Tubuai & Rurutu

Une jeune femme explore la plage « Tavana », située à deux pas de notre pension, sur l’île de Tubuai, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française, le dimanche 14 mai. Le climat aux Australes est plus frais que dans les autres archipels. La température oscille, en mai, entre 21 et 26 degrés.
Un peu plus loin, le dimanche 21 mai, promenade à « la Baie Sanglante« , un lieu mythique à Tubuai. C’est dans cette baie qu’ont eu lieu, en mai 1789, les premiers combats entre les insulaires et les mutins du HMS Bounty. Malgré tous leurs efforts (et la construction d’un fort) les révoltés du Bounty n’arriveront jamais à s’implanter à Tubuai. Ils devront quitter l’île (pour Tahiti puis Pitcairn) en septembre 1789. Photo – Freddy.
Chaude ambiance le vendredi 20 mai dans la cuisine de notre pension, à Tubuai. Tout le monde met la main à la pâte. Au menu du souper ce soir-là: carpaccio de thon, salade de chou et vermicelles chinois. Autour de Diana, rayonnante, Poe, Imelda et Nadine (en bleu) entourée de ses nièces, étudiantes au collège de Tubuai.
Montés par d’intrépides cavaliers lors des grandes courses des fêtes du « Heiva », en juillet, des chevaux gambadent près du village de Anua, à l’ouest de l’île…
… sous le regard attentif de Teddy, pêcheur et agriculteur, installé à Tubuai depuis toujours. Teddy cultive ce matin-là, près des chevaux, son champ de pandanus, un arbuste dont les feuilles sont utilisées…
… dans la vannerie et la chapellerie, sources importantes de revenus pour les habitants des Australes. Ci-dessus, chapeaux et paniers, typiques de l’archipel, entièrement faits à la main, exposés dans une boutique de Tubuai
Promenade familiale au village de Avera, à l’ouest de l’île de Rurutu, le lundi 22 mai.

Nous avons vécu une splendide aventure pendant ces quatre semaines passées dans les îles Australes!

La visite de ce quatrième archipel a confirmé ce que nous avions ressenti lors de notre premier voyage aux Îles de la Société, aux Tuamotu, aux Marquises.

L’accueil, partout sur le territoire, est prodigieux.

Les sourires, généreux, éclatants.

Les gens ici, souvent, rient, et vous aiment, avec les yeux.

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Diana en compagnie de Maimiti et d’Imelda à notre pension à Tubuai, le samedi 20 mai

Quelques repères, pour les férus d’histoire.

L’archipel des Australes – composé de sept îles dont cinq sont habitées – portait autrefois le nom de « Îles Tubuai », Tubuai étant la plus grande île de l’archipel.

Tubuai est aujourd’hui la capitale administrative et économique des Australes.

7000 habitants environ vivent dans l’archipel. 

Après notre séjour à Raivavae, nous avons fait halte dans les Australes à Tubuai puis à Rurutu. Les deux autres îles habitées de l’archipel sont Rimatara et la petite île de Rapa, à l’est – que je rêve de visiter!! Rapa est la « petite soeur » de Rapa Nui, le nom polynésien de l’île de Pâques, située beaucoup plus à l’est.

James Cook est le premier navigateur européen à « découvrir » Rurutu, en 1769 lors de son voyage initial dans le Pacifique. Il sera aussi le premier à mentionner Tubuai huit ans plus tard, en 1777, lors de son troisième (et dernier) voyage.

Tubai passe sous protectorat français en 1842, Rurutu en 1889.

Les deux îles seront ensuite annexées par la France, en 1880 pour Tubuai, en 1900 pour Rurutu. Les autorités françaises craignant de perdre les îles Australes aux mains des Anglais – omniprésents à l’époque dans la région via les missionnaires (protestants) de la London Missionary Society.

Environ 2000 habitants répartis dans de petits villages posés sur le littoral vivent à Tubuai. L’île est entourée d’un immense lagon, l’un des plus vastes en Polynésie française. Notre pension est située à Mataura, le bourg principal, où on retrouve la poste, la mairie, une banque, un petit magasin et quelques « roulottes » de restauration rapide. Une route goudronnée de 26 kms…
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… fait le tour de l’île. Ci-dessus, sur la côte ouest de Tubuai, près du village de Anua, le lundi 15 mai. Le lagon, immense, est à l’arrière-plan.
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Aperçu de la route de ceinture de Tubuai. L’île est belle, paisible, montagneuse à l’intérieur des terres. En plus de la vannerie, les habitants de Tubuai vivent (comme à Raivavae) de la pêche, de l’agriculture et du tourisme qui se développe peu à peu.
La plupart des habitants possèdent un terrain patrimonial, partagé et entretenu par les membres d’une même famille. Ce qui provoque parfois des tensions. La terre est fertile à Tubai. Dans les jardins, on cultive carottes, pastèques, pommes de terre, et du « taro », un légume racine. Ci-dessus, Diana en compagnie de Freddy, dans la propriété qu’il partage avec son oncle…
Freddy, musicien, aux mille talents, homme à tout faire, responsable avec son épouse, Nadine, de gérer notre pension. Ils ont tous les deux gardé sur nous un oeil bienveillant pendant notre séjour à Tubuai. Merci Freddy et Nadine!
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Lors d’une de nos promenades à Tubuai, nous avons rencontré la tante de Freddy, Mins, qui cueille un matin, au bord de la route, des feuilles servant à améliorer la circulation sanguine. Mins en a besoin pour un…
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… membre de sa famille. « J’ai appris à reconnaître ces plantes médicinales traditionnelles dans un grand livre écrit en français et tahitien, hérité de ma grand-mère », nous confie-t-elle en remplissant son sac.

Vu la durée de notre séjour à Tubuai (10 jours), nous avons vraiment eu le temps ici d’écouter les Polynésiens. Longuement et attentivement. Aussi bien les riverains que les Tahitiens de passage. Puisque notre pension a eu la bonne idée d’accueillir en même temps que nous plusieurs petits groupes de techniciens venus accomplir sur l’île des missions de 3, 4 ou 5 jours.

La plupart de ces professionnels étaient Tahitiens. Nous étions toute ouïe.

Nous avons ainsi partagé nos repas avec une équipe de Météo France-Tahiti venue réparer du matériel sur le terrain de l’aéroport.

Des électriciens de Papeete ont également séjourné à la pension afin de vérifier la bonne marche des circuits de divers bâtiments de l’île – dont ceux du RSMA, un organisme que je connaissais pas.

Le RMSA en Polynésie française a comme mission principale l’insertion dans la vie active des jeunes adultes de 18 à 25 ans. Différentes formations y sont offertes: électricien, soudeur, plombier, aide à la restauration, à la petite enfance, agent administratif, etc… Formations essentielles dans ces petites îles où les structures d’apprentissage sont rares. Le RMSA est financé par le ministère des Outre-Mer.
Devant l’antenne du RMSA à Tubuai

Un groupe de plongeurs a aussi été des nôtres. Responsable de superviser la délicate pose du cable de fibre optique qui doit bientôt relier Tahiti aux îles Australes. Un service très attendu ici. Le débit du réseau internet étant, dans les îles de l’archipel, extrêmement lent. Difficile à Tubuai ou à Rurutu de télécharger un document ou même une photo.

Tout ce beau monde se réunissait deux fois par jour autour de la table de la salle à manger.

Souper à notre pension à Tubuai, le mercredi 17 mai.

Au cours des repas, les sujets de discussion, les opinions, les questions, ne manquaient pas. Nous avons beaucoup appris.

Deux choses m’ont frappé au cours de ces conversations. La première, c’est l’attachement viscéral qu’avaient ces hommes et ces femmes pour leur territoire. Leur façon de vivre en Polynésie, leurs traditions, leur culture, ils parlaient de tout cela avec ferveur et passion.

Pas question pour eux de quitter le pays, « le fenua ». Malgré leurs compétences et les difficultés de la vie quotidienne à Tahiti, aller travailler à Paris, Nantes ou Bordeaux, n’est pas une option.

Deuxième surprise, en dépit des divergences politiques, il y avait chaque soir autour de la table un vrai consensus autour du nouveau gouvernement, indépendantiste, élu le 30 avril.  Gouvernement à qui « il faut donner le temps de faire ses preuves » entendait-on.

Aucune animosité, pour l’instant, envers le nouveau président, Moetai Brotherson, largement respecté, issu du parti Tavini Huiraatira

Moetai Brotherson, 53 ans, sera aussi responsable du ministère du tourisme, des transports aériens internationaux, de l’égalité des territoires, des affaires internationales, du développement des archipels, de l’économie numérique et des conséquences des essais nucléaires.

Le troisième volet des échanges a été plus délicat. Chacun a évoqué à sa façon les nombreux défis de la vie quotidienne dans ces îles lointaines – si souvent idéalisées par les étrangers!

L’envers du décor, de la carte postale, est très différent. Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Quatre enjeux, parmi beaucoup autres, ont été évoqués.  

* Dans un territoire où les allocations chômage n’existent pas, 26 % environ de la population en Polynésie française vit sous le seul de pauvreté, 300 euros par mois. (Chiffres de 2021 de Institut de la statistique de la Polynésie Française (ispf.pf))

* Les violences conjugales – liées en grande partie à la consommation abusive d’alcool – sont partout sur le territoire un fléau. 

* Le taux de suicides sur le territoire est inquiétant. Près de 230 tentatives sont recensées par an et environ 30 à 50 personnes mettent fin à leurs jours. Chez les jeunes, c’est souvent la première cause de mortalité, dépassant même, certaines années, les accidents de la route.

* Le taux d’inflation en Polynésie française a atteint 8.5% en 2022. La plupart des ménages ont beaucoup de mal à boucler leur fin de mois.

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Thierry a grandi sur l’île de Rapa et vend le midi dans sa roulotte des sandwiches (« hachis-frites« ) sur le bord de mer de Mataura, à Tubuai. Son rêve? Venir exercer son métier au Canada. Projet difficile. Le Canada n’a aucune antenne officielle en Polynésie française (il faut passer par le consulat australien). Les entrevues avec les candidats retenus pour une immigration potentielle ont lieu à Sydney, Auckland, Honolulu ou Los Angeles! Le coût du voyage est défrayé par les candidats. Sans aucune garantie de succès.
Elvis, dans sa boutique de fruits et légumes située à Tubuai, à l’ouest de « la station » de Mataura.
Conversation amicale avec une jeune femme, accompagnée de son enfant, qui vend des fruits et des légumes devant la maison familiale, sur la route de l’aéroport à Tubuai
Baignade et moment de détente avec deux de nos compagnons de voyage, Serge et Agnès, à Tubuai.
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Messe de l’Ascension célébrée à la paroisse Saint-Joseph de Tubuai

Après avoir parcouru l’île de long en large, nourri régulièrement les cochons dans le jardin de Freddy, assisté à une messe magnifique, le dimanche 21 mai, après avoir beaucoup ri à la pension et nagé presque tous les jours dans l’eau claire et fraîche du lagon, nous avons quitté Tubuai avec beaucoup de regret.

Nous n’avons pas vu les jours passer et nous aurions pu facilement rester ici beaucoup plus longtemps. Tant la vie est douce, indolente et insouciante à Tubuai! Comme à Raivavae, les touristes sont une denrée rare sur l’île.   

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Aperçu de la plage de la Baie Sanglante, près du village de Mataura, à Tubuai.

Le lundi 22 mai, un vol d’une quarantaine de minutes nous emmène à Rurutu, dernière étape de notre voyage aux Australes. 

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Rencontre avec un groupe de jeunes, à l’extérieur du « snack Sabrina« , au village de Avera, le jour de notre arrivée à Rurutu. Nous avons fait ce jour-là, en scooter, le tour de l’île…
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… quelques heures seulement après notre descente d’avion! Ci-dessus, devant la mairie de Avera. Direction: la pointe sud de l’île de Rurutu
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où nous nous arrêtons près du village de Narui, au bord d’une magnifique plage de sable blanc!
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La montagneuse île de Rurutu. Environ 2400 habitants vivent ici dans trois villages principaux: Moerai, la localité principale, au nord-est, Avera, sur la côte ouest et Auti sur la côte est. Notre pension (croix bleue sur la carte), est située dans le bourg de Vitaria…
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… au milieu d’une cocoteraie, ci-dessus. On aperçoit, derrière les arbres, de l’autre côté de la route…
… la plage, déserte, où nous nous sommes baignés pratiquement tous les jours.  Des bassins d’eau profonde dans le lagon, près de la pension, permettent de nager facilement. La température de l’eau à Rurutu est beaucoup plus agréable (chaude) qu’à Tubuai et la recherche de coquillages réserve de belles surprises!
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Rencontre avec Pa, le jeudi 25 mai, à Moerai, devant la coopérative agricole de Rurutu. Pa cultive sur ses terres le « taro ». Comme tous les anciens, il parle sur l’île le reo Rurutu, un dialecte similaire au tahitien mais qui se distingue par son vocabulaire et la façon de prononcer certains mots. La lettre « h » par exemple n’est pas utilisée en Rurutu. Le village de Hauti en Tahitien = Auti en Rurutu. Le Rurutu est enseigné ici à l’école primaire.

La production agricole à Rurutu est très importante. L’île (avec Tubuai) est l’un des vergers de la Polynésie française.

En plus du « taro », poussent ici: citrons, papayes, grenades, bananes, noix de coco, mangues, avocats, corossol, potiron, « pota » (choux chinois), « uru » (le fruit de l’arbre à pain), goyaves…

Une grande partie des fruits et légumes vendus dans les marchés de Tahiti provient des Australes.

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Une plantation de choux près du village de Moerai

Rurutu produit aussi un excellent café!

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Nova, originaire des Marquises, a repris il y a quelques mois à la coopérative de Rurutu la commercialisation du café de l’île. Elle arrive difficilement à répondre aux demandes qui affluent d’un peu partout. Nous avons réussi à repartir avec quelques précieux paquets de café, fraîchement torréfié.
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Sur le pourtour de la sinueuse route de ceinture de Rurutu, des structures de pierre rappellent, avant chaque village, un épisode de l’histoire de l’île. Rurutu est surprenante à parcourir en scooter. On longe au départ de magnifiques plages de sable blanc puis, quelques minutes plus loin, la route franchit de petits cols de montagne qui embaument le pin et l’eucalyptus. Une magnifique aventure!
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Une maison nichée au coeur d’une cocoteraie, près du village de Narui, au sud de Rurutu.
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Nelly partage avec Diana des conseils de couture, à Moerai, le mardi 23 mai.

Une autre belle surprise nous attend à Rurutu: l’immense diversité de ses habitants!

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Hani, née d’un père coréen et d’une mère tahitienne, travaille dans un restaurant, face au port de Moerai, à Rurutu.

Nous avons rencontré en quelques jours, partout dans les villages, des riverains issus de métissages complexes. Métissages qui reflètent la présence sur l’île, au cours des ans, de navigateurs, aventuriers, commerçants, missionnaires et immigrants venus, des quatre coins du monde, s’établir à Rurutu.

La plupart des habitants ici ont du sang portugais, espagnol, français, chinois, parfois sud-américain.

Nous avons appris que l’argent échangé dans les commerces à Tahiti a été, jusqu’à la fin du 19è siècle, la monnaie chilienne et péruvienne! 

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Thenyou, 71 ans, derrière le comptoir de son magasin à Avera, à Rurutu, où il est né. Son père est arrivé sur l’île à la fin des années 20, en provenance du sud de la Chine, afin de reprendre, à Avera, le magasin tenu déjà, à l’époque, par une famille chinoise!
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Plat de « Chow Mein » servi au restaurant « Les Délices de Rurutu« , le mardi 23 mai. La cuisine chinoise est partout présente en Polynésie.
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Des jeunes filles marchent tranquillement dans une rue de Moreai. J’ai eu parfois l’impression à Rurutu de marcher dans les rues d’une petite ville dans le sud d’Haïti. 
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Maison typique du bourg de Moreai. Pas un papier qui traîne dans la cour. Nous avons remarqué que les Polynésiens, dans chacun des archipels où nous sommes passés, nettoient consciencieusement leurs jardins et l’espace devant leurs maisons.

Nous avons aussi rencontré à Moerai un homme jovial, surprenant, dynamique, encore jeune, Dominique, qui vient de prendre sa retraite… à l’âge de 39 ans!

Après 20 ans de bons et loyaux services (2003-2023) dans l’armée française, Dominique est revenu chez lui, à Rurutu, prendre sa retraite. Pendant son service, Dominique a été déployé en Afghanistan, au Kosovo et au Mali.

Fait peu connu: la Polynésie est (avec la Réunion) l’un des premiers viviers de recrues de l’armée française. Vu le taux élevé de chômage chez les jeunes et le manque de débouchés sur le territoire, des centaines de jeunes polynésiens (hommes et femmes) s’engagent chaque année dans l’armée afin de défendre aux quatre coins du monde le drapeau tricolore. 

Certains s’engagent dans la Légion étrangère 

Avis de recrutement affiché sur les murs de la mairie de Auti, à Rurutu.
Sashimi de thon à la javanaise, servi au restaurant Piareare, en face du port, à Moerai. « Tama’a Maitai »! = Bon appétit!

Après une semaine bien remplie, nous devons déjà quitter Rurutu.

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Diana participant à un atelier de tressage avec Tuparii à notre pension, à Vitaria.

Nous avons rencontré aux Australes des gens simples, paisibles, généreux, fiers de leurs îles!

Cela a été un vrai bonheur de vivre ici.

28 mai 2023
Une femme et son enfant, devant l’église Saint Jean-François Régis, à Rurutu, le dimanche 28 mai.

Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir pu réaliser ce second voyage en Polynésie française. 

Mais nous repartons quand même avec quelques interrogations.

 * Combien de temps encore ces petites îles isolées, dans les Australes, pourront-elles rester à l’écart des grands circuits touristiques – lorsqu’on apprend que le nouveau gouvernement veut tripler à 600 000 par an le nombre de visiteurs en Polynésie française?

* Après les élections, tenues en avril, comment va évoluer le territoire, politiquement? Quelles seront les premières grandes mesures prises par le parti indépendantiste?

* Quelle marge de manoeuvre la France va-t-elle accorder à sa lointaine « collectivité d’outre-mer« ?

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Diana en compagnie de Hinano et de ses enfants près de notre pension, à Vitaria, le mercredi 24 mai.

Cela a été une magnifique expérience de découvrir les îles Australes!

Seul regret, notre voyage s’est terminé beaucoup trop vite!

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Vol Rurutu-Papeete le lundi 29 mai

Nous avons eu la chance de visiter, jusqu’à présent, douze îles dans quatre des cinq archipels de la Polynésie française.

Nous reviendrons, bien sûr. Le cinquième archipel – les îles Gambier – nous attend!

4 mai 2023 Raivavae
Sur une plage de Raivavae, le jeudi 4 mai.

Nous sommes de retour à Punaauia, au bord de la plage.

Papeete est à vingt minutes de route, au nord.

Notre vol (direct) pour Seattle part ce soir. Nous serons à Vancouver mercredi après-midi.

« Nana » (Au revoir)!

Raivavae

Raivavae est sans aucun doute l’île la plus sauvage que nous avons visitée jusqu’à présent en Polynésie française.

L’une des plus belles et captivantes aussi.

Halte sur une petite plage lors de notre première randonnée en vélo, le jeudi 4 mai, sur l’île de Raivavae, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française

Joanne
Un peu plus tôt le même jour, alors que je me promène devant notre bungalow, Joanne, ci-dessus, traverse la route avec un grand sourire pour me souhaiter la bienvenue à Raivavae! Elle va chercher son pain. Née aux îles Tuamotu, Joanne est arrivée avec sa famille à Raivavae à 17 ans. Elle n’est jamais repartie.

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Raivavae, soulignée en vert, première étape de notre voyage dans l’archipel des Australes. Nous visiterons ensuite, à l’ouest, Tubuai puis Rurutu.

Une route presqu’entièrement goudronnée et plate d’environ 20 kms fait le tour de Raivavae. L’île est située au coeur d’un magnifique lagon encerclé d’une série de motus (atolls). Il y a quatre villages à Raivavae: Vaiuru, Rairua (le plus important), Mahanatoa et Anatonu (souligné en bleu) où est située notre pension.

5 mai 2023 5 Flores Nui
Lors de nos promenades en vélo, nous allons comme d’habitude à la rencontre des riverains, aussi heureux que nous ici de faire connaissance! Longue conversation le vendredi 5 mai avec Nui Flores qui travaille dans son champ de taro (un turbercule) près du village de Mahanatoa.

5 mainew 2023 2 5 Flores Nui
Nui Flores nous parle de sa plantation, de sa famille, qui vit à Raivavae depuis plusieurs générations. Nui Flores revendique fièrement ses racines espagnoles et portugaises. Le maire de Raivavae, Bruno Flores, réélu en 2020, appartient à une autre branche de la même famille Flores.

Environ 900 habitants vivent ici paisiblement de la pêche, de l’agriculture, du tourisme.

Tout le monde se connaît. Et se retrouve régulièrement lors des événements et des fêtes qui ponctuent la vie des quatre petites communes de l’île.

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Participants à la grande fête du  au village de Vaiuru, le dimanche 7 mai. Le est une importante célébration qui réunit chaque dimanche, pendant tout le mois de mai…

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la communauté protestante de Raivavae et celle de chacune des îles de l’archipel des Australes. Voir détails plus bas.

Malgré la construction en 2002 d’un aéroport qui permet de rejoindre Papeete en deux heures, une poignée de visiteurs seulement s’aventure chaque année jusqu’ici.

Diana devant notre bungalow, situé au bord du lagon

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à la pointe nord-est de l’île

La météo est capricieuse à Raivavae. La nature, parfois hostile. Il pleut souvent. Comme dans les autres îles de l’archipel.

Nous avons donc eu droit pendant notre séjour à plusieurs averses abondantes et à de très fortes rafales de vent. Nous avons même pendant deux jours été privés d’internet, pour cause de forte houle.

Heureusement, ces intempéries ont été suivies de plusieurs longues et belles éclaircies. Nous avons eu des journées splendides!

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Un riverain rentre tranquillement chez lui, au sud de Rairua le mardi 9 mai

Sur la paisible route de ceinture, à quelques centaines de mètres de notre pension, rencontre avec…

Poema, née à Raivavae. Son nom en tahitien signifie « la perle propre« . Poema tient dans les mains des bouteilles remplies de petits coquillages. Elle part ce matin-là fabriquer chez elle des colliers et des bracelets.

Raivavae compte six pensions de famille disposant chacune de chambres ou de bungalows. Les logements sont très rarement tous occupés en même temps. En fait, à part les deux sympathiques couples (de St-Malo et de Paris) hébergés à notre pension, nous n’avons pratiquement vu ici aucun autre touriste.

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Nous rencontrons tôt un matin, au sud d’Anatonu, Bernard qui revient de sa pêche quotidienne aux algues. Ces algues, « le caviar vert » des Australes, seront lavées, séchées puis vendues un peu plus tard dans les commerces et pensions de Raivavae…

Bernard, ci-dessus, revenant de sa pêche, travaille aussi à la Mairie de Raivavae… et son épouse…

Rofina, vend devant leur domicile des concombres géants, des papayes, des pamplemousses récoltés dans leur jardin. Rofina tient aussi dans les mains les algues ramenées par son mari. Merveilleuse polyvalence des Polynésiens!

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Paysage typique du littoral de la côte nord de Raivavae, entre Anatonu et Raiuru. Un petit paradis.

Il n’y a pas d’hôtel à Raivavae. Les résidents (comme à Maupiti) n’en veulent pas. L’île a un restaurant, souvent fermé. Aucune banque (seulement un DAB à la poste). Pas de transport collectif. Ni de location de voiture. Très peu de circulation automobile.

La meilleure façon de se déplacer à Raivavae est le vélo. En version électrique, souvent, pour les résidents.

Grande randonnée autour de l’île, le samedi 6 mai. Tout en pédalant, conversations amicales avec les habitants. Ci-dessus, sur la droite, Ismaël et son épouse Tania en discussion avec Diana…

Nous nous dirigeons ce jour-là vers la redoutable route transversale, abrupte, qui relie les communes de Mahanatoa et Vaiuru. Randonnée épique!

Trois ou quatre petits « magasins » vendent aux riverains quelques produits de première nécessité, le pain, l’huile, le riz, des pâtes, des soupes chinoises, en paquets. Une bouteille de vin très ordinaire coûte 2000 CFP Francs Pacifique (17 euros ou Can$25).

La plupart des habitants cultivent chez eux un petit potager où poussent des légumes (pommes de terre, salades, taro, tomates) et des arbres fruitiers (papayes, citrons, oranges)

Comme dans les autres petites îles en Polynésie, on se débrouille ici pour les services comme on peut. On fait appel à un voisin pour la plomberie ou pour régler un problème d‘électricité. On vend sur le bord de la route les produits de son jardin.

La communauté – à 90% protestante – est très soudée. Il n’y a ici aucun sans-abri ou de banque alimentaire, comme à Tahiti. Les gens s’entraident, partagent, échangent.

Nouvelle conversation un matin avec Marie qui propose devant son jardin des bottes de chou chinois (bok choi). On les appelle ici « pota ».

Marie nous parle elle aussi longuement de ses origines. Son père, français, était légionnaire. Sa mère vient de Tahiti. Sur la gauche, on aperçoit une partie de l’édifice qui était autrefois l’école primaire.

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Le chou chinois, préparé à la pension, était excellent et nous retournons chez Marie quelques jours plus tard. Cette fois, c’est son mari Yves qui va dans le jardin déterrer pour nous…

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… deux nouvelles bottes de chou. Impossible de manger plus local et plus frais!

Petit-déjeuner à notre pension autour d’Eléonore (robe rouge, à gauche) et son mari Denny, debout à ses côtés.

Comme souvent en Polynésie française, un des moments que j’apprécie le plus est le rituel des repas pris en commun le soir avec notre famille d’accueil. Les oreilles grandes ouvertes, nous écoutons attentivement les informations que partagent nos hôtes sur l’histoire de leurs îles.

Un soir, autour de la table du souper, Eléonore, la propriétaire de notre pension, n’hésite pas à résumer la façon dont la vie quotidienne a radicalement changé à Raivavae où elle est née, il y a plus de soixante ans.

« Raivavae autrefois produisait du café », nous dit-elle. Mais les plantations ont peu à peu disparu dans les années soixante lorsque les hommes de l’île sont partis travailler à Papeete et ailleurs afin de construire les nombreuses infrastructures du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) – l’organisme responsable de gérer les essais nucléaires français en Polynésie française entre 1966 et 1996.

Presque du jour au lendemain, précise Eléonore, les petites communes dans les Australes, dans les Tuamotu, dans les Îles Sous-le-Vent, se sont vidées. Les hommes sont partis, en masse, attirés par les paillettes de la ville (Papeete), l’argent facile, les tentations et les salaires alléchants offerts dans les chantiers du CEP.

Cet exode a eu un effet domino dévastateur dans ces petites îles. Les hommes étaient dans ces communautés les pêcheurs, ceux qui ramenaient tous les jours à la maison du poisson pour nourrir leurs familles. Ils cultivaient aussi les champs, entretenaient les plantations, de café notamment. Laissés maintenant à l’abandon.

Une fois les hommes partis, les sources d’alimentation dans les îles ont été bouleversées. Au milieu des années soixante, les boites de conserve venues de Tahiti ont progressivement remplacé le poisson frais. Le Nescafé est arrivé. Les grandes bouteilles de boissons gazeuses aussi. Ces produits nocifs importés de la métropole ont envahi le marché. Les traditions alimentaires des Polynésiens ont été profondément modifiées.

On apprend aujourd’hui en lisant la presse que le Coca-Cola produit en Polynésie est le plus sucré du monde. Et que le taux de sucre dans ces sodas augmente chaque année. Impunément. C’est inexcusable. Comment un gouvernement peut-il laisser des entreprises traiter ainsi les citoyens?

Les taux d’obésité et de diabète sont très élevés en Polynésie française. 70% de la population adulte est en surpoids dont 40% au stade d’obésité.

Eléonore conclut cette leçon d’histoire par une une note plutôt optimiste. Elle nous apprend que le gouvernement nouvellement élu le 30 avril, gouvernement indépendantiste, a dans son programme un vaste projet visant à encourager et à subventionner sur le territoire la reprise de pratiques agricoles traditionnelles. Quelle excellente idée!

Tous nos vœux de succès aux nouveaux élus et aux communes qui adhèreront à ce projet!

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Nous avons revu quelques jours plus tard Nui Flores dans son champ de taro, la boue jusqu’aux genoux. Son compagnon de travail, Samuel, est à ses côtés. Nous leur avons communiqué les informations partagées par Eléonore. Nous les avons aussi encouragés à prendre contact avec la Mairie de Raivavae. En espérant de tout coeur qu’ils puissent tous les deux bénéficier des subventions de ces nouveaux programmes.

Grande effervescence le samedi 6 mai dans les communes de Raivavae! On célèbre le lendemain la grande fête du Mè!

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Un groupe de riverains ci-dessus, nettoie le terrain de l’église protestante située juste derrière notre pension, à Anatonu.

De l’autre côté de l’île, dans le village de Vaiuru où doit avoir lieu cette première célébration du , Guillaume, ci-dessous, à droite, accompagné des membres de la communauté, s’affaire. Il n’y a pas une minute à perdre! Plus de 200 convives sont attendus  le lendemain pour le déjeuner dans la salle paroissiale de Vaiuru.

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Guillaume en pleine préparation. Au menu: poulet et cochon cuits au four et, sur la table à gauche, du poisson enveloppé dans une feuille de « auti ».

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En compagnie de Guillaume, pêcheur et agriculteur, né à Raivavae, père de trois enfants. Il nous invite gentiment à assister au le lendemain. Nous acceptons avec plaisir!

Dimanche, 7 mai. C’est le grand jour!

Des quatre coins de l’île, hommes, femmes et enfants se pressent devant l’église protestante de Vaiuru.

Les participants, grands sourires aux lèvres, descendent du bus…

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… scolaire de la commune

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Tout le monde est sur…

… son trente-et-un!

A l’intérieur de la salle, des chants, des cantiques, de la musique, une ambiance extraordinaire!

Les musiciens (Guillaume est à gauche) sont vêtus du costume

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de leur paroisse

Les femmes portent sur la tête des couronnes de fleurs et de feuilles cueillies le matin même dans leurs jardins.

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C’est la tradition!

Un des objectifs principaux du est de recueillir des membres de la paroisse des fonds pour l’église protestante de la Polynésie française.

Ces fonds serviront en partie à subventionner le coût des voyages des pasteurs et des missionnaires en Polynésie et ailleurs dans le monde.

Chacune des quatre communes de l’île organisera, dans sa paroisse, pendant le mois de mai, son propre Mè. Il y aura donc à Raivavae cette année quatre – les 7, 14, 21 et 28 mai – événements auxquels participent les membres de la communauté protestante, s’ils le désirent.

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Des dignitaires de la commune de Vaiuru officient et gèrent solennellement l’événement.

Je me suis renseigné. Pour la seule île de Raivavae, les fêtes du rapportent chaque année à l’église protestante de la Polynésie française plus de 5 millions de francs CFP, l’équivalent de 50 000 euros ou CAN $73 000.

Sur la côte sud de Raivavae… Après avoir été plongées dans l’eau du lagon, les régimes de bananes mûrissent au soleil, en hauteur, à l’abri des rongeurs…

Terei devant sa maison accompagnée de ses enfants qui rentrent de l’école primaire

Nous avons passé ici l’un de nos plus beaux et authentiques séjours en Polynésie française!

Notre vol de 40 minutes pour Tubuai – notre deuxième étape aux Australes – part vendredi après-midi.

Cela a été un vrai bonheur de retrouver à Raivavae l’accueil chaleureux et le sourire des Polynésiens.

L’aventure continue à Tubai puis à Rurutu.

On vous embrasse.

Ultime balade en vélo autour de Raivavae, le jeudi 11 mai. L’île est un bijou.

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Nous rentrons à la maison, notre pension est située juste en face de l’église, côté mer.

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Nous avons le temps juste avant notre départ le vendredi 12 mai d’assister à Anatonu

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à la préparation du repas du qui aura lieu dimanche (le 14) dans la commune

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Pièce maîtresse du menu: « le cochon« , comme on l’appelle qui est ici pesé avant d’être dépecé quelques minutes plus tard.

Les îles Australes

statueLa statue du dieu A’a de l’île de Rurutu, exposée au Musée de Tahiti, le 28 février 2023. VAIKEHU SHAN HANS LUCAS VIA AFP
La statue du dieu A’a de l’île Rurutu, exposée ce printemps au Musée de Tahiti, à Punaauia, près de Papeete. Voir l’article publié dans « Le Monde », édition du 12 mars 2023. Photo Vaikehu Shan/Hans Lucas.

Un peu moins de quatre mois après notre retour de la Polynésie française, nous repartons dans quelques jours pour cette région au bout du monde.

Cap sur les îles Australes cette fois. Un séjour d’un mois. Dans trois des sept îles de l’archipel le plus méridional du territoire, situé (pour l’île la plus proche, Rurutu) à plus de 500 kms au sud de Tahiti.

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Les archipels de la Polynésie française. Soulignées en jaune, au sud, dans les Australes, les trois petites îles où nous ferons escale, au mois de mai. Rurutu, Tubuai et Raivavae. Soulignées en vert, au nord, nos étapes précédentes en Polynésie (novembre 2022 – janvier 2023) dans l’archipel de la Société, aux îles Tuamotu et aux Marquises.

Un séjour que nous avons commencé à préparer peu de temps après notre retour, à la mi-janvier. Tant nous étions impatients de retrouver la Polynésie. Et curieux d’aller découvrir des îles encore plus lointaines, dans un archipel encore méconnu et peu visité.

Nous gardons, pour ce second séjour, la formule que nous avons tant appréciée lors de notre premier voyage. Nous logerons dans chacune des trois îles dans des petites pensions de famille, simples, modestes, en demi-pension.

Nous n’avions de toutes façons, pour les hébergements, pas beaucoup d’autres choix. Les hôtels dans les Australes sont pratiquement inexistants. Les touristes sont rares, sauf pendant la saison d’observation des baleines, au large de Rurutu, entre juillet et septembre.

L’archipel accueille environ 2000 visiteurs par an. Ce qui représente moins d’un pourcent du nombre annuel de touristes sur l’ensemble du territoire. Une goutte d’eau – et une statistique qui nous convient parfaitement.

Notre objectif à Raivavae, Tubuai et Rurutu est le même que celui de notre périple précédent. Essayer de vivre dans ces îles le plus près possible des habitants. Loin des paquebots. Des croisières. À l’abri du tumulte et de la cohue des voyages organisés.

Nous souhaitons simplement – comme à Maupiti ou Tikehau – observer et partager, dans ces îles reculées, la vie quotidienne des riverains.

Nous ne savons pas ce qui nous attend ni ce que nous allons trouver là-bas. Qui allons-nous rencontrer sur notre chemin? Quelles découvertes allons-nous faire?

Nous savons seulement que sommes infiniment reconnaissants de pouvoir repartir une deuxième fois, en quelques mois, pour ces îles singulières et si attachantes du Pacifique Sud.

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Les sept îles qui composent l’archipel des îles Australes en Polynésie française. Seules cinq des sept îles sont habitées. (Maria et Marotiri sont désertes). L’archipel compte environ 7000 habitants.

L’histoire des îles Australes diffère sensiblement de celle des autres archipels de la Polynésie française.

Les Australes ont été les dernières à être peuplées (entre le 11è et le 14è siècle, lors des grandes migrations polynésiennes), par des habitants venus, semble-t-il, selon les historiens, de Tahiti.

Elles ont aussi été les dernières à être « découvertes » par les navigateurs européens.

L’île de Rimatara, par exemple, à l’ouest de l’archipel, n’a été « révélée » au reste du monde qu’en 1811. Et l’île Maria sera « reconnue » pour la première fois en 1824.

En d’autres mots, en terme de chronologie et d’histoire d’exploration maritime, ces petites îles ont été « découvertes », par les non-Polynésiens… tout récemment!

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Raivavae sera notre première halte dans l’archipel des Australes. L’île est entourée d’un lagon ceinturé par une barrière de corail comprenant vingt-huit motus (îlots). Une route d’environ 20 kms fait le tour de l’île.

Voici donc notre itinéraire pour les prochaines semaines:

29 – 30 avril = Vancouver – Seattle – Papeete 

30 avril – 3 mai = Punaauia (commune résidentielle située au sud de Papeete)

3 – 12 mai = Raivavae – 16 km² (905 habitants)

12 – 22 mai = Tubuai – 45 km² (2050 habitants)

22 – 29 mai = Rurutu – 36 km² (2325 habitants)

29 – 30 mai = Punaauia

30 – 31 mai = Papeete – Seattle – Vancouver

Parenthèse politique – Nous arrivons à Papeete le dimanche 30 avril, le jour du deuxième tour des élections territoriales en Polynésie française. À la surprise générale, le parti indépendantiste, Tavini Huira’atira, dirigé par Oscar Temaru, est arrivé en tête (34.9% des voix) au premier tour, le 16 avril, et est donné gagnant au second tour – malgré l’alliance, cette semaine, des partis autonomistes.

Les indépendantistes reprendront-ils le pouvoir en Polynésie française, le 30 avril? Leur mandat à l’Assemblée territoriale (57 sièges) sera de cinq ans. S’ils remportent une majorité, comment réagira Paris? À suivre.

Notes de lecture:

Loïc Josse, Polynésie – (Bruxelles, 2022)

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L’un des meilleurs guides pour préparer intelligemment un voyage en Polynésie française. Pas de consignes ici sur les hôtels ou sur les lieux de restauration mais un texte court (92 pages), superbement écrit, truffé d’informations sur le pays, son histoire, sa culture et les nombreux défis auxquels fait face aujourd’hui le « fenua ». En quelques mots, sur des sujets très variés, l’essentiel est dit. 

La deuxième partie de l’ouvrage propose trois entretiens, brûlants d’actualité, menés au printemps 2021. Trois voix, très différentes, s’expriment. Celle d’un anthropologue connu, Bruno Saura. Celle d’un politicien indépendantiste, Moetai Brotherson. Et celle d’une jeune femme tahitienne, Hinatea Boosie. Conversations riches et fertiles. Regards croisés sur l’identité et la complexité du pays. Un petit livre à mon avis essentiel pour bien/mieux comprendre la Polynésie et ses multiples enjeux aujourd’hui.  

24 mars 2023 Gabriola island Ground Up Restaurant
Pois chiches au curry accompagnés de pakoras, de riz brun et de chutney à la mangue, restaurant Ground Up, 560 North Road, Île Gabriola, le vendredi 24 mars.
27 mars 2023
Splendide retour en traversier et en vélo de l’île Gabriola, le lundi 27 mars. Depuis la gare maritime de Horseshoe Bay (West Vancouver), 27 kms en bicyclette pour rejoindre le parc Stanley et Vancouver, via le pont Lions Gate (d’où la photo a été prise). À l’arrière-plan, la municipalité de West Vancouver. Le bonheur de vivre au bord du Pacifique!

Michael Audain, One Man in his Time – (Madeira Park, B.C, 2021)

m1audainUne autobiographie remarquable. La métamorphose fascinante d’un militant gauchiste devenu, au fil des ans, un riche hommes d’affaires et l’un des personnages les plus en vue de la Colombie-Britannique, généreux bienfaiteur dans le domaine des arts visuels.

Michael Audain fait fortune dans les années 80 comme promoteur dans le lucratif marché immobilier de la grande région de Vancouver.

Président de la compagnie Polygon Homes Ltd, son entreprise a construit (jusqu’à Seattle) plus de 30 000 logements. Éclatante réussite financière.

Quelle surprise de découvrir dans cette étonnante autobiographie une orientation et un parcours de jeunesse bien différents.

Engagé à gauche, le jeune Michael obtient à UBC un diplôme en travail social. Il travaille dans les quartiers défavorisés de Vancouver et songe à rejoindre (via le Panama) Fidel Castro à Cuba. Il participe en 1961, auprès de Tommy Douglas, au congrès inaugural du Nouveau Parti Démocratique (parti de centre-gauche).

Au même moment, il milite aux USA pour la cause des Noirs. Et devient, dans un bus entre Memphis et la Nouvelle-Orléans, un freedom rider. Il est arrêté à Jackson, au Mississipi. Il refuse, au poste de police, de renier ses convictions et est incarcéré pendant quatre mois dans un pénitencier. Pages saisissantes.

En Mai 68, on le retrouve à Paris, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit. Une jeunesse trépidante, exemplaire.

Après l’élection en Colombie-Britannique, en 1972, du NPD, dirigé par Dave Barrett (ex-travailleur social lui aussi), sa vie bascule. 

Le nouveau gouvernement le nomme conseiller auprès du Ministère du Logement. Il élabore et participe à la construction de milliers de logements sociaux dans la province. Michael Audain s’éloigne ensuite, peu à peu, du NPD et crée sa propre compagnie, Polygon. Un nouveau chapitre commence.

Un récit palpitant, plein de rebondissements. Et une vie, bien remplie, qui ressemble à un roman d’aventures.   

1er avril 2023 John 316
Poulet au curry et porc braisé, cuisine malaisienne, restaurant John 3:16, 1063 West Broadway, Vancouver, le samedi 1er avril.

Un dernier mot, avant le départ.

Après plus de dix ans de pourparlers et de réunions avec la Ville…

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Les travaux de réaménagement de notre rue, dans le quartier Mount Pleasant, ont commencé ce printemps. Sur un tronçon de quatre pâtés de maisons, notre rue va être transformée en piste cyclable et voie verte. Plutôt que ruisseler sur l’asphalte et se retrouver dans les égouts, l’eau de pluie sera en grande partie récupérée et réutilisée…
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afin d’irriguer le long de la rue de nouveaux espaces verts, des zones humides et des jardins aménagés par la Ville. Le projet vise aussi à réduire (et à éliminer sur deux tronçons) la place de la voiture dans un quartier qui tend à se densifier. Notre petit groupe d’activistes, fondé en 2010, à l’origine du projet, est aux anges! Nous avons même, l’an dernier, gagné un prix! Voir (Greenest City): 2022 Awards of Excellence, City of Vancouver

Bon printemps à tous!