






Nous avons vécu une splendide aventure pendant ces quatre semaines passées dans les îles Australes!
La visite de ce quatrième archipel a confirmé ce que nous avions ressenti lors de notre premier voyage aux Îles de la Société, aux Tuamotu, aux Marquises.
L’accueil, partout sur le territoire, est prodigieux.
Les sourires, généreux, éclatants.
Les gens ici, souvent, rient, et vous aiment, avec les yeux.

Quelques repères, pour les férus d’histoire.
L’archipel des Australes – composé de sept îles dont cinq sont habitées – portait autrefois le nom de « Îles Tubuai », Tubuai étant la plus grande île de l’archipel.
Tubuai est aujourd’hui la capitale administrative et économique des Australes.
7000 habitants environ vivent dans l’archipel.

James Cook est le premier navigateur européen à « découvrir » Rurutu, en 1769 lors de son voyage initial dans le Pacifique. Il sera aussi le premier à mentionner Tubuai huit ans plus tard, en 1777, lors de son troisième (et dernier) voyage.
Tubai passe sous protectorat français en 1842, Rurutu en 1889.
Les deux îles seront ensuite annexées par la France, en 1880 pour Tubuai, en 1900 pour Rurutu. Les autorités françaises craignant de perdre les îles Australes aux mains des Anglais – omniprésents à l’époque dans la région via les missionnaires (protestants) de la London Missionary Society.







Vu la durée de notre séjour à Tubuai (10 jours), nous avons vraiment eu le temps ici d’écouter les Polynésiens. Longuement et attentivement. Aussi bien les riverains que les Tahitiens de passage. Puisque notre pension a eu la bonne idée d’accueillir en même temps que nous plusieurs petits groupes de techniciens venus accomplir sur l’île des missions de 3, 4 ou 5 jours.
La plupart de ces professionnels étaient Tahitiens. Nous étions toute ouïe.
Nous avons ainsi partagé nos repas avec une équipe de Météo France-Tahiti venue réparer du matériel sur le terrain de l’aéroport.
Des électriciens de Papeete ont également séjourné à la pension afin de vérifier la bonne marche des circuits de divers bâtiments de l’île – dont ceux du RSMA, un organisme que je connaissais pas.


Un groupe de plongeurs a aussi été des nôtres. Responsable de superviser la délicate pose du cable de fibre optique qui doit bientôt relier Tahiti aux îles Australes. Un service très attendu ici. Le débit du réseau internet étant, dans les îles de l’archipel, extrêmement lent. Difficile à Tubuai ou à Rurutu de télécharger un document ou même une photo.
Tout ce beau monde se réunissait deux fois par jour autour de la table de la salle à manger.

Au cours des repas, les sujets de discussion, les opinions, les questions, ne manquaient pas. Nous avons beaucoup appris.
Deux choses m’ont frappé au cours de ces conversations. La première, c’est l’attachement viscéral qu’avaient ces hommes et ces femmes pour leur territoire. Leur façon de vivre en Polynésie, leurs traditions, leur culture, ils parlaient de tout cela avec ferveur et passion.
Pas question pour eux de quitter le pays, « le fenua ». Malgré leurs compétences et les difficultés de la vie quotidienne à Tahiti, aller travailler à Paris, Nantes ou Bordeaux, n’est pas une option.
Deuxième surprise, en dépit des divergences politiques, il y avait chaque soir autour de la table un vrai consensus autour du nouveau gouvernement, indépendantiste, élu le 30 avril. Gouvernement à qui « il faut donner le temps de faire ses preuves » entendait-on.
Aucune animosité, pour l’instant, envers le nouveau président, Moetai Brotherson, largement respecté, issu du parti Tavini Huiraatira

Le troisième volet des échanges a été plus délicat. Chacun a évoqué à sa façon les nombreux défis de la vie quotidienne dans ces îles lointaines – si souvent idéalisées par les étrangers!
L’envers du décor, de la carte postale, est très différent. Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Quatre enjeux, parmi beaucoup autres, ont été évoqués.
* Dans un territoire où les allocations chômage n’existent pas, 26 % environ de la population en Polynésie française vit sous le seul de pauvreté, 300 euros par mois. (Chiffres de 2021 de Institut de la statistique de la Polynésie Française (ispf.pf))
* Les violences conjugales – liées en grande partie à la consommation abusive d’alcool – sont partout sur le territoire un fléau.
* Le taux de suicides sur le territoire est inquiétant. Près de 230 tentatives sont recensées par an et environ 30 à 50 personnes mettent fin à leurs jours. Chez les jeunes, c’est souvent la première cause de mortalité, dépassant même, certaines années, les accidents de la route.
* Le taux d’inflation en Polynésie française a atteint 8.5% en 2022. La plupart des ménages ont beaucoup de mal à boucler leur fin de mois.





Après avoir parcouru l’île de long en large, nourri régulièrement les cochons dans le jardin de Freddy, assisté à une messe magnifique, le dimanche 21 mai, après avoir beaucoup ri à la pension et nagé presque tous les jours dans l’eau claire et fraîche du lagon, nous avons quitté Tubuai avec beaucoup de regret.
Nous n’avons pas vu les jours passer et nous aurions pu facilement rester ici beaucoup plus longtemps. Tant la vie est douce, indolente et insouciante à Tubuai! Comme à Raivavae, les touristes sont une denrée rare sur l’île.

Le lundi 22 mai, un vol d’une quarantaine de minutes nous emmène à Rurutu, dernière étape de notre voyage aux Australes.







La production agricole à Rurutu est très importante. L’île (avec Tubuai) est l’un des vergers de la Polynésie française.
En plus du « taro », poussent ici: citrons, papayes, grenades, bananes, noix de coco, mangues, avocats, corossol, potiron, « pota » (choux chinois), « uru » (le fruit de l’arbre à pain), goyaves…
Une grande partie des fruits et légumes vendus dans les marchés de Tahiti provient des Australes.

Rurutu produit aussi un excellent café!




Une autre belle surprise nous attend à Rurutu: l’immense diversité de ses habitants!

Nous avons rencontré en quelques jours, partout dans les villages, des riverains issus de métissages complexes. Métissages qui reflètent la présence sur l’île, au cours des ans, de navigateurs, aventuriers, commerçants, missionnaires et immigrants venus, des quatre coins du monde, s’établir à Rurutu.
La plupart des habitants ici ont du sang portugais, espagnol, français, chinois, parfois sud-américain.
Nous avons appris que l’argent échangé dans les commerces à Tahiti a été, jusqu’à la fin du 19è siècle, la monnaie chilienne et péruvienne!




Nous avons aussi rencontré à Moerai un homme jovial, surprenant, dynamique, encore jeune, Dominique, qui vient de prendre sa retraite… à l’âge de 39 ans!

Fait peu connu: la Polynésie est (avec la Réunion) l’un des premiers viviers de recrues de l’armée française. Vu le taux élevé de chômage chez les jeunes et le manque de débouchés sur le territoire, des centaines de jeunes polynésiens (hommes et femmes) s’engagent chaque année dans l’armée afin de défendre aux quatre coins du monde le drapeau tricolore.
Certains s’engagent dans la Légion étrangère


Après une semaine bien remplie, nous devons déjà quitter Rurutu.

Nous avons rencontré aux Australes des gens simples, paisibles, généreux, fiers de leurs îles!
Cela a été un vrai bonheur de vivre ici.

Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir pu réaliser ce second voyage en Polynésie française.
Mais nous repartons quand même avec quelques interrogations.
* Combien de temps encore ces petites îles isolées, dans les Australes, pourront-elles rester à l’écart des grands circuits touristiques – lorsqu’on apprend que le nouveau gouvernement veut tripler à 600 000 par an le nombre de visiteurs en Polynésie française?
* Après les élections, tenues en avril, comment va évoluer le territoire, politiquement? Quelles seront les premières grandes mesures prises par le parti indépendantiste?
* Quelle marge de manoeuvre la France va-t-elle accorder à sa lointaine « collectivité d’outre-mer« ?

Cela a été une magnifique expérience de découvrir les îles Australes!
Seul regret, notre voyage s’est terminé beaucoup trop vite!

Nous avons eu la chance de visiter, jusqu’à présent, douze îles dans quatre des cinq archipels de la Polynésie française.
Nous reviendrons, bien sûr. Le cinquième archipel – les îles Gambier – nous attend!

Nous sommes de retour à Punaauia, au bord de la plage.
Papeete est à vingt minutes de route, au nord.
Notre vol (direct) pour Seattle part ce soir. Nous serons à Vancouver mercredi après-midi.
« Nana » (Au revoir)!



















































Une autobiographie remarquable. La métamorphose fascinante d’un militant gauchiste devenu, au fil des ans, un riche hommes d’affaires et l’un des personnages les plus en vue de la Colombie-Britannique, généreux bienfaiteur dans le domaine des arts visuels.

