



Un été merveilleux se termine dans le sud de la Colombie-Britannique. Nous avons cette année encore été épargnés par les feux de forêt, qui ont, malheureusement, fait rage dans le nord de la province et, à l’est des Rocheuses, en Alberta.
Pensées pour la petite ville albertaine de Jasper, nichée au cœur d’un splendide parc national, en partie brûlée par les flammes, en juillet. Jasper où j’ai eu le privilège de travailler pendant un été inoubliable (en 1980), un été qui m’a ouvert, avec Banff l’année suivante, les portes de l’ouest canadien.
À Vancouver, la météo a été irréprochable. Quelques jours de grande chaleur en juillet puis le thermomètre s’est assagi entre 22 et 25 degrés. Température idéale pour jouir de la douceur de vivre sur la côte ouest. Et découvrir quelques livres étonnants. SVP voir un peu plus bas.
Mais avant, pour ceux qui ne connaissent pas Vancouver, allons faire un tour, une promenade dans la ville, au bord de l’océan…





Ujjal Dosanjh, Journey After Midnight – (Vancouver, 2016)

Comment réussit-on à diriger, comme premier ministre, la province de la Colombie-Britannique (la troisième en importance au Canada) lorsqu’on est issu d’une famille modeste – et né dans un petit village du Punjab, dans le nord de l’Inde ? C’est ce parcours exceptionnel que partage ici Ujjal Dosanjh dans une remarquable autobiographie
Ujjal Dosanjh quitte le Punjab à l’âge de 17 ans pour l’Angleterre afin d’y poursuivre ses études. Le jeune homme parle encore mal l’anglais et découvre, effaré, fin 1964, dans l’Angleterre travailliste d’Harold Wilson, la violence des Skinheads, le racisme et la ségrégation. Suivent quatre années de galère, d’incertitudes, de petits boulots (dont manœuvre à British Rail) et de projets sans lendemain.
Sa vie bascule lorsqu’il part, en mai 1968, rejoindre une tante à Vancouver. Il débarque en Colombie-Britannique en pleine Trudeaumania. C’est le coup de foudre. Soutenu par les membres de sa famille, il s’intègre vite à son nouveau milieu. Décroche un emploi dans une scierie au bord de la rivière Fraser. Et entreprend, peu après, des études d’avocat. Il rencontre, entre deux classes, Rami, qui deviendra sa femme. Diplôme d’avocat en poche, Ujjal Dosanjh ouvre son cabinet, dans l’est de Vancouver, et se lance en politique pour le Nouveau Parti Démocratique (NPD, centre-gauche). Il remporte un siège en 1991. Réélu 5 ans plus tard, il est promu Ministre de la Justice. Suite à la démission du chef de son parti, il est nommé premier ministre en février 2000. Un poste qu’il occupera jusqu’en juin 2001.
Attaqué à deux reprises par des militants sikhs, et blessé, à Vancouver, pour ses positions jugées trop modérées sur le Punjab, Ujjal Dosanjh finira sa carrière politique comme député fédéral et Ministre de la Santé dans le gouvernement libéral de Paul Martin. Une vie exemplaire et un engagement admirable auprès de sa communauté.


Pier Paolo Pasolini, L’odeur de l’Inde – (Paris, 1984, pour la traduction française)

Un petit livre qui nous plonge au cœur de l’Inde. En 1961, l’artiste et cinéaste italien, Pier Paolo Pasolini fait un voyage avec son ami, l’écrivain Alberto Moravia et son épouse, Elsa Morante. Ils s’arrêtent à Bombay, au Kerala, à Calcutta, à Varanasi (Bénarès), à Delhi. Partout, l’œil exercé du cinéaste scrute les gestes, les rituels de la vie quotidienne, les mouvements de la foule, de la rue.
Ils rencontrent, à Calcutta, Mère Teresa. Ils sont invités, à Delhi, à une réception à l’ambassade de Cuba, à l’occasion du 2è anniversaire de la révolution castriste.
Le soir, faussant compagnie à Moravia, Pasolini s’éclipse. Il quitte sa chambre d’hôtel et s’enfonce dans la nuit. Il va, à Cochin, à la rencontre des mendiants, des sans-abris. Part au théâtre avec des inconnus. Assiste à des concerts. Et note scrupuleusement, rageusement parfois, ses observations sur une communauté qui le fascine et le rebute à la fois.
Un regard original sur un pays qui, depuis 1961, a beaucoup changé. Mais en dévorant ces pages pleines de vie, on n’a qu’une envie: retourner en Inde au plus vite !


Assia Djebar, La Disparition de la langue française – (Paris, 2003)

Je n’avais encore rien lu de l’écrivaine Assia Djebar, née près d’Alger, la première femme nord africaine à être élue, en 2005, à l’Académie française. Et je n’ai pas été déçu par ce récit, dense, historique, où se mêlent, aux souvenirs d’enfance, les drames du présent.
Suite à une douloureuse rupture avec sa compagne Marise, et après 20 ans passés en France, Berkane, la cinquantaine, né en Algérie, démissionne de son poste de petit fonctionnaire, prend une retraite anticipée, quitte son studio de Blanc-Mesnil, en banlieue parisienne, et rentre au pays. Objectif: s’installer, avec l’accord de ses deux frères, dans la villa familiale, située, face à la mer, en périphérie d’Alger. Et écrire enfin le livre dont il rêve depuis des années. Mais l’Algérie, en vingt ans, a bien changé. Les intégristes sont aux portes du pouvoir. Et le pays « est devenu un volcan ».
Dans les rues de son Algérie retrouvée, Berkane doit, au quotidien, affronter la violence et les interdits des partisans du camp islamiste, «les fous de Dieu, les nouveaux Barbares ».
Remontent alors, pour Berkane, avec l’écriture de son livre, les souvenirs d’enfance, dans un quartier populaire d’Alger, pendant la guerre d’Algérie. Période tragique dont il a été, enfant et adolescent, témoin et acteur parfois, aux côtés des membres de sa famille.
Une très belle découverte. Un roman qui nous permet de mieux comprendre les drames qui jalonnent l’histoire récente de l’Algérie.

Fabrice Luchini, Comédie française. Ça a débuté comme ça… – (Paris, 2016)

Qui ne connaît pas Fabrice Luchini? L’acteur, depuis des années, nous régale avec ses bons mots. Au théâtre, au cinéma, dans les médias, il nous inspire, il nous fait rire et réfléchir avec sa verve, son éloquence, son érudition. Il nous exaspère aussi parfois. Un immense talent.
On sait moins d’où il vient. Ses parents tiennent un commerce de fruits et légumes dans le 18è arrondissement de Paris et le petit Robert (son vrai prénom) grandit entre la Goutte-d’Or et Montmartre. Élève médiocre, il quitte très tôt l’école et se retrouve, à 14 ans, apprenti-coiffeur dans un salon huppé du 8è arrondissement de Paris. Il adopte le prénom de Fabrice.
Jeune, il découvre le Répertoire classique (Molière) puis, grâce à quelques rencontres déterminantes (Philippe Labro, Éric Rohmer), il entre, par la petite porte, dans le milieu du cinéma. Avant de devenir, au fil des ans, l’acteur admiré et respecté qu’on connaît aujourd’hui.
Avec humour et une franchise absolue, c’est cette vie pleine de péripéties que raconte ici, très honnêtement, Fabrice Luchini. Une vie où sa passion pour la littérature lui tient lieu de boussole. Il y a, dans le livre, de magnifiques pages de ses auteurs préférés, Céline, Molière, Rimbaud, Barthes, accompagnées de fines réflexions sur leurs textes.
Il y a aussi de grands éclats de rire! Sur sa « ligne » politique, par exemple: « Pas de gauche. Pas militant. Pessimiste. Fan de Schopenhauer. Pathétiquement conservateur. Flottant idéologique. J’aurais adoré être de gauche mais, comme je l’ai déjà dit, écrasé par la grandeur et la difficulté du projet, j’ai renoncé. »
J’ai eu le grand bonheur de voir et d’entendre Fabrice Luchini, sur scène, à Paris, il y a plusieurs années. Comme la plupart des spectateurs, j’étais ressorti du théâtre, ébloui.
Quelle bonne surprise de pouvoir maintenant l’écouter, chaque semaine, sur les ondes de France Inter où il anime, depuis la rentrée, une toute nouvelle émission: « Les admirations littéraires de Fabrice Luchini ». Balados (podcasts) de l’émission disponibles ici.

Fortes périodes de turbulences en vue, dans les prochains mois, en politique canadienne, tant au niveau fédéral que provincial.
** À Ottawa, combien de temps le gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau pourra-t-il encore gouverner, avant d’être forcé à déclencher des élections?
Un quatrième mandat consécutif est-il envisageable pour le premier ministre alors que le désir de changement, d’alternance, partout au pays, semble si fort?
D’un autre côté, les Canadiens sont-ils vraiment prêts à élire un gouvernement conservateur avec, à leur tête, un politicien qui se comporte de plus en plus comme un caniche hargneux?
** En Colombie-Britannique, coup de tonnerre! Après avoir caracolé en tête des sondages depuis deux ans, voilà que le parti au pouvoir, le NPD, se retrouve brusquement au coude-à-coude dans les intentions de vote avec le parti conservateur (provincial). Un parti conservateur qui incarne une droite dure. Décomplexée. Climato-sceptique. Une droite qui avertit déjà que certains livres seront bannis des bibliothèques scolaires.
Comment en sommes-nous arrivés là, en quelques mois?
La Colombie-Britannique est l’une des deux seules provinces (avec le Manitoba) à être dirigée par un gouvernement de centre-gauche.
Les élections auront lieu dans un mois, le 19 octobre.

Et les voyages?
Patience!
Bref séjour à Calgary, dans les prochains jours, afin de rejoindre Diana et sa famille.
Ensuite, après plusieurs mois passés sagement à ou près de la maison, nous repartons, à la mi-novembre, pour la Polynésie française…
Bon début d’automne à tous!

De retour à Vancouver…




Enfin vous revoilà et avec le plaisir de vous lire.
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Merci, Claudy! J’espère que vous allez bien! Quelles nouvelles où vous êtes? On ne vous oublie pas! Amitiés.
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Merci Max de partager tes aventures et tes lectures si intéressantes! C’est très inspirant.
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Merci, cf!
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Grand merci cher Max de partager tant de belles expériences nature/lecture/ famille et amis! Cela fait chaud au coeur et donne des pistes de decouvertes!
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Merci beaucoup Christiane à toi aussi pour tes précieux conseils sur les projets de randonnées dans le sud-ouest, sur le GR70 en particulier. Diana et moi avons bien hâte de te revoir le printemps prochain! Bises.
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Max…you dove into books, savoury bowls, reconnections, walks, rides…another summer of yellow goodness…perfection.
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Thank you so much, A! I thought about your upcoming journey to India while reading the Pasolini chronicles this summer. Enjoy your adventures in Mumbai, Delhi, Rajasthan, Varanasi! Stay safe. Can’t wait to hear about your experiences, including your food tales and discoveries! A+
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Bonjour chez vous,
Mon adresse hotmail est lente, alors je découvre aujourd’hui ton blog toujours inspirant à mon retour d’Europe: Pologne, Belgique et France. On s’en parle.
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Bon retour sur la côte ouest et à bientôt, Jean-Guy!
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Salut Max. En lisant ton Carnet de Voyages à mon tout récent retour à Vancouver (le 11 novembre), je vois que l’été et l’automne passent à toute vitesse. Dans quelques jours, vous partez pour la Polynésie française: je vous souhaite un autre voyage formidable. J’espère que tu vas publier cette nouvelle aventure. On se voit en janvier 2025!!! Que tout se passe comme vous le désirez. Florence
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Merci beaucoup Florence et félicitations! Tu as magistralement réussi cet automne ton projet de randonnée sur le chemin de Compostelle en France. 210 kms+ entre Le Puy-en-Velay et Conques. Je sais que cela n’a pas été tous les jours facile (dans l’Aubrac notamment), mais tu l’as fait. Bravo! Tu peux être fière de toi! On se revoit bien sûr à mon retour. Prends bien soin de toi.
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