Quel bonheur de retrouver la Polynésie française!

Après un voyage sans histoire depuis Vancouver, et une première nuit à Papeete, nous voilà installés depuis 4 jours, à deux pas de l’océan, au nord du village de Paea… où deux plages magnifiques nous permettent de nous ajuster au décalage horaire, à notre nouvel environnement culturel et au climat tropical de ces lointaines et indolentes « Îles de la Société ».

Le thermomètre oscille depuis notre arrivée entre 23 et 31 degrés.


Au début de ce troisième voyage en Polynésie française, l’un de nos objectifs était d’explorer et d’essayer de mieux connaître l’île de Tahiti (Tahiti Nui), la plus grande et la plus peuplée du territoire. Nous n’avions fait jusqu’à présent que de courts séjours ici.
Près de 70% de la population du Fenua (« pays », en tahitien) vit sur l’île de Tahiti! Vu l’intérieur montagneux de l’île, les habitants sont très largement concentrés dans les villes et bourgades situées le long du littoral.
Nous souhaitions en particulier, cette fois-ci, découvrir « la presqu’île », surnommée Tahiti Iti (la petite), véritable chasse gardée des Tahitiens, bijou sauvage, situé au sud-est de la grande île. SVP voir la carte ci-dessus.
Pari tenu.
Dès notre arrivée à Paea, après un premier bain de mer, nous apprenons qu’une famille, dans notre quartier, loue des scooters 50cc (aucun permis requis) à la journée. Nous allons les rencontrer et, en quelques minutes, le contrat de location est signé. Notre scooter nous est livré le soir même par deux membres de la famille.

Dès 9 heures, le lendemain, le lundi 18 novembre, nous sommes sur la route de ceinture, très achalandée, qui fait le tour de l’île. (SVP voir la carte qui ouvre l’article).
De Paea, notre première destination est la petite ville de Taravao, située à 40 kms, au sud-est. Énormément de circulation sur la route, dans les deux sens. Nous roulons prudemment.

Bonne surprise à partir de Taravao: la circulation, sur la côte sud de la presqu’île, est beaucoup plus fluide…
Mais nous avons droit, en chemin, aux caprices de la météo! En environ une heure, nous avons eu du vent, des averses, une pluie torrentielle puis un grand ciel bleu. « Météo typique de la presqu’île », nous dit-on gentiment.
Nous avons dû nous arrêter, souvent…

Quelle aventure pour débuter notre séjour!
Malgré le ciel qui change toutes les dix minutes, le moral est au beau fixe!
Nous sommes déterminés à atteindre Teahupoo.

C’est au village de Teahupoo qu’ont eu lieu, l’été dernier, les compétitions olympiques de surf. Les vagues dans la région sont légendaires.
Le lieu est aussi sacré pour les Tahitiens. Plusieurs clans se sont affrontés ici autrefois. Selon les Anciens, surfer la vague de Teahupoo était un moyen, pour les chefs tahitiens et leurs fils, de démontrer leur supériorité. Ils montraient, en domptant la vague, qu’ils étaient soutenus par les dieux.
En arrivant au village, nous nous apercevons que la route s’arrête, abruptement, à la hauteur de la rivière Fauoro. Seule une passerelle permet de continuer le long du rivage…

Au-delà de la passerelle, quelques pas suffisent pour entrer dans une atmosphère, un monde bien différent, vierge, mythique, jalousement préservé…



Sentiment d’être ici au bout du monde.
Comme partout en Polynésie, les riverains sont accueillants, prévenants, respectueux. Le village (1500 habitants environ) est paisible. Très peu de monde dans la rue.
Après un délicieux déjeuner dans l’un des « snacks », près du rivage…


Il faut déjà, malheureusement, repartir…

Heureux d’avoir réussi notre projet, nous reprenons, lentement, la longue route vers Paea…



Une nouvelle aventure, en petit groupe cette fois, m’attend, dès le lendemain…

Au programme: la traversée de l’île de Tahiti – via le chemin traditionnel qui relie le village de Papenoo, au nord, à celui de Mataeia, au sud. (Pour info, Paul Gauguin a vécu plusieurs mois à Mataeia lors de son premier séjour à Tahiti, entre 1891 et 1893).
La piste est praticable uniquement en 4X4 et serpente dans une vallée luxuriante qu’on appelle ici « la vallée de Papenoo ».
(Deux semaines avant notre départ, de Vancouver, j’avais pris contact avec le gérant de la compagnie, Patrice, afin de confirmer ma participation à l’expédition ce jour-là).
Nous sommes six ce mardi matin – venus de la Suisse, de la France, des États-Unis, du Canada – réunis autour de notre guide et chauffeur, Pito, pour une journée exceptionnelle de découvertes et d’échanges.

J’ai la chance d’être assis, à l’avant du véhicule, à côté de Pito.
Pendant près de six heures, ce guide expérimenté, consciencieux, partagera avec moi (et avec le groupe, aux arrêts) de multiples anecdotes sur l’histoire mouvementée et peu connue de cette vallée qu’il parcourt, plusieurs fois par semaine, depuis vingt ans.

Nous traversons et faisons halte dans des sites d’une exceptionnelle beauté!

Trois villages, au 17è et 18è siècles, occupaient autrefois la vallée. Il n’en reste plus qu’un aujourd’hui, Papenoo, au nord de l’île. Les deux autres villages ont disparu au 19è siècle – les missionnaires décidant de rassembler les habitants de la vallée sur la côte.
Déracinement tragique pour ces populations, habituées à chasser et à manger du sanglier, du porc, à pécher des anguilles dans les rivières, à vivre à flanc de montagne…
Nous nous arrêtons, pour le déjeuner, au milieu d’un décor de rêve. Nous sommes entourés de vertes montagnes, de pics vertigineux…



Quelle belle façon de découvrir l’intérieur de l’île de Tahiti!
Nous avons tant appris!
Merci infiniment, Pito!


Je vous laisse avec quelques images de Papeete prises le lendemain de notre arrivée, le dimanche 17 novembre…




Coïncidence, quelques jours après notre passage à Papeete, le père Christophe faisait de nouveau la une des médias. Voir ici l’article, daté du 22 novembre, du quotidien « Tahiti Infos ».

Nous prenons vendredi, à 7h, de Papeete, le Apetahi Express pour l’île de Huahine. Où nous attend, près du village de Fare, une petite maison avec un jardin, à deux pas de la plage…


Voici donc notre itinéraire pour les (presque) deux prochains mois:
16 novembre = Vancouver – San Francisco – Papeete
A – Archipel de la Société – Îles du Vent, Tahiti
17-21 novembre = Paea
B – Archipel de la Société – Îles Sous-le-Vent, Huahine
22 novembre – 21 décembre = Fare
(21 -23 décembre = Papeete)
C – Archipel des Tuamotu, Fakarava
23 décembre – 1er janvier = Rotoava
(1er-2 janvier = Papeete)
D – Archipel de la Société – Îles du Vent, Moorea
2-10 janvier = Hauru
10 – 11 janvier = Papeete – San Francisco – Vancouver
** Pour des raisons familiales Diana devra regagner Calgary à la mi-décembre. Je poursuivrai solo mon périple aux Tuamotu (Fakarava) et à Moorea.
Bonne fin d’automne à tous!
Notes de lecture:
L’inde, encore.

C’est grâce à « La Grande Librairie », l’émission littéraire diffusée sur TV5, que j’ai découvert, le mois dernier, Shumona Sinha. Elle était entourée d’une brochette d’écrivains, dont Alain Mabanckou, venus célébrer, au château de Villers-Cotterêts, l’ouverture du 19è sommet de la Francophonie.
Son regard de braise illuminait, incendiait le plateau. Son parcours atypique, ses propos francs, directs, sur la politique, sur la littérature, sur la société française, m’ont tout de suite interpellés. Et je suis allé, dès le lendemain, me procurer deux de ses romans (les seuls disponibles) à la bibliothèque Koerner de UBC.
La lecture des deux ouvrages a été, pour moi, une révélation. Presqu’une déflagration.

Shumona Sinha naît (en 1973) et grandit à Calcutta. Issue d’une famille modeste (son père est économiste, marxiste, sa mère enseignante au lycée), elle décide, à l’âge de 22 ans, alors qu’elle milite, comme son père, au parti communiste, d’apprendre le français. Apprentissage fulgurant et fécond. Elle lit les poèmes d’Henri Michaux, traduit (en bengali) ceux d’Yves Bonnefoy. Enseigne le français dans un institut de Calcutta. Maîtrisant parfaitement la langue, la jeune femme n’a qu’une envie: connaître la France et y vivre.
Grâce aux passerelles culturelles qui existent entre les deux pays, Shumona Sinha est recrutée, en 2001, comme contractuelle (remplaçante) pour enseigner l’anglais dans les collèges de l’académie de Créteil, en banlieue de Paris. Elle décroche également un poste d’interprète auprès des demandeurs d’asile, indiens, bengalis, qui désirent s’implanter en France.
Une nouvelle vie commence. Elle documente ses expériences. Écrit et publie, en français, un premier roman, salué par la critique.
« Émerveillée », au début, par l’effervescence culturelle qui règne dans les rues de la capitale, sa lune de miel avec la France ne dure que quelques mois. Renvoyée brutalement, au quotidien, par « les Français de souche » à ses origines, à sa couleur, la jeune femme découvre, au travail ou lors de ses promenades et rencontres dans les quartiers de la ville, le racisme, la ségrégation, le mépris.
Le séjour rêvé en France, se transforme, peu à peu, en cruelle désillusion.
C’est cette douloureuse expérience, ce rejet, qu’elle décrit, avec lucidité et amertume, dans « Apatride » (roman, publié en 2017) et dans « L’autre nom du bonheur était français » (récit autobiographique, 2022). Textes bouleversants.
Naturalisée française, écrivaine de talent, vivant maintenant en France depuis bientôt 25 ans, elle déplore que ses livres soient toujours catalogués, dans les librairies, à Paris ou en province, au rayon « littérature francophone ». Elle s’insurge. Rien n’y fait. Écrivaine francophone elle restera. Pas écrivaine française. (Tout comme Tahar Ben Jelloun, note-t-elle, relégué lui aussi au rayon « francophonie », malgré son prix Goncourt.)

La voix de Shumona Sinha dérangera certains, sans doute.
Pour moi, sa voix est essentielle.
Afin de mieux comprendre l’écrivaine, voici deux extraits de « L’autre nom du bonheur… » qui résument (partiellement) sa pensée et ses revendications…
« Je bravais chaque matin la pluie et le vent, plusieurs heures de trajet en alternant les RER et les bus, pour arriver là, de l’autre côté du périph. C’était là que je devais aller gagner mon pain. Au-delà de la ligne rouge. Pour retrouver mes semblables. Une immigrée parmi les immigrés (…) Les seuls emplois que la ville m’avait proposé se situaient géographiquement mais aussi socialement, culturellement à l’écart de la France de souche (…) Mes diplômes ne valaient rien. »
=========
« Pendant longtemps (en France) je n’ai pas compris pourquoi j’entendais la plupart des insultes racistes à mon encontre le week-end. Puis, la révélation. La semaine, c’est le moment du travail. On tolère les basanés, supposant que leur présence est justifiée par le service rémunéré qu’ils rendent aux Français. Mais le week-end, c’est sacré ! Le marché du dimanche, c’est la messe en plein air. La rue piétonne commerçante, c’est l’allée vers la nef de la cuisine d’où montera le rot solennel à la fin du repas. »
Une détonation – à saluer!- dans le monde souvent feutré et dans l’entre-soi de la littérature française.
👍
J’aimeJ’aime
Merci, Mohamed! Salutations à Marrakech! Et tous nos voeux de succès dans tes projets au Maroc et au-delà!
J’aimeJ’aime
Merci, à vous de même. A bientôt
J’aimeJ’aime
Bonjour Max,
C’est toujours avec le même grand plaisir que j’ai lu tes Carnets de voyage et que j’ai admiré tes photos montrant les paysages luxuriants de Tahiti.
Profitez bien de votre séjour!
Bon anniversaire! Fête-le bien!
À bientôt!
Josiane
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup, Josiane! Nous pensons à toi. À bientôt!
J’aimeJ’aime
Je lis que vous êtes déjà bien impliqués avec visites, découvertes et baignades. Profitez de cette chaleur car ici on la regrette. Un emploi du temps qui me donne l’eau à la bouche pour les prochaines étapes et mises à jour du blog. Amitiés.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup Florence et bon retour à Vancouver! Encore bravo d’avoir réussi ta randonnée sur le GR65 cet automne! Tu peux être fière de toi! À bientôt. Amitiés.
J’aimeJ’aime
Youpi! You have arrived in your tropical paradise, your home away from home.
Beautiful beaches, good food, great people, glorious sun, zippy scooter and lovely Diana – seriously, what more can you ask for, Max. Life is beautiful.
Enjoy your explorations!
J’aimeJ’aime
Thank you so much, A! We have safely arrived on Huahine island and we are now enjoying a much slower pace in and around Fare. Going to the farmers’ market this Sunday morning, open from 5:00 am to 10:00 am! Welcome to French Polynesia! Welcome back as well to Vancouver! À bientôt!
J’aimeJ’aime
La végétation luxuriante, les belles plages de sable blanc et le sourire des polynésiens sont exactement ce dont nous avons besoin pour lutter contre la grisaille de l’automne québécois.
Merci pour la recommandation de lecture. Le livre de Shumona Sinha est évidemment d’actualité en France mais aussi au Québec où les discussions, mal informées, sont nombreuses.
Bonne continuation.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup Alix. Nous pensons souvent à vous qui étiez à Huahine il y a encore quelques mois. Nous sommes heureux d’être de retour. L’île a un peu changé depuis notre dernier séjour en 2022. J’en parlerai dans le prochain article. J’aimerais aussi bien avoir tes impressions sur les ouvrages de Shumona Sinha. Est-elle connue/lue au Québec?
A+
J’aimeJ’aime
Chers Diana et Max, Toujours en admiration devant votre energie et passion de la decouverte … des autres et de paysages enchanteurs! et envieuse aussi! Heureusement vous partagez si bien tout cela! je me permets donc de voyager …dans un fauteuil!
Bises
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup, Christiane! Nous pensons aussi souvent à toi ici et à ton vécu si riche dans les pays du sud et de l’est. Je crois que tu aimerais beaucoup la Polynésie française. Nous pourrons peut-être un jour passer un moment ensemble dans une des îles du Fenua? Prends bien soin de toi. On se revoit j’espère ce printemps! Bises.
J’aimeJ’aime