Semaine pleine d’enseignements passée dans la région de Skoura!




30 000 habitants environ vivent paisiblement à Skoura.
Berbères – la première communauté à s’établir dans la région – et Arabes font ici bon ménage, depuis bien longtemps.
La ville est tranquille, sans histoires. Une petite population juive vivait aussi ici autrefois.


Quelques remarques, avant d’aller plus loin.
Le voyage a le grand mérite de clarifier le regard qu’on porte sur sa propre communauté.
En arrivant dans le sud du Maroc, en provenance d’une grande métropole, plusieurs détails, fondamentaux, sautent aux yeux lorsqu’on se promène et qu’on découvre une petite ville comme Skoura.
Il n’y a pas ici de sans-abris, ni de banque alimentaire. Selon le principe de la « Zakât » (la charité, l’un des piliers de l’islam), tout le monde au village mange à sa faim. Malgré la pauvreté de la majorité des habitants. La solidarité est exemplaire.
Les congélateurs étant rares, les gens consomment au jour le jour uniquement ce dont ils ont besoin. Pas plus.
Le grand souk, le lundi, tient lieu de grande surface. Le supermarché le plus proche est à Ouarzazate, à 40 kilomètres.
Les femmes marocaines que nous avons rencontrées dans la communauté et à qui nous avons parlé nous ont confié qu’elles circulaient sans crainte dans la ville et dans la palmeraie, même le soir. Les agressions sont rares. Et lorsqu’elles surviennent, très sévèrement sanctionnées.
La plupart des nombreux jeunes que nous avons croisés ne possèdent pas de téléphone portable. Et n’ont pas trop l’air d’en souffrir. Ils se parlent. Rient. Jouent ensemble.
Rares sont les adultes qui possèdent un téléphone dit « intelligent ».
On se salue plutôt ici, fraternellement, dans la rue: « Salam » (bonjour), « Marhba » (bienvenue), « Choukran » (merci), « Bsslama » (au revoir). Gestes de politesse essentiels, répétés plusieurs fois par jour, qui font du bien à tout le monde, aux plus jeunes comme aux plus vieux.
Ces quelques facteurs conjugués contribuent (selon moi) à nourrir le climat social très apaisé dans lequel nous avons vécu ici pendant toute la semaine.

Revenons maintenant à Skoura…

La population du bourg est répartie dans deux secteurs bien distincts. D’un côté, Skoura-ville (ou Skoura centre) où sont regroupés les principaux commerces.
De l’autre côté, la palmeraie de Skoura, immense, 50 km², l’une des rares palmeraies du Maroc encore habitée et cultivée…

Le contraste entre le centre-ville de Skoura et la palmeraie est saisissant!
C’est dans la palmeraie que vit la majorité de la population.


Et c’est dans la palmeraie bien sûr que nous avons passé le plus clair de notre temps!



Nous avons été hébergés ici pendant une semaine dans une résidence somptueuse (et abordable) gérée par la même famille depuis bientôt vingt ans…




Résidence où nous avons été dorlotés, chouchoutés, presque comme des membres de la famille!
Mais nous n’avons pas chômé pendant notre séjour!
Car nous sommes arrivés à Skoura en pleine de saison de récolte!
Partout, dans la palmeraie, en octobre et novembre, les habitants se relaient au pied des palmiers et des oliviers afin de récolter et de commercialiser dattes et olives – deux denrées dont dépend l’économie de la région.



La récolte des olives, elle, est beaucoup plus délicate et chronophage…


Dans le domaine où nous logeons, on s’affaire également. La résidence compte plus de 250 oliviers.
Et on ne badine pas avec la récolte qui s’annonce.
Le mardi 21 novembre au matin, nous nous portons volontaires pour participer à une grande opération!


À bord du camion, nous nous dirigeons vers l’un des pressoirs de Skoura où les olives sont tour à tour…




361 kilos d’olives ont donné ce jour-là environ 45 litres d’huile d’olives.
« La production totale d’huile d’olives a été réduite de moitié par rapport à l’an dernier« , nous a-t-on précisé. En cause: la sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois dans le sud du Maroc.

Longue balade en vélo dans la palmeraie le jeudi 23 novembre
Nous allons ce jour-là visiter l’un des monuments les plus connus du Maroc: la Kasbah Amridil, située à la pointe sud de la palmeraie.

Construite à la fin du 17è siècle, la Kasbah (maison fortifiée) Amridil a d’abord été une école coranique puis un centre administratif et enfin un tribunal. Sa fonction principale a longtemps été l’enseignement et la promotion dans la communauté des 5 piliers de l’islam:
- la Shahada (la foi)
- la Zakât (l’aumône, la charité envers le prochain) ;
- le pèlerinage à La Mecque (si on le peut)
- le jeûne (du mois de Ramadan) ;
- la prière (qui doit être faite cinq fois par jour)
Nous avons vraiment beaucoup appris pendant notre visite!

Deux derniers mots:
J’aimerais comme plusieurs autres saluer la réponse exemplaire du gouvernement marocain suite au violent séisme du 8 septembre. Très vite, partout au pays, les secours se sont organisés afin de venir en aide aux régions touchées. Couvertures, nourriture, médicaments, vêtements, tentes, la population entière s’est mobilisée afin d’acheminer des vivres aux villageois piégés, meurtris et isolés dans les montagnes du Haut-Atlas, au sud-ouest de Marrakech. Le sauvetage des enfants a été prioritaire. Bravo au Maroc!
La région de Skoura n’a malheureusement pas été épargnée. Plusieurs bâtisses ici se sont effondrées…

Enfin… Notre séjour à Skoura aurait été bien différent si nous n’avions pas eu à nos côtés, toute la semaine, un couple chaleureux, exceptionnel, visionnaire…
Catherine

et Philippe

À tous les deux, un immense merci!

Tout va bien dans le sud du Maroc.
Nous reprenons la route ce samedi, plein sud, vers Zagora.
