Cilaos

Après dix jours passés sur la côte sud de l’île, à Saint-Pierre – et après deux heures ahurissantes (en bus) à grimper sur « la route aux 400 virages » – changement radical de décor et d’atmosphère en arrivant à Cilaos, le vendredi 5 décembre.

Diana à 6h du matin, sur le balcon de notre maison à Cilaos, le lendemain de notre arrivée, le samedi 6 décembre. À l’arrière-plan, le Piton des Neiges, le point culminant de La Réunion (3070 mètres) qui domine le « cirque » de Cilaos. Comme le montre la photo ci-dessous, un « cirque » est une vaste enceinte montagneuse (un peu comme une cuve) à parois très abruptes.
Rue des Glycines, le 8 décembre, la rue située de l’autre côté de notre maison. Notez les montagnes qui encerclent littéralement le village dans le « cirque » de Cilaos, l’un…
… des trois « cirques » que compte La Réunion. Le Piton des Neiges est exactement au centre des 3 cirques.

Dans l’histoire tourmentée de l’île Bourbon, devenue La Réunion, Cilaos (5000 habitants environ) occupe une place bien particulière.

D’après les historiens, le nom du village proviendrait du malgache « tsilaosa » qui signifie « lieu où l’on se sent en sécurité ».

C’est ici, à 1200 mètres d’altitude, et encore plus haut, dans « la vallée sacrée » (2000 mètres), que venaient autrefois se réfugier les esclaves en fuite – « les marrons » – qui fuyaient les bastonnades, les sévices et les mauvais traitements infligés dans les plantations de café et de canne à sucre établies près de la côte.

Esclaves se rendant au travail à Bourbon. (Gravure de 1850).

Aux trousses de ces esclaves fuyant vers les cirques, un groupe d’hommes cupides et cruels: « les chasseurs de marrons » – des colons, payés par les propriétaires de plantations pour récupérer les fuyards « qui peuvent encore servir ». Ces « chasseurs de marrons » sont sans pitié.

« Lorsque le fugitif est repris vivant », nous rappellent les historiens, « la sanction est terrible ».  

 » Sanction codifiée par l’article 38 du Code noir, qui date de 1724 dans sa version réunionnaise. À la première incartade, il y a le fouet et les oreilles coupées… À la deuxième tentative, le tendon d’Achille est sectionné… À la troisième: la pendaison…  » (Voir ici l’article du Monde daté du 4 mai 2012)

Une partie seulement des esclaves en fuite étaient repris.

« Les autres », apprend-on, « profitèrent de la difficulté d’accès aux cirques de l’île pour y vivre en toute liberté et en pleine nature… ». C’est ainsi, peu à peu, qu’entre 1825 et 1850 – « avec l’arrivée des premiers marrons et des « Petits Blancs », pauvres et sans terres » – que Cilaos se peuple.

Voilà pour l’histoire, à grands traits.

L’église Notre-Dame des Neiges trône depuis 1939 au coeur du vilage de Cilaos.

Surprise, le lendemain de notre arrivée, alors que nous découvrons, émerveillés, ce petit coin de paradis. La commune honore les anciens élèves du « Petit Séminaire » de Cilaos, l’un des premiers collèges de l’île et une véritable institution à La Réunion.

Entre 1913 et 1972, l’établissement a formé des générations de jeunes garçons qui vont à leur manière contribuer au développement, au rayonnement de l’île. Le collège fait aujourd’hui partie du patrimoine réunionnais.

Lucay, ancien élève du Petit séminaire, venu à Cilaos avec son épouse participer à l’événement, le samedi 6 décembre.

Malgré le temps couvert, nous décidons dès le premier jour d’explorer quelques-uns des sentiers qui partent du village vers la montagne, la forêt, les cascades…

Quelques itinéraires de randonnées aux alentours de Cilaos. Point de départ: l’édifice des Thermes, situé en haut du village. Nous avons facilement rejoint le premier jour Bassin Bleu et La Roche merveilleuse…

Randonnée un peu plus difficile, le lundi 8 décembre…

… sur le sentier des Porteurs…
… qui mène à la cascade « Bras-Rouge » à une heure de marche environ de Cilaos. Grâce aux nombreuses sources et cascades du village, Cilaos abrite le seul établissement thermal de La Réunion. Les premiers baigneurs arrivent ici aux environs de 1830.

C’est lors du Marché forain…

… qui se tient à Cilaos tous les dimanches, rue des Ecoles…

Que nous avons eu, sous l’ombre d’un jacaranda…

À l’écart du marché forain, Diana en compagnie de « Boobah » (Patrick) et de son épouse…

… la plus longue et la plus bouleversante de nos conversations à La Réunion…

… avec Patrick, un rescapé, l’un des survivants de ce qu’on appelle aujourd’hui « les enfants de la Creuse ».

Un peu d’histoire.

Entre 1962 et 1984, plus de 2000 enfants réunionnais ont été arrachés à leur île et envoyés de force en France, notamment dans le département de la Creuse.

L’objectif est double. Freiner l’explosion démographique de La Réunion qui inquiète les autorités. Et intégrer ces enfants dans des départements, en métropole « peu peuplés » (le Tarn, la Lozère, le Gers…) et « favorables à l’accueil d’enfants en difficulté ».

Ces enfants sont soustraits à leurs parents dans des circonstances souvent ambigües, obscures.

Écoutons Patrick nous raconter l’histoire de sa famille.

Patrick, revenu à La Réunion en 1999, vit à Cilaos avec son épouse et sa fille.

« Ma mère a quitté Cilaos à l’âge de 11 ans et est partie en France avec des Sœurs de l’église catholique. Elle s’est retrouvée dans le village de Saint-Afrique (en Aveyron) où elle est devenue pupille de l’état ».

Elle est allée à l’école primaire puis a très vite dû travailler (…) Elle s’est mariée, a eu deux enfants (…) Ma sœur est toujours là-bas, en France (…) Moi, j’ai quitté la France très jeune (…) j’ai voyagé un peu partout, en Indonésie, au Népal, en Inde où j’ai vécu et appris auprès d’un sadhu… Je suis revenu à La Réunion en 1999 pour retrouver mes racines qu’on m’avait volées… »

Cette conversation nous a profondément bouleversés.

Combien sont-ils aujourd’hui comme Patrick, en France, à La Réunion ou ailleurs, à chercher, à essayer de recomposer leur histoire et celle de leur famille?

En revenant du marché forain, rencontre avec Marie-Josée, Elisabeth et Yves (tous les trois de la Vendée) croisés et recroisés sur les sentiers et au village pendant notre séjour. Nous avons hâte de voir les photos d’Elisabeth!

Nous avons eu la chance de parcourir une grande partie de la région autour de Cilaos…

… grâce au pratique et ingénieux réseau de minibus qui relie les villages du cirque. Ci-dessus, en vert, quelques-unes de nos destinations: l’Ilet à Cordes, Terre Fine, Le Tronc, Bras-Sec, Gueule Rouge…
Avant le départ du minibus (ligne 62) qui emmène les riverains vers l’Ilet à Cordes et Terre Fine, le mardi 9 décembre. Il est tout à fait possible d’explorer le cirque en prenant les transports en commun. Une bonne façon de compenser notre empreinte carbone (20h de vol) pour arriver jusqu’à La Réunion….

Surprise avant le départ du bus…

Après toute pause de 30 minutes ou plus, le chauffeur doit impérativement souffler dans un alcotest. Si le résultat est négatif, le véhicule ne démarre pas. Quelle bonne idée!

Nous avons profité au maximum de ce réseau de petites lignes de bus…

Arrivée le mardi 9 décembre sur le chemin « Terre Fine ». Paysage à couper le souffle. Sensation ici d’être au bout du monde. Nous sommes au coeur du cirque de Cilaos. À 6 kms environ au sud du village de l’Ilet à Cordes. La route ne va pas plus loin. À quelques mètres…
… en contre-bas de falaises abruptes, des agriculteurs travaillent une terre fertile où poussent haricots, choux, lentilles…

J’ai fait ce jour-là, entre le bourg de Terre Fine et l’entrée du canyon Fleurs Jaunes (en passant par le village de l’Ilet à Cordes), l’une de mes plus belles randonnées!

… au milieu d’un panorama absolument fabuleux …
… d’où partent, d’un peu partout, des sentiers… alors que des petites affiches, sur le chemin, invitent le visiteur à goûter au vin, au miel ou aux lentilles de la région!

Cette petite excursion de 7 ou 8 kilomètres, sous un soleil de plomb, m’a rappelé certaines de mes promenades historiques préférées, à une altitude similaire (1200-1500 mètres) autour de Dalat, au Vietnam ou, au milieu des plantations de thé de la Hill Country, près de Ella, au Sri Lanka. Ou encore, au Rwanda, près du Parc national des volcans, entre Kinigi et Musanze.

Souvenirs de voyages inoubliables auxquels j’ajouterai maintenant cette journée de marche à proximité de Cilaos.

Note: les pitons, cirques et remparts réunionnais ont été inscrits en 2010 au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Carrefour près des thermes, au-dessus de Cilaos

Rebelote le lendemain, avec Diana cette fois, pour une expédition à deux volets.

En premier lieu, reconnaissance et courte excursion…

… sur le sentier mythique du Piton des Neiges!…

… où nous faisons figure de petits plaisantins face aux randonneurs aguerris qui ont entrepris, en pleine nuit ou à l’aube, l’ascension vers le sommet…

… et qui redescendent déjà au pas de course alors que nous commençons à peine notre marche!…
La fenêtre pour admirer le paysage au sommet du Piton des Neiges se situe entre 5h et 8h du matin. Les nuages arrivent peu après. D’où la nécessité d’entreprendre l’ascension en pleine nuit (de Cilaos) ou dès 4h du matin du gîte de la Caverne Dufour.

Nous poursuivons ensuite notre aventure jusqu’à un autre village du bout du monde…

Bienvenue à Gueule Rouge, population: une soixantaine d’habitants…

C’est mercredi. Il n’y a pas d’école et les mamans du village…

… tout en gardant un oeil sur leurs enfants…
… sont surprises et heureuses de bavarder avec Diana… Rares sont les visiteurs qui s’aventurent jusqu’ici…

Nous avons vécu à Cilaos une semaine splendide!

Comme partout où nous sommes passés à La Réunion, l’accueil a été amical, fraternel, bienveillant. On nous a souvent pris pour un couple réunionnais! Y a-t-il plus beau compliment lorsqu’on voyage en terre étrangère?

Boeuf carotte et boudin créole avec achards de légumes et riz aux pois + piments, Cilaos, le samedi 6 décembre.

Nous repartons demain pour Saint-Denis.

Avant de rejoindre, samedi, l’île Maurice.

Au programme, une semaine à Mahébourg, un village côtier, au calme, situé au sud-est de l’île.

Diana regagnera ensuite, comme prévu, Calgary.

De mon côté, je poursuivrai le voyage jusqu’à la petite île de Rodrigues…

Avant de revenir à Maurice, début janvier, et le retour à Vancouver, le 12 janvier.

Les trois îles de l’archipel des Mascareignes

Joyeuses Fêtes à tous!

Diana en compagnie du père Lolo, originaire de Madagascar, et maintenant installé à Cilaos
Au revoir Cilaos!

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint-Pierre (La Réunion), ville créole…

Cela a été une excellente idée de passer une dizaine de jours à Saint-Pierre, la « capitale » du sud de La Réunion!

Nous avons découvert ici une merveilleuse petite ville (environ 85 000 habitants), accueillante, souriante, ensoleillée. À taille humaine. Et un rythme de vie qui nous convient parfaitement, sous les tropiques.

Avec le créole parlé dans les rues, j’ai parfois l’impression d’être en Haïti, à Jacmel ou aux Cayes – lorsque le pays recevait encore des visiteurs.

Diana (en bleu) en conversation sur les berges de la rivière d’Abord, le cours d’eau autour duquel s’est construite la ville de Saint-Pierre vers 1736. Le grand bâtiment jaune, de l’autre côté de la rivière, abrite l’administration du TAAF, « les terres australes et antarctiques françaises ». Voir détails plus bas.

Vu le magnifique ciel bleu et la chaleur sur le littoral- entre 26 et 30 degrés tous les jours – nous n’avons pas eu l’envie de faire de grandes excursions en dehors de Saint-Pierre.

Nous avons plutôt choisi de commencer chacune de nos journées par une baignade dans l’eau claire, propre et fraîche de l’océan Indien.

Alors que les baigneurs arrivent en matinée sur la plage municipale de Saint-Pierre, le jeudi 27 novembre…
… un groupe de seniors peaufine à deux pas (à l’ombre) leurs exercices et étirements dans le cadre d’une classe de yoga. La plage de sable blanc de Saint-Pierre, la seule de l’île située « en coeur de ville », est un véritable joyau!
Immense bonheur de nager ici tous les matins! Au milieu de petits poissons multicolores qui zigzaguent dans une eau exceptionnellement limpide. Le récif, à l’arrière-plan, protège les baigneurs des requins, très présents sur la côte ouest de l’île. Entre 2011 et 2019, onze personnes ont été tuées par des requins à La Réunion et plusieurs autres grièvement blessées. Depuis six ans, grâce aux mesures prises par les autorités, aucune attaque n’a été enregistrée.

Quelle bonne surprise de recevoir dès notre arrivée un chaleureux message d’Hélène, l’ex-responsable de la médiathèque à l’Alliance française de Vancouver.

Hélène, fidèle abonnée au blog, vit maintenant à La Réunion avec sa famille et nous nous sommes vite retrouvés, amicalement, autour d’un délicieux déjeuner…

Hélène (cachée derrière Diana) entourée de sa famille réunionnaise, le mercredi 26 novembre. (J’ai eu quelques petits soucis avec mon téléphone cette semaine et certaines photos sont très floues.. Désolé!)

Merci infiniment Hélène! Cela a été un immense plaisir de te revoir à Saint-Pierre avec ta famille! Merci pour tes recommandations de lectures! Et… félicitations!

Petite maison créole, rue François Isautier, au centre-ville…
Menu typique de restaurant à Saint-Pierre…

Après nos baignades, nous avons pris l’habitude de faire un peu de magasinage dans les commerces et petits marchés extérieurs, situés près du bord de mer ou, un peu plus haut, aux abords du « Marché couvert »

Dans le quartier du « marché couvert » de Saint-Pierre, le mardi 2 décembre…

Avant d’aller déjeuner…

Poulet au curry, lentilles, riz et piment réunionnais, suivis…
… d’un « gâteau patate » artisanal, accompagné de crème chantilly et d’une sauce caramel. Un régal! Rue François Isautier, Saint-Pierre, le vendredi 28 novembre

Un peu de recul et de contexte avant de poursuivre…

Saint-Pierre, ci-dessus, soulignée en bleu. L’histoire de la ville est intimement liée à la culture du café puis de la canne à sucre. (Voir article précédent). À noter: un chemin de fer reliait autrefois Saint-Benoît à Saint-Pierre, en passant par Saint-Denis et Saint-Paul. La ligne a cessé de fonctionner en 1976. Quel dommage! Prochaine étape pour nous, après Saint-Pierre: Cilaos, à deux heures de route environ. Cilaos où trône le « Piton des Neiges », 3609 mètres, le pont culminant de La Réunion – et de tout l’océan Indien!

Allons maintenant explorer Saint-Pierre – où il y a tant à voir, à faire, à goûter!

Vue plongeante de Saint-Pierre, construite sur une pente qui dévale vers l’océan, ici à l’angle des rues Isautier et Leblond. Notre appartement est situé plus haut, dans un quartier modeste, à l’angle des rues du Presbytère et du Père Raimbault.

Selon les quartiers et l’heure de la journée, la ville offre au visiteur des visages bien différents…

Ci-dessus, aperçu d’une des principales artères du centre-ville, la rue Marius et Ary Leblond.

(Je me suis amusé à faire un peu de recherche sur le nom de certaines rues associées ici à des personnages complètement inconnus pour moi.

Ainsi, la rue Marius et Ary Leblond honore deux écrivains réunionnais, journalistes et critiques d’art. Leur œuvre « à deux mains » à été couronnée par le Prix Goncourt, en 1909, pour le roman « En France » qui raconte le parcours de deux jeunes Créoles venus étudier… à la Sorbonne. Incroyable, non? J’essaierai de me procurer le livre.)

D’autres rues dégagent une atmosphère plus… électrique…

La rue des Bons Enfants, une autre importante voie commerçante de la ville…
… le samedi 29 novembre…

Ici aussi, comme à Saint-Denis, églises chrétiennes, temples chinois ou tamouls, et une grande mosquée, rue François de Mahy, se côtoient, sans heurts apparents. Chacun, à Saint-Pierre, pratique sa religion (ou non), paisiblement.

Frédéric, né en Ardèche, se décrit lui-même comme « un artiste de rue ». Il jongle cet après-midi-là, fin novembre, avec une multitude de balles multicolores dans le parc près de la mairie.

Visite incontournable le 29 novembre au grand « Marché forain » de Saint-Pierre qui se tient tous les samedis, au bord de l’océan, boulevard Hubert- Delisle.

Dès 7h du matin, toute la ville se donne rendez-vous…
… au marché qui rassemble producteurs…
… et éleveurs…
… des quatre coins de l’île. Ci-dessus le vin de Cilaos, réputé à La Réunion, que nous aurons bientôt  l’occasion de goûter…

« Un des plus beaux marchés de France », disent les brochures. L’un des plus colorés aussi, sans aucun doute. Qui nous a rappelé – pour l’ambiance et les prix défiant toute concurrence – le marché de Belleville, à Paris.

Avec, ici…

… l’océan, en toile de fond…

Tout n’est pas rose cependant à La Réunion!

On apprenait cette semaine dans la presse que La Réunion est le deuxième département en France (après le Pas-de-Calais) affichant le plus de victimes de violences au sein du couple.

« Le podium de la honte » titrait, le 26 novembre, le journal réunionnais, Le Quotidien. « Chaque jour », précise le journal, « on dénombrait l’année dernière 16 interventions des forces de l’ordre pour des violences intrafamiliales et 12 personnes accueillies en commissariat de police et en gendarmerie pour des faits de violences conjugales ». Tristes statistiques. – Comme en Polynésie française, l’autre côté de la carte postale des Outre-Mer.

Vente d’espadon grillé sur le bord de mer de Terre-Sainte, un ancien quartier de pêcheurs, près de Saint-Pierre, un quartier modeste autrefois qui s’embourgeoise rapidement aujourd’hui…
… autour de la petite plage, ci-dessus. On aperçoit, à l’arrière-plan, Saint-Pierre située de l’autre côté de la rivière d’Abord…

L’une de mes visites préférées à Saint-Pierre a été la découverte d’un très beau bâtiment patrimonial – l’entrepôt Kerveguen, construit autour de 1760 – qui abrite aujourd’hui l’administration d’une structure peu connue: le TAAF – les Terres australes et antarctiques françaises.

Le TAAF englobe un espace immense qui s’étend du sud de l’océan Indien à l’Antarctique.

« Une collectivité à statut particulier », apprend-on, qui comprend 5 « districts« : les îles Éparses, l’archipel Crozet, l’archipel Kerguelen, les îles Saint-Paul et Amsterdam et la terre Adélaïde (dans l’Antarctique). Ces 5 districts sont administrés par la France sous l’égide d’un préfet… basé à Saint-Pierre, à La Réunion!

Tout cela est passionnant!

La carte des districts du TAAF. Aucun habitant permanent sur ces îles du bout du monde. Uniquement des militaires et des scientifiques chargés (avec leurs équipes) d’une triple mission: Garantir la souveraineté nationale, soutenir la recherche scientifique et préserver l’environnement. Militaires et chercheurs sont acheminés sur ces terres lointaines par des navires tels L’Astrolabe ou le Marion Dufresne. Infos supplémentaires sur le TAFF: ici.
Merci infiniment à Vanessa qui accueille et guide les visiteurs au siège du TAFF à Saint-Pierre avec tant de gentillesse et de compétence!

Même si nous l’avions voulu, nous n’aurions pas pu aller tout au bout du chemin qui mène au Piton de la Fournaise (voir la carte plus haut), un volcan, toujours en activité et l’une des attractions les plus courues de La Réunion.

Le 28 novembre, un regain d’activité du volcan a contraint les autorités à restreindre l’accès au site…

Sur le sentier allant vers le quartier de Terre-Sainte…
… une plaque commémore un épisode de l’histoire dramatique de l’esclavage dans la région de Saint-Pierre…

Nous avons été heureux et reconnaissants de vivre ici, simplement, au soleil, une dizaine de jours, auprès des Saint-Pierrois. En profitant de la douceur de vivre (aujourd’hui) dans le sud de cette île si attachante!

Diana en compagnie de Zénab, enseignante à Saint-Pierre, rencontrée la veille au marché forain, et « retrouvée » le lendemain, le dimanche 30 novembre, sur la plage…

Malgré quelques légères piqûres de moustiques, aucun symptôme chez nous de fièvre dengue ou de chikungunya. Nous sommes tous les deux en pleine forme! Pas d’épidémie ni d’inquiétude sanitaire dans l’île. Et Météo France ne prévoit aucun « phénomène cyclonique » dans les prochains jours.

Tous les clignotants sont donc au vert pour notre prochaine étape réunionnaise: une semaine dans les « Hauts » (les montagnes) de Cilaos. Voir la carte plus haut.

Teddy, à gauche, Réunionnais pur jus et Damien, d’origine martiniquaise, rencontrés à l’heure du déjeuner, rue du Presbytère, le mardi 2 décembre.

De Saint-Pierre, nous prendrons vendredi matin un des « Cars jaunes », pratiques, confortables, pour la gare routière de Saint-Louis, située à une quinzaine de minutes. De Saint-Louis, la ligne de bus 60 nous emmènera – via « la route aux 400 virages » – jusqu’à Cilaos. Durée totale du trajet? Deux heures environ. Coût: quelques euros.

Et la satisfaction d’avoir, sur les routes déjà si encombrées de La Réunion, une voiture de moins.

Deux cyclistes sur la route menant à Terre-Sainte, le lundi 1er décembre… Alléluia!!

Je vous laisse avec deux très beaux tableaux de l’artiste peintre, portraitiste, Jean-Luc Coen, dont les oeuvres sont exposées en ce moment, près du bord de mer, dans l’ancienne gare ferroviaire de Saint-Pierre (boulevard Hubert-Delisle), reconvertie en salle d’exposition.

(Les tableaux sont reproduits ici avec la permission de l’artiste)

« Regard de Cafrine » (2024)
« Gramoun Lontan » (2023)

On vous embrasse, de La Réunion!

Diana sur la terrasse d’une petite librairie à l’entrée du quartier de Terre-Sainte, le jeudi 27 novembre.

 

 

Saint-Denis, La Réunion

Étudiant à l’université McGill de Montréal à la fin des années 70, j’ai eu la chance d’assister en 2è ou 3è année – fasciné – à une série de cours sur la vie et l’oeuvre du poète Charles Baudelaire.

Un épisode m’avait particulièrement marqué. En juin 1841 (il a 20 ans), Baudelaire est contraint par sa famille d’embarquer à bord d’un bateau à destination de… Calcutta, en Inde. Objectif: éloigner le jeune homme de la vie oisive, dissipée, « scandaleuse » qu’il mène à Paris auprès de ses amis.

Après trois mois en mer, une tempête oblige le navire, le Paquebot des Mers du Sud, à faire une longue escale (19 jours) à Port-Louis, à l’île Maurice.

Le bateau appareille ensuite pour Saint-Denis, sur l’île Bourbon – île qui sera rebaptisée, en 1848… La Réunion.

Baudelaire passe 45 jours à l’île Bourbon, où palpitent « la langoureuse Asie et la brûlante Afrique… ». Il explore le nord, le centre de l’île. Provoque, apparemment, un scandale dans un hôtel. Vit quelques aventures amoureuses. Et refusera, en novembre 1841, d’embarquer pour Calcutta. Il reviendra en France sans avoir vu l’Inde. Ce sera son seul grand voyage.

De l’île Bourbon, dans une lettre à sa mère, datée d’octobre 1841, Baudelaire écrit : « J’ai  pu rédiger (lors de ce voyage) quelques ébauches de poèmes qui je l’espère, un jour, feront partie d’un recueil ».

Charles Baudelaire, 1821-1867

« Les Fleurs du mal » seront publiées en 1857.

Au coeur du recueil, des poèmes parmi les plus beaux de la langue française…

« À une dame créole » (« Au pays parfumé que le soleil caresse… »)

« Parfum exotique »…  « La chevelure »…  « L’invitation au voyage »

Poèmes directement inspirés par son séjour dans les Mascareignes…

Soulignées en vert, les trois îles de l’archipel des Mascareignes: l’île Maurice, Rodrigues et La Réunion où nous sommes arrivés le jeudi 20 novembre… après 20 heures de vol entre Vancouver, Paris et Saint-Denis.
Cochées en bleu, les trois étapes de notre séjour à La Réunion: Saint-Denis (la ville principale) Saint-Pierre et Cilaos, dans « les Hauts » de l’île où nous ferons un peu de randonnée. La Réunion est un département français (depuis 1946) et « une région d’outre-mer ». Les Réunionnais bénéficient, avec quelques exceptions, des mêmes droits et privilèges que les Français de la métropole. Avec près de 900 000 habitants, La Réunion est l’une des régions les plus densément peuplées de France.

Nous voilà donc, depuis jeudi, à Saint-Denis, à La Réunion!

La fatigue du voyage et l’émotion se lisent sur le visage de Diana, au « Petit marché » de Saint-Denis, le vendredi 21 novembre, ici en compagnie de Sylvaine, dont la famille est Réunionnaise depuis plusieurs générations. Sylvaine gère plusieurs étals de produits au marché.

C’est le début de l’été austral ici et de la saison pluvieuse. Le thermomètre oscille entre 27 et 29 degrés.

Afin de nous remettre au plus vite du décalage horaire (12 heures entre Vancouver et Saint-Denis), nous décidons vendredi matin de faire une première sortie dans les rues du centre-ville.

Il est à peine 9 heures. La plupart des magasins sont encore fermés. Mais nous avons besoin de prendre l’air, de nous dégourdir les jambes après le long voyage en avion.

Après avoir quitté notre appartement, situé dans un secteur calme de la rue Jules Auber… il ne nous faut que quelques minutes pour constater l’immense diversité de la population de Saint-Denis!

Rue du Maréchal Leclerc, une des grandes rues commerçantes de la ville, tôt le vendredi 21 novembre, avant l’ouverture des boutiques…
… un peu plus loin, dans la même rue… Mahorais (les habitants de Mayotte, île toute proche) et les Comoriens côtoient ici paisiblement depuis des années les Réunionnais. Les Mahorais en particulier viennent chercher à La Réunion la stabilité et la sécurité qui leur fait cruellement défaut chez eux. Voir la 1ère carte plus haut.

Tout en bavardant avec des passants, notre promenade nous emmène aux abords du « Petit marché », une véritable institution à Saint-Denis…

… un lieu où résidents et visiteurs viennent s’approvisionner en fruits et légumes provenant (en majorité) des petites exploitations de l’île: laitues, agrumes, mangues, avocats, noix de coco…
…  à côté des litchis, un des étals propose même des fraises sauvages de la Réunion!

Beaucoup d’ambiance, de produits frais dans ce « petit marché », propre, convivial où nous sommes retournés souvent.

Diana y est aux anges, échangeant avec les commerçantes, les résidentes de la ville faisant leurs courses, pendant que je sirote, tout près, un café.

Sur le chemin du retour, nous dégustons dans l’un des restaurants de notre quartier, notre premier vrai repas réunionnais-mauricien.

Poulet masala et légumes au curry accompagnés d’une salade achar, de chutney au citron, d’une soupe aux lentilles, de concombres marinés et de piment réunionnais. Un délice! 38, rue Charles-Gounod, Saint-Denis.

Une première journée bien remplie!

(Nous avons aussi goûté pendant notre séjour au rougail-saucisse, au boudin créole et au chou de palmiste, plats traditionnels réunionnais…)

Quelques jours plus tard, retour au « Petit marché »…

Diana rayonne auprès de Roseline, marchande de fleurs depuis son enfance, au « Petit marché » de Saint-Denis. Les grands-parents de Roseline sont tous les deux originaires de Pondichéry, en Inde.

… suivi d’une randonnée d’une trentaine de minutes le long du chemin côtier…

… qui mène au « Barachois », une corniche surplombant la mer, où les habitants de Saint-Denis (les Dionysiens et les Dionysiennes) se retrouvent en soirée…

Nous allons ensuite observer d’un peu plus près le (très coloré) temple tamoul de Saint-Denis, le temple Kali Kampal, dédié à la déesse Kali, symbole de l’amour maternel.

Devant le grand temple tamoul de Saint-Denis, rue du Maréchal Leclerc…
Une plaque devant le temple nous rappelle les liens anciens et étroits qui unissent l’Inde (surtout le sud) et La Réunion…

Nous rencontrons devant la porte du temple, deux belles-soeurs, Kinzy et Magali, qui vivent à l’extérieur de Saint-Denis. Elles ont décidé ce jour-là de passer la journée ensemble…

Longue conversation amicale sur nos familles et nos parcours respectifs. Vous l’aurez deviné: Kinzy et Magali ont toutes les deux des grands-parents originaires de l’Inde (Mumbai pour Kinzy, Pondichéry, pour Magali).

… deux résidentes de La Réunion Kinzy et Magali, belles-soeurs, toutes les deux ayant des origines indiennes…

C’est le moment de faire un peu d’histoire et d’expliquer rapidement – en 4 temps – les sources et la chronologie de cette incroyable diversité à La Réunion.

Vu son positionnement, jusqu’au milieu du 17è siècle (1650 environ), il n’y a pratiquement personne sur l’île Bourbon, à part quelques navigateurs/flibustiers qui y font relâche pour de courtes périodes afin de réparer leurs navires, etc…

1 – Aux alentours de 1664, la Compagnie française des Indes établit un comptoir sur l’île Bourbon afin de développer la culture du café. Des milliers d’esclaves sont emmenés de force de Madagascar, du Mozambique, d’Afrique de l’ouest et sommairement vendus aux premiers colons établis sur l’île.

2 – Très vite, la culture du café prospère. La population de l’île Bourdon explose – passant d’environ 700 habitants en 1700 à plus de 15 000 en 1750, dont 80% d’esclaves.

Esclaves au travail dans une plantation de café, en 1800, à l’île Bourbon. Aquarelle attribuée à J-J Patu de Rosemont (1767-1828)

3 – Cependant, après deux gigantesques cyclones (1806 et 1807) qui ravagent les plantations de café, les colons décident de transformer radicalement l’économie de l’île autour d’une nouvelle culture: la canne à sucre, plus résistante aux intempéries.

4 – « Une véritable industrie se met en place », nous disent les historiens, « le besoin de main d’oeuvre se fait immédiatement sentir. On assiste entre 1828 et 1885 à une immigration indienne tamoul massive et, à partir de 1844, à l’arrivée de travailleurs agricoles chinois. » En 1848, année où l’esclavage est aboli en France, La Réunion compte plus de 110 000 habitants.

Groupe d’Indiens dans les années 1860. Photographie dans « Album de Caroline Viard ». 
Coll. Archives départementales de La Réunion. Ces travailleurs indiens, venus du Tamil Nadu, d’Orisa gagnent un salaire de misère sur les plantations de canne à sucre. À partir de 1850, un véritable « pont » se met en place pour transférer, de Pondichéry et d’ailleurs, des millers de travailleurs indiens vers La Réunion. Ce sont « les engagés ».
Chane Yong, 7 novembre 1900, commis. Dans « Registre des taxes de séjour. »- Archives départementales de La Réunion. Les Réunionnais d’origine chinoise représentent aujourd’hui à peu près 3% de la population..
Piments « cabri » de La Réunion

Il faut bientôt quitter Saint-Denis…

Magnifique messe (toutes les places étaient prises) célébrée dimanche, le 23 novembre, à la cathédrale Saint-Sauveur, de Saint-Denis (achevée en 1832).

Ultime rencontre dimanche, après la messe, avec Henriette, qui remporte (selon moi) la palme de la francophonie à Saint-Denis!

Née à Pondichéry d’un père militaire, Henriette a grandi en Algérie puis à Madagascar avant de s’établir à La Réunion! Merci infiniment Henriette d’avoir si gentiment partagé ton parcours avec nous!

Deux remarques pour terminer:

1 – Autant nous avons aimé notre (court) séjour à Saint-Denis, autant nous avons regretté la carence de parcs ou d’espaces verts dans la ville. Il y en a quelques-uns mais, à notre avis, pas assez. Saint-Denis est une ville très  urbaine et bénéficierait (selon moi) d’un peu d’oxygène. La mer, toute proche, qui borde le centre-ville, étant dangereuse et la baignade interdite.

2 – Pourquoi les Réunionnais sont-ils si attachés à leur voiture? Il y a tous les jours, aux heures de pointe notamment (un peu comme à Papeete) des embouteillages monstres à et autour de Saint-Denis.

Nous poursuivons notre route demain matin vers Saint-Pierre (2 heures de trajet environ). Pour y arriver, nous emprunterons l’un des nombreux « Cars Jaunes » – modernes, climatisés – qui sillonnent les quatre coins de l’île –

Coût du trajet, avec la ligne T, entre Saint-Denis et Saint-Pierre? 5 euros. Infos sur les « Cars Jaunes »: ici.

Le très beau parc situé rue de la Victoire dans le quartier de la Préfecture à Saint-Denis.
Le très beau parc situé, avenue de la Victoire, dans le quartier de la Préfecture, près du bord de mer, à Saint-Denis.

Notes de lecture:

Jean- Philippe Pleau, Rue Duplessis – (Montréal, 2024)

Un livre dont on a beaucoup parlé au Québec cette année. Que j’ai lu en quelques heures, profondément ému, bouleversé par la franchise de l’auteur et l’honnêteté de sa démarche autour d’un sujet délicat, presque tabou.

Jean-Philippe Pleau est ce qu’il appelle lui-même un « transfuge de classe ». Né dans une famille très modeste, il grandit à Drummondville (à mi-chemin entre Québec et Montréal) auprès d’une mère peu scolarisée et d’un père analphabète, alcoolique, xénophobe, soudeur dans une fabrique d’enseignes. Peu ou pas de livres à la maison. Le soir, sur la table du souper, du « macarouni » gratiné au fromage Kraft accompagné d’une soupe en boite…

Grâce aux études, le jeune homme parvient peu à peu à quitter son milieu. Au Cégep (école secondaire), un enseignant, le professeur Grégoire, lui confie la gestion d’une petite revue littéraire. Il écrit, prend contact avec des auteurs, des poètes. C’est le déclic. Il entre à l’université (Laval, UQUAM) étudie la sociologie puis se fraie un chemin et perce dans le monde des médias. Jean-Philippe Pleau est aujourd’hui un personnage connu au Québec, animateur d’une émission d’idées et de philosophie à la radio de Radio-Canada.

Entre Drummondville, Québec et Montréal, le « roman » retrace les étapes, parfois drôles, souvent douloureuses, de son parcours de « transfuge ». Véritables montagnes russes. Parcours semé d’embûches, de questionnements. Marqué par l’angoisse de faire au travail ou en société un faux-pas. La crainte, perpétuelle, d’être dévoilé, démasqué et ramené à son milieu d’origine – « à la vie de misère et d’exclusion » de ses parents.

Nombreuses et intéressantes références dans l’ouvrage à d’autres célèbres « transfuges de classe »: Pierre Bourdieu, Annie Ernaux et, au Québec, Caroline Dawson (née au Chili) dont j’avais a-d-o-r-é  le roman « Là où je me terre » publié en 2020. Voir ici.

Un récit courageux, à mettre en bonne place sur les rayons des bibliothèques publiques, partout au pays et au-delà.

Bonne fin d’automne à tous!

Aperçu de la promenade du bord de mer de Saint-Denis. On aperçoit, à l’arrière plan, la route nationale 1 qui mène vers Saint-Paul, Saint-Louis, Saint-Pierre et le grand sud de l’île…

Voyage dans l’océan Indien & notes de lecture #4

Avant de partager quelques notes de lecture et évoquer les îles de l’océan Indien, j’aimerais revenir brièvement sur une splendide excursion réalisée, début octobre, dans la région de Tofino.

Tofino (cochée en orange ci-dessus) est l’un des joyaux de la côte ouest de l’île de Vancouver. On peut désormais rejoindre sans voiture la petite ville (2500 habitants) grâce à une navette quotidienne depuis Vancouver, Victoria ou Nanaimo. Voir: https://tofinoexpressbus.com/ (Un minibus relie aussi Tofino au village de Ucluelet.) À proximité de Tofino, la plage Long Beach, ci-dessous…
… située dans le parc national Pacific Rim, au coeur du territoire Nuu-Chah-Nulth, peuple indigène de la Colombie-Britannique…
… établi depuis toujours dans cette région magnifique, classée par l’UNESCO comme une réserve de biosphère. Sur la côte, où croisent entre mars et novembre des baleines grises, des épaulards, à l’intérieur des terres et sur les îles qui émaillent la baie de Clayoquot…
… des arbres géants comme des cathédrales (ici à Meares Island), vieux de plus de 1500 ans,  cohabitent avec les peuples des Premières Nations dont la culture rayonne aujourd’hui dans les galeries d’art de la côte ouest et au-delà…
Masque de l’artiste Nuu-Chah-Nulth, Joe David (né en 1946, à Meares Island). « Fifty Winter Counts » (1996).

Pour ceux qui aiment les grands espaces et qui ne connaissent pas encore cette partie de la Colombie-Britannique, son immense patrimoine culturel autochtone, la région de Tofino est une destination incontournable!

Et vous pouvez laisser votre voiture à la maison.

Retour de Meares Island, au large de Tofino, le vendredi 3 octobre, et un peu plus tôt…
… lever du jour dans la baie de Clayoquot…

Pour le contexte, voir ci-dessous la répartition linguistique des trois principaux peuples indigènes de l’île de Vancouver.

Pour la nation Nuu-chah-nulth implantée sur la côte ouest de l’île, le statut de réserve de biosphère de la baie Clayoquot, conféré par l’UNESCO en 2000, leur permet de co-gérer une partie de la région avec le gouvernement, de limiter l’exploitation forestière et le développement d’un territoire qui a depuis des siècles une profonde signification spirituelle. Un pas supplémentaire dans le processus de « réconciliation » amorcé avec les peuples autochtones depuis une dizaine d’années…
Fin août, sur le sentier qui longe la plage Spanish Banks, à Vancouver.

Notes de lecture:

Alors que nous préparons un long voyage cet automne/hiver dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien (SVP voir plus bas notre itinéraire à La Réunion, à l’île Maurice et sur la petite île de Rodrigues), j’ai eu la chance de lire récemment trois ouvrages passionnants – deux romans et un essai – qui offrent chacun un regard différent sur l’Afrique.

Une Afrique – créole, indienne, chinoise, merveilleusement métissée dans ces îles de l’océan Indien – que nous avons bien hâte de découvrir!

Gaël Faye, Jacaranda – (Paris, 2024)

Après Petit Pays, publié en 2016, un autre immense succès de librairie pour Gaël Faye qui nous emmène, avec Jacaranda, au Rwanda – le pays où est née sa mère et où l’écrivain-musicien vit désormais avec sa femme et ses deux enfants.

Sur quatre générations, Jacaranda retrace l’histoire poignante d’une famille rwandaise confrontée avant, pendant et après le génocide de 1994 à l’histoire tumultueuse et sanglante d’un pays rongé par les rivalités, la haine et la violence entre Hutus et Tutsis.

Fils unique d’un couple fragile franco-rwandais, Milan, le personnage principal, essaie au fil des ans, entre Versailles où il grandit, Paris et Kigali, de décrypter le silence assourdissant de sa mère rwandaise qui refuse obstinément d’évoquer son passé devant lui.

Après le divorce de ses parents, Milan s’installe à Kigali, déterminé à percer le mutisme de sa mère et à comprendre enfin l’histoire de sa famille.

Entre Nyamirambo, un quartier populaire de la capitale, Butare, une ville du sud où vit sa grand-mère, et Kibuye, un lieu magique au bord du lac Kivu, Milan, accompagné de personnages attachants, captivants (Claude, Sartre, Eusébie, Stella) parvient peu à peu reconstituer le parcours déchirant de sa famille et les circonstances qui ont conduit sa mère à quitter le pays.

Un roman fabuleux. Malgré les épreuves, les tragédies vécues par la population, les récits parfois insoutenables des rescapés du génocide, Jacaranda, curieusement, donne envie de revoir le Rwanda. Un pays d’une immense beauté où j’ai eu le privilège de travailler pendant un an (2012-2013) comme conseiller pédagogique auprès d’un district scolaire situé à la frontière de l’Ouganda.

En rouge, le trajet effectué en bateau, en avril 2013, le long de la rive est du lac Kivu, entre Cyangugu et Kibuye, lors de ma mission au Rwanda. Voir texte et photos ici.
Un samedi matin en janvier 2013. Planification de la semaine de travail avec deux « mentors » (de l’Ouganda, à gauche, et de la Tanzanie, à droite) nouvellement recrutés afin d’épauler les enseignants francophones du district de Nyagatare (province de l’est). En 2008-2009, l’anglais a remplacé le français comme langue d’enseignement au Rwanda.

Dominique Barbéris, Une façon d’aimer – (Paris, 2023)

Quel talent! Voilà un roman qui commence doucement. Qui ronronne dans la banlieue de Nantes, au début des années 50, autour de Madeleine, une jeune femme timide menant, auprès de sa famille l’existence paisible, rangée, des enfants issus de la petite bourgeoisie.

Le roman s’envole brusquement lorsque Madeleine épouse Guy, un homme « sérieux », fidèle, négociant en bois – et part vivre avec son mari à Douala, au Cameroun.

Nous sommes en 1955. En marge des « événements » (politiques) qui secouent le Cameroun à la veille de l’indépendance, Madeleine découvre à Douala, au sein de la petite colonie d’expatriés français, un monde complètement nouveau, « un lieu d’intrigues » où tout le monde se connaît. « On se fréquentait, on dînait les uns chez les autres, on s’épiait. »

Malgré la naissance d’une fille, Sophie, Madeleine peine à s’intégrer à ce milieu d’exilés, et s’ennuie le soir chez elle, sur la terrasse, auprès de son mari.

Elle rencontre lors d’une fête, Yves Prigent, administrateur colonial et séduisant aventurier. Pendant plusieurs mois, ils se voient, furtivement, lors de promenades rapides, le long du fleuve Wouri, dans la chaleur moite de Douala. Rencontres hâtives, feutrées, pleines de promesses. Mais il n’y aura, finalement, entre Madeleine et Yves, pas de liaison. Seulement un goût d’inachevé. De ce qui aurait pu être.

J’ai adoré me promener dans la deuxième partie du roman dans « le Douala d’autrefois ». Le Doula colonial des années 50. Grâce à un travail magistral de recherche, le nom des rues, des commerces, l’atmosphère aux alentours du vieux port, du marché, sont brillamment évoqués. Ainsi que les événements politiques qui viennent bousculer puis torpiller la vie tranquille des étrangers et des colons français établis dans le pays.

Tout cela m’a rappelé bien des souvenirs! Notre famille ayant vécu, au cours des années 60, le même type de bouleversements, d’évacuations, au gré des affectations de mon père, médecin puis administrateur à l’OMS, muté entre 1961 et 1977 de Bukavu à Elisabethville (devenue Lubumbashi), de Lomé, à Lagos, à Kinshasa…

« Une façon d’aimer » a remporté en 2023 le Grand prix du roman de l’Académie française. Magnifiques heures de lecture…

Mon père, debout à droite, avec quatre de ses collègues de l’OMS/l’ONU à Bukavu, dans la province du Kivu, au Congo, en 1962. Le Congo (aujourd’hui la RDC ) a obtenu son indépendance de la Belgique deux ans plus tôt. Ma mère, ma soeur, mes deux frères et moi rejoindrons mon père à Bukavu quelques mois plus tard…

Nanjala Nyabola, Travelling While Black – (Londres, 2020)

Une excellente recommandation de mon ami Tommy qui vit, depuis plus de quarante ans, entre la Toscane et le Kenya.

Et un titre qui m’a bien sûr immédiatement interpellé.

Essayiste, activiste, analyste politique basée à Nairobi,  Nanjala Nyabola est l’une des figures d’une nouvelle génération d’intellectuels africains qui refuse de se laisser enfermer dans les vieux discours et les faux compromis de l’époque coloniale.

Diplômée d’Oxford (études africaines) et de Harvard (en droit), conférencière ayant voyagé dans plus de 70 pays, elle partage ici ses réflexions sur quelques enjeux actuels clés – l’identité, la mobilité, le sentiment d’appartenance (« belonging ») – et sur la réalité complexe de notre époque, marquée par la tragique migration de populations pauvres, souvent persécutées, systématiquement stigmatisées aux frontières.

Il est beaucoup question de mobilité dans cet ouvrage. De la tyrannie des visas dont le principe, rappelle-t-elle, est d’exclure (ou de réduire) la présence de ressortissants des pays du Sud dans l’espace européen ou nord-américain. – À la « puissance » des passeports, déterminée en fonction du nombre de destinations accessibles sans visa préalable (pays en tête de liste en 2025: Singapour, la Corée du Sud, le Japon, les pays de l’UE…)

L’Afrique n’est pas non plus épargnée dans ce nouvel environnement hostile aux étrangers. Nanjala Byabola dénonce l’intolérance et la violence des Sud-Africains, des Tunisiens (entre autres) envers d’autres populations africaines venues chercher, chez eux, un asile temporaire ou un travail.

Féministe revendiquée, Nanjala Nyabola constate enfin la réaction mitigée que provoque encore une femme noire qui voyage régulièrement, comme elle, sans être « accompagnée ». Aux frontières, devant les autorités, munie de son passeport kényan, un mélange de surprise, d’incompréhension, de méfiance et, parfois, d’hostilité.

Le livre fourmille d’anecdotes, d’expériences vécues – en Haïti, au Burkina Faso, au Kenya, au Népal, au Botswana, aux États-Unis. Un superbe essai. Qui donne la parole à un continent, à des voix, à des sensibilités que l’on entend pas assez. Merci, Tommy!

Nanjala Nyabola

Retour en Colombie-Britannique…

Après plusieurs années de travaux, notre rue (ici en juillet-août) dans le quartier Mount Pleasant de Vancouver a été complètement transformée…
… métamorphosée en voie verte et piste cyclable. Un rêve devenu réalité pour les résidents du quartier. Cette nouvelle voie verte permet de récupérer et de canaliser l’eau de pluie, précieuse, abondante à Vancouver, afin d’irriguer la végétation et empêcher les inondations.

Nous partons donc dans quelques semaines pour l’océan Indien. Un voyage de deux mois. (Diana retournera peut-être à Calgary, auprès de sa famille, un peu plus tôt). Dans une région que nous ne connaissons pas et que nous avons hâte de découvrir, comme la Polynésie française en 2022, avec respect, humilité, en prenant tout notre temps.

À l’est de Madagascar, dans l’archipel des Mascareignes, nos trois haltes dans le sud-ouest de l’océan Indien: La Réunion, l’île Maurice et la petite île de Rodrigues, dépendante de Maurice. Au nord, au large de la Tanzanie, l’île de Zanzibar, visitée en 2012.

Nous nous arrêterons, grosso modo, deux à trois semaines dans chacune de ces trois îles, selon l’itinéraire suivant.

1 – La Réunion

18-20  novembre = Vancouver – Paris – Saint-Denis

20 – 25 novembre = Saint-Denis

25 novembre – 5 décembre = Saint-Pierre (au sud de l’île).

5 -13 décembre = Cilaos, environ 1200 mètres d’altitude, dans « les Hauts » (les montagnes) au coeur de La Réunion.

2 – Île Maurice A

13 – 19 décembre = Mahébourg, au sud-est de l’île, une des régions les moins développées de Maurice.

3 -Rodrigues 

19-23 décembre = Jeantec, près de Port Mathurin, le bourg principal de l’île.

23 décembre – 4 janvier = Saint-François (hameau, près de la plage, au nord-est de Rodrigues)

4 – Île Maurice B

4 – 10 janvier = Pointe-aux-Sables (faubourg du sud de la capitale, Port-Louis).

11 -12 Janvier = Mahébourg – Paris – Vancouver

Gâteau d’anniversaire pour célébrer, à Calgary, en Alberta, les 90 ans du papa de Diana, le samedi 27 septembre. 80 convives réunis autour d’un homme exceptionnel… et d’un magnifique buffet!

Un dernier mot. Merci à tous ceux qui m’ont si gentiment écrit pour avoir des nouvelles depuis mon retrait, en juin, du Chemin de Stevenson.

Mon genou gauche va beaucoup mieux.

Un retour sur le GR 70 est toujours au programme ce printemps. Départ prévu, de Langogne (Lozère), le 3 mai.

Bel automne à tous!

 

 

Revers et découvertes sur le GR70

Premier jour de marche (19 kms) sur le chemin de Stevenson entre Le Puy-en-Velay et Le Monastier-sur-Gazeille, en Haute-Loire, le vendredi 13 juin. Temps splendide pour débuter le GR70. Mais, avec un genou fragile, combien de temps cette nouvelle aventure va-t-elle durer?
Après une journée de repos, devant un troupeau de moutons broutant tranquillement à proximité du chemin…
… deuxième étape (18 kms), le dimanche 15 juin, jusqu’à la petite commune de Bargettes…
… via le village de Goudet, baigné par la Loire. Population permanente: 75 habitants (plus l’été).
Délicieuse salade aux lardons, à Goudet, le dimanche 15 juin. Superbe halte pour déjeuner sur le GR70, les pieds pratiquement dans les eaux de la Loire. Bistrot de campagne « La Dentelle », Goudet.
Tôt le lendemain matin, le 16 juin, après avoir quitté Bargettes. Sous un ciel lourd, menaçant, une fermière vient nourrir et soigner ses vaches « atteintes de tiques », me dit-elle. « Faites attention dans les hautes herbes et les broussailles! », me lance-t-elle, amicalement. Me voilà averti. Je poursuis prudemment ma route.
Un peu plus tard le même jour, deux heures environ avant l’arrivée au bourg d’Arquejols (200 habitants) où je m’arrêterai pour la nuit. Une autre étape de 18 kms. Voir la carte plus bas.
Le balisage impeccable du chemin de Stevenson. Ici, au milieu de la quatrième étape, entre Pradelles (Haute-Loire) et Langogne (Lozère), le mardi 17 juin.

Tout avait pourtant été si bien planifié!

Mais il faut savoir, même si c’est dur parfois, quand s’arrêter.

Après avoir parcouru quatre étapes, j’ai malheureusement dû abandonner le GR70 à Langogne, le mardi 17 juin. Mon genou gauche était trop mal en point.

J’aurais pu continuer, forcer, mais j’ai préféré être prudent – Je ferai dès mon retour une seconde radio.

Ce n’est que partie remise.

Je reviendrai sur le chemin – magnifique! – peut-être l’an prochain. Une bonne excuse pour retrouver le Sud-Ouest de la France!

Sur le chemin d’Arquejols, le lundi 16 juin. L’impression, dans ce secteur de la Haute-Loire, de marcher dans un tableau de Van Gogh.

Une fois arrivé à Langogne cependant, clopin-clopant, avec un genou légèrement abîmé, que faire?

Quelles étaient, entre la Lozère, l’Ardèche et la Haute-Loire, mes options?

Ayant environ trois semaines devant moi, et après avoir soigneusement examiné les cartes de la région, j’ai pris contact avec la Malle Postale.

Et ai décidé, via leurs navettes régulières, ponctuelles, pratiques, de faire un peu de tourisme dans le Sud-Ouest. En longeant le GR70. En prenant tout mon temps. Avant mon retour à Vancouver, le 6 juillet.

Le tracé du GR70 en rouge. Souligné en noir, Langogne, où je me suis arrêté, le 17 juin. En violet, les lieux et villages où j’ai fait halte 2-3 jours avant de rentrer à Paris: l’abbaye Notre-Dame-des-Neiges (croix en violet, en Ardèche), Florac (Lozère), Saint-Jean-du-Gard (Gard), puis Arles (au sud d’Alès), dans les Bouches-du-Rhône.

Vu les circonstances, et avec le recul, ce changement de programme a été une très bonne idée!

J’ai beaucoup vu, entendu, appris, au cours ces étapes imprévues!

 1 – Florac, 22-25 juin

Coup de foudre en découvrant le petit village de Florac, en Lozère. Population: environ 2300 habitants (beaucoup plus en juillet-août). C’est à Florac que siège l’administration du parc national des Cévennes.

Deux vues partielles de Florac, à partir du pont de la Draille, le mardi 24 juin.  Le village est baigné…
…par trois cours d’eau:  le Tarnon, la Mimente et le Tarn! D’où le surnom de Florac: « la fleur des eaux ».

Après trois nuits passées à Langogne et deux nuits à l’Abbaye Notre-Dame-des-Neiges avec, dans les deux cas, mouches, moustiques, punaises de lit et salle de bain partagée, quel soulagement de loger à Florac dans un hébergement confortable (et abordable)!

Vue de la fenêtre de ma chambre à Florac. À l’horizon, les falaises de calcaire et de granit typiques de la région des Cévennes.

J’en avais bien besoin! Après la déception et les moments de découragement qui ont suivi mon retrait du GR70, les trois jours passés à me reposer, à me baigner, à me promener à Florac m’ont fait beaucoup de bien! J’ai quitté le village complètement revigoré. Calme. Serein. En paix. Convaincu d’avoir pris la bonne décision.

Comme il serait bon de vivre ici pendant plusieurs semaines!

Aperçu d’un sentier qui traverse le parc Paul Arnal, au coeur du village. Florac est sans doute l’une des plus belles communes visitées jusqu’à présent lors de mes randonnées dans le sud-ouest. Un véritable coup de coeur.
Après trois trop courtes journées, il faut déjà repartir. Au revoir, Florac! Ci-dessous…
… un groupe de cyclistes à l’entraînement à l’extérieur du village, le mardi 24  juin.

2 – Saint-Jean-du-Gard et Anduze (Gard), 25-28 juin

Une autre étape captivante!

Le « Pont Vieux » qui permet de traverser la rivière, le Gardon, à Saint-Jean-du-Gard, le mercredi 25 juin. Achevé en 1731, le pont a été détruit par les crues et reconstruit en 1961. C’est l’un des emblèmes du village, symbole de l’histoire mouvementée des Cévennes.

Nous sommes, à Saint-Jean-du-Gard, dans la partie sud des Cévennes. Un territoire rude, austère, peu fertile. Une terre d’émigration. Une terre de résistance aussi. (Voir les guerres de religion, puis la révolte des Camisards entre 1702 et 1704). Les habitants des Cévennes ont longtemps été, majoritairement, protestants.

En visitant le musée du village, on apprend qu’on a vécu ici autrefois de la culture de la châtaigne. Puis, à partir du 19è siècle, de la sériciculture, l’industrie de la soie. Un âge d’or pour la région. Jusqu’à la fin des années 30, on recrutait des jeunes femmes, parfois venues de très loin, d’Espagne ou d’Italie, pour faire tourner les nombreuses filatures établies à Saint-Jean-du-Gard.

Les conditions de travail de ces « fileuses » étaient sévères, cruelles. Ci-dessous, quelques-unes des règles qu’elles devaient suivre, méticuleusement – sous peine de renvoi. Voir en particulier l’article VI.

Ce document est l’une des nombreuses pièces exposées à « La Maison Rouge » – l’excellent musée des vallées cévenoles situé à Saint-Jean-du-Gard. Une visite incontournable pour mieux comprendre la société rurale et traditionnelle des Cévennes. J’y ai passé près de trois heures.

Tôt le jeudi matin 26 juin…

… après une promenade sur « le chemin de Robiac » au-dessus de Saint-Jean-du-Gard…

j’ai sauté…

… dans le petit train à vapeur des Cévennes qui, en 40 minutes…
… relie l’été, Sain-Jean-du-Gard au village d’Anduze, un trajet de 13 kms. Anduze où, comme tous les jeudis….
… c’est jour de marché…
Dans les allées du village, producteurs et artisans proposent leurs produits…
… aux habitants et aux visiteurs dans une atmosphère amicale et conviviale

J’ai profité de ma visite à Anduze pour aller goûter la cuisine du pays…

Faux filet d’agneau, carottes confites en purée et tomates

… dans un restaurant dirigé par…

… Jean-Michel, cuisinier remarquable, né à Saint-Paul, à La Réunion, et maintenant installé à Anduze. Excellente adresse, restaurant Cave Bourbon, Anduze (Gard).

Une journée bien remplie!

Au retour d’Anduze, grenadine et café sur une terrasse à Saint-Jean-du Gard, le jeudi 26 juin

Après une dernière journée passée à explorer Saint-Jean-du-Gard, en particulier son superbe musée, départ en train le samedi 28 juin pour Arles, via…

… la gare d’Avignon Centre, ci-dessus, vers midi 30. La plupart des trains dans la région sont ce jour-là bondés. Sur les quais, de nombreux usagers seniors, très actifs – Bravo à la SNCF qui facilite sur l’ensemble de son réseau le transport des vélos. Le service – pratique, gratuit – est de plus en plus populaire.

3 – Arles (Bouches-du-Rhône), 28 juin – 1er juillet

Dernière halte avant de rentrer à Paris. Et autre moment fort en redécouvrant la vieille ville d’Arles, visitée une première fois il y a plus de trente ans.

Depuis mon départ de Langogne, les températures partout au pays sont en forte hausse. 38 degrés à Arles, l’après-midi de mon arrivée.

Samedi 28 juin, la rue du 4 Septembre, dans la vieille ville d’Arles, débouche sur…
… la place Voltaire, animée jour et nuit…
… malgré la canicule qui sévit dans le sud depuis plusieurs jours. Tous les départements près de la Méditerranée sont fin juin en « vigilance rouge ». L’alerte météo maximale.

Malgré la chaleur, rapides promenades dans la vieille ville classée « Ville d’art et d’histoire » par l’Unesco… On entend beaucoup parler anglais, italien, dans les rues… mais je souhaitais visiter à Arles un lieu particulier…

La mythique…

… librairie et maison d’édition « Actes Sud », située au 47 rue du Dr. Danton (Place Nina Berberova)… à trois minutes de marche de mon logement, rue de l’Hôtel de Ville…
Vue partielle de l’intérieur de la librairie, le lundi 30 juin. Depuis 2004, Actes Sud s’est distingué en obtenant 5 prix Goncourt. C’est aussi pour moi l’occasion de faire ici provision d’ouvrages qui serviront dans la planification de nos prochains voyages (La Réunion, Cap Vert…)

Depuis Arles, retour en train à Paris, le mardi 1er juillet, en début d’après-midi. Température dans la capitale: 38 degrés.

Rue de Belleville, à Paris, le lendemain de mon arrivée, le mercredi 2 juillet. Le thermomètre est encore monté d’un cran.

Après presque deux mois passés en France, en Italie, en Espagne, je rentre à Vancouver demain. Très heureux de rentrer à la maison et de retrouver Diana qui termine (après Calgary) une semaine chez des amis à Terre-Neuve.

Quelles leçons tirer de ce périple ?

La première, c’est que j’essaierai de revenir sur le GR70 dès que cela sera possible.

Mais il faudra sans doute ajuster le calendrier des prochaines excursions.

Vu le réchauffement climatique et les canicules de plus en plus précoces, est-ce vraiment raisonnable de marcher six ou sept heures par jour dans le sud-ouest de la France sous une température de 35, 36 ou 37 degrés?

Ce qui était le cas, fin juin, pour les randonneurs sur le chemin de Stevenson.

Planifier donc marcher plus tôt (ou plus tard) dans la saison, idéalement en mai ou en septembre. En espérant une météo favorable.

Fontaine, Landos (Haute-Loire), le lundi 16 juin.

J’aimerais, pour conclure, remercier sincèrement:

Notre amie Christiane dont les suggestions m’ont permis de faire de si belles découvertes cet été, de part et d’autre des Pyrénées et le long du GR70. Merci mille fois, Christiane!

Agnès et Serge qui nous ont si gentiment rejoints à Paris en mai. Un  immense merci! À bientôt pour d’autres aventures!

Tommy et Lucy, mille grazie pour votre formidable et chaleureux accueil, fin mai, chez vous, en Toscane.

Merci enfin à tous mes compagnons de route, début juin, entre Collioure et Cadaqués. Entre la côte vermeille et la Catalogne, nous avons vécu pendant sept jours une très belle aventure!

À tous et chacun, un bon, un merveilleux été!

Pièce de « Fin Gras » (boeuf) du Mézenc (région de la Haute-Loire) grillée, accompagnée de légumes et d’un mille-feuille de pomme de terre. Plat suivi…
… d’un crémeux au chocolat Weiss, de macarons maison et de glace spéculos. Un repas fabuleux! Le Monastier-sur-Gazeille, le vendredi 13 juin.

Entre Collioure et Cadaqués

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en m’inscrivant il y a plusieurs mois à une randonnée « accompagnée » de sept jours, entre deux villages situés de part et d’autre des Pyrénées.

Troisième jour de marche entre les bourgs de Portbou et Llançà, en Catalogne…
… le mardi 3 juin. Sur la droite, au bord de la Méditerranée, sur les rives du cap Ras, un champ de vignes. Voir les cartes ci-dessous.

Entre Collioure, côté français, petit port des Pyrénées-Orientales, et Cadaqués, commune espagnole, en Catalogne, que me réservait la semaine ?

Cette longue randonnée entre mer et montagne m’avait été il y a longtemps recommandée par notre amie Christiane qui connaissait bien le chemin. « Tu vas te régaler, adorer ce sentier », m’avait-elle dit, en souriant.

Cependant, dans mon esprit, plusieurs questions, essentielles, restaient en suspens.

Combien serions-nous? Et quel serait le profil des participants dans ce groupe « accompagné », encadré par un(e) guide ? Une formule toute nouvelle pour moi qui aime tant marcher seul ou avec Diana ou, comme au Népal, avec un sherpa, sur de longues distances.

Côté français, la carte de nos randonnées au-dessus de Collioure où nous avons fait halte les deux premières nuits. En vert, sur la côte, les villages visités: Banyuls-sur-Mer (qui doit son nom au vin réputé de la région, le banyuls) et Cerbère, à cheval sur la frontière…
Côté espagnol, soulignés en bleu, les bourgs où nous avons passé la nuit. En vert, ceux que nous avons traversés, en route vers le parc naturel du cap de Creus et le village de Cadaqués. La côte est absolument magnifique! À noter qu’autrefois, sur cette partie de la côte catalane, sévissaient des pirates attirés par le commerce et les échanges provenant du port de Barcelone, au sud.

Le programme de la semaine indiquait 4 à 6 heures de marche par jour. Avec des dénivelés impressionnants, allant de 250 à 700 mètres par étape. Tout était pris en charge: les hébergements, le transport des bagages, les courts trajets en bus, en train, en bateau, les visites (musées, monastère) et les repas, pris en commun.

Comment tout cela, concrètement, au jour le jour, allait-il se dérouler?

Je n’aurais pas dû trop m’inquiéter !

Une partie de notre groupe réuni sur la terrasse d’un gîte après avoir grimpé au-dessus de Collioure, le lundi 2 juin. Deuxième sur la droite, notre guide-accompagnatrice.

Nous sommes 9 au départ de la gare de Perpignan (« le centre du monde », selon le mot de Salvador Dali), à 9 heures, le dimanche 1er juin.

Fringants, craintifs, impatients de commencer cette aventure! Un dixième randonneur nous rejoindra dans la soirée.

En comptant notre guide, Claire, notre groupe est composé de sept femmes et trois hommes, venus d’horizons différents. Deux Belges, une Brésilienne, un Canadien et six participants français (Nantes, Toulouse, La Rochelle, Paris, la Bretagne, les Hautes-Pyrénées). Les trois hommes sont à la retraite. Les femmes, toujours en activité. 

Après un rapide crochet à Collioure pour déposer les bagages, nous entamons, dès 10h30, sous un grand ciel bleu et un soleil de plomb, notre première randonnée…

Le dimanche 1er juin, sur l’un des sentiers surplombant la côte Vermeille, entre Argeles-sur-Mer (à l’arrière-plan) et Collioure…
... sentiers somptueux qui descendent au milieu des chênes...
… sentiers splendides qui serpentent au milieu des chênes et des vignes…
… avant l’arrivée, en douceur, à une petite plage, la plage de l’Ouille, située à…
20 miutes de
… une vingtaine de minutes de marche…
… du bord de mer menant au petit port de pêche de Collioure (ci-dessus) déjà très prisé par les touristes en ce début de saison. Photo: Eli.

Très vite, en quelques heures, le courant passe entre les participants.

Préparatifs avant l’ascension vers la tour de la Madeloc (qu’on aperçoit, trônant, sur la gauche) au-dessus de Collioure, le lundi 2 juin.

Entre les moments d’efforts, intenses…

En basse montagne, à l’assaut de la tour de la Madeloc…

et les pauses, pendant les repas…

Après avoir réussi notre ascension, merveilleux panorama pour notre pique-nique du 2 juin

Nous apprenons à nous connaître, à nous apprécier…

Au milieu de paysages grandioses!

Le mardi 3 juin, au-dessus du littoral entre Portbou et Colera, en Catalogne…
… Un peu plus tard le même jour, à l’aproche du village de Llança. Quatre de nos six jours de randonnée ont eu lieu en Espagne…
Au-dessus du Cap Ras, au nord du village de Llança, le mardi 3 juin.
Au-dessus du Cap Ras, en allant vers Llança, le mardi 3 juin.

Journée épique pour notre groupe, le mercredi 4 juin. Objectif: atteindre le monastère Sant Pere de Rodes, perché à plus de 500 mètres au-dessus de la mer. Le monastère a été jadis un important centre de pèlerinage. 

Une partie du cloître de l’ancien monastère bénédictin Sant Pere de Rodes, construit au début du 10è siècle. Le monastère sera abandonné au 18è siècle. Un trésor de 658 pièces d’or caché ici en 1520 sera découvert… en 1989!

Après la visite…

… descente vertigineuse vers la côte et le petit village de La Selva del Mar…

… pour des retrouvailles et un repos bien mérité!…

Notre groupe au grand complet, exténué et heureux, sur la terrasse du centre culturel de l’adorable petit village de La Selva del Mar. Nous sommes à une trentaine de minutes de marche du bourg de El Port de la Selva où nous passerons la nuit (voir cartes plus haut). Photo: Claire.

Après 4 jours de randonnées, nous connaissons tous maintenant par coeur le rituel de nos matinées. Après le petit-déjeuner, à 7h30 ou 8 heures…

Rendez-vous général près la réception de l’hôtel (ci-dessus à El Port de la Selva, le jeudi 5 juin) afin de préparer nos sacs et notre pique-nique avant le départ, autour de 9 heures. La fatigue se lit sur certains visages. Vu les dénivelés étourdissants que nous devons gérer, je porte maintenant une deuxième genouillère… Photo: Eli.
Le jeudi 5 juin au matin, au revoir El Port de la Selva!

Les journées s’envolent!

Nous arrivons à la mi-journée, le jeudi 5 juin, à destination: le merveilleux parc naturel du parc de Creus, un lieu exceptionnel, protégé, le premier parc naturel maritime terrestre de Catalogne, créé en 1998.

L’une des calanques typiques du parc naturel du cap de Creus. Calanques qui recèlent de petites plages où nous avons fait de délicieuses baignades! Ci-dessus, à droite des bateaux, cachée par les rochers, la petite plage de Taballera. Baignade magnifique ici dans une eau claire… et très salée! Nager dans la Méditerranée a été, pour moi, l’un des meilleurs moments de la semaine!

Nous avons pendant deux jours, le jeudi 5 et le vendredi 6 juin, parcouru le parc

… à pied…

L’un des nombreux et splendides sentiers du parc naturel du Cap Creus…

et en bateau…

Balade d’une trentaine de minutes en bateau le long des rives du Cap de Creus. Le cap est situé dans la partie la plus méridionale de la péninsule ibérique. On aperçoit, en haut, à droite, le phare du parc, mis en service en 1853

Nous rentrons à l’hôtel en fin d’après-midi, épuisés, éreintés…

De la piscine de notre hôtel, vue du village de Cadaqués où nous avons dormi deux nuits. Photo: Eli.
Aperçu de la terrasse de l’hôtel, à Cadaqués

… et nous devons repartir très vite, en groupe, prendre notre repas du soir…

Sous un ciel exceptionnellement couvert, en route vers 19h30 pour notre premier souper à Cadaqués, le jeudi 5 juin. Nous avons tous eu un véritable coup de foudre en découvrant ce village, cher à Salvador Dali, qui y a vécu. De loin, mon village préféré de la semaine.

Après une ultime randonnée, le vendredi 6 juin, sur les sentiers du parc…

Derniers kilomètres de randonnée…

et…

… au-dessus des calanques…

Une semaine exceptionnelle de découvertes se termine!

La journée du samedi 7 juin sera consacrée (trajet en bus) à la visite du musée Dali à Figueres et au retour à Perpignan.

Notre itinéraire entre le 1er et le 7 juin

Quelle belle aventure nous avons vécue!

Eli, Johanna, Isabelle, Nesma, Pierre, Christian, Isabelle, Anne et Claire.

Merci infiniment à tous!

Pour info, dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tient du 9 au 13 juin à Nice, le journal « Le Monde » a publié hier, le 10 juin, un excellent article sur la réserve maritime Cerbère-Banyuls, réserve que nous avons longé le mardi 3 juin, en route pour Llança. Article à lire ici. (Abonnement requis).

Gare de Perpignan, mardi matin 10 juin, en route pour Le Puy-en-Velay où je suis arrivé hier (via Nîmes) en début de soirée.

Après Paris, la Toscane, Perpignan/Collioure et la Catalogne, mon aventure de deux mois se poursuit du côté des Cévennes.

Si mon genou gauche continue de tenir, j’entame, vendredi, les 240 kms (environ) du GR70 plus connu sous le nom de « Chemin de Stevenson »

13 jours de marche + 4 jours de repos = 17 jours.

Pour résumer: 244 kms : 13 jours = 18.7 kms de marche, en moyenne, par jour.

Voir ci-dessous la carte du GR70 et les étapes de mon itinéraire entre le 13 et le 30 juin.

Le tracé du GR70 entre Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Alès (Gard). Je m’arrêterai un peu avant, à Saint-Jean-du-Gard.

Itinéraire:

Vendredi 13 juin = Le-Puy-en-Velay – Le Monastier-sur-Gazeille – 19 kms

Samedi 14 juin = Jour de repos

Dimanche 15 juin = Le-Monastrier-sur-Gazelle – Bargettes (18 kms)

Lundi 16 juin = Bargettes – Arquejols (18 kms)

Mardi 17 juin = Arquejols – Langogne (15 kms)

Mercredi 18 juin = Repos à Langogne

Jeudi 19 juin = Langogne – Cheylard-l’Evêque (17 kms)

Vendredi 20 juin = Cheylard-l’Evêque – Abbaye/Hôtellerie Notre-Dame-des-Neiges (23 kms)

Samedi 21 juin = Jour de repos à l’Abbaye Notre-Dame-des-Neiges

Dimanche 22 juin = Notre-Dame-des-Neiges – Chasseradès (17 kms)  

Lundi 23 juin = Chasseradès – Mont Lozère (22kms) 

Mardi 24 juin = Mont Lozère – Le Pont-de-Montvert (14 kms)

Mercredi 25 juin = Le Pont-de-Mauvert – Florac = (23 kms avec variante GR68)

Jeudi 26 juin = Jour de repos à Florac

Vendredi 27 juin = Florac – Cassagnas (17 kms)

Samedi 28 juin = Cassagas – Saint-Germain-de-Calberte (16 kms)

Dimanche 29 juin = Saint-Germain-de-Calberte – Saint-Jean-du-Gard (22 kms) = FIN DU GR70

Lundi 30 juin = Jour de repos à Saint-Jean-du-Gard

Mardi 1er – vendredi 5 juillet = Paris

Samedi 6 juillet = Retour à Vancouver

Bonne fin de printemps et excellent été à tous!

Cadaqués, le jeudi 5 juin, vers 21h. Photo: Johanna

Cortona e Firenze in Toscana

Comment remercier mon ami Tommy et son épouse Lucy de nous avoir si chaleureusement accueillis dans leur magnifique propriété, en Toscane ?

À quelques kilomètres du village de Cortona, au sud-est de la Toscane, aperçu de la résidence de nos amis et, ci-dessous, le jour de notre arrivée, le dimanche 25 mai…
Diana en compagnie de Lucy et Tommy, au milieu de leur domaine, planté d’oliviers. Tommy cultive ici avec passion ses oliviers depuis près de 50 ans…
Diana, tôt le lundi 26 mai, sur la terrasse de la petite maison, entourée de lavande et de romarin, attenant à la propriété. Au-dessus de la campagne toscane, nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la région voisine, l’Ombrie, au sud-est..
Soulignées en vert, les deux étapes de notre trop court séjour (18 -29 mai) en Toscane, Florence et Cortona. J’ai aussi eu le temps temps d’explorer en Ligurie (au nord-ouest), quelques-uns des villages du parc national de Cinque Terre.

Quelles incroyables circonstances nous ont conduits jusqu’ici?

Remontons un peu dans le temps.

J’ai rencontré Tommy à Montréal, en septembre 1973, alors que j’entrais en « Première » (l’équivalent de la 11è année en Colombie-Britannique) au Collège Stanislas, un établissement scolaire plutôt bien vu, situé dans le quartier Outremont.

J’étais arrivé à Montréal un an plus tôt, de Lagos, au Nigéria, pays où travaillait mon père. Après une première année à « Stan » (surnom du collège), je cherchais encore mes repères dans mon nouvel environnement, au Québec, au Canada.

(Voir ici le récit de mes premiers mois à Montréal, en 1972).

Tommy, lui, venait de Rome et de Londres. Il parlait couramment l’italien, l’anglais et se débrouillait déjà parfaitement en français. Entre deux parties de foot, nous sommes, au collège, vite devenus amis.

Pour les jeunes hommes fringants que nous étions alors, Montréal (au début des années 70) ne manquait pas de tentations. Nous sortions régulièrement en groupe au Vieux-Montréal, dans les boîtes à chanson, très populaires à l’époque.

Nous allions le soir au légendaire « Café Campus » situé à deux pas de l’université de Montréal, dans le secteur de Côte-des-Neiges, le quartier où nous habitions. Quelles soirées mémorables avons-nous passé là-bas!

Avec les jeunes filles du collège Marie-de-France, nous allions aussi danser le weekend. Et le dimanche, nous nous promenions sur la montagne, au Mont-Royal, près du lac des Castors.

Le matin, nous arrivions au collège la tête dans les nuages. Après la pause du déjeuner, nous étions encore plus mal en point. Quels excès n’avons nous pas commis pendant ces deux ans ?

À Montréal, en 1973 ou 1974. Photo: Tommy.

Nous étions jeunes, insouciants. Tout, semble-t-il, nous était permis.

Comment avons-nous réussi à obtenir notre Baccalauréat, en juin 1975?

Tommy, à Montréal, au milieu des années 70

Après Stanislas, Tommy est entré à l’université McGill. Je l’ai suivi un peu plus tard. Avant d’aller poursuivre mes études à Vancouver.

Puis nous nous sommes perdus de vue. Pendant près de 50 ans.

Jusqu’au jour où, l’an dernier, en faisant des recherches, j’ai découvert que mon camarade de « Stan » avait réalisé une carrière exceptionnelle dans l’humanitaire, œuvrant au Kenya, en Ouganda, au Soudan, en Somalie et ailleurs, au sein d’une ONG italienne.

J’ai envoyé un courriel à l’une des antennes de l’ONG, à Milan. Tommy m’a répondu le lendemain. Le contact était rétabli. Nous nous sommes revus à Paris quelques mois plus tard, en mai dernier.

Comment aurions-nous pu en rester là?

Après trois jours de conversations quasi ininterrompues à Paris, nous avons décidé de nous revoir, chez lui cette fois, en Toscane!

Avec un objectif bien précis : aider Tommy, dans sa propriété, à tailler ses oliviers avant la grande récolte du mois d’otobre.

Pari tenu!

Lundi 26 mai au matin, prêts pour deux jours de labeur dans les champs d’oliviers…
… où j’arrive à pied, avec Diana. (Tommy a pris sa voiture avec les outils). Nous sommes émerveillés par le cadre somptueux du domaine. À l’arrière-plan, un immense champ de vignes, dans une propriété voisine…
Brève leçon de taille des oliviers avant de commencer…

L’objectif est de couper délicatement avec un sécateur les petites branches, les tiges et les broussailles qui poussent au pied et, surtout, sur le tronc des oliviers…

… petites branches (flèche bleue) qui ne donneront pas d’olives et qui sapent inutilement l’énergie de l’arbre…

Tommy et moi avons, lundi et mardi, travaillé, en bavardant, environ 6 heures, souvent en plein soleil…

Attention à ne pas couper les branches qui portent déjà de petites fleurs blanches, germes des olives à venir…

Nous avons taillé, débroussaillé, défriché six rangées d’oliviers, ce qui représente à peu près 60 arbres….

La petite voiture de Tommy au milieu de deux rangées d’oliviers impeccablement taillés, le mardi 27 mai. Au premier plan, les petites fleurs blanches qui donneront des olives (noires et vertes) lors de la récolte en octobre.

Pendant que nous travaillons, Diana, comme d’habitude, ne chôme pas…

Elle est allée choisir avec Lucy, au petit marché du lundi matin, à Camucia, une commune de Cortona, des produits frais de la région…

En compagnie de Lucy, préparation, dans la grande cuisine de la propriété, d’un repas…
… dont Diana seule a le secret. Poitrines de poulet, accompagnées de légumes et d’herbes du jardin, assaisonnées avec l’huile d’olives du domaine…

Journées extraordinaires, pleines de découvertes, d’échanges et de partage avec nos amis, dans une région magnifique!

Après une matinée de travail, randonnée avec Lucy dans la campagne toscane au-dessus du village perché de Cortona…
… où Tommy vient nous rejoindre en fin d’après-midi…

Grazie mille Tommy e Lucy!

Siete una coppia meravigliosa!

Merci de nous avoir si gentiment hébergés, guidés dans votre petit coin de paradis! Nous avons, grâce à vous, beaucoup appris!

Au plaisir de vous revoir bientôt en Colombie-Britannique!

Le mardi 27 mai chez Tommy et Lucy

Et Florence?

Le célèbre Ponte Vecchio qui relie les rives du fleuve Arno, à Florence, le mercredi 21 mai.

Nous avons passé une très belle semaine à Florence!

Sur l’un des sentiers (méconnus) qui serpente et grimpe au-dessus de Florence, sur la rive sud de l’Arno, le samedi 24 mai. À l’arrière-plan, le Duomo, l’un des édifices emblématiques de la ville…

Logés dans un petit et coquet appartement au 5è étage, sans ascenseur, d’un immeuble situé dans le quartier Sant’Ambrogio, à deux pas du marché, nous avons essayé de vivre comme les Florentins.

En faisant nos courses le matin dans les boutiques du quartier avant le retour à la maison – et les 80 marches à escalader pour arriver à notre domicile!

Nous avons marché et marché encore dans la ville en essayant (difficilement) d’éviter les hordes de touristes qui sillonnent tous les jours le « centro storico », remarquablement préservé, de Florence.

Après un déjeuner au marché Sant’Ambrogio tout proche, pause dans un petit café du quartier, le vendredi 23 mai. Plus de 15 millions de touristes ont visité Florence l’an dernier. Un record dont beaucoup de riverains se passeraient bien…

Après une dizaine de jours en Toscane et notre séjour à Paris, Diana est rentrée hier, comme prévu, à Calgary.

De mon côté, après un vol de 80 minutes entre Florence et Toulouse, puis un trajet de deux heures en train, je suis maintenant installé à Perpignan, dans le département des Pyrénées-Orientales.

Je ne sais pas si j’aimerais y vivre, mais Perpignan est une ville agréable où déambuler pendant 2 ou 3 jours.

Pour des raisons pratiques, j’habite près de la gare. Et j’ai l’impression de vivre ici dans un quartier de Tanger, de Gabès ou d’Istanbul.

Partout, il y a des kébabs, de petits restos qui proposent des tajines ou des « spécialités turques ». Il y a, avenue du Général de Gaulle, à deux pas de mon hôtel, un dépanneur afghan. J’aime bien cette ambiance. Mais je ne suis pas sûr qu’elle fasse l’unanimité dans le département.

À mesure que l’on s’éloigne de la gare et qu’on se rapproche du centre historique, l’atmosphère change sensiblement…

Ci-dessus, dans le centre historique de Perpignan, le quai Sébastien Vauban, cet après-midi, le vendredi 30 mai. Quartier très agréable. Surprise en regardant les vitrines des agences immobilières: on peut acquérir à Perpignan un appartement confortable, près du centre-ville, pour (presque) une bouchée de pain. Avis aux investisseurs!

Une nouvelle aventure m’attend, dimanche matin.

Une randonnée de six jours, entre mer et montagne, en longeant la Méditerranée, à partir de Perpignan/Collioure jusqu’au petit village de Cadaqués, en Catalogne.

Tracé du sentier Collioure-Cadaqués sur lequel nous serons « accompagnés » du 1er au 7 juin. Nous rentrerons ensuite (en bus) à Perpignan via Figueras, ville où est né (et mort) Salvador Dali.

J’ai bien hâte de commencer!

En espérant que mon genou gauche tienne bon!