Paris Belleville

Je me suis toujours senti un peu chez moi dans les quartiers de l’est parisien, aux alentours du « village » Jourdain, aux Buttes Chaumont, dans les petites rues près de la place Gambetta, sur les hauteurs de Belleville ou Ménilmontant, dans le secteur de Saint-Blaise ou celui du Père-Lachaise…

Rue de Belleville, Paris, le lundi 12 mai.

Dans tous ces quartiers, je me sens bien. On y parle ma langue, mêlée à d’autres. Il y a des parcs paisibles où je passe une heure, un livre à la main, au milieu d’allées tranquilles. Avant de reprendre mes promenades dans Paris. L’oreille aux aguets.   

Dans les rues, les boutiques animées de ces quartiers, Diana et moi passons à peu près inaperçus. Tant le métissage, le mélange des cultures, des cœurs, des épidermes, est partout visible. Nous sommes un peu à la maison ici. Nous pouvons choisir, le midi, de manger au Maroc ou au Vietnam. En Chine ou en Éthiopie. En Inde ou au Sénégal.

Au milieu des étals, des épices, des marmites brûlantes, les accents du monde entier nous accompagnent.

Au marché Belleville, le vendredi 16 mai et, ci-dessous, un peu plus tard, le même jour…
… au marché de la Place des Fêtes, dans le 19è arrondissement…

Quel plaisir, dans cet environnement, de revoir, à Paris, des amis qui nous sont chers !     

Après avoir arpenté les côtes de Belleville et de Ménilmontant, pause café avec notre amie Christiane, rue des Envierges, le mardi 13 mai, avant d’aller partager…
… un repas traditionnel éthiopien, rue des Pyrénées…

Cela a été un immense bonheur de revoir Christiane avec qui j’ai eu le privilège de travailler, en 2012-2013, au sein d’une ONG canadienne, au Rwanda.

Merci infiniment d’être venue nous voir, Christiane! À bientôt!

Chaleureuses retrouvailles également, le lendemain, le mercredi 14 mai, avec un couple intrépide et talentueux, rencontré il y a deux ans sur la petite île de Tubuai, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française.

Conversation à bâtons rompus avec Agnès et Serge dans un café du marché d’Aligre, dans le 12è arrondissement, le mardi 14 mai.

Presque toujours en mouvement, Agnès et Serge parcourent le monde avec curiosité et clairvoyance.

Ils nous avaient préparé ce jour-là une merveilleuse surprise: une chasse au trésor dans le quartier de la Bastille autour d’anciens ateliers et de passages secrets.

Entre le bassin de l’Arsenal, la rue de la Roquette et la rue de Charonne, quelle aventure! Nous ne connaissions pas bien le quartier et nous avons beaucoup appris!

Agnès et Diana, dans le 11è arrondissement, près de la place de la Bastille, le mercredi 14 mai.

Agnès et Serge nous ont aussi guidés, dans le même quartier, vers un lieu magique que je rêvais depuis longtemps d’explorer: « la Coulée Verte », une promenade magnifique, verdoyante, aménagée en hauteur sur l’ancienne voie ferrée qui reliait autrefois le bois de Vincennes et la Bastille. Quelle belle découverte! 

(Note: « La Coulée Verte », construite en 1993, a inspiré la « High Line », érigée à New York, à Manhattan, dans le secteur de Chelsea.)

À notre tour, le lendemain, d’accompagner nos amis dans le quartier de Belleville…

Dans une des petites cours fleuries de Belleville, rue de La Villette, le jeudi 15 mai

… où a lieu, chaque printemps, un splendide événement: les portes ouvertes des ateliers d’artistes de Belleville.

Pendant quatre jours, les peintres, les sculpteurs, les artisans du quartier ouvrent leurs studios au public afin de partager leur talent et leurs oeuvres.

Nous avons vu de très belles créations, des tableaux, des bijoux, des bustes en bronze, des carnets de voyages peints à l’aquarelle.

Fabuleux moments d’échanges et de convivialité. Qui nous ont aussi permis de mesurer toute la précarité dans laquelle vivent la plupart de ces artistes – les espaces de création à Belleville (comme dans les autres quartiers de Paris) étant de plus en plus rares et onéreux.

Diana, le jeudi 16 mai, dans l’atelier de Françoise Grasser, rue des Envierges et, ci-dessous…
… rue Julien Lacroix, en compagnie du peintre Pierre Simona, né au Caire, devant une toile intitulée « l’Arbre de la Vie ». Le peintre a ensuite demandé, conquis, la permission d’esquisser le portrait de Diana. Voeu accordé.
Rue de La Villette, à Belleville, le jeudi 15 mai.

Autre moment fort de notre séjour à Paris: la visite, le vendredi 16 mai, de la cathédrale Notre-Dame qui vient de rouvrir ses portes après cinq ans de travaux.

Vu le nombre considérable de visiteurs attendus cette année à Notre-Dame, il vaut mieux réserver en ligne son créneau de visite. Infos: ici.
Parisiens et touristes du monde entier se pressent le vendredi 16 mai à Notre-Dame, magnifiquement restaurée! La cathédrale a accueilli plus de 2 millions de visiteurs depuis sa réouverture le 7-8 décembre.  Le diocèse anticipe désormais 15 millions de visiteurs par an, contre 11 à 12 millions avant l’incendie du 15 avril 2019.

Il faut déjà repartir…

Nous quittons Paris demain pour Florence et la Toscane où nous attend, à Cortona, fin mai, mon ami Tommy, camarade de classe au Collège Stanislas, à Montréal, au milieu des années 70.

D’autres chaleureuses retrouvailles en perspective! 

Avant de partir, un immense MERCI encore une fois à Christiane, Agnès et Serge qui nous ont si gentiment rejoints à Paris!

Cela a été formidable de vous revoir!

À bientôt à tous les trois!

On vous embrasse!

Hareng fumé à l’huile et pommes de terres, boulevard de la Bastille, Paris 12è, le mercredi 14 mai.

Notes de lecture:

Jean-Marie Le Clézio, L’Africain – (Paris, 2004)

Un portrait poignant du père de Jean-Marie Le Clézio, médecin itinérant, affecté par le ministère britannique des colonies, entre 1926 et le début des années 50, en Guyane anglaise, puis au Cameroun et au Nigéria. Une carrière de plus de 20 ans. Accomplie bien avant l’indépendance de ces territoires. Dans des conditions souvent pénibles. Difficiles à comprendre aujourd’hui.

Que se cache-t-il derrière ce parcours étonnant, insolite? Quelles circonstances l’ont mené là-bas, dans ces contrées  lointaines?  

Né dans un milieu bourgeois à l’île Maurice, le père de l’écrivain doit quitter l’île en 1919 dans des conditions tragiques: la faillite, la ruine de sa famille. Il est brusquement expulsé, à 22 ans, de la maison natale, située à Moka, un faubourg cossu de Port-Louis. Il doit gagner sa vie. Et part étudier, pendant sept ans, la médecine, à Londres. (L’île Maurice est encore à cette époque une colonie britannique). Il ne reviendra jamais à Maurice.

Diplôme en poche, il est nommé par le ministère des colonies médecin itinérant, en Guyane. Il a 29 ans. Ses missions, au début, sont passionnantes, exaltantes. À bord de pirogues, le jeune médecin « remonte les rivières, les fleuves de Guyane. » Il soigne ses patients.

Deux ans plus tard, en compagnie de sa femme, il arpente à cheval « les hautes terres du Cameroun puis les plaines du pays ibo », au Nigéria. Années heureuses, pleines de bonheur pour le couple. La guerre, malheureusement, survient. Son épouse, enceinte de Jean-Marie, se réfugie à Nice, auprès de ses parents. Voilà le médecin seul, coupé des siens, en Afrique.

Ce n’est qu’après la guerre que Jean-Marie Le Clézio rencontre, pour la première fois, son père, au Nigéria. « L’homme que j’ai rencontré en 1948, l’année de mes huit ans, était usé, vieilli prématurément… devenu irritable… rendu amer par la solitude et toutes ces années de guerre coupé du monde, sans nouvelles de sa famille… »  

Le portrait que dresse l’écrivain de son père est déchirant. Portrait mêlé de respect et de crainte pour un personnage qui, à la retraite, à son retour en France « a gardé toutes les manies des anciens militaires », l’autorité, la discipline, les rituels (…) « il écoutait chaque soir, à sept heures, les informations de la BBC… »

Un père qui lègue aussi à son fils un héritage considérable: son amour inconditionnel de l’Afrique et « sa haine profonde du colonialisme ».

Héritage que célèbrera régulièrement l’écrivain dans ses livres. « C’est à l’Afrique que je veux revenir sans cesse, à ma mémoire d’enfant« , écrit-il dans les dernières pages du récit, « je me souviens de tout ce que j’ai reçu quand je suis arrivé pour la première fois en Afrique: une liberté si intense que cela me brûlait, m’enivrait » … 

Un livre qui m’a tellement ému, touché, que je l’ai lu et relu, plusieurs fois, en quelques jours. Après une première lecture, bien trop rapide, il y a plusieurs années.

Sans aucun doute, mon livre préféré de J.M. Le Clézio. Parce qu’il me rappelle très fort l’aventure africaine de notre père, médecin puis administrateur en santé publique à l’OMS, qui lui aussi a passé de longues années, entre 1961 et 1978, à travailler au Congo (provinces du Kivu et du Katanga), au Togo (Lomé) puis au Nigéria (Lagos), au service de l’Afrique.  

Rue des Solitaires, Belleville.

10 réflexions sur « Paris Belleville »

  1. Tes notes me font voyager dans un Paris que je ne connais pas. Tu me donnes aussi le goût de relire L’Africain. Je vais m’y mettre. Bonne continuation.

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    1. Merci beaucoup, Alix. Nous quittons Belleville avec regret ce matin. Je serai heureux d’être de retour ici, début juillet. En profiterai pour aller jusqu’à Melun… Bon printemps à Montréal! SVP embrasse tous les enfants et petits-enfants pour nous. À bientôt!

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  2. Bonjour Max,

    C’est toujours avec le même plaisir que je lis tes commentaires. J’ai ainsi découvert un Paris très agréable, très vivant. Diana a l’air splendide.
    Bonne continuation de votre voyage!

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    1. Merci beaucoup, Josiane. Nous aurions bien aimé t’avoir auprès de nous pendant les prochains jours pour tes compétences en italien! Au grand plaisir de te revoir à notre retour. Porte-toi bien! A+

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  3. Chers Diana et Max, le plaisir de vous revoir à Paris a été pleinement partagé!! j’ai aimé déambuler, avec vous 2 comme guides, dans ces quartiers si vivants et cosmopolites de Belleville, les Buttes Chaumont et Ménilmontant!un régal et une découverte! Bonne étape italienne , avec tant de beautés et de rencontres à vous réjouir le cœur et les yeux!!

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    1. Merci infiniment, Christiane! Cela a été un immense plaisir de te revoir à Paris! Nous sommes arrivés à Firenze hier, comme prévu. Nous sommes installés dans un chouette petit appartement à 5 minutes de marche du marché Sant’Ambrogio où nous sommes allés faire des courses tôt ce matin. Tout est calme dans le quartier, pas trop de touristes. Nous sommes au 5è étage, sans ascenseur, il y a exactement 80 marches à escalader pour arriver chez nous! Un bon entraînement pour les randonnées à venir! Porte-toi bien, Christiane! On garde contact bien sûr.

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  4. Tiens! Max!

    Thanks for sharing the sweet photos and perfect words that bring Paris to life! Lovely to see the friendships built over the years and probably felt like you carried on as if no time had passed. As usual, Diana is mignonne et chic! 

    Looking forward to your next instalment of …la vita è bella…

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    1. Thank you so much dear global traveler, and welcome back to YVR. The pictures you’ve shared with us from south-east Asia are masterpieces and, as I’ve mentioned, should be published! We had a great time in Paris, the week flew by so quickly. The atmosphere in Firenze is quite different – crowds everywhere as soon as we leave our lovely, quiet apartment, but the City is beautiful, a living museum. We are spending quite a bit of time south of the river Arno, enjoying the gardens and quieter surroundings. On se revoit bientôt!

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  5. Que de belles rencontres et promenades dans ce Paris qui vous plait tant. Cela me donne envie d’y retourner et de suivre vos traces.

    Je lis que vous êtes bien installés à Florence, près du marché. J’aimerais bien que tu me prêtes l’Africain de Le Clézio. Ils ne l’ont pas à la biblio de Vancouver.

    Bonne continuation.

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    1. Merci beaucoup, Florence! Que le temps passe vite! Nous quittons l’Italie dans deux jours après un très beau séjour à Florence et chez un ami, près de Cortona. Je retrouverai Paris et Belleville début juillet avant mon retour à Vancouver. Je sais que tu aimerais beaucoup l’atmosphère village du haut de Belleville, grosso modo le quartier situé entre les stations de métro Jourdain et Botzaris. On y est bien. Pour le récit l’Africain de J-M Le Clézio j’ai trouvé l’ouvrage à la bibliothèque de UBC. Je le ressortirai pour toi. À bientôt!

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