Huahine, en compte à peine 1300. Et Tikehau, dans les îles Tuamotu, moins de 600.
Notre pension de famille à Huahine est située près de la commune principale de l’île, Fare.
Nous sommes très reconnaissants de pouvoir réaliser ce voyage! Tout se passe bien.
Merci à tous les habitants de Moorea, « l’île soeur » (de Tahiti), de nous avoir si gentiment accueillis!
Hekeani, originaire des Marquises, vit depuis de nombreuses années à Moorea et travaille à la boutique du Lycée Agricole de Opunohu, dans le nord de l’île. Hekeani est diplômée du lycée qui offre plusieurs filières et formations à environ 200 étudiants provenant des 5 archipels de la Polynésie. Informations supplémentaires: ici
Trois amies déjeunent tranquillement dans l’un des espaces verts qui longe le bord de mer du centre-ville de Papeete, le jeudi 10 novembre.
Aperçu de la promenade, les Jardins de Paofai, le lendemain matin, le vendredi 11 novembre.
Arrivée toute en douceur à Papeete, le jeudi 10 novembre, après un vol de 8 heures depuis San Francisco. Il est 5h30 du matin. Il fait 22 degrés. En descendant de l’avion, sur le tarmac de l’aéroport, une délicate odeur caresse nos narines. C’est le parfum des fleurs de frangipaniers qui flotte dans l’air chaud et humide du petit matin. Nous respirons à pleins poumons. Notre voyage commence plutôt bien.
Accompagnés de leurs ukulélés, un groupe de musiciens accueille avec un grand sourire les voyageurs, surpris, ravis de se retrouver sous les tropiques. Les musiciens entonnent en choeur une chanson traditionnelle tahitienne. « Maeva! » (Bienvenue)!
Les formalités sont remplies en un clin d’oeil, les bagages récupérés. A l’extérieur, Thérèse, la gérante de notre auberge nous attend, comme prévu. « Ia ora na » (Bonjour) Tahiti!
Un peu plus tard, alors que nous quittons notre établissement, Robert (« Redford, comme l’acteur », plaisante-t-il) vient spontanément nous souhaiter la bienvenue! Robert travaille ici comme jardinier. « Māuruuru » (merci) Robert!
Vu le grand ciel bleu au-dessus de Papeete, nous décidons après le petit-déjeuner de profiter au maximum de notre première journée sur le sol tahitien.
Nous filons vers le centre-ville. En suivant, comme on nous l’a conseillé, la promenade du bord de mer, située à deux pas de notre auberge.
Après dix minutes de marche, alors que nous déambulons au soleil, heureux comme des enfants, une immense surprise nous attend. Devant nous, sur le chemin, à une centaine de mètres, quelque chose, un événement, se prépare. Sous nos yeux.
Un groupe de danseurs des îles Marquises est réuni, sur la promenade du bord de la mer…
Quelques minutes plus tard, nous assistons, éberlués, fascinés, à un spectacle inouï de danse traditionnelle des îles Marquises!
Les danseurs de la troupe Kaipeka o te kaikaiana
des îles Marquises.
Le spectacle célèbre l’arrivée, à Papeete, des premiers voiliers qui participent à une course épique autour du monde, le Globe 40.
Le trajet de la course – c’est la première édition cette année – donne le vertige: départ du port de Lorient, en France, puis cap vers Tanger – l’île Maurice – Auckland – Papeete – Ushuaïa (Argentine) – Recife (Brésil) – et retour à Lorient, en mars 2023. Un parcours de 9 mois.
Quatre équipages – Hollande, Japon, Canada, États-Unis – sont encore en lice. Et rien n’est joué. Il y a déjà eu deux abandons: un voilier marocain et un voilier français. Infos supplémentaires sur le Globe 40: ici
Ci-dessus, les membres de l’équipage du voilier hollandais, accueillis en héros à Papeete, le jeudi 10 novembre. L’équipage hollandais est, pour l’instant, en tête de la course. Suivi par les Américains, les Japonais et les Canadiens.
Après les félicitations, le spectacle reprend…
de plus belle…
… devant un public médusé…
et… un peu craintif. On ne badine pas avec des gaillards comme ceux-là!
Quelle incroyable introduction à la culture de la Polynésie française!
Encore étourdis par ce spectacle inattendu, nous poursuivons notre route vers le centre-ville. Destination: le marché municipal de Papeete.
Ouvert dès l’aube, le marché de Papeete est l’un des lieux emblématiques de la ville.
Tout le monde se croise ou se donne rendez-vous ici.
En plus des nombreux étals de fruits, de légumes, on peut également se restaurer au marché (au 2è étage) ou acheter des souvenirs.
Quelques rues plus loin au centre-ville, un immense plat de « paella » mijote sur le trottoir du boulevard Pomare, l’une des artères principales de la ville… pendant qu’à deux pas…
des musiciens de rue chantent…
ou s’organisent avant un concert. Dans les deux cas, une corbeille bien en évidence vient récolter l’aumône des spectateurs. Signe des grandes difficultés que vivent aujourd’hui les Polynésiens. Partout, autour de Papeete, la pauvreté, malheureusement, progresse.
Première journée pleine d’enseignements!
Papeete, vendredi 11 novembre
Matinée beaucoup plus sobre le lendemain, vendredi 11 novembre.
Après une nuit de pluies torrentielles, le soleil, timidement, fait son apparition, et nous assistons, au centre-ville, vers 9h, à la très solennelle cérémonie du jour du Souvenir…
La cérémonie a lieu devant l’édifice du Haut-Commissariat de la République…
… et commémore « lespoilus » et les soldats tahitiens morts pour la France pendant les grands conflits mondiaux. Plus de 300 « poilus » tahitiens ont péri en Europe entre 1914 et 1918.
J’ai eu la nette impression en quittant la cérémonie que les sentiments étaient ici très mitigés quant à la présence militaire française en Polynésie. Le public était en grande majorité composé de « métros« , le nom qu’on donne ici aux ressortissants ou aux expatriés français établis en Polynésie. Les maohi, eux (les Tahitiens), brillaient par leur absence.
Victoria, des îles Tuamotu, est venue passer quelques jours à Papeete. Son objectif: essayer de vendre quelques-unes des créations de sa grand-mère, une artiste basée aux Tuamotu.
Sur les conseils d’autres voyageurs, nous allons un matin visiter une exposition d’artisanat des îles Tuamotu.
L’événement se tient au centre-ville de Papeete dans le très beau jardin de l’Assemblée électorale de la Polynésie française.
57 députés, élus pour cinq ans, représentant les cinq archipels du territoire, siègent à l’Assemblée électorale de la Polynésie française
Les ressources de la mer et de la terre sont au coeur de ce grand « Salon des Tuamotu« . Une trentaine d’artisans ont été invités à exposer à Papeete pendant une dizaine de jours
Les oeuvres, confectionnées avec les matériaux disponibles sur ces îles lointaines, sont remarquables!
Ensemble de colliers de coquillages créés par
Célestine, une artiste qui vit sur la petite île de Ahé dans les Tuamotu
Magnifique assortiment de bijoux des îles Tuamotu…
Les artistes présents sont très fiers d’exposer ici leurs oeuvres
Collection unique de chapeaux et de sacs des Tuamotu. Sur la gauche, une artiste non identifiée.
Tehono, ci-dessus, vient des îles Marquises et revendique fièrement ses origines. Tehono (qui préfère son nom marquisien à son prénom français, Marthe) présente au Salon quelques-unes des créations des membres de sa famille.
Chapeau à tous les exposants!
Moeata Tahiri, présidente du comité organisateur de l’exposition explique que les Tuamotu « sont un vivier de ressources. Trop souvent,nous asssocions les Tuamotu au coprah. Mais il y a beaucoup d’autres ressources: le miki miki, les fibres de coco, le kere, lesgousses d’acacia, le bois flotté, les coquillages et bien d’autres ressources… »
Une autre très belle expérience vécue à Papeete! Félicitations à tous les artistes!
Fidèles réunies hier matin devant l’église protestante de notre quartier à Papeete
Il faut déjà songer à quitter Papeete! Nous partons ce matin.
Avant notre départ, nous vous laissons avec quelques dernières images prises hier matin, dimanche, au marché municipal de la ville.
Le dimanche
est sans aucun doute
la journée
la plus achalandée
au marché de Papeete!
Nous partons donc comme prévu ce matin pour la deuxième étape de notre voyage: l’île de Moorea.
Un trajet de 35 minutes en traversier depuis Papeete.
Nous serons basés pendant huit jours à Moorea dans le village de Haapiti, situé au sud-ouest de l’île.
Notre séjour en Polynésie française n’aurait pas pu mieux débuter. Nous sommes en pleine forme. Tout va bien. On vous embrasse.
Diana en compagnie de Miri, Lydia, Keha et Candy, à Papeete
Comme Bougainville, Melville, Gauguin, Brel et tant d’autres aventuriers, je pars dans quelques jours pour Tahiti et les îles de la Polynésie française. Un voyage de deux mois. Un rêve que je m’étais promis de réaliser dès la fin de mon périple en France sur le chemin de Compostelle.
Un voyage au bout du monde. Dans les archipels et îlots des mers du Sud. Aux Îles Tuamotu. Aux Marquises.
Un voyage dans une région, un espace culturel, complètement inconnus pour moi. Que j’ai hâte de découvrir, à petits pas, avec respect et humilité. Diana m’accompagne bien sûr.
Les cinq archipels qui composent la Polynésie française. Un territoire immense. Au cours de ce voyage, nous visiterons trois des cinq archipels: les îles de la Société, les îles Tuamotu et les Marquises.
Lorsqu’on évoque aujourd’hui un voyage à Tahiti, les idées préconçues, les images de cartes postales, les clichés, malheureusement, ne manquent pas.
Depuis Bougainville et les nombreux récits des navigateurs européens puis américains dans ce « paradis perdu », le mythe de Tahiti – « fantasme collectif » – perdure.
Pour la plupart des touristes et des agences de voyages, la région se résume, invariablement, aux paysages de rêve, aux plages somptueuses, aux couchers de soleil. Et au mythe persistant du « bon sauvage » qui vit heureux sur une île peuplée de femmes dociles, mystérieuses, langoureuses. Comme dans un tableau de Gauguin
Le croquis est à peine exagéré.
Une fois leur croisière ou leur lune de miel terminée, les visiteurs repartent en général assez vite. Les statistiques nous apprennent que la durée moyenne d’un séjour touristique en Polynésie française était, en 2019, de 12 jours. À l’image de Bougainville qui n’a passé, en 1768 … que 9 jours à Tahiti!
Soulignées en rouge, nos cinq haltes dans les Îles de la Société que nous visiterons dans l’ordre suivant: Tahiti, Moorea, Huahine, Maupiti et Bora-Bora. Séjour prévu d’une semaine dans chacune des îles, sauf à Bora-Bora où nous serons en transit une journée. Voir l’itinéraire complet à la fin de l’article.
Notre projet de voyage est bien différent. Pas de croisière au programme pour nous. Ni de séjour dans un bungalow sur pilotis, au bord d’un lagon splendide et isolé. Nous voulons au contraire être au plus près des gens. Nous souhaitons si possible vivre, partager et observer – derrière la carte postale – la vie quotidienne des Tahitiens et Tahitiennes.
Nous aimerions les écouter. Entendre leurs interrogations. Leurs espoirs. Leurs craintes. Quels sont leurs défis? Leurs fiertés? Comment nous perçoivent-ils?
Tous nos hébergements, sauf à Papeete et Moorea, ont été réservés dans des petites pensions de famille, des structures modestes, en demi-pension souvent. Les petits déjeuners et certains repas seront pris en commun, en famille, en compagnie d’autres voyageurs. En toute simplicité. Une formule que j’aime bien. Qui s’apparente un peu à celle des « chambres d’hôtes » que j’ai tant appréciées lors de mes randonnées sur le GR65.
Avec une différence majeure cette fois. À chacune de nos étapes, Diana a bien l’intention de se rendre indispensable dans la cuisine et dans la préparation des repas! ♥♥
Nous espérons aussi nager, le plus souvent possible, dans ces magnifiques eaux turquoises!
La petite île de Tikehau, située à l’ouest de l’archipel des Tuamotu, où nous passerons une semaine avant de revenir quelques jours à Papeete.
Pour le voyageur indépendant, ce n’est pas simple de préparer un long séjour en Polynésie française! Il faut constamment faire le tri entre les images parfois trompeuses des brochures et la réalité tronquée des discours officiels sur Tahiti.
Je suis donc plongé depuis deux mois déjà dans des recherches sur l’histoire, la littérature et les profondes blessures de ce territoire immense, complexe, annexé par la France au 19è siècle, puis brutalement colonisé.
Un territoire dont le statut n’a cessé d’évoluer.
Ancien « protectorat », puis « établissement français del’Océanie », la Polynésie française est aujourd’hui une « collectivité d’outre-mer » qui jouit d’une autonomie très restreinte. Les grandes décisions se prenant toujours à Paris. À 16 000 kilomètres de Papeete.
Dernière étape de notre périple: les Marquises. Nous passerons autour de Noël une dizaine de jours à Nuku Hiva avant de débuter les premiers jours de l’année 2023 à Hiva Oa. Depuis Papeete, il faut compter environ 3h30 de vol pour rejoindre les Marquises.
Depuis de nombreuses années, depuis le début des années soixante surtout, des voix, de plus en plus fortes, réclament pour Tahiti l’indépendance ou, à minima, une plus grande autonomie.
Le débat est parfois violent. Comme en témoignent les émeutes qui ont secoué Papeete, en septembre 1995, suite à la reprise des essais nucléaires français en Polynésie française.
Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires français (aériens et souterrains) ont été réalisés sur le territoire. Essais concentrés à proximité des atolls de Moruroa et Fangataufa, dans l’archipel des Tuamotu.
Scènes de violence à l’aéroport Faa’a de Papeete, le 6 septembre 1995. L’émeute s’est ensuite déplacée au centre-ville. Selon La Dépêche de Tahiti (7 septembre 1995) « le bilan de cette terrible journée fait état de seize blessés dont deux graves, des dizaines d’incendies volontaires, plus de 150 véhicules détruits, deux avions gros porteurs endommagés et au moins un milliard de francs de dégâts. »- Photo: La Dépêche de Tahiti.
Parmi ces voix qui revendiquent l’indépendance et veulent « dynamiter les mythes sur Tahiti construits par les autres » (Chantal Spitz), des écrivains, des femmes surtout, que je commence à peine, séduit, à découvrir.
Plusieurs de ces romanciers sont publiés par la maison d’édition « Au vent des îles », basée à Papeete. La plupart de leurs ouvrages sont, malheureusement, introuvables à Vancouver, même à UBC. Je leur ai donc écrit. Et ils m’ont répondu, très gentiment. Merci Anna!
« Au vent des îles » sera, le 10 novembre, l’un de mes premiers arrêts à Papeete. J’y ferai provision de livres pour le voyage.
Chantal Spitz, auteur de « l’Île des rêves écrasés » (1991) vit sur l’île de Huahine
Titaua Peu a publié en 2003 « Mutismes« . Voir « Notesde lecture » ci-dessous.
Voici donc notre itinéraire pour les deux prochains mois.
9 – 10 novembre = Vancouver – San Francisco – Papeete
A – Archipel de la Société – Îles du Vent
10 – 14 novembre = Papeete
14 – 22 novembre = Moorea
B – Archipel de la Société – Îles Sous-le-Vent
22 – 29 novembre = Huahine
29 novembre – 6 décembre = Maupiti
6 -7 décembre = Bora-Bora(escale)
C – Archipel des Tuamotu
7 – 13 décembre = Tikehau
13 – 16 décembre = retour à Papeete
D – Archipel des Marquises
16 – 26 décembre = Niku Hiva
26 décembre – 4 janvier = Hiva Oa
4 – 7 janvier = Retour à Papeete
7 – 8 janvier = Papeete – San Francisco – Vancouver
Bonne fin d’automne à tous!
Notes de lecture:
Titaua Peu, Mutismes – (Papeete, 2003)
Le récit cinglant d’une jeune femme tahitienne qui lève courageusement le voile sur les tabous de la société ma’ohi (autochtone) en Polynésie française. Le roman, autobiographique, est aussi un appel à l’indépendance du territoire, le « fenua ». Titaua Peu grandit dans un quartier pauvre de Papeete en compagnie de sa mère, de ses deux sœurs et de son frère. La famille a fui, une nuit de folie, un père et un mari violent, alcoolique. Très jeune, l’enfant observe les inégalités, les injustices et les humiliations que doivent subir les gens du pays face aux « métros », les ressortissants français établis à Tahiti. Sa colère naît, enfle, gronde. Rebelle, elle rencontre un soir, à l’âge de 16 ans, Rori, un des chefs du mouvement indépendantiste du pays. Il est de vingt ans son aîné. Ils deviennent amants. Scandalisée, la mère exile l’adolescente sur une île voisine, Taha’a. Malgré l’éloignement, la jeune femme soutient et rejoint bientôt Rori dans ses combats, à Papeete, notamment contre la reprise des essais nucléaires français. Un roman magnifique, écrit par une femme profondément attachée à l’histoire et à la culture de son île. Infos supplémentaires: ici. Titaua Peu a publié en 2017 un second roman, « Pina ».
Paul Gauguin, Oviri. Écrits d’un sauvage
Le journal d’un homme tourmenté. Malgré son statut très contesté en Polynésie française, je tenais à lire cet ouvrage avant mon départ, et je n’ai pas été déçu. Bien au contraire. Le live est en grande partie une collection de lettres: la correspondance bouleversante de Gauguin à son épouse Mette (d’origine danoise) et à quelques amis pendant ses longues années de pérégrinations en France et à l’étranger. Gauguin a eu plusieurs vies. Encore jeune, il abandonne, à Paris, une vie bourgeoise et un emploi stable de courtier afin de se consacrer entièrement à la peinture. Sa vie bascule. Mette rentre au Danemark. Commence alors pour Gauguin une vie d’errance. Il part chercher l’inspiration et peint en Bretagne, à Arles, en Martinique, à Panama. Il fréquente, à Paris, Degas, Mallarmé. En 1891, Gauguin débarque à Tahiti. Hormis un bref retour en France (où ses tableaux se vendent peu), il passera le reste de sa vie en Polynésie française. Ce recueil de lettres permet de mesurer la nature perpétuellement rebelle de Gauguin qui se bat, en France, contre « les bourgeois, des gens peu recommandables » et à Tahiti contre à peu près tout le monde – sauf la population indigènequ’il admire et respecte. Dans ses dernières lettres, Gauguin dénonce les pratiques de l’église catholique et les abus d’une administration coloniale qu’il juge corrompue. Il meurt en 1903, à Hiva Oa, aux Marquises, dans le plus grand dénuement.
Après trois mois de sécheresse presque sans précédent, l’automne et la pluie sont de retour à Vancouver. Ci-dessus, East 10th Avenue, entre les rues Fraser et Main, au coeur de notre quartier, Mount Pleasant, le dimanche 30 octobre.
Un dernier mot.
Le début de l’automne a été fertile en événements en Colombie-Britannique. Vancouver a élu le 15 octobre son premier maire d’origine asiatique, Ken Sim, 52 ans. Un événement historique. Et un symbole fort dans une ville où 54% des habitants disent appartenir à une minorité visible. Le nouveau maire sera assermenté le lundi 7 novembre.
D’un autre côté, le gouvernement provincial (NPD, centre-gauche), vient d’annoncer qu’il ne soutiendrait pas la candidature de Vancouver aux Jeux olympiques d’hiver de 2030, vu le coût exorbitant de l’événement (2 milliards de dollars au bas mot). Sage décision – malgré la déception légitime exprimée par les nations autochtones, qui devaient, pour la première fois, être intimement associées à ce projet olympique.
À une centaine de mètres de la photo précédente, toujours dans le quartier Mount Pleasant, une pancarte, à l’extérieur du parc Sahalli, rappelle à la communauté l’histoire trop longtemps négligée des territoires non cédés des peuples autochtones de la Colombie-Britannique. La ville de Vancouver est en effet depuis 1886 située sur les terres et les eaux non cédées des nations Musqueam,Squamish et Tsleil-Waututh. Le conflit n’a toujours pas été résolu.
Mercredi 20 juillet, en route vers les Pyrénées, 13è étape (sur 17), entre les villages de Pomps et Maslacq…… au coeur d’une région magnifique, le Béarn! – l’une de mes plus belles découvertes cet été.La carte du Béarn que traverse en partie le GR65. D’Arzacq-Arraziguet, où j’ai fait halte une nuit, à Arthez-de-Béarn, avant d’entrer, après Navarrenx, au Pays basque. Les villages de Pomps et Maslacq, où j’ai aussi passé la nuit, sont respectivement situés au nord et au sud d’Arthez-de-Béarn.
Il m’a fallu plusieurs semaines cette fois-ci pour me remettre de l’expérience du Chemin. Me remettre physiquement d’abord. Mais pas seulement.
Plusieurs semaines passées à trier, au calme, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Paris, puis à Vancouver, tout ce que j’avais vu et vécu cet été sur le GR65.
Plusieurs semaines pour prendre un peu de recul. Et réaliser que j’avais enfin terminé – et réussi! – mon projet un peu fou de randonnée entamé, il y a plus de quatre ans, au Puy-en-Velay!
Célébration à Saint-Jean-Pied-de-Port, le jeudi 28 juillet, trois jours après la fin de mon périple. Je repars le lendemain, en train, pour Paris. Mission accomplie. Au-revoir, Pays basque – à bientôt! Restaurant Le Chaudron, Place des Remparts.
Avant d’aller plus loin, récapitulons.
Dimanche 17 juillet, étape 10 entre Barcelonne-du-Gers et Miramont-Sensacq (Landes)
J’ai parcouru, en trois « saisons » sur le GR65 (2018, 2019, 2022), les 740 kilomètres de « la Via Podiensis », la Voie du Puy qui emmène marcheurs et pèlerins du Puy-en-Velay, en Haute-Loire, jusqu’aux Pyrénées.
Voir ici eticiles trajets effectués au printemps 2018 et au printemps 2019. (SVP cliquer sur les mots/chiffres en caractères gras pour avoir des détails supplémentaires).
Et voirici l’esprit dans lequel j’ai entrepris ce projet en 2018.
Le tracé complet de « la Voie du Puy ». Soulignées en bleu, les villes/communes où j’ai soit commencé, soit terminé chacune de mes trois « saisons » sur le chemin de Compostelle en France: Le Puy-en-Velay – Conques (2018), Cahors – Nogaro (2019), Conques – Cahors (2022) et Nogaro – Saint-Jean-Pied-de-Port (2022).
J’ai terminé cette randonnée épique en franchissant comme prévu cet été, entre le 5 et le 25 juillet, 325 kilomètres. Répartis en 17 étapes et deux tronçons.
Tronçon 2. = 9 étapes: De Nogaro (Gers) à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pays basque) = 189 kms. Nous y sommes. Voir la carte ci-dessus.
Lundi 18 juillet, étape 11, une randonneuse solitaire entre Miramont-Sensacq (Landes) et Arzacq-Arraziguet (Béarn)
Depuis le printemps 2018, j’ai eu le bonheur de traverser, en partie, huit départements, dans l’ordre suivant. ( ) = le code du département.
La Haute-Loire (43) – la Lozère (48) – l’Aveyron (12) – le Lot (46) – le Tarn-et-Garonne (82) – le Gers (32) – les Landes (40) et les Pyrénées-Atlantiques (64)
Que retenir et quelles leçons tirer de ce périple de 740 kilomètres effectué sur les merveilleuses routes du sud-ouest de la France?
Samedi 23 juillet, étape 15, entre Navarrenx (Béarn) et Bellevue (Pays basque)
Cette longue randonnée a d’abord été, pour moi, une expérience hors du commun. Une aventure inoubliable.
Une aventure qui incite aussi à la réflexion, à l’introspection.
Comment en serait-il autrement? – Après avoir parcouru seul, la plupart du temps, 740 kilomètres. (Marcher seul était mon choix, dès le départ).
Voici donc, sur cette épopée, quelques réflexions et observations personnelles – qui n’engagent que moi.
Puisque, selon ses circonstances, sa situation, son état d’esprit, chacun vit, sur le GR65, une expérience différente.
A chacun son chemin.
Entre Pomps et Maslacq, le mercredi 20 juillet.Randonneurs australiens, suisses, américains, français et canadiens réunis autour de la table de la ferme Gainekoetxea, à Ostabat, au Pays basque, le dimanche 24 juillet. Nous rejoindrons tous le lendemain, Saint-Jean-Pied-de-Port, 25 kms au sud.
Le 1er constat, très personnel, c’est qu’au fil de ces trois saisons, le chemin de Compostelle en France s’est peu à peu, pour moi, profondément transformé, métamorphosé.
À chacun de mes retours sur le GR65, le chemin a pris, inexorablement, une dimension différente.
Il y a d’abord eu, au départ du Puy-en-Velay, une dimension spirituelle. De nombreux marcheurs croisés sur le GR65, en 2018, étaient sur la route, semble-t-il, dans le cadre d’une démarche religieuse, pieuse.
Le terrain s’y prête. Il y a entre Le Puy-en-Velay et Conques des chapelles splendides, des églises magnifiques. Où les pèlerins, souvent, s’arrêtent. Prient. Allument un cierge parfois. Ce premier tronçon du chemin, en Haute-Loire, en Lozère, en Aveyron, est tout simplement somptueux. Il invite à la méditation, à l’intériorisation.
Les édifices et symboles religieux sont de moins en moins fréquents sur le GR65 à mesure que l’on se rapproche des Pyrénées. Mais ils sont toujours présents. Ci-dessus, le lundi 25 juillet, avant l’arrivée à Saint-Jean-le-Vieux, à 4 kms environ de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Changement radical au printemps 2019 lors de ma deuxième saison sur le GR65!
Entre Cahors et Nogaro, la dimension spirituelle du chemin s’est estompée. Remplacée par le bonheur pur et simple de découvrir, dans des régions superbes, dans le Quercy, en Gascogne, dans le Gers, toute la palette et la richesse de la cuisine du Sud-Ouest!
Foie gras, pâtés, rillettes, canard confit, fromages, vins, armagnac. Je ne me suis pas privé! Et je reprenais vite, midi et soir, autour des « plats du jour » et des repas dans les maisons d’hôtes, les quelques kilos perdus lors de mes étapes quotidiennes.
Ce deuxième tronçon du chemin a été, pour moi, en un mot, épicurien. Je ne m’y attendais pas. Je me suis laissé tenter. Et je n’ai aucun regret!
Quel bonheur de goûter à Cahors, à Montcuq, à Auvillar, à Eauze, à Montréal-du-Gers, à Nogaro, à des plats fabuleux!
J’ai découvert, au fil de ces étapes, dans le Gers surtout, une façon de vivre bien particulière. Un art de vivre en fait qui célèbre, autour de la table, des produits du terroir, convivialité et plaisir partagé.
Poivrons farcis accompagnés de fromage fondu et de piperade, à Pomps (Béarn), le mardi 19 juillet.
Ma troisième saison enfin, celle que je viens de terminer, a eu, comme principale caractéristique, l’effort physique. Effort intense. Quotidien. Ininterrompu. Cela n’a pas été facile.
Premier défi? Sur cette dernière section du chemin, entre Nogaro et Saint-Jean-Pied-de-Port, les villages, les lieux habités sont beaucoup plus rares. Les hébergements, les commerces et les points d’eau aussi.
Il faut donc faire de plus longues étapes. De 22 à 25 voire 27 kilomètres par jour. Beaucoup plus que la moyenne à laquelle je m’étais confortablement habitué – de 18 à 21 kilomètres environ par étape.
Étape 16, le dimanche 24 juillet, 25 kms entre Bellevue et Ostabat, dans les Pyrénées-Atlantiques
Second défi, il y a eu à la mi-juillet, dans le sud-ouest de la France, un long épisode de canicule. Alors que je débutais le deuxième tronçon de ma randonnée à Nogaro (Gers), le thermomètre est monté, en quelques jours, à 37, 38 puis 39 degrés.
Pour éviter la grande chaleur, comme la plupart des pèlerins, je quittais mon logement au lever du jour, autour de 6 heures.
6h30 du matin, rue Carnot, au coeur de la petite ville d’Aire-sur-l’Adour, dans les Landes. J’ai quitté mon hébergement 30 minutes plus tôt et j’ai posé mon sac devant l’une des seules boulangeries ouvertes si tôt ce matin-là. A l’intérieur, « les petites mains », essentielles au chemin, préparent mon ravitaillement (sandwiches, salade) pour la journée.
Le samedi 16 juillet, il a fait plus de 40 degrés sur le chemin lors d’une de mes plus longues étapes (25 kms) entre Nogaro et Barcelonne-du-Gers.
En pleine canicule entre Nogaro et Barcelonne-du-Gers, le samedi 16 juillet. Cette étape a sans doute été l’une des plus difficiles en trois saisons sur le GR65. Une étape homérique.
Seul sur le GR65 ce jour-là, et cheminant le plus vite possible sous un soleil de plomb, j’ai commencé à regarder de façon beaucoup moins sympathique les immenses champs de maïs, puis les champs de fleurs de tournesol – interminables – par lesquels passe le chemin dans cette partie du Gers. J’avais parfois l’impression de marcher dans un four.
Un groupe de randonneurs longe en plein soleil, le samedi 16 juillet, un champ de fleurs de tournesol
Tous mes respects aux agriculteurs qui doivent, l’été, assurer la gestion et l’irrigation de ces vastes champs.
J’ai dû boire en six heures de marche plus de 4 litres d’eau.
Alleluia! Alleluia! Il me reste quand même vingt bonnes minutes de marche avant le village…
Heureusement, en arrivant à destination, à Barcelonne-du-Gers, la maîtresse de maison, à La Bastide du Cosset, a eu l’immense gentillesse de m’ouvrir la porte de ma chambre d’hôtes. il était midi 30. Merci, Florence! J’étais littéralement trempé de sueur.
Après ma douche, je me suis aperçu que mon tee-shirt (bleu), sur le plancher, avait changé de couleur. Il était devenu presque blanc. La sueur, séchée, y avait laissé de grandes traces blanches.
Le petit jardin de la Bastide du Cosset, une ancienne maison de Maître, entièrement restaurée. Une excellente adresse à Barcelonne-du-Gers.
Seconde étape caniculaire le lendemain, dimanche 17 juillet, jusqu’au village de Miramont-Sensacq, dans les Landes – où une bonne surprise m’attendait!
Après 5 heures de marche, quel plaisir d’arriver à La Maison du Bos, une bâtisse du 18è siècle, rénovée elle aussi, à Miramont-Sensacq. Calme et confort assurés pour les randonneurs.
Autour de la table ce soir-là, un couple hollandais, ex-pèlerins, accompagnés de leur fille. Le couple vient de publier un ouvrage illustré qui retrace leur aventure et leurs rencontres sur le chemin de Compostelle, en France et en Espagne, quinze ans plus tôt. Le livre contient de merveilleuses photos.
Salade de tomates du jardin à la Maison du Bos, à Miramont-Sensacq
Pour célébrer la publication de leur ouvrage, ce couple, charmant, a décidé de revisiter, en famille et en voiture cette fois, quelques-uns des lieux marquants de leur pèlerinage. Un projet qui a été, pour eux, déterminant. Ils s’étaient arrêtés, jadis, àLa Maison du Bos.
Souper à la Maison du Bos. Ce que la photo ne montre pas, c’est mon état avancé d’épuisement. Après une autre étape de 20+ kms et malgré une sieste, je tiens à peine debout. Départ, le lendemain, à 6h, pour Arzacq-Arraziguet.
Heureusement, la canicule, peu à peu, s’est atténuée les jours suivants.
Et j’ai pu poursuivre plus sereinement mon chemin dans le Béarn puis au Pays basque.
J’ai rencontré en route une pléiade d’individus, attachants, étonnants.
Comme ces trois pèlerins croisés le 19 juillet dans le Béarn entre Arzacq-Arraziguet et Pomps.
Théo, Florian et Louis cheminent ensemble, souriants, décontractés, sur le GR65. Ils vont jusqu’à Santiago, en Espagne. Florian (au milieu) me parle du Vietnam, où il est allé en 2014. Il a loué à Saïgon avec un ami, une moto. Et les deux compères ont traversé le pays jusqu’à Hanoï puis Sapa. Très impressionné par la maturité de ces trois jeunes gens. Bonne route, messieurs!
Autre rencontre le lendemain, avec une dame d’un certain âge, très digne, la mère du propriétaire de ma chambre d’hôtes, à Maslacq, dans le Béarn. Nous conversons sur la galerie.
Chambre d’hôtes La Ferme du Bicatou, à Maslacq, le mercredi 20 juillet.
Madame G. m’explique, dans une langue admirable, qu’elle regrette la disparition du Béarnais, une variante du Gascon, qu’on parlait autrefois à Maslacq. Le Béarnais a presque disparu aujourd’hui. On l’entend encore parfois, parlé par les anciens, sur les marchés et sur les places des villages. On l’enseigne à l’école, mais la langue meurt peu à peu.
Le Béarnais était pourtant, jusqu’à la Révolution, la langue administrative et juridique de l’état du Béarn.
En quittant Maslacq le jeudi 21 juillet
Deux jours plus tard, après avoir quitté Navarrenx, en route pour Bellevue, au Pays basque, je rencontre sur le chemin, près du bourg de Lichos, Josiane. Longue et amicale conversation.
Josiane, près de son domicile, sur le GR65, dans la commune de Lichos, au Pays basque, le samedi 23 juillet.
Josiane en a gros sur le coeur ce jour-là. Et veut le faire savoir. Le problème? Elle est retraitée, sans véhicule et dépend entièrement de ses enfants pour ses déplacements – ses rendez-vous, aller faire des emplettes ou voir des amis. Le village le plus proche, avec des commerces, Mauléon-Licharre, est à 10 kilomètres. Pau, la préfecture, est à plus de 50 kilomètres. Comment faire?
La commune de Lichos, me dit-elle, a récemment mis en place un service de navette, presque gratuit, pour les anciens. Mais les communications avec le chauffeur se font uniquement par SMS… et Josiane a du mal avec les SMS…
Point d’eau près de Navarrenx
Mes trois dernières étapes entre Navarrenx et Bellevue (18 kms), Bellevue et Ostabat (25 kms) et Ostabat et Saint-Jean-Pied-de-Port (25 kms) sont parmi les plus belles!
Sur le GR65 entre le Béarn et le Pays basqueEn arrivant à Bellevue, à proximité de la ferme Bohoteguia, le samedi 23 juilletLa fenêtre de ma chambre d’hôtes à Bellevue, grande ouverte (au milieu) au deuxième étage, donne sur le paysage de rêve, ci-dessous. Il n’y a, ce jour-là, aucun autre client dans la maison. Bonheur absolu.Les randonneurs ont choisi ce soir-là de dormir un peu plus bas sur le GR65, à la ferme Bohoteguia, quelques centaines de mètres plus loin.6h30 du matin, au départ de l’avant-dernière étape, la 16è: Bellevue-Ostabat, le dimanche 24 juillet.
Et les pèlerins?
En route pour Ostabat, le dimanche 24 juillet
La plupart des riverains ou des automobilistes qui croisent les randonneurs sur le GR65 sont loin d’imaginer à quoi ressemble la réalité quotidienne des pèlerins.
En un mot comme en mille, on ne chôme pas sur le chemin.
Il faut le matin planifier soigneusement son itinéraire et son ravitaillement. Se munir de pain, de fromage ou acheter à la boulangerie (s’il y en a) de quoi s’alimenter. Il faut repérer à l’avance, sur les cartes, les points d’eau. Ou être condamné à porter dans son sac 2 ou 3 litres supplémentaires.
(Astuce: en général, les cimetières sont des sources sûres d’approvisionnement en eau potable. Pousser la barrière du cimetière, chercher le robinet qui sert à remplir les vases et à arroser les fleurs sur les tombes. Remplir sa gourde).
Delphine et Josée, pèlerines, croisées régulièrement sur le GR65 depuis Barcelonne-du-Gers. Delphine (à gauche) vit en Haute-Savoie. Josée, elle, habite Montréal.
Il faut aussi, impérativement, prendre chaque soir bien soin de ses pieds. C’est la grande affaire! Chacun a sa méthode, ses pommades, ses conseils.
Il faut laver et faire sécher son linge. Trouver le temps de communiquer avec la famille, les amis.
Il faut se préparer mentalement et physiquement à affronter le lendemain le soleil, le vent, la pluie, la fatigue, les difficultés du chemin. Le GR65 monte régulièrement à l’approche des Pyrénées, l’effort est constant. Être pèlerin n’est pas de tout repos.
Montée de la crête vers la chapelle de Soyartz, avant l’arrivée à Ostabat, le dimanche 24 juillet
Pour ceux qui portent leur grand sac, il faut enfin chaque matin, avant de reprendre la route, refaire et vérifier son bagage. Ce n’est pas toujours facile ou évident à 5h30 ou 6h le matin!
Une pèlerine a éclaté en sanglots devant moi cet été, en disant: « Je viens de prendre ma retraite pour ne plus avoir de routine. Et voilà que sur le chemin je dois tous les matins suivre la même routine pour préparer et vérifier mon sac! J’ai failli abandonner. »
Après six heures de marche le dimanche 24 juillet, enfin!, à l’horizon, le village d’Ostabat, au Pays basque. C’est juste avant Ostabat que se rejoignent trois des grandes voies jacquaires qui mènent vers Compostelle: la voie du Puy, la voie de Vezelay et la voie de Tours.Axoa de veau servi à Ostabat, le dimanche 24 juillet
Mais il y a aussi tant de côtés positifs dans la vie de pèlerin!
La solidarité, le partage et le respect entre les randonneurs.
Le sentiment très fort de parcourir, côte à côte, des chemins splendides.
De franchir, ensemble, avec succès, des étapes difficiles.
Le sentiment aussi, parfois, sur le chemin, surtout vers la fin, à l’approche des Pyrénées, d’être invincible!
Car parcourir plusieurs jours de suite, sans gros pépins, des étapes de 25-27 kilomètres, cela donne beaucoup d’assurance!
D’un autre côté – essentiel pour moi – la marche tonifie et aide aussi à clarifier, à mettre en perspective tellement de choses!
A l’heure de Twitter, de TikTok et des bulletins continus d’informations, quel repos pour l’esprit de pouvoir marcher en silence, en paix, chaque jour, pendant des semaines, en pleine nature.
Et être assuré, à la fin de la journée, d’avoir un toit, un lit, un bon souper, des compagnons de route, souvent. C’est un privilège inouï.
Inscription (avec faute d’orthographe) sur le GR65 entre Barcelonne-du-Gers et Miramont-Sensacq (Landes), le dimanche 17 juillet.
Deux rapides observations – et une anecdote – avant de conclure.
Benat, ci-dessus, propriétaire depuis plus de 20 ans de la ferme Gainekoetxea, à Ostabat, met un point d’honneur tous les matins à entonner, fièrement, devant les pèlerins, au petit-déjeuner, de magnifiques chants basques!…… pendant que son épouse, Lucie, supervise la restauration et la logistique des hébergements. Ce n’est pas toujours facile de gérer un gîte ou une maison d’hôtes sur le GR65, surtout en temps de canicule et de pandémie. Le petit-déjeuner, par exemple, doit être préparé et servi à 6h, parfois plus tôt. Merci infiniment pour cette belle halte chez vous, Benat et Lucie!
Observation 1. – Il y a, malheureusement, sur le chemin, très peu de diversité parmi les randonneurs. En trois saisons, je n’ai aperçu que quelques Asiatiques (Vietnamiens, Coréens pour la plupart) et un seul autre Noir sur le GR65.
Lors de ma dernière étape entre Ostabat et Saint-Jean-Pied-de-Port, le lundi 25 juillet
Observation 2. – Au fur et à mesure qu’on se rapproche des Pyrénées, la proportion et la fréquence du « goudron » sur le GR65 augmente. Ce n’est plus un chemin mais une véritable route qui emmène les marcheurs vers la montagne. Même si les véhicules sur ces petites routes restent rares, c’est dommage! Pourquoi ne pas convertir certains de ces tronçons en sentiers de marche?
Entre Maslacq et Navarrenx, le jeudi 21 juillet
Une dernière anecdote.
Au terme de mon avant-dernière étape entre Bellevue et Ostabat, j’arrive vers 13 heures à la ferme Gainekoetxea, mentionnée plus haut. Il est encore tôt. Les propriétaires sont absents et ma chambre n’est pas encore disponible. Il faut patienter.
Sur l’une des terrasses de la propriété, je rencontre Monica, une redoutable randonneuse suisse qui franchit quotidiennement des étapes de 30 à 35 kms. Monica est arrivée il y a plus d’une heure déjà. Elle est fraîche comme une rose. Pas une goutte de sueur. Je n’en reviens pas. Que mange-t-elle donc le matin?
Une trentaine de minutes plus tard, arrive un troisième pèlerin, Russell. Il est rouge comme une pivoine, transpire abondamment et souffle comme une cheminée. Je me sens mieux. Enfin, un semblable.
Après avoir repris haleine, Russell nous apprend qu’il habite, avec son épouse, en Oregon. Nous parlons tous les trois, calmement, de voyages. Russell mentionne qu’il a habité, enfant, en Afrique, à Lagos, au Nigéria. Moi aussi!! Je dresse l’oreille et je l’écoute.
Russell, sur la terrasse de la ferme Gainekoetxea, à Ostabat, au Pays basque, le 24 juillet.
J’apprends avec stupéfaction que le père de Russell travaillait pour la CIA, à l’ambassade américaine de Lagos, entre 1958 et 1961. Avant et après l’indépendance du pays. Neuf ans avant l’arrivée de notre famille à Lagos. Mais nous voilà lancés dans une conversation animée où Russell mentionne des lieux qui font partie du folklore et de l’histoire intime de notre famille. Le club Ikoyi, les quartiers Apapa, Ikeja, Victoria island. L’hôtel Federal Palace à partir duquel le « Banana Boat » emmenait les baigneurs le dimanche sur la plage de Tarkwa Bay, au large de Lagos. Incroyable!
Russell a connu et vécu tout cela, lui aussi, neuf ou dix ans avant nous. Nous habitions à Ikoyi. Son père, lui, pour des raisons de logistique, habitait Ikeja, près de l’aéroport. Et il y avait déjà, me dit Russell, dans ce quartier, des embouteillages monstres…
Qui aurait pu prévoir que nous nous rencontrerions un jour, à Ostabat, au pied des Pyrénées? Ce type de rencontre résume assez bien l’esprit d’un chemin où il se passe, quotidiennement, bien des choses. « Radio Compostelle » émet 24 heures sur 24.
Dernière étape, Ostabat-Saint-Jean-Pied-de-Port, le lundi 25 juillet…Près du village de Gamarthe, quelques kilomètres avant Saint-Jean-le-Vieux.Le clocher de l’église de Saint-Jean-le-Vieux pointe à l’horizon, le lundi 25 juillet. On aperçoit au loin les Pyrénées. Plus que sept ou huit kilomètres avant de rejoindre Donibane Garazi, Saint-Jean-Pied-de-Port. Mon périple, commencé il y a plus de quatre ans au Puy-en-Velay, est presque terminé!Mon carnet de pèlerin, dûment estampillé au fil de mes trois saisons passées à randonner sur le GR65Chaque sceau, daté, représente une étape et certifie ma halte pour la nuit dans un des hébergements situés sur le chemin de Compostelle en France, entre Le-Puy-en-Velay et Saint-Jean-Pied-de-Port.
Quel été fantastique!
Avec Diana: Montréal – Paris – le Pays basque – Cahors – Toulouse – puis le GR65, pour moi.
Malgré tous ces déplacements, Diana et moi, avons, pour l’instant, échappé à ce satané virus. Nous sommes tous les deux en excellente santé.
Et nous tenons à remercier ici tous ceux et celles croisés sur la route depuis notre départ de Vancouver, le 20 avril. En particulier:
Mon frère Alix venu nous rejoindre au Pays basque.
Aline, Paulo, Monsieur et Madame L., Monsieur A., à Saint-Jean-Pied-de-Port. Merci infiniment!
Christiane pour son amitié et les bons moments passés à Cahors.
Merci aux randonneurs rencontrés sur le GR65 cet été – Sylvie (Lyon), Sylviane (Loire), Sandrine (Gers & Cuba), Isabelle (Toulouse), Delphine et Josée, Gilles, Didier et Véronique, de la région de Nice! Bonne rentrée à tous les trois!
Et merci, surtout, à Diana!
Après trois mois et demi de voyage, cela fait du bien d’être de retour à la maison! Ci-dessus, au milieu d’un pique-nique, au Memorial Park (41st Avenue & Fraser) dans l’est de Vancouver, le samedi 20 août, et…… avec mon ami Brian lors d’une randonnée en vélo le long de la rivière Fraser, en territoire Musqueam, au sud de Vancouver, le lundi 29 août.
Quoi de mieux que marcher au grand air pour combattre ce satané virus?
Mardi 12 juillet, 8h du matin, étape no. 8 entre Le Pech et Cahors, en compagnie d’Alice, du Jura et de Sylvie, de la région lyonnaise, toutes les deux croisées et recroisées sur le GR65 depuis Figeac. J’achève ce matin-là le premier (136 kms) de mes deux tronçons de marche vers les Pyrénées.
Dormir le soir à la campagne, au son des grillons, dans une belle et grande chambre qui sent la lavande. Après avoir dîné, à l’extérieur, autour d’une bonne table. Tout cela est aussi fortement recommandé.
Randonneurs belges, canadiens et français réunis autour de la table des « Volets Bleus » à Decazeville, le mardi 5 juillet, après ma première étape.
Au menu à Decazeville ce soir-là, un savoureux plat d’aligot accompagné de porc et de légumes. Merci, Hervé!
Me voilà depuis hier de retour à Nogaro, dans le Gers, après huit étapes (et une courte halte à Cahors) où tout s’est déroulé à peu près comme prévu, malgré la canicule qui sévit en ce moment dans le sud-ouest de la France.
Soulignées en bleu, les étapes de mon trajet le long du GR65 entre Conques (à droite de Decazeville, en Aveyron) et Cahors.
Quelle aventure depuis mon départ du Puy-en-Velay, en Haute-Loire!
Les tours de l’abbaye Sainte-Foy, dans la commune de Conques, en Aveyron. C’est à partir de Conques – où je m’étais arrêté au printemps 2018 – que je reprends cet été le chemin de Compostelle jusqu’aux Pyrénées.
Lundi 4 juillet
Agréable surprise en arrivant à 14h à l’Abbaye Sainte-Foy de Conques. On m’attribue, à l’accueil, « la chambre de l’évêque » (la chambre 14), l’une des plus spacieuses, dotée d’une grande salle de bains, d’une vue imprenable sur la ville et sur les pèlerins qui partent le matin sur le chemin.
Je m’attendais à une forte affluence et nous sommes à peine une quarantaine à loger ce soir-là à l’abbaye. « Période creuse », me dit-on. Les vacances scolaires n’ont pas encore commencé. Et on annonce, pour les prochains jours, une météo quasi caniculaire. Me voilà averti.
Sous la fenêtre de ma chambre, les premiers pèlerins quittent l’abbaye Sainte-Foy de Conques vers 7h15, mardi matin, 5 juillet.
Autre surprise le lendemain matin, au petit-déjeuner. L’un des anciens du monastère, le père Jean-Daniel me demande s’il peut s’asseoir à ma table. La plupart des pèlerins sont déjà partis et je mange seul, sereinement. Mais comment refuser?
– « Vous avez la chambre 14?, me dit–il, Christian Bobin avait la même. Il a écrit un livre ici ».
Sourire aux lèvres, le père Jean-Daniel m’apprend que l’écrivain logeait, lui, chambre 14, au luxueux hôtel Sainte-Foy, situé juste en face de l’abbaye.
Quelle coïncidence! J’ai beaucoup lu et aimé, autrefois, les livres de Christian Bobin, qu’une amie, Marianne, m’avait fait connaître, à Dalat, au Vietnam. Je le lis moins maintenant.
La conversation s’engage. Le père m’interroge sur Haïti, me parle des péripéties de son récent pèlerinage à Compostelle, « effectué en civil », me confie-t-il. Il me donne son avis sur deux ou trois hébergements où il a dormi, dans l’Aveyron et dans le Lot.
Puis, sans crier gare, il me souhaite bon chemin et me laisse, en citant cette phrase énigmatique du prophète Isaïe:
« Si tes péchés sont écarlates, ils deviendront blancs comme la neige, s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront blancs comme la laine. »
Quelle curieuse façon de prendre congé! Qu’est-ce que tout cela veut bien dire?
Est-ce un signe? Si oui, comment dois-je l’interpréter?
Le père Jean-Daniel est organiste et libraire à l’abbaye Sainte-Foy de Conques depuis trente ans. Il joue aussi de l’accordéon. Marc, à ses côtés, vit à Sète. Il est hospitalier et bénévole à l’abbaye quelques semaines par an.
Mardi 5 juillet
Première étape sans histoires (19 kms) entre Conques et Decazeville, en Aveyron. Je suis très heureux de retrouver le chemin et je chemine allègrement. Très peu de pèlerins sur la route. Malheureusement, deux heures environ après avoir quitté Conques, déjà, beaucoup de « goudron » sur le GR65.
(Le « goudron« = les parties du chemin effectuées sur ou à côté d’une route cantonale ou départementale goudronnée).
Entrée du village de Noailhac, la première commune après Conques sur le tracé du GR65, en Aveyron. Le paysage est magnifique!
Entre Noailhac et Decazeville, le mardi 5 juillet. Température: 27 ou 28 degrés en début d’après-midi.
Quarante minutes environ avant l’arrivée à Decazeville, une scène inattendue. J’aperçois au loin, en plein soleil, une jeune femme, enceinte, accompagnée de trois enfants. Je m’approche, surpris et je leur demande s’ils ont besoin d’eau ou de nourriture.
Sur le GR65 avant Decazeville, le 5 juillet
La jeune femme est accrochée à son téléphone. Elle parle à son mari. Elle m’explique que la famille effectue sur le chemin un pèlerinage, longuement planifié, avec un âne, qui transporte leurs bagages. L’âne, ce matin, sur la route, a brusquement refusé d’avancer. « Il a eu peur de son ombre » me dit un des enfants, stoïque sous le soleil. Le papa est reparti, en quête d’un autre âne et doit bientôt rejoindre sa famille sur le GR65.
J’ai revu par hasard la famille, la mine déconfite, le lendemain, à Livinhac-le-Haut. Ils m’apprennent que le second âne a quitté leur gîte et a pris la fuite, en pleine nuit. Ils ont passé la matinée à le rechercher. L’ont retrouvé. Mais, épuisés, ils abandonnent leur projet. Et rentrent chez eux.
On n’a plus les ânes qu’on avait. Ou les ânes se sont peut-être donné le mot. Ils exigent maintenant de meilleures conditions de travail et un congé automatique les jours de grande chaleur.
Mercredi 6 juillet
Pendant cette deuxième (courte) étape entre Decazeville et Montredon (11 kms), je quitte le département de l’Aveyron pour le Lot.
Au revoir Decazeville! J’ai beaucoup aimé m’arrêter ici. Malgré la chaleur, j’ai pu un peu visiter la ville. Et j’ai rencontré, aux « Volets Bleus« , de solides et sympathiques compagnons de route!
Vue partielle de Decazeville, le mercredi 6 juillet. On m’avait annoncé à Conques une ville presque morte, à l’abandon, à l’agonie. J’ai plutôt découvert à Decazeville un village ouvert, actif, accueillant. Et des riverains qui travaillent sans relâche pour poursuivre la mue de cette ancienne cité minière.
Premier petit pépin, malheureusement, en quittant Decazeville. Je ressens une légère douleur au pied. Sur le bord de la route, j’enlève mes chaussures et je découvre une ampoule, au niveau du talon droit. La première en trois saisons sur le chemin! C’est complètement inattendu. Le résultat sans doute du trajet à vive allure effectué la veille entre Conques et Decazeville. Que faire? Je suis absolument seul sur le chemin.
Je décide de poursuivre, en boitant un peu, ma route vers Livinhac-le-Haut, 4 kms plus loin.
En traversant le Lot, on aperçoit le clocher de l’église au sommet du village de Linvinhac-le-Haut
Arrivé au village, je m’arrête à l’unique terrasse de la commune et commande un café. Discrètement, j’examine de plus près cette irritante ampoule. A deux pas de la terrasse, je repère une petite épicerie-dépôt-de-pain-point-poste. Le commerce vend aussi des articles de premiers soins. J’achète une boite de pansements.
En revenant clopin-clopant à ma table, quelle surprise de croiser les trois randonneuses québécoises qui logeaient la veille comme moi aux « Volets Bleus« , à Decazeville. Nous avions commencé à sympathiser autour de la table du souper.
Spontanément, elles s’arrêtent, ouvrent leurs sacs et partagent avec moi, amicalement, des produits pour soigner les ampoules. Elles m’offrent des conseils. Quelle gentillesse, quelle générosité! Symbole de la magie et de l’entraide qu’on retrouve sur le chemin.
J’ai sagement suivi leurs suggestions. Et j’ai pu, sans trop de mal, poursuivre ma route jusqu’à Montredon, terme de ma deuxième étape.
Le balisage du GR65 est impeccable dans l’Aveyron et dans le Lot
Montredon où, à mon grand étonnement, j’ai retrouvé mes trois anges gardiens – qui avaient, à la dernière minute, décidé de modifier leurs plans. Elles logeraient, ce soir-là, sur le chemin, dans le même hébergement que le mien!
Madeleine, Linda et Louise, mes trois fées et infirmières du Québec, dans le magnifique jardin de nos chambres d’hôtes, à Montredon, dans le département du Lot, le mercredi 6 juillet. Merci infiniment à toutes les trois!
Jeudi 7 juillet et vendredi 8 juillet
Aucune difficulté le lendemain pendant mon trajet entre Montredon et Figeac (19kms). Par précaution, je suis passé par une pharmacie. Ai reçu d’autres précieux conseils et, grâce aux pansements, mon ampoule ne me cause pratiquement plus de gêne.
Je retrouve avec plaisir, avant Figeac, le GR65 qui sinue entre les fermes, en territoire agricole. Nous approchons de la région du Quercy. Et il fait de plus en plus chaud!
Quelques kilomètres avant l’arrivée à Figeac, le jeudi 7 juillet
Nouvelle étape le lendemain, entre Figeac et Le Puy-Clavel (20 kms)
Vendredi 8 juillet, 8h30. Quatrième étape entre Figeac et Le Puy-Clavel, dans le département du Lot
J’ai quitté les abords de Figeac sans trop de regret cette fois. Je n’étais déjà plus habitué aux bruits de la ville, à la circulation automobile, aux ronds-points, aux feux rouges. Et j’ai repris, soulagé, le chemin vers Le Puy-en Clavel.
On retrouve dans le Quercy de petites cabanes de pierre sèche, comme celle ci-dessus. On les appelle des « casselles ». Bâties sans aucune charpente, elles servaient jadis d’abris aux bergers, à leurs moutons, on y remisait aussi le foin.
Sur le GR65 entre Figeac et Le Puy-Clavel, le vendredi 8 juillet
Gros coup de cœur en chemin en arrivant au village de Faycelles. La commune est baignée de soleil. De petites rues fleuries grimpent vers une place ombragée au coeur du village. Voilà un bel endroit où s’arrêter quelques jours! Peut-être lors d’une prochaine randonnée, avant de parcourir la voie du Célé, toute proche?
Un chemin soigneusement entretenu mène au sommet du petit village de Faycelles (700 habitants). Une belle découverte!
En quelques heures, j’ai avalé les 20 kms entre Figeac et Le Puy-Clavel. La plus belle étape de mon périple jusqu’à présent. Une partie de ce trajet est classée au patrimoine de l’UNESCO.
Après avoir quitté Figeac à 7h30, je suis arrivé au Puy-Clavel, à 13h45. Six heures quinze de marche. Et je suis à peine fatigué. J’ai trouvé mon rythme de croisière. Mon ampoule au talon a pratiquement disparu.
Sur le GR65 entre Le Puy-Clavel et le Mas de Games, le samedi 9 juillet.
Samedi 9 juillet
Étape beaucoup plus difficile le lendemain entre Le Puy-Clavel, Cajarc et le Mas de Games, un hameau situé près du village de Limogne-en-Quercy. Près de 27 kilomètres à parcourir. Ma plus longue étape en trois saisons sur le GR65.
La ville de Cajarc, au loin, sous un soleil ardent
J’ai souffert ce jour-là. Pesté contre la chaleur et les multiples, interminables tronçons de goudron qui attendent le randonneur, après avoir traversé Cajarc. Cajarc, lieu de naissance de Françoise Sagan, où je me suis arrêté un moment pour déjeuner, au bord du Lot.
Un moment de calme au bord du Lot, à Cajarc, le samedi 9 juillet
Et j’ai ensuite repris le chemin, jusqu’au
Le nom du hameau, situé un coeur du Quercy, est complètement inattendu! A priori, il n’y a aucun lien avec la ville des hauts plateaux du centre du Vietnam où j’ai vécu pendant deux ans. Personne dans la région n’a pu me renseigner sur l’origine du nom de ce hameau qui ne compte que 4 ou 5 bâtiments.
puis jusqu’au Mas de Games où j’ai rencontré un personnage étonnant!
Lionel B. tient avec son épouse depuis vingt ans l’un des hébergements les plus confortables du GR65. La maison est somptueuse.
C’est au retour d’un long voyage au Québec, au milieu des années 70, que Monsieur B. décide de quitter la région parisienne. Il vient s’établir dans le Quercy où il observe, apprend puis rénove, peu à peu, minutieusement, quelques-unes des anciennes demeures de la région. Il en fait son métier.
Merci, Monsieur B. pour cette halte inoubliable. Pour les conversations et vos observations sur le Québec. Les quatre randonneurs/euses présents ce soir-là n’oublieront pas de sitôt l’un des plats servis chez vous. Deux grandes assiettes de saucisses de canard, cuites dans la graisse d’oie! Nous voulons la recette!
Le GR65 entre Mas de Games et Varaire, le dimanche 10 juillet. Cette partie du chemin passe aussi par
le village de Limogne-en-Quercy où se tient tous les dimanches
un grand marché réputé pour ses truffes, l’or noir du Quercy! On entend, dans le village, beaucoup parler anglais.
Les deux étapes qui ont suivi – le 11 et le 12 juillet – sont passées en un éclair!
Chaque jour, sur le chemin, la température monte d’un cran.
Au Mas de Gascou, entre Varaire et Le Pech, le lundi 11 juillet
Aux abords du village de Le Pech, une douzaine de kilomètres avant Cahors
Après 136 kms de marche, j’ai retrouvé, ému, fier, heureux, le mardi 12 juillet, la ville de Cahors.
Arrivée à Cahors, inédite pour moi, par les collines situées au nord du Mont-Saint-Cyr, sur le sentier du GR65.
La première partie de mon projet est maintenant terminée!
Un petit navire vogue sur le Lot, sous le pont ferroviaire, à Cahors
Bonne excuse pour visiter, le lendemain, jour de repos, l’une des bonnes tables de la ville.
Sauté de canard à l’orange, purée de pommes et carottes maison, bistrot Gambetta, à Cahors, le mercredi 13 juillet.
Et, comme prévu, j’ai repris, le 14 juillet, le jour de la Fête nationale, le train pour Auch (via Toulouse) puis le bus jusqu’à Nogaro, dans le département du Gers. Merci à la SNCF qui n’était pas en grève ce jour-là!
Nogaro où je suis retourné ce midi, presqu’en pèlerinage, au restaurant Chez Quentin, déguster la cuisine qui m’avait tant plu lors de mon premier passage ici, au printemps 2019.
Le restaurant n’a pas bougé. Et je me suis, encore une fois, régalé!
Salade de chèvre chaud, suivie
d’un fondant de veau, sauce basquaise, accompagné de pommes vapeur, restaurant Chez Quentin, à Nogaro, le vendredi 15 juillet.
Il faut conclure.
Il me reste neuf étapes – et environ 189 kms – avant de rejoindre Saint-Jean-Pied-de-Port, le 25 juillet.
Les 3 ou 4 prochaines étapes promettent d’être… intéressantes! On attend 40 degrés demain, samedi 16 juillet, dans le sud-ouest de la France, et un pic de chaleur de 41 ou 42 degrés, dimanche et lundi.
Comme la plupart des randonneurs (et nous sommes, malgré la canicule, encore nombreux sur le chemin), j’ai dû changer mes habitudes. Départ au lever du jour demain, à 6 h, pour Barcelonne-du-Gers. Une étape de 25 kms.
Mon objectif est d’arriver chaque fois à destination autour de midi ou 13 heures (au plus tard) avant la chaleur suffocante de l’après-midi.
Sur le GR65 entre Le Puy-Clavel et Mas de Games, le samedi 9 juillet.
Malgré cet épisode de canicule, je suis très heureux d’être de retour sur le chemin de Compostelle!
Je vis chaque jour une expérience, une aventure inoubliables!
Les rencontres sur le chemin, le partage, l’écoute, le silence, l’apprentissage. Tout cela est si précieux, inestimable.
Dans dix ans, à 75 ou 76 ans, il me sera sans doute beaucoup plus difficile de réaliser ce type de projet. Et dans dix ans, pourra-t-on encore marcher sur le chemin de Compostelle, l’été?
Si la température dépasse la barre des 40 ou 41 degrés dans les prochains jours, quelle sera la température dans le sud-ouest de la France, l’été, dans dix ou quinze ans?
Quelle sera la température à Vancouver, à Montréal, à Port-au-Prince?
J’ai la chance aujourd’hui d’être en super forme, physique, mentale. Je dors bien. J’ai la pêche!
C’est le moment.
Allons-y!
Avec mes compagnons de route (John, au milieu) le mardi 12 juillet