Lorsque j’ai commencé à la fin de l’été à planifier les grandes lignes de mon voyage en Colombie et en Équateur, les deux pays faisaient presque figure d’élèves modèles dans la région. Modèles de stabilité politique et sociale.
L’Équateur avait élu pacifiquement, en 2017, un nouveau président. Et la Colombie avait l’an dernier accueilli plus de six millions de touristes étrangers. Un record. Le pays, connu autrefois pour la violence et le trafic des stupéfiants, poursuivait sa remarquable transformation…

Et puis, brusquement, en quelques semaines, tout a changé.
Début octobre, des émeutes ont éclaté en Équateur suite à la forte augmentation du prix de l’essence décrétée par le gouvernement. Des milliers de manifestants, en majorité autochtones, ont envahi les rues de Quito.
L’état d’urgence a été déclaré et un couvre-feu instauré dans la capitale. Le siège du gouvernement a été momentanément déplacé vers la seconde ville du pays, Guayaquil.

Quelques semaines plus tard, en Colombie, de vastes cortèges populaires, composés d’organisations syndicales et autochtones, d’étudiants, d’écologistes, de féministes, déferlent dans les rues des principales villes du pays afin de dénoncer les violences policières, la corruption et la politique d’austérité du gouvernement.
Devant l’ampleur des manifestations, le président colombien, Iván Duque (droite), élu en 2018, annonce rapidement l’ouverture d’un grand « dialogue national », dialogue qui doit s’achever le 15 mars.
Heureusement, depuis, les choses se sont apaisées!


L’augmentation du prix de l’essence en Équateur a été annulée, et le calme semble être largement revenu dans les rues de Bogota, de Medellin et de Cali.
Ces événements n’ont cependant rien changé à mes plans de voyage. Au contraire.
Quoi de plus stimulant pour les neurones que visiter deux pays en pleine mutation? Je serai simplement sur mes gardes, et beaucoup plus prudent.
Je pars donc, début janvier, pour trente-cinq jours. Cinq semaines. Deux semaines en Colombie et trois semaines en Équateur. J’ai prévu sept étapes, cinq jours en moyenne par étape, selon l’itinéraire suivant:

Cela fait si longtemps que je rêve de visiter le nord de la Colombie!
Depuis les folles soirées passées autrefois à rire et à danser au rythme de « la cumbia » colombienne!…
Soirées endiablées, arrosées, coquines où nous chantions à tue-tête et reprenions en chœur les refrains de Joe Arroyo et de son groupe « La Verdad »… Joe Arroyo!… Chanteur et compositeur hors-pair, né dans un quartier pauvre de Carthagène et mort prématurément à Barranquilla, à 55 ans. Une icône de la musique colombienne. Peut-être reconnaitrez-vous un extrait de sa musique ici.

Hors la musique, bien d’autres objectifs m’amènent en Colombie, et deux semaines suffiront à peine!
Au programme?
Explorer, bien sûr, la ville coloniale de Carthagène, classée depuis 1984 au patrimoine mondial de l’Unesco. Pratiquer au maximum mon espagnol. Nager une, deux, trois fois si possible dans la mer des Caraïbes! Découvrir quelques-uns des sentiers de randonnée qui sillonnent « la Sierra Nevada » aux alentours du village de Minca, et goûter dans cette région au café produit dans les « fincas » (fermes).
Mais aussi, et surtout: essayer de m’approcher de la ville de Riohacha (voir la carte), porte d’entrée de la péninsule Guajira où vit un peuple mystérieux et peu connu, la tribu Wayúu.
Cette communauté indigène, qui vit de façon largement autonome de part et d’autre de la frontière entre le Venezuela et la Colombie, me fascine depuis des années! Le film « Les Oiseaux de Passage », sorti et vu l’an dernier au Festival International des Films de Vancouver, n’a fait que renforcer ma curiosité… Il faudra là-bas, encore plus qu’ailleurs, être prudent.

En Équateur, j’aurai un peu plus de temps. Mon objectif là-bas est de me déplacer uniquement le long de la Cordillère des Andes, en allant du sud vers le nord. Et en restant le plus près possible de la culture et des communautés indigènes.
J’ai prévu cinq haltes. De la petite ville de Vilcabamba, située tout au sud du pays, près de la frontière péruvienne, jusqu’à Otavalo, village connu pour son grand marché du samedi et où vit, à deux heures de route environ au nord de Quito, une importante population autochtone.

(À Vilcabamba, j’essaierai de percer un mystère, celui du nombre de centenaires exceptionnellement élevé dans l’agglomération. Certains résidents vivent là-bas jusqu’à 110, voire 115 ans, et la région a été surnommée « la vallée de la longévité »… Avantage non négligeable en cette période de changement climatique où l’espérance de vie, dans certains endroits, tend maintenant à diminuer…)

J’ai bien hâte de reprendre la route!
Bonne année à tous!
Lectures de décembre
Un premier roman remarquable, sur le désir féminin, de l’écrivaine franco-marocaine, Leïla Slimani. Merveilleusement écrit. Publié en 2014.
Leïla Slimani a obtenu en 2016 le prix Goncourt pour son deuxième roman (que j’ai moins aimé) « Chanson douce ». Elle est aujourd’hui la représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie.
