Revers et découvertes sur le GR70

Premier jour de marche (19 kms) sur le chemin de Stevenson entre Le Puy-en-Velay et Le Monastier-sur-Gazeille, en Haute-Loire, le vendredi 13 juin. Temps splendide pour débuter le GR70. Mais, avec un genou fragile, combien de temps cette nouvelle aventure va-t-elle durer?
Après une journée de repos, devant un troupeau de moutons broutant tranquillement à proximité du chemin…
… deuxième étape (18 kms), le dimanche 15 juin, jusqu’à la petite commune de Bargettes…
… via le village de Goudet, baigné par la Loire. Population permanente: 75 habitants (plus l’été).
Délicieuse salade aux lardons, à Goudet, le dimanche 15 juin. Superbe halte pour déjeuner sur le GR70, les pieds pratiquement dans les eaux de la Loire. Bistrot de campagne « La Dentelle », Goudet.
Tôt le lendemain matin, le 16 juin, après avoir quitté Bargettes. Sous un ciel lourd, menaçant, une fermière vient nourrir et soigner ses vaches « atteintes de tiques », me dit-elle. « Faites attention dans les hautes herbes et les broussailles! », me lance-t-elle, amicalement. Me voilà averti. Je poursuis prudemment ma route.
Un peu plus tard le même jour, deux heures environ avant l’arrivée au bourg d’Arquejols (200 habitants) où je m’arrêterai pour la nuit. Une autre étape de 18 kms. Voir la carte plus bas.
Le balisage impeccable du chemin de Stevenson. Ici, au milieu de la quatrième étape, entre Pradelles (Haute-Loire) et Langogne (Lozère), le mardi 17 juin.

Tout avait pourtant été si bien planifié!

Mais il faut savoir, même si c’est dur parfois, quand s’arrêter.

Après avoir parcouru quatre étapes, j’ai malheureusement dû abandonner le GR70 à Langogne, le mardi 17 juin. Mon genou gauche était trop mal en point.

J’aurais pu continuer, forcer, mais j’ai préféré être prudent – Je ferai dès mon retour une seconde radio.

Ce n’est que partie remise.

Je reviendrai sur le chemin – magnifique! – peut-être l’an prochain. Une bonne excuse pour retrouver le Sud-Ouest de la France!

Sur le chemin d’Arquejols, le lundi 16 juin. L’impression, dans ce secteur de la Haute-Loire, de marcher dans un tableau de Van Gogh.

Une fois arrivé à Langogne cependant, clopin-clopant, avec un genou légèrement abîmé, que faire?

Quelles étaient, entre la Lozère, l’Ardèche et la Haute-Loire, mes options?

Ayant environ trois semaines devant moi, et après avoir soigneusement examiné les cartes de la région, j’ai pris contact avec la Malle Postale.

Et ai décidé, via leurs navettes régulières, ponctuelles, pratiques, de faire un peu de tourisme dans le Sud-Ouest. En longeant le GR70. En prenant tout mon temps. Avant mon retour à Vancouver, le 6 juillet.

Le tracé du GR70 en rouge. Souligné en noir, Langogne, où je me suis arrêté, le 17 juin. En violet, les lieux et villages où j’ai fait halte 2-3 jours avant de rentrer à Paris: l’abbaye Notre-Dame-des-Neiges (croix en violet, en Ardèche), Florac (Lozère), Saint-Jean-du-Gard (Gard), puis Arles (au sud d’Alès), dans les Bouches-du-Rhône.

Vu les circonstances, et avec le recul, ce changement de programme a été une très bonne idée!

J’ai beaucoup vu, entendu, appris, au cours ces étapes imprévues!

 1 – Florac, 22-25 juin

Coup de foudre en découvrant le petit village de Florac, en Lozère. Population: environ 2300 habitants (beaucoup plus en juillet-août). C’est à Florac que siège l’administration du parc national des Cévennes.

Deux vues partielles de Florac, à partir du pont de la Draille, le mardi 24 juin.  Le village est baigné…
…par trois cours d’eau:  le Tarnon, la Mimente et le Tarn! D’où le surnom de Florac: « la fleur des eaux ».

Après trois nuits passées à Langogne et deux nuits à l’Abbaye Notre-Dame-des-Neiges avec, dans les deux cas, mouches, moustiques, punaises de lit et salle de bain partagée, quel soulagement de loger à Florac dans un hébergement confortable (et abordable)!

Vue de la fenêtre de ma chambre à Florac. À l’horizon, les falaises de calcaire et de granit typiques de la région des Cévennes.

J’en avais bien besoin! Après la déception et les moments de découragement qui ont suivi mon retrait du GR70, les trois jours passés à me reposer, à me baigner, à me promener à Florac m’ont fait beaucoup de bien! J’ai quitté le village complètement revigoré. Calme. Serein. En paix. Convaincu d’avoir pris la bonne décision.

Comme il serait bon de vivre ici pendant plusieurs semaines!

Aperçu d’un sentier qui traverse le parc Paul Arnal, au coeur du village. Florac est sans doute l’une des plus belles communes visitées jusqu’à présent lors de mes randonnées dans le sud-ouest. Un véritable coup de coeur.
Après trois trop courtes journées, il faut déjà repartir. Au revoir, Florac! Ci-dessous…
… un groupe de cyclistes à l’entraînement à l’extérieur du village, le mardi 24  juin.

2 – Saint-Jean-du-Gard et Anduze (Gard), 25-28 juin

Une autre étape captivante!

Le « Pont Vieux » qui permet de traverser la rivière, le Gardon, à Saint-Jean-du-Gard, le mercredi 25 juin. Achevé en 1731, le pont a été détruit par les crues et reconstruit en 1961. C’est l’un des emblèmes du village, symbole de l’histoire mouvementée des Cévennes.

Nous sommes, à Saint-Jean-du-Gard, dans la partie sud des Cévennes. Un territoire rude, austère, peu fertile. Une terre d’émigration. Une terre de résistance aussi. (Voir les guerres de religion, puis la révolte des Camisards entre 1702 et 1704). Les habitants des Cévennes ont longtemps été, majoritairement, protestants.

En visitant le musée du village, on apprend qu’on a vécu ici autrefois de la culture de la châtaigne. Puis, à partir du 19è siècle, de la sériciculture, l’industrie de la soie. Un âge d’or pour la région. Jusqu’à la fin des années 30, on recrutait des jeunes femmes, parfois venues de très loin, d’Espagne ou d’Italie, pour faire tourner les nombreuses filatures établies à Saint-Jean-du-Gard.

Les conditions de travail de ces « fileuses » étaient sévères, cruelles. Ci-dessous, quelques-unes des règles qu’elles devaient suivre, méticuleusement – sous peine de renvoi. Voir en particulier l’article VI.

Ce document est l’une des nombreuses pièces exposées à « La Maison Rouge » – l’excellent musée des vallées cévenoles situé à Saint-Jean-du-Gard. Une visite incontournable pour mieux comprendre la société rurale et traditionnelle des Cévennes. J’y ai passé près de trois heures.

Tôt le jeudi matin 26 juin…

… après une promenade sur « le chemin de Robiac » au-dessus de Saint-Jean-du-Gard…

j’ai sauté…

… dans le petit train à vapeur des Cévennes qui, en 40 minutes…
… relie l’été, Sain-Jean-du-Gard au village d’Anduze, un trajet de 13 kms. Anduze où, comme tous les jeudis….
… c’est jour de marché…
Dans les allées du village, producteurs et artisans proposent leurs produits…
… aux habitants et aux visiteurs dans une atmosphère amicale et conviviale

J’ai profité de ma visite à Anduze pour aller goûter la cuisine du pays…

Faux filet d’agneau, carottes confites en purée et tomates

… dans un restaurant dirigé par…

… Jean-Michel, cuisinier remarquable, né à Saint-Paul, à La Réunion, et maintenant installé à Anduze. Excellente adresse, restaurant Cave Bourbon, Anduze (Gard).

Une journée bien remplie!

Au retour d’Anduze, grenadine et café sur une terrasse à Saint-Jean-du Gard, le jeudi 26 juin

Après une dernière journée passée à explorer Saint-Jean-du-Gard, en particulier son superbe musée, départ en train le samedi 28 juin pour Arles, via…

… la gare d’Avignon Centre, ci-dessus, vers midi 30. La plupart des trains dans la région sont ce jour-là bondés. Sur les quais, de nombreux usagers seniors, très actifs – Bravo à la SNCF qui facilite sur l’ensemble de son réseau le transport des vélos. Le service – pratique, gratuit – est de plus en plus populaire.

3 – Arles (Bouches-du-Rhône), 28 juin – 1er juillet

Dernière halte avant de rentrer à Paris. Et autre moment fort en redécouvrant la vieille ville d’Arles, visitée une première fois il y a plus de trente ans.

Depuis mon départ de Langogne, les températures partout au pays sont en forte hausse. 38 degrés à Arles, l’après-midi de mon arrivée.

Samedi 28 juin, la rue du 4 Septembre, dans la vieille ville d’Arles, débouche sur…
… la place Voltaire, animée jour et nuit…
… malgré la canicule qui sévit dans le sud depuis plusieurs jours. Tous les départements près de la Méditerranée sont fin juin en « vigilance rouge ». L’alerte météo maximale.

Malgré la chaleur, rapides promenades dans la vieille ville classée « Ville d’art et d’histoire » par l’Unesco… On entend beaucoup parler anglais, italien, dans les rues… mais je souhaitais visiter à Arles un lieu particulier…

La mythique…

… librairie et maison d’édition « Actes Sud », située au 47 rue du Dr. Danton (Place Nina Berberova)… à trois minutes de marche de mon logement, rue de l’Hôtel de Ville…
Vue partielle de l’intérieur de la librairie, le lundi 30 juin. Depuis 2004, Actes Sud s’est distingué en obtenant 5 prix Goncourt. C’est aussi pour moi l’occasion de faire ici provision d’ouvrages qui serviront dans la planification de nos prochains voyages (La Réunion, Cap Vert…)

Depuis Arles, retour en train à Paris, le mardi 1er juillet, en début d’après-midi. Température dans la capitale: 38 degrés.

Rue de Belleville, à Paris, le lendemain de mon arrivée, le mercredi 2 juillet. Le thermomètre est encore monté d’un cran.

Après presque deux mois passés en France, en Italie, en Espagne, je rentre à Vancouver demain. Très heureux de rentrer à la maison et de retrouver Diana qui termine (après Calgary) une semaine chez des amis à Terre-Neuve.

Quelles leçons tirer de ce périple ?

La première, c’est que j’essaierai de revenir sur le GR70 dès que cela sera possible.

Mais il faudra sans doute ajuster le calendrier des prochaines excursions.

Vu le réchauffement climatique et les canicules de plus en plus précoces, est-ce vraiment raisonnable de marcher six ou sept heures par jour dans le sud-ouest de la France sous une température de 35, 36 ou 37 degrés?

Ce qui était le cas, fin juin, pour les randonneurs sur le chemin de Stevenson.

Planifier donc marcher plus tôt (ou plus tard) dans la saison, idéalement en mai ou en septembre. En espérant une météo favorable.

Fontaine, Landos (Haute-Loire), le lundi 16 juin.

J’aimerais, pour conclure, remercier sincèrement:

Notre amie Christiane dont les suggestions m’ont permis de faire de si belles découvertes cet été, de part et d’autre des Pyrénées et le long du GR70. Merci mille fois, Christiane!

Agnès et Serge qui nous ont si gentiment rejoints à Paris en mai. Un  immense merci! À bientôt pour d’autres aventures!

Tommy et Lucy, mille grazie pour votre formidable et chaleureux accueil, fin mai, chez vous, en Toscane.

Merci enfin à tous mes compagnons de route, début juin, entre Collioure et Cadaqués. Entre la côte vermeille et la Catalogne, nous avons vécu pendant sept jours une très belle aventure!

À tous et chacun, un bon, un merveilleux été!

Pièce de « Fin Gras » (boeuf) du Mézenc (région de la Haute-Loire) grillée, accompagnée de légumes et d’un mille-feuille de pomme de terre. Plat suivi…
… d’un crémeux au chocolat Weiss, de macarons maison et de glace spéculos. Un repas fabuleux! Le Monastier-sur-Gazeille, le vendredi 13 juin.

10 réflexions sur « Revers et découvertes sur le GR70 »

  1. Que c’est beau, que c’est beau! Merci BEAUCOUP Max! Je te parlerai de Florac et d’Arles lors de notre prochaine rencontre.

    Je regrette pour toi que tu n’aies pas pu finir le chemin de Stevenson mais je crois que tu as pris la bonne décision.

    Bonne fin de séjour à Paris! Et bon vol de retour à Vancouver!

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  2. Bravo Max, tu as créé des opportunités de découvertes et rencontres malgré les aléas du genou… et puis, on te reverra dans le sud-ouest!!! Tu parles d’un projet de voyage à la Réunion… c’est un autre bijou qui vous attend!!

    Bises et bonne reprise a Vancouver

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    1. Merci mille fois, Christiane. C’est à toi que je dois ces belles découvertes, cet été! La randonnée entre Collioure et Cadaqués a vraiment été fantastique. Le projet de La Réunion est maintenant bien avancé. On s’en reparle dans quelques semaines? En espérant que les épisodes de canicule dans le sud-ouest sont terminés pour l’été. Prends bien soin de toi!

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    1. Merci infiniment Alix! Bon retour à Montréal à toi aussi. Je renouvelle ma proposition: à quand une nouvelle randonnée ensemble, au Québec ou ailleurs? Bon été avec les enfants et petits-enfants. A+

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  3. Bonjour Max. Bon retour le 6 juillet, aujourd’hui, chez toi. Que d’aventures, que de souvenirs que tu sais si bien créer pour toi. J’ai hâte d’entendre ton voyage de vive voix lors de notre excursion du 14 juillet à l’île Bowen. On a le temps de se parler des détails une fois que tu auras bien « atterri ».

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  4. Welcome home, Max and Diana!

    Sounds like you have processed and accepted your disappointment. Your resilience is evident in your forward looking plans for the challenging Stevenson Trail – bravo, Max!

    La France profonde with rolling hill landscapes, tumultuous history, miam miam épicurien, marchés in Provence, bijoux villages… you composed and shared a memorable and authentic experience. 

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    1. Thank you so much dear A! Ahh… Modestine… Have you read Stevenson’s book? I am just finishing it now. Yes, it took several days to process the disappointment of abandoning the GR70 but with hindsight it was the right thing to do. Taking care of my knee is the priority. Thanks so much for your support! Looking forward to reconnecting soon. I want to hear about all your adventures! A+

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