Nous voilà installés depuis quelques jours « chez nous », au bord de l’océan, à Essaouira, après une semaine splendide de voyage dans le sud du Maroc.
Beaucoup de chemin parcouru depuis notre départ de la palmeraie de Skoura, le 25 novembre. Ci-dessous…… une carte plus détaillée de la région du sud du Maroc où nous avons séjourné fin novembre. Nous étions basés à Zagora, dernière grande ville avant les dunes du Sahara et la frontière algérienne située à environ 40 km de M’HamidAperçus de la rue principale de Zagora…… le boulevard Mohammed V, la grande artère…… qui traverse la ville et mène, ci-dessus, au sud, vers Amezrou, Tamegroute et M’Hamid. À l’arrière-plan, l’édifice de la préfecture de la province de Zagora.Exemple d’une des ruelles (marchandes et résidentielles) typiques du centre-ville de Zagora
Après quatre heures de route depuis Skoura et une petite semaine devant nous avant le retour vers Marrakech, nous avons décidé de rayonner sagement autour de Zagora, et explorer la région, sans toutefois aller trop loin.
Nous avons préféré comme d’habitude privilégier notre proximité avec les gens, et les écouter, plutôt que parcourir chaque jour de longues distances sur les routes rectilignes et arides du grand sud…
Jeunes dromadaires en semi liberté entre Zagora et Tamegroute, le mercredi 29 novembre
Nous avons fait, je crois, le bon choix.
Nous avons ici beaucoup vu, entendu, goûté, appris!
C’est dans la région de Zagora (précisément à Sijilmâssa, ville située un peu plus au nord, aujourd’hui en ruines) qu’arrivaient et partaient autrefois les caravanes qui assuraient le commerce transsaharien entre les pays du Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
Un commerce qui a duré plusieurs siècles.
Réplique du panneau emblématique qui accueillait jadis les voyageurs à Zagora. Le panneau est reproduit et visible un peu partout dans la ville.
Au départ de Tombouctou, direction nord, ces grandes caravanes transportaient de l’or, des étoffes de coton, des épices, du sel et surtout, malheureusement, des esclaves – esclaves requis, par centaines, par un monde musulman et des cités méditerranéennes en pleine expansion entre le Moyen-Âge et la Renaissance.
Du nord vers le sud, ces caravanes repartaient avec des chevaux, des dattes, des barres de cuivre, du verre, des perles, de la maroquinerie, des bracelets, des ustensiles en cuivre.
Ce négoce Nord-Sud a joué un rôle central dans la diffusion de l’islam en Afrique subsaharienne.
Villes et routes du commerce transsaharien à la fin du XVème siècle. De part et d’autre des flèches vertes, deux des plus importantes cités marchandes de ce commerce longtemps florissant: au sud, Tombouctou (aujourd’hui au Mali) et, au nord, Sijilmâssa, située à proximité de Zagora. Entre les deux, les mines de sel de Taghazza (dans l’actuelle Mauritanie).
Cela a été passionnant d’entendre à Zagora le détail de ces voyages dans le Sahara, voyages qui duraient plusieurs semaines. Les caravanes se déplaçaient le soir, la nuit et au petit matin afin d’éviter les 50 degrés de chaleur dans la journée. Elles avaient pour seuls repères, la nuit, les étoiles « que les nomades connaissent comme on lit un livre » nous a-t-on expliqué.
Autre technique d’orientation: l’odorat, très développé chez les caravaniers. Ils pouvaient, en quelques secondes, humer une poignée de sable et confirmer, simplement à l’odeur, au toucher, la direction à prendre.
J’ai trouvé ces récits absolument fascinants! Apprend-on encore aujourd’hui ce genre de choses aux enfants?
Tajine Makfoul, un plat de poulet (ou de dinde) accompagné d’olives, de tomates, d’oignons et de coriandre, servi brûlant. Une spécialité du sud marocain et un régal!
Entre deux conversations, nous avons aussi eu l’occasion d’observer à Zagora, le jeudi 30 novembre, l’une des nombreuses démonstrations organisées dans tout le pays par les enseignants marocains fermement opposés au nouveau statut que veut leur imposer le gouvernement.
Moha, la trentaine, enseignant de physique et chimie dans une école secondaire de la région de Zagora, présent à la manifestation du 30 novembre…… tenue, paisiblement, devant la préfecture de la province. Suite à leurs pressions et aux grèves, les enseignants ont eu gain de cause. Leur salaire sera bientôt majoré et leur nouveau statut, envisagé par le gouvernement, révisé. Un retour à la normale est en cours dans les écoles publiques.Aperçu du grand souk qui se tient à Zagora tous les dimanches et les mercredis. À noter: la grande majorité des clients…dans les souks sont des hommes…Les femmes, à moins d’être veuves ou divorcées, sont rarement présentes…Omelette berbère (oeufs, oignons, ail, coriandre, poivrons), un plat traditionnel, servi avec des olives et du pain, dans le sud du Maroc.Abdelhafi, chef cuisinier, la trentaine, père de deux enfants, a préparé avec talent plusieurs de nos repas à Zagora. Merci infiniment Abdelhafi!Vue partielle du jardin de notre hôtel, un havre de paix…… aux abords du centre-ville.
Nous avons aussi eu le temps de faire deux excursions pendant notre semaine à Zagora.
En route vers Amezrou, le mardi 28 novembre
La première nous a conduit, en petit taxi, dans le village fortifié (« ksar« ) d’Amezrou (aussi orthographié Amzrou), situé à 4 km, le long de la vallée du Drâa, au sud de Zagora.
Le village abritait jadis une importante communauté juive et on peut encore, avec un guide, visiter la synagogue, en partie restaurée.
Amzrou est réputé pour son artisanat, en particulier pour ses bijoux en argent, travaillés à la main et exposés dans la coopérative du village où on restaure également de magnifiques portes anciennes, en bois, sculptées, incrustées d’ivoire. Ouvrages de grande qualité.
En nous promenant dans les petites rues d’Amezrou, nous avons pu prendre toute la mesure de l’atmosphère très particulière qui règne dans le village.
Le temps est ici comme suspendu. Les traditions perdurent. Il y a partout dans le bourg des forgerons, des joailliers, des peintres, des menuisiers qui travaillent consciencieusement dans leurs ateliers. Une très belle communauté d’artisans.
Dans la lumière feutrée de la mi-journée, deux hommes devisent tranquillement…… sur un trottoir, dans le village d’Amezrou, le mardi 28 novembre…
Après notre visite d’Amezrou, la tête pleine d’images et d’informations, nous regagnons – à pied – notre hébergement à Zagora.
Une heure de marche sous un soleil éclatant.
Rencontres inattendues sur le chemin entre Amezrou…… et Zagora, le mardi 28 novembreLe lit de la rivière Drâa, sur la droite, complètement à sec, lui aussi, tout comme l’oued de la palmeraie de Skoura, quelques jours plus tôt. Le changement climatique fait des ravages dans le sud du Maroc…et la vallée du Drâa, ci-dessus, autrefois verdoyante, a terriblement soif. Quand donc arrivera la pluie?
Dernière excursion, en grand taxi cette fois, jusqu’au village de Tamegroute, situé à environ 20 km au sud de Zagora.
Les mythiques grands taxis Mercedes d’autrefois, jugés trop vieux et polluants, ont peu à peu été remplacés au Maroc par des voitures (de marque Lodgy) qui peuvent transporter jusqu’à six passagers. Ci-dessus, une station de grand taxi à Zagora.
Après une trentaine de minutes…
Arrivée au village de Tamegroute…le mercredi 29 novembre…
Pourquoi venons-nous jusqu’ici?
Tamegroute est l’un des hauts lieux du savoir du Royaume du Maroc. Le village abrite une bibliothèque fondée au 17è siècle, riche de 4000 ouvrages. Sur les tablettes, des manuscrits rares, anciens, en peau de gazelle, écrits à la plume de roseau. Des ouvrages de théologie, d’histoire, de médecine, d’astronomie, de poésie, de droit coranique, de philosophie, toutes les disciplines sont représentées. Aucune photo n’est autorisée.
Dans la pièce principale, entouré de ces trésors, nous chuchotons et marchons sur la pointe des pieds.
Rachid est le conservateur de la bibliothèque de Tamegroute.
Quelle incroyable richesse dans ce petit village situé aux portes du désert!
Nous quittons Tamegroute, inspirés, en début d’après-midi, le mercredi 29 novembre pour…… les cafés et l’urbanité (toute relative) de Zagora…
Après une semaine passée dans la province de Zagora, nous repartons, en bus cette fois – via Ouarzazate – pour Marrakech.
Sept heures sur une route vertigineuse qui serpente au milieu de paysages magnifiques, dans le Haut-Atlas!
Entre Zagora et Marrakech, le vendredi 1er décembre, quelques kilomètres avant de franchir le col du Tizi-N-Tichka (2260 mètres). Une journée inoubliable de voyage.Village du Haut-Atlas entre Ouarzazate et Marrakech
Nous ne sommes que de passage à Marrakech. Essaouira, sur la côte atlantique, nous appelle!…
Nous en profitons pour découvrir un quartier que nous ne connaissons pas, « Bab Doukkala ». (Bab = porte en arabe.)
Clients achetant leur pain à Bab Doukkala, secteur situé à Marrakech entre la nouvelle ville, Guéliz…… et la médina…… le samedi 2 décembre…Comme d’habitude, les terrasses des cafés de Marrakech (ci-dessus près de la médina) sont pleins de monde…
Nous quittons « la ville ocre » après deux jours, comme prévu, pour Essaouira, sur la côte atlantique. Un trajet d’environ deux heures trente, en voiture, sans histoires.
Aperçu de la longue plage d’Essaouira où il fait un temps splendide depuis notre arrivée, le lundi 4 décembre. À l’arrière-plan, l’île de Mogador, devenue aujourd’hui une réserve naturelle, protégée, d’oiseaux marins…… au nord de la plage, sur la droite, les bâtiments blancs de la médina, l’ancienne ville, où nous avons loué un riad, une habitation traditionnelle. Diana aura sa cuisine.Notre riad (ci-dessus, tôt le matin) est doté d’une haute terrasse qui surplombe l’océan…
Nous allons vivre ici, simplement, au soleil, pendant un mois.
Objectif: profiter de la douceur de vivre au Maroc.
En faisant, régulièrement, quelques excursions à l’extérieur d’Essaouira…
La plage du petit village berbère de Sidi Kaouki, situé…… à une vingtaine de kilomètres au sud d’Essaouira. Pas de surfeurs ce matin-là. Seuls quelques dromadaires déambulent sur la plage…… Sidi Kaouki, où…… dans une charmante auberge…… un peu à l’écart du village…… nous avons dégusté, sur la terrasse, servi par Larbi, 73 ans…… l’un des meilleurs tajines aux légumes de notre séjour au Maroc! Un régal!
Nous retrouvons, le lendemain, au petit matin…
… la promenade du bord de mer d’Essaouira…… puis l’agitation et l’effervescence du port de pêche, l’un des plus importants au Maroc. On pêche ici les sardines, le merlan, la sole, la daurade…Longtemps surnommé « le port de Tombouctou« , le port d’Essaouira était autrefois un point de rencontre et de commerce avec les caravanes, venant du sud…… on échangeait ici de l’or, des épices, des esclaves…
Essaouira a longtemps été, au 16è-17è siècles, occupée par les Portugais…
Ils ont laissé derrière eux, près du port, des remparts, quelques canons…
Vue partielle des remparts qui surplombent l’océan
Nous continuons, après le port, vers le tohu-bohu de la médina…
Ci-dessus, « Bab Doukkala », l’une des portes principales…de l’ancienne ville…où le commerce et les échanges débutent dès le lever du jour…
… la médina d’Essaouira, classée depuis 2001 au patrimoine mondial de l’UNESCO, où l’on croise, en quelques pas…
bouchers…marchands de pain…troubadours venus d’un autre temps…poissonniers, découpant (ci-dessus) d’énormes quartiers de thon…ou désossant, pour les clients, des sardines toutes fraîches…
La médina d’Essaouira, une vraie ruche, où travaillent et cohabitent, paisiblement…
des tailleurs et marchands de tissus, comme Hakim, ci-dessus…… des « tourneurs » de thuya, comme Abdellah qui travaille, avec le sourire, le bois, dans son petit atelier, depuis plus de trente ans… Bonne continuation et merci Abdellah!Carte des plats de poissons offerts dans les petits restaurants du port d’Essaouira, à la mi-décembre. 20 dirhams = CAN$ 2.70 ou 1.80 euros.Tajine au poulet, Essaouira, décembre 2024
Nous avons dû, malheureusement, pour des raisons familiales, abréger notre séjour au Maroc, quitter Essaouira à la hâte, et revenir au Canada…
Joyeuses Fêtes à tous, malgré tout!
Prenez bien soin de vous!
Soyez en paix.
Où est le ballon?…. Regardez, tout en haut…Dromadaires au repos sur la plage d’Essaouira. À l’horizon, l’île de Mogador.